Bonjour les carottes ! Aujourd’hui, on vous emmène faire les courses, une tâche un peu rébarbative, mais indispensable. Et si notre façon de faire nos courses pouvait être plus respectueuse de l’environnement ? C’est la question que la Rédac’ s’est posée. Au programme de cet article, nous décryptons pour vous les dessous des courses en vrac.
Petit bonus, Célia Rennesson, cofondatrice de l’association Réseau Vrac, a accepté de nous rencontrer pour répondre à certaines des interrogations suscitées par nos recherches.

La tête dans le vrac

Le 15 février 2021
Bonjour les carottes ! Aujourd’hui, on vous emmène faire les courses, une tâche un peu rébarbative, mais indispensable. Et si notre façon de faire nos courses pouvait être plus respectueuse de l’environnement ? C’est la question que la Rédac’ s’est posée. Au programme de cet article, nous décryptons pour vous les dessous des courses en vrac.
Petit bonus, Célia Rennesson, cofondatrice de l’association Réseau Vrac, a accepté de nous rencontrer pour répondre à certaines des interrogations suscitées par nos recherches.
Vignette de l'article La tête dans le vrac

Le vrac c’est quoi ?

Les courses en vrac, c’est « la vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables ». Cette démarche s’inscrit dans la lignée du concept de zéro déchet qui, dans le cas des courses, incite à réduire l’utilisation d’emballages à usage unique.
Ces dernières années, la vente en vrac est en forte croissance en France ! Selon Réseau Vrac, on compte à ce jour 702 boutiques dédiées au vrac en France. C’est bien plus que ce qui était prévu, 500 étant le chiffre prévisionnel pour l’année 2022. Parmi les foyers français, 40 % de Français se déclarent acheteurs de vrac en 2019.
70 % des supermarchés disposent désormais d’un rayon vrac et les grandes marques comme Kellogs, Mars ou Mustela souhaitent développer leur gamme dans ce type de rayon. Cette initiative est actuellement à l’état de test.

Pourquoi changer nos habitudes ?

La démocratisation de l’achat en vrac est motivée par l’envie d'œuvrer pour l’environnement. C’est « souhaiter à la fois réduire son empreinte carbone en diminuant les déchets générés par trop d’emballages, mais aussi éviter le gaspillage alimentaire en prenant la quantité nécessaire. »
On trouve bon nombre d’emballages sur nos produits, allant du paquet de pâtes aux fruits et légumes prédécoupés. En appliquant une démarche zéro déchets dans son quotidien, une personne baisse de 0,5 tonne son impact global d’émissions de carbone ; ce qui équivaut à 2,5 mois de déplacement pour un français moyen, d’après un calcul carotte. Ces emballages sont utilisés non seulement pour des fonctions pratiques, mais aussi “d’hygiène, de sécurité alimentaire, de marketing et de logistique”.
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Emballages plastique thermoformé au supermarché - Crédit photo : Arapack.
Le vrac n’est pas épargné : son cycle de vie comprend l’emballage qui est utilisé lors du transport du produit en provenance du producteur vers le distributeur. Dans ce cas, la taille de l’emballage est adaptée à la conservation et à la demande du produit. En février 2021, l’association Réseau Vrac lance le projet pilote « Hub Vrac », une plateforme qui permet le nettoyage, le reconditionnement et le réemploi des emballages des produits en vrac. S’il se généralise, ce projet permettrait de réduire la production massive d’emballages jetables de produits vrac.
La loi antigaspillage promulguée le 10 février 2020 est venue clarifier le statut juridique de la vente en vrac. Face à l’élargissement du choix de produits proposés pour ce type de vente (l’huile d’olive, les graines de chia), le lait, les compléments alimentaires ou encore les produits infantiles restent encore non autorisés. Désormais, tout consommateur peut demander à être servi dans un contenant apporté par ses soins. Il en est de même pour les boissons à emporter auxquelles une réduction du prix est applicable lorsque vous apportez votre thermos. Côté rayons fruits et légumes, les commerces d’une surface supérieure à 400 m² devront exposer leurs produits sans emballage composé pour tout ou partie de matière plastique.
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La vente en vrac emballage - Crédit photo : Bon plan au quotidien.
Le plastique est l’un des principaux acteurs de la crise écologique. C’est un fléau pour l’environnement : la quantité de plastique qui s’amasse dans nos océans s’élève à 13 millions de tonnes chaque année. Le plastique, en tant que dérivé du pétrole, présente des risques pour la santé et ce, à chaque étape de son cycle de vie, de son extraction à sa décomposition en microplastiques.
De quoi nous dissuader d’acheter des produits emballés pour nous tourner vers d’autres choix. Si l’emballage a du bon, c’est lorsqu’il est réutilisable.

Les contenants

Depuis la loi antigaspillage, il est possible d’apporter vos contenants au supermarché ou chez votre commerçant de proximité à partir du moment où il est propre et adapté. Ces derniers peuvent être en verre, en plastique ou en tissu. Seuls les sacs plastiques, les contenants sales ou avec un code-barres ne sont pas autorisés.
Il est bon de savoir que les sacs en tissu sont moins dangereux pour la biodiversité marine que les sacs plastiques, mais la production de coton nécessite beaucoup plus d’eau, consomme plus d’énergie et rejette du CO2. L’association Zero Waste explique qu’il faut « être prudent sur les alternatives aux objets jetables. Quand on remplace un objet à usage unique par un objet réutilisable, il faut s’assurer qu’il serve réellement plusieurs fois ». Ainsi votre tote bag aura un impact positif pour l’environnement seulement après sa 148e utilisation.
Enfin, il faut différencier le contenant qui va servir pour le transport (un sac) et celui pour la conservation à la maison. Il n’est pas conseillé de garder ses pâtes chez soi dans des sacs en tissu, mais plutôt de les conserver dans un contenant fermé, hermétique et à l’abri de la lumière.

La qualité est-elle présente ?

Notre question maintenant est : le vrac induit-il forcément une bonne qualité de produits ? On l'associe généralement à l'agriculture biologique et à une alimentation saine pour la santé. Pourtant, ce n'est pas toujours le cas.
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L’étiquette des produits en vrac - Crédit photo : OpenFoodFacts.
La traçabilité est essentielle en ce qui concerne le secteur alimentaire. Le magasin doit donc apposer un panonceau à côté du produit en vrac pour remplacer l’étiquette qui aurait été placée sur l’emballage. Le consommateur peut donc facilement s’informer sur le nom du produit, le prix de vente, le tableau nutritionnel parfois, la date de péremption et les allergènes. D’autres informations peuvent être obligatoires selon le type de produit comme l’origine et la variété des fruits et légumes.
Si le consommateur a tendance à penser qu’un achat en vrac est forcément biologique, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas toujours le cas. Il faut donc faire attention lors de vos achats et privilégier des produits non traités, non transformés, locaux de préférence et de saison.
Quelques magasins profitent du vrac pour faire gonfler les prix de certains de leurs produits alimentaires. Il peut donc arriver qu’un même produit (même marque, même provenance, même production) soit proposé plus cher en vrac que lorsqu’il est emballé.
Il faut d’ailleurs distinguer les épiceries vrac des rayons vrac des magasins non spécialisés (magasins bios et grandes surfaces). Très souvent, le personnel des épiceries vrac a suivi une formation des bonnes pratiques d’hygiène et la structure du magasin est entièrement montée autour du vrac, ce qui est rarement le cas dans le rayon d’un magasin non spécialisé.
L’application des procédures liées à la distribution du vrac n’est pas toujours respectée par les magasins non entièrement dédiés au vrac : « Le nettoyage des silos à chaque recharge, la gestion spécifique des rayons pour éviter le gâchis, le conseil sur la consommation de ces produits… »
Nous vous conseillons donc de privilégier les épiceries vrac. Mais ne boudons pas notre plaisir, il y a du positif dans ce développement d'offres en vrac dans la grande distribution, qui étaient encore absentes il y a quelques années !

Le vrac est-il accessible à tous les porte-monnaie ?

Les idées reçues sur le prix du vrac existent. Les portefeuilles le redoutent, mais cette réputation est-elle justifiée ? La Rédac’ s’est penchée sur la question.
Première idée reçue : parce qu’il n’y a pas d’emballage, le prix du vrac doit être moins cher. C’est VRAI ! Il faut savoir que l’emballage représente entre 5 % et 20 % du prix total du produit, ce qui est loin d’être négligeable. Puisque le consommateur réutilise le même contenant à chacun de ses achats, il y a une réelle économie financière et énergétique. Il suffit, en amont, de récupérer des bocaux et des bouteilles en verre ou d’acheter des sacs en tissu pour quelques euros seulement.
Seconde idée reçue : les produits en vrac sont plus chers que les autres produits équivalents. OUI et NON ! Figurez-vous que, selon l’UFC Que Choisir, les produits en vrac sont en moyenne 6 % moins chers que des produits emballés. Si l’on y regarde de plus près, on se rend compte qu’il existe des nuances. Certains aliments sont plus chers en vrac, comme c’est le cas pour les pâtes (+5 %), le riz (+5 %) et les céréales (+9 %). Au contraire, les légumineuses (lentilles, haricots, etc.) sont 20 % moins chères. Et pour les personnes soucieuses de leurs dépenses, Auchan est la première enseigne à proposer à ses clients de consommer des produits premier prix en vrac.
Troisième idée reçue : le vrac évite moins de gaspillage et permet donc de garder au chaud nos sous. VRAI ! Puisque l’on achète la quantité voulue, les produits ont moins tendance à se retrouver dans la poubelle. Et moins de gaspillage égale plus d’économies.
Mais ces trois idées reçues, si elles sont vraies, sont à nuancer. En effet, le coût de la main-d’œuvre nécessaire et le coût d’achat des équipements de départ sont élevés, comme nous le disait Célia Rennesson. Les prix des produits en vrac sont encore élevés, à cause des volumes de vente relativement faibles aujourd’hui. En effet, le vrac ne représentait que 0,75 % des ventes de grande consommation en 2020. Lorsque le vrac aura pris plus de place dans nos habitudes, alors son prix baissera. Raison de plus pour s’y intéresser.
Pour terminer, un tableau qui fait état des avancées jusqu’à ce jour concernant le vrac :
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Tableau récapitualitif sur le vrac
Selon Célia Rennesson, pour populariser le vrac, “il faut le voir et le tester”. Pour cela, il faut parler du vrac et le rendre visible pour inciter les gens à essayer. Pour la fondatrice de Réseau Vrac, cela passe par une sensibilisation citoyenne à travers des interventions dans les médias, dans les écoles, dans des conventions.
Si parmi vous certains ont été piqués de curiosité, nous vous conseillons l’ouvrage : “vrac mode d’emploi”. Il comprend un quizz pour savoir où vous en êtes avec le vrac, des astuces et DIY, et toutes les infos à savoir sur ce mode d’achat au prix de 9.95€ !

Les Astuces de LundiCarotte

  • Utiliser des contenants personnels pour acheter en vrac ou même des produits en supermarché par exemple, la loi l'autorise depuis cette année !
  • Bien regarder les étiquettes de vrac afin de tout connaître sur ce que vous achetez ;
Voilà pour cet article hebdomadaire ! Nous espérons qu'il vous a plu. Très bonne semaine à vous, les carottes !
Laura Dumaine, Margaux de Vassal et Clément Vadaine
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