ERRATUM : Dans l’article sur les gels hydroalcooliques, nous avons évoqué la possibilité de fabriquer une solution antibactérienne maison. En réalité, il aurait été juste d’écrire virucide, car les produits antibactériens ne sont pas forcément virucides. Merci à une lectrice attentive d’avoir relevé l’abus de langage ! Un jour, une imprimante tombe à l’eau, que se passe-t-il ? Elle n’a papier !
Comme vous l’avez compris, la Rédac’ sort aujourd’hui le grand jeu pour son papier sur les imprimantes ! Garanti 100 % Times New Roman et caractères 12 !

Faisons bonne impression !

Le 12 octobre 2020
ERRATUM : Dans l’article sur les gels hydroalcooliques, nous avons évoqué la possibilité de fabriquer une solution antibactérienne maison. En réalité, il aurait été juste d’écrire virucide, car les produits antibactériens ne sont pas forcément virucides. Merci à une lectrice attentive d’avoir relevé l’abus de langage !
Un jour, une imprimante tombe à l’eau, que se passe-t-il ? Elle n’a papier !
Comme vous l’avez compris, la Rédac’ sort aujourd’hui le grand jeu pour son papier sur les imprimantes ! Garanti 100 % Times New Roman et caractères 12 !
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Une invention qui fait grande impression

Si vous connaissez un collégien un tant soit peu studieux, dites-lui “invention de l’imprimerie ?”, il vous répondra probablement Gutenberg, 1454. Ce repère chronologique que nous apprenons tous à l’école n’est pourtant pas tout à fait exact.
En réalité, l’impression est déjà une pratique courante en Chine depuis le XIe siècle, notamment grâce à l’invention du papier en 105. Grâce à une technique de Xylographie, les Chinois appliquent des caractères mobiles en bois imbibés d’encre sur des feuilles de papier. De cette manière, ils peuvent conserver leurs textes traditionnels.
Mais du coup, quid de Gutenberg ? La véritable révolution provoquée par l’imprimeur allemand consiste plutôt en la création d’une véritable industrie du livre grâce à l’amélioration des techniques chinoises. En effet, il améliore non seulement la qualité de l’encre et des caractères mobiles, mais il a aussi l’idée d’inventer une presse papier sur le modèle du pressoir à vin. Résultat, la Bible peut être produite en de nombreux exemplaires et ainsi diffusée plus largement dans la société.
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Le presse-papiers sur le modèle du pressoir à raisins : quand la culture du vin permet la culture tout court
Reste un problème : c’est à la main qu’il faut changer chacune des feuilles imprimées. Heureusement, en 1863, un ingénieur américain met au point la première machine rotative par bobine qui permet de faire jusqu’à 8 000 tirages par heure !
On vous passe d’autres innovations techniques pour débarquer directement dans nos bureaux actuels. Comme l’on peut s’en douter, nos imprimantes n’ont pas grand-chose à voir avec la presse papier du XVe siècle.
À présent, les deux types d'imprimantes principaux sont : celles à jet d'encre et les imprimantes laser. Pour les premières, des gouttes d'encre sont déposées sur la feuille. Pour les lasers, c'est un système photoélectrique qui permet la fusion de l'encre en poudre sur la feuille.
Aujourd’hui, la révolution a changé de visage et est incarnée par l’imprimante 3D. Ici, ce ne sont plus des textes qui sont reproduits grâce à de l’encre, mais des objets tels que des prothèses médicales, grâce à du plastique ou du fer superposé en trois dimensions. On se demande bien ce que Gutenberg en penserait !

Des imprimantes qui n'ont pas que des soucis de bourrage papier !

Toutefois, les imprimantes ont un coût écologique non négligeable. Malheureusement, elles ne peuvent pas imprimer des arbres pour le réduire !
Tout d'abord, la fabrication d'une imprimante personnelle à jet d'encre émet 250 kg Eq. CO2 pour les gaz à effet de serre et demande 1 187 litres d'eau.
Les cartouches d'encre des imprimantes à jet d'encre sont constituées de composants susceptibles de nuire à notre santé et à l'environnement. Elles sont considérées comme des DIS (Déchets industriels spéciaux), ces derniers regroupant tous les produits constitués d'éléments très toxiques pour l'environnement. Voici les composants principaux :
  • Des solvants : Leur but est de transporter l'encre de la cartouche jusqu'au papier et de faciliter le séchage. Certains de ces solvants sont toxiques pour l'humain (par respiration ou contact avec la peau). On retrouve des acétates, des alcools ou du méthyléthylcétone. Ils ont aussi un impact négatif sur l'environnement ;
  • Des colorants : Ils sont à l'origine de la couleur. Ce sont des pigments très fins qui sont utilisés et ce sont très généralement des métaux lourds très toxiques. Par exemple, la couleur bleue contient du soufre ;
  • Des liants : Ils permettent la cohésion de l’encre et l'adhésion des pigments et de la matière colorante sur le papier. Des copolymères sont souvent utilisés ;
  • Des additifs : Bien que peu présents (moins de 1 % de la composition de l'encre d'une cartouche), ils ont pour objet d’améliorer la fluidité, l’adhésion, la rhéologie du liant ou la conductivité de l'encre ; ils peuvent être de puissants allergènes.
Le simple fait de jeter une vieille cartouche d'encre a des effets néfastes sur l'environnement, car les composés organiques volatils et les métaux lourds qui les composent polluent l'eau et le sol lorsqu'ils arrivent en décharge, en plus d'être dangereux pour les êtres vivants.
Selon ConsoGlobe, une cartouche laser neuve consomme environ 3,5 l de pétrole et les cartouches à jet d'encre, 90 ml. Les premières mettraient 450 ans à se décomposer, ce qui rend impératif de les recycler. Le plastique serait dégradable au bout de 1 000 ans. Ces cartouches représentent 60 000 tonnes de déchets polluants. C'est aussi pour ces raisons qu'il est préférable de mettre les cartouches dans les bacs de recyclage présents dans les supermarchés ! Dans cette idée, certains organismes comme Tonerpartenaire ou Eco-collecte proposent de les racheter.
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Un processus de recyclage des cartouches d'encre qui n’est pas piqué des hannetons ! Source : ConsoGlobe
Par ailleurs, les poussières d'encre (notamment le toner des imprimantes laser) sont classés cancérigènes potentiels par l'OMS et cancérogènes pour le Centre international de recherche sur le cancer.
En ce qui concerne le papier, l'ADEME explique qu'il est le premier consommable utilisé dans les bureaux. Il représente 75 % des déchets de bureau et trois ramettes de papiers seraient utilisées par employé chaque mois. Seulement 20 % de ce papier serait recyclé. Il aurait une empreinte carbone bien plus importante encore que les cartouches.
Un dernier problème est l'imprimante elle-même. En effet, les fabricants n'hésitent pas à entourlouper les consommateurs grâce à l'obsolescence programmée. La durée de vie des imprimantes serait volontairement réduite, comme l'a démontré Envoyé Spécial. Un rapport très complet de l'association "Halte à l'obsolescence programmée" a été rédigé afin de pointer du doigt les dérives des entreprises spécialisées (voir ici). Un focus sur les cartouches y est fait : la majorité, notamment celles de la gamme Epson, s’afficheraient vides alors qu'elles contiendraient encore entre 20 et 40 % d'encre. Évidemment, cette obsolescence programmée est néfaste pour le consommateur et l'environnement !
Comme on le voit, les imprimantes et les cartouches d'encre sont une mine d'or… de soucis !

Choisir son imprimante, son papier et son encre

Quels sont donc les meilleurs choix et actions à faire concernant imprimante, papier et encre ?
Pour l'imprimante :
Il n'y a pas de choix précis à faire concernant les imprimantes. L'imprimante n'est pas le souci en lui-même, c'est ce qui l'entoure : le logiciel périphérique (pour l'obsolescence programmée) ou les cartouches d'encre. Les seules questions à se poser sont : est-ce que mon impression est si importante ? Ai-je vraiment besoin d'une imprimante ? Une possibilité serait d'acheter une imprimante d'occasion ou bien d'en acheter une collectivement afin que plusieurs puissent en profiter ! Et si l'imprimante devenait un "commun" ?
Si votre critère est principalement économique, il sera préférable de prendre une imprimante laser dans le cas où vous avez de forts débits d'impression.
Pour l'encre :
Il faut commencer en se disant qu'il n'existe pas d'encre miracle ! Que cela soit le toner, le jet d'encre ou l'encre végétale, chacune présente des qualités et des défauts.
Une première possibilité est l'encre sans cartouche, comme le propose la marque Epson avec sa gamme EcoTank, qui nécessite de remplir des réservoirs d'encre. Sans être une solution écologique, elle évite la production de plastique et l'obsolescence programmée des cartouches. Ainsi, la recharge et la réutilisation des cartouches sont meilleures d'un point de vue écologique et économique (que cela soit la marque Epson ou une autre).
L'encre végétale commence à faire son bonhomme de chemin : ce sont des encres pour les imprimantes laser faites à 53 % avec des germes de soja. Cette éco-impression est une alternative aux encres à base d'hydrocarbures, ses pigments et additifs sont des produits de synthèses biodégradables. Cependant, malgré plusieurs recherches, nous ne sommes pas parvenus à trouver des cartouches sur Internet ! Il semble que ces encres soient encore marginales en 2020 !
Pour le papier :
Il y a des papiers qui ont un impact moindre sur l'environnement (ne pas oublier qu'un papier, labellisé ou pas, a toujours un impact !). Il est préférable de prendre du papier avec les labels Écolabel Européen, l'Ange Bleu ou l'Écolabel Nordique qui assurent cet impact limité sur l'environnement.
D'autres labels présentent des papiers dont les fibres proviennent de forêts gérées durablement tels le FSC ou le PEFC. Des variantes de ces logos existent pour les papiers recyclés. Un guide (cliquer ici) explique la bonne démarche à faire pour choisir du bon papier recyclé. Ces derniers sont aussi très intéressants à utiliser, puisque leur production consomme moins d'énergie et d'eau que celle du papier non recyclé.
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Tableau maison récapitulant les labels pour vos choix de papiers !
Une autre solution est de prendre du papier brouillon et de complètement remplir la feuille déjà utilisée !

Quand l’impression est prise en main

C’est bon, vous avez la bonne imprimante, la bonne encre et le bon papier, vous êtes parés pour imprimer ! Enfin, c’est ce que vous croyiez jusqu’à ce que votre ordinateur vous demande comment vous souhaitez imprimer votre document. Heureusement, la Rédac’ vous donne quelques bonnes pratiques pour une impression écoresponsable :
  • Pour l’écriture du document, éviter les caractères gras et les polices gourmandes en encre. Eh oui, il existe des polices plus “écologiques” que d’autres, telles EcoFont ou Ryman eco.
  • Imprimer en plus petit, en réduisant les marges au maximum et opter plutôt pour le recto verso et le noir et blanc lorsque c’est possible. Pour les pages Web, supprimer les éléments inutiles comme les publicités et les images.
  • Choisir le mode brouillon qui utilise moins d’encre que le mode normal - et pourquoi pas le mode multipages pour ceux qui ont de bons yeux.
  • Débrancher son imprimante lorsqu’elle n’est pas utilisée permet aussi de faire des économies d’énergie considérables.
Si la plupart de ces pratiques semblent aller de soi, elles ne sont pas encore un réflexe pour certaines personnes. Ce sont des bonnes habitudes à prendre !
Au-delà de son imprimante personnelle, il est courant d’aller imprimer ses documents importants et longs dans des imprimeries spécialisées. Dans ce cas, il est préférable de choisir un imprimeur dans son département afin de limiter l’impact carbone lié au transport et d’envoyer les documents par voie numérique plutôt que par coursier.
Pour aller un poil plus loin, on peut privilégier les imprimeurs certifiés FSC, PEFC et Imprim’Vert et leur demander d’utiliser du papier certifié PEFC et/ou FSC et/ou recyclé avec un grammage adapté (le plus faible possible, sans que cela nuise à la qualité désirée). Finalement, opter pour un format standard d’impression, c’est limiter les chutes de papier et donc, le recyclage… ce qui est toujours une bonne chose !

Les astuces-carottes à ne pas imprimer mais à retenir !

  • Relire les bonnes pratiques régulièrement pour que l’impression écologique devienne un réflexe.
  • Privilégier les papiers Écolabel Européen, l'Ange Bleu, l'Écolabel Nordique, FSC ou encore PEFC et le papier brouillon quand le document n’est pas important.
  • Si accessible financièrement et géographiquement, pourquoi ne pas investir dans de l’encre végétale ? Sinon, opter pour des cartouches rechargeables, c’est toujours ça de gagné !
  • Éviter d’imprimer quand ce n’est pas nécessaire - on ne vous en voudra pas si cet article ne finit pas en couleur sur une feuille A4 !
Et vous, quelles sont vos habitudes en matière d’impression ? Des astuces à nous partager ? On vous souhaite une excellente semaine et on vous dit à lundi prochain !
Il s'agissait du dernier article d'Alice en tant que service civique. Cela a été un réel plaisir pour Clément de collaborer avec Alice sur les sujets de ces dernières semaines ! Nous lui disons à très vite pour l’écriture d’un nouvel article !
Alice Leleu et Clément Vadaine
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