Notre invité du jour est connu comme le loup blanc. Il entre sûrement dans la composition de l'appareil électronique dont vous vous servez présentement et conserve sans doute une partie de votre nourriture. Cet invité n'est autre que le plastique, en particulier les contenants et autres emballages.

Une plastique irréprochable

Le 4 mai 2018
Notre invité du jour est connu comme le loup blanc. Il entre sûrement dans la composition de l'appareil électronique dont vous vous servez présentement et conserve sans doute une partie de votre nourriture. Cet invité n'est autre que le plastique, en particulier les contenants et autres emballages.
Vignette de l'article Une plastique irréprochable

Aujourd'hui, difficile d'imaginer un monde sans plastique. Pourtant, son aventure ne commence pas avant les avancées chimiques du XXe siècle. Le plastique est un polymère dont le nom vient du grec "poly" : “plusieurs”. Ses molécules sont des chaînes constituées d’un très grand nombre de molécules élémentaires. Par exemple, le polyéthylène, constituant de nos bouteilles de shampoing, est l'assemblage d'un grand nombre de molécules d'éthylène.
Depuis leur invention, les plastiques nous rendent d'innombrables services : ils constituent des emballages légers et augmentent la durée de conservation des aliments. Ils sont tout simplement indispensables pour certains milieux professionnels – pensons, par exemple, aux gants en latex aseptisés des chirurgiens. De fait, ils sont de plus en plus utilisés : la production de plastique a été multipliée par plus de 200 depuis les années cinquante. Aujourd’hui, 4 % du pétrole est utilisé pour la fabrication du plastique, dont 39,9 % sert à la fabrication des emballages.

Les différents types de plastiques

Il existe une multitude de plastiques différents, divisés en trois grandes familles : les thermoplastiques, les plastiques thermodurcissables et les élastomères. Les emballages sont généralement fabriqués en thermoplastique, dont il existe au moins treize sortes.
Différencier les types de plastique n'est pas à la portée du premier venu. Heureusement, de nombreux emballages en plastique sont munis d’un sigle permettant d’identifier le matériau. Il suffit de retourner le produit et de chercher le petit logo constitué de trois flèches en triangle et d’un numéro. Voici à quoi ils correspondent :
1 PET : le polyéthylène téréphtalate est généralement transparent (bouteilles d’eau et autres boissons) 2 PE-HD : le polyéthylène à haute densité est rigide et imperméable (bouteilles de lait et shampoing)
3 PVC : le polychlorure de vinyle est le premier plastique à avoir été utilisé pour les bouteilles (emballages de viande, bouteilles de vinaigre, chaises de jardin)
4 PE-BD : le polyéthylène basse densité (sachets plastiques, bouchons de bouteilles)
5 PP : le polypropylène est imperméable aux corps gras (pots de yaourt ou de margarine, vaisselle en plastique, récipients alimentaires réutilisables)
6 PS : le polystyrène est entre autres utilisé pour faire de la frigolite (vaisselle jetable, barquettes de viande, boîtes d’œufs)
7 Autres : cette catégorie comprend tous les types de plastiques non répertoriés, comme le plastique biodégradable.

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Quels plastiques recycler ?

Selon l’ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), 26 % du volume de nos poubelles sont des emballages en plastique. Leur recyclage crée des économies en réduisant l’extraction de pétrole et, surtout, évite la pollution en fin de vie. Une bouteille d’eau recyclée peut produire sept cartes à puce, vingt-cinq bidons de lait en PE-HD, un arrosoir.
En théorie, tous les thermoplastiques se recyclent, c’est-à-dire la quasi-totalité des emballages en plastique. Il suffit de les chauffer pour qu’ils perdent leur forme initiale et de les remouler pour un autre usage. En pratique, ce n’est pas si simple, car associer différentes sortes de thermoplastiques peut leur conférer des propriétés indésirables. Le plastique sortant devient cassable, difficile à mouler correctement, perd sa transparence… Pour obtenir du plastique recyclé de qualité, il faut donc le plus possible garder les différentes familles séparées et les recycler dans des machines qui leur sont dédiées. La séparation de tous ces plastiques nécessite de la main-d'œuvre et des technologies de pointe.
Le recyclage d'un déchet peut donc dépendre de l’organisation et de l’investissement technologique de votre centre de tri local. Un déchet parfaitement recyclable dans une commune devra ailleurs être jeté dans la poubelle normale.
Le consommateur est donc un rouage important de cette horlogerie. C’est nous qui faisons le tri initial ! Comment nous y retrouver ?
En règle générale, les bouteilles et flacons en plastique triés sont tous recyclés, bouchons compris. Ce sont, dans la plupart des communes de France, les seuls déchets en plastique qui doivent atterrir dans la poubelle de tri. À partir du moment où ils sont bien vidés, il n’y a pas besoin de les laver.
Attention, les sachets en plastique biodégradable vont au compost. Plus d’informations dans ce mini-article. Les objets en plastiquede type rasoirs, jouets pour enfants… ne se recyclent pas.
Il y a donc une grande variabilité entre les villes françaises, niveau recyclage ! C’est pour ça que nous sommes très enthousiastes vis-à-vis du site internet consigne de tri qui permet de trouver, pour chaque déchet, les consignes de tri applicables chez soi. Il y a même une application smartphone.

Enjeux environnementaux derrière le plastique

En 2013, dans le monde, 14 % du plastique produit a été collecté pour être recyclé. Une quantité équivalente a été valorisée, c'est-à-dire brûlée dans un incinérateur. Cette technique est moins avantageuse que le recyclage, car elle émet du CO2, parfois accompagné de fumées toxiques. Elle permet néanmoins de récupérer de l'énergie.
La majorité du plastique produit mondialement n'est ni recyclé, ni incinéré : en 2013, 40 % ont fini dans une décharge et y sont encore et 32 % ont été rejetés dans l'environnement, principalement dans les océans. On estime qu'au moins 8 millions de tonnes de plastique finissent leur vie dans l'océan chaque année. Sachant qu'une baleine bleue pèse environ 140 tonnes et à raison d'une population de 10 000 individus, les océans reçoivent chaque année cinq fois plus de plastique qu'ils ne comptent de baleines bleues ! C'était le CalculCarotte de la semaine.
Ces plastiques sont, au fil des années, rassemblés par les courants marins dans ce qu’on appelle le “7e continent” : cinq régions océaniques de plusieurs millions de kilomètres, où l’on trouve des bouts de plastique en grande concentration.Plus de 69 espèces marines en ingèrent régulièrement, comme les tortues de mer, qui confondent les sacs plastiques avec les méduses. 100 000 mammifères marins meurent chaque année d’ingestion de plastique. Un autre souci est la haute toxicité des plastiques. En se dégradant, ils relâchent des éléments nocifs qui sont ingérés par les poissons et s’accumulent le long de la chaîne alimentaire en quantité assez grande pour provoquer des dommages. Les effets sur la santé humaine sont encore débattus.
Le tri est donc bénéfique à la préservation de la vie marine. Cependant, on ne peut pas recycler à l’infini. Mondialement, moins de 15 % (pdf) des plastiques triés sont reconvertis en applications similaires ou de même qualité, 60 % sont convertis en plastique de moins bonne qualité et un peu moins de 30 % sont perdus lors du procédé de recyclage.
S’ajoute à cela une raison plus directe d’éviter la surconsommation de plastique : notre santé. Certains plastiques peuvent libérer les additifs qu’ils contiennent au contact de la boisson ou de la nourriture. Par exemple, le bisphénol A (BPA), un perturbateur endocrinien qui ressemble à l'œstrogène et peut provoquer une adolescence prématurée chez les filles. Les plastiques à éviter pour la santé sont : le PET (1), le PVC (3), le PS (6) et certains “autres” plastiques (7), notamment le polycarbonate (PC) utilisé pour les biberons. Le PVC est connu pour être particulièrement nocif.
Bref, comme on dit, le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas.

Les astuces du consommateur

Une action plutôt simple si l’on veut tenter de réduire son empreinte plastique est de penser à avoir toujours sur soi un sac réutilisable (en tissu) en cas d’emplettes surprises. Une autre astuce consiste à échanger les bouteilles d’eau pour une gourde et de l’eau de robinet. On peut aller plus loin en se munissant, par exemple, de sachets réutilisables pour acheter ses fruits et légumes, profiter de l’étal en vrac du supermarché, voire visiter un supermarché spécialisé dans le vrac. Pour éviter les contenants du prêt-à-emporter, une seule solution : la cuisine maison et les « boîtes de conservation », en verre ou en plastique, les plus connues (et les plus chères) étant les Tupperware.
Si l’on veut tenter l’aventure, le mouvement Zéro Waste propose de se dé-déchetiser (presque) entièrement, par exemple en faisant ses propres cosmétiques et détergents.
Êtes-vous emballé(e) par cet article ? En tout cas, nous nous sommes bien amusés à vérifier la composition de tous nos emballages. À la semaine prochaine !
PS : vous en voulez encore ? Apprenez-en plus sur les particularités du tri du plastique, avec notre mini-article sur les bouteilles de lait en PET opaque.
Alix Dodu & Paul Louyot
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