Bonjour à tous ! Nous sommes de retour ce lundi pour éclaircir le sujet du tri sélectif, pléonasme certainement le plus utilisé de la langue française. Et figurez-vous que c’est d’actualité : vous ne l’avez peut-être pas vu passer, mais depuis le 1er janvier 2024, le tri des déchets organiques (#compost) prend du galon ! Alors c’est parti, on ouvre le couvercle de nos poubelles pour une visite guidée du tri “Édition 2024”.

Tri martolod

Le 29 janvier 2023
Bonjour à tous ! Nous sommes de retour ce lundi pour éclaircir le sujet du tri sélectif, pléonasme certainement le plus utilisé de la langue française. Et figurez-vous que c’est d’actualité : vous ne l’avez peut-être pas vu passer, mais depuis le 1er janvier 2024, le tri des déchets organiques (#compost) prend du galon ! Alors c’est parti, on ouvre le couvercle de nos poubelles pour une visite guidée du tri “Édition 2024”.
Vignette de l'article Tri martolod

Brève histoire de la poubelle

L’histoire des déchets n’est pas si vieille. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les sociétés produisant uniquement des déchets biodégradables (des carcasses animales et des déjections humaines) et ne vivant jamais très loin des champs, il n’était jamais compliqué de trouver un coin de nature pour les laisser se biodégrader tranquillement.
C’est dans les villes que les problèmes apparurent d’abord. En France, les premières initiatives en la matière remontent au Moyen-Âge. Au XIIIe siècle, Philippe Auguste, pour assainir les rues de Paris, réputées sales et malodorantes, exigea que l’on fasse construire des canaux d’évacuation vers la Seine.
Cinq siècles plus tard, en 1883, Paris comptait 30 000 chiffonniers qui gagnaient leur vie en collectant ici et là tel ou tel déchet, quand un certain Monsieur Poubelle, préfet de Paris, imposa l’utilisation d’un bac collecteur de déchets dans les foyers, avec comme recommandation de les séparer en trois groupes : les déchets putrescibles d’un côté, les papiers et chiffons d’un autre, et enfin le verre. Le traitement de déchets artisanal mourait et son industrie naissait.
Cette recommandation de tri a vécu un siècle ballotté, pour renaître de ses cendres en 1992, par la loi Royal qui oblige les communes à collecter, recycler et valoriser leurs déchets. C’est le début du tri sélectif tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Bref présent de la poubelle

Aujourd’hui, on estime que les Français produisent en moyenne 330 kg d’ordures ménagères par personne et par an. C’est un peu impressionnant. Derrière ce chiffre se cachent :
  • 30 kg de verre qui vont vers leur filière de recyclage dédiée ;
  • 50 kg d’autres emballages triés (la poubelle jaune !) qui vont vers des filières de recyclage spécifiques (plus ou moins satisfaisantes) ;
  • 250 kg du reste (la poubelle grise), Ordures Ménagères Résiduelles (p26) dans le jargon
Ce premier tri assuré par les ménages est important pour envoyer le verre vers le verre, le carton vers le carton, le plastique vers le plastique et donner une chance à tout ce monde d’être recyclé, car qui dit poubelle grise dit brûlé à plus ou moins brève échéance et avec plus ou moins de récupération énergétique *.
Aujourd’hui, si la plupart des Français déclarent faire le tri de leurs emballages, seulement la moitié dit le faire “systématiquement”. On estime qu’un quart des emballages ne sont pas bien triés (et donc jetés dans la poubelle grise).
Faire le tri est d’autant plus important que cela contribue à prendre conscience de ses déchets et des enjeux associés pour, à terme, en produire (beaucoup) moins.
* Complément : les ordures ménagères sont soit directement brûlées dans des incinérateurs, avec récupération d’énergie, soit stockées, sous-entendu mises en décharge fermée, avec un processus lent de dégradation dont on récupère un gaz, un peu comme un méthaniseur. L’incinération est jugée plus efficace, mais les infrastructures ne suffisent pas à tout traiter, raison pour laquelle un quart des déchets est encore stocké. Ces informations proviennent d’une discussion avec un professionnel du secteur.

Le verre, star du recyclage

Le tri des emballages en verre est le plus assimilé, ce qui fait que la grande majorité (88 %) du verre d’emballage est récupéré par la filière de recyclage.
À noter que :
  • il n’est pas nécessaire de laver le pot en verre, mais le vider grossièrement, si !
  • le couvercle en métal d’un pot en verre se jette avec les emballages (poubelle jaune) ;
  • tout ce qui est vaisselle (verre de table, assiette ou plat) n’intègre pas la filière de recyclage des emballages en verre. C’est une qualité différente, qui nécessite une autre température de fusion. Direction la déchetterie ou la poubelle grise.

Les emballages : tout est plus simple

Pour le reste des emballages, fini les hésitations. Depuis le 1er janvier 2023, tout ce qui s’apparente à un emballage se jette dans la poubelle jaune. C’est la fin d’une longue et fastidieuse évolution des règles de tri en fonction des matériaux et des zones géographiques (infrastructures locales de recyclage obligent). Pot de yaourt ? Poubelle jaune. Canette ? Poubelle jaune. Carton de pizza, gras ou non ? Poubelle jaune. Opercule en plastique C2310 ? Poubelle jaune. Bouteille en PET 540203094 ? Poubelle jaune.
Autant dire qu’en termes de simplification, c’est fort.
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Nouvelles consigne de tri depuis le 1er janvier 2023 : tout est plus simple

Le tri des déchets organiques, aka 'le compost'

Vous êtes désormais un incollable du tri sélectif, au sens général du terme. Vous connaissez votre tri sur le bout des doigts, les couleurs de poubelles n’ont plus de secret pour vous. Il vous arrive même de transmettre cette science à vos colocs : bravo, bravo, bravo ! Mais ce n’est pas fini. Il vous reste sur les bras une poubelle grise de 200 bons kg par an et environ 250 kg par an d’autres déchets occasionnels.
Et c'est là l'occasion de parler de la nouvelle chaude du monde du déchet : suite à une décision datant de 2020, et après 3 ans d'échauffement et de préparation, nous y sommes : la collecte des déchets organiques ou biodéchets est obligatoire, depuis le 1er janvier 2024. On parle tout de même de 83 kilo par personne par an.
Déchets "organiques" ? Derrière ce mot érudit se cache la notion de biodégradabilité, c’est-à-dire qui se dégrade assez avantageusement dans la nature. On parle essentiellement des épluchures de fruits et de légumes divers et variés (5 fruits et légumes par jour !).
En fait, malgré les trois ans de préparation, l'organisation n'est pas encore au poil. Il n'empêche. A Paris, par exemple, c'est le choix d'un large réseau de points d'apports, "à moins de trois minutes de chez vous", qui a été fait (à partir de juillet). Nous n'avons pas encore de visibilité sur les différents solutions que les communes mettent en oeuvre pour s'acquitter de cette nouvelle obligation partout en France, mais il semble que la collecte en point d'apport en ville ait le vent en poupe.
Pour vous, la première étape est de vous équiper d’un bac de collecte pour ces déchets (votre commune en fournit peut-être gratuitement). La seconde étape est de savoir quoi faire chaque semaine de son contenu. Là il faut commencer par voir ce que propose votre commune. Une recherche sur internet vous renseignera rapidement. Sinon, il reste plein d'autres solutions, selon votre situation : ce peut être donc un compost individuel (si vous avez un jardin et la main verte), un lombricomposteur ou juste un trou à ordure au fond d’un jardin.
A l'unisson, ceux qui se sont lancés dans ce tri (de la Rédac’, mais pas que !) disent que, d’une part, on est impressionné par l’allégement de sa poubelle grise (c’est très surprenant - en fait il ne reste presque plus rien) et que, d’autre part, on découvre une étonnante satisfaction à renvoyer vers la nature cette matière et à s’extraire par là de la logique du déchet, inconsciemment frustrante.

Pour tout le reste

Pour tout le reste des déchets, une bonne référence vaut mieux qu’un long discours : rendez-vous sur l’application ou le site Guide du Tri de CITEO, l’organisme chargé d’optimiser le recyclage en France. Après avoir entré le nom de votre commune (car oui, pour les déchets “occasionnels”, les recommandations dépendent encore des infrastructures locales), vous pouvez visualiser pour chaque déchet une recommandation fiable, pertinente et assez détaillée.

Les limites du tri et du recyclage

Le recyclage, c’est mieux que pas de recyclage, mais ce n’est pas non plus l’alpha et l’oméga du monde du déchet. Et pour cause. De nombreuses limites existent :
  • dans le meilleur des cas, le processus consomme tout de même de l’énergie ;
  • aucun matériau ne se recycle à l’infini. La qualité allant en diminuant, il faut mélanger de la matière première recyclée avec de la nouvelle ou utiliser la matière recyclée pour fabriquer d’autres produits qui tolèrent mieux les défauts de matière (c’est ce qu’on appelle le décyclage, par exemple du plastique de bouteille qui se transforme en cintre en plastique) ;
  • bien qu’on soit appelé à les mettre dans la poubelle jaune (notamment pour des raisons de simplification du tri), certains matériaux, surtout des plastiques, se recyclent particulièrement mal. Ils seront retriés en usine et finalement incinérés ;
  • comme toutes les filières industrielles, celles de recyclage ont leur part d’ombres. Ainsi, on estime que 385 000 tonnes de déchets plastiques sont exportées dans des conditions pas toujours très claires ni propres.
Face à toutes ces polémiques, on pourrait presque préférer ne pas recycler pour être sûr que nos déchets soient brûlés en France et qu’ils n'embêtent plus personne, ni les poissons, ni les oiseaux, ni les pays voisins. C’est un point de vue, mais c’est tout de même un gros gâchis de matière première et d’énergie. À LundiCarotte, nous pensons qu’il vaut la peine de se serrer les coudes et de jouer le jeu du tri. Les filières vont petit à petit s’améliorer !

La vraie bonne idée : moins de déchets

Néanmoins, nous souhaitons terminer cet article en mettant en lumière les concepts qui peuvent amener à réduire ces satanées centaines de kg de déchets annuelles.
Pour cela, nous vous proposons ce bon vieil adage : “le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas”, et la règle associée, dites des 5R, dans l’ordre : “Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Rendre à la terre” (remarquez que le recyclage n’arrive qu’en 4e !).
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Pyramide des 5R - Crédit photo : Zero Waste
« Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. »
Pour aller plus loin, vous pourrez trouver une quantité gigantesque de renseignements sur la démarche de réduction de ses déchets, connue sous le nom de “Zéro Déchet”, auprès de l’association Zero Waste ou, plus modestement, dans notre article sur le vrac.

Les astuces Carottes

  • Triez bien vos emballages en verre d’un côté, tous vos autres emballages de l’autre ;
  • Lancez-vous dans le tri de vos déchets organiques ;
  • Toutes choses égales par ailleurs (c’est rare), évitez les emballages en plastique, qui se recyclent beaucoup moins bien ;
  • Regardez de près comment vous pouvez réduire vos déchets.
C’est ici que s’achève notre article. Sur ce sujet complexe que sont nos poubelles, nous avons tout fait pour trier le bon grain de l’ivraie, vous donner une vision synthétique des enjeux et des clés pour agir.
Vous connaissez quelqu’un d’allergique au tri ? Envoyez-lui cette lettre.
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Bon lundi et à la semaine prochaine !
Laura Dumaine, Andréa Vieira, Margaux de Vassal, et Théodore Fechner
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