Au menu cette semaine, un sujet juteux à souhait, à déguster en compagnie des tartines du petit-déjeuner : il s'agit du jus d'orange ! Avant de commencer, et pour rester dans le thème, nous vous invitons à boire un jus aux Retrouvailles le mardi 26 juin à l'ESS’pace. Nous y fêterons le premier anniversaire de l'association et il y aura du gâteau aux carottes !

On se tient au jus

Le 18 juin 2018

Au menu cette semaine, un sujet juteux à souhait, à déguster en compagnie des tartines du petit-déjeuner : il s'agit du jus d'orange !
Avant de commencer, et pour rester dans le thème, nous vous invitons à boire un jus aux Retrouvailles le mardi 26 juin à l'ESS’pace. Nous y fêterons le premier anniversaire de l'association et il y aura du gâteau aux carottes !
Vignette de l'article On se tient au jus
Le jus d’orange est synonyme de soleil, de vitalité, de santé. C’est qu’il est rempli de nombreux nutriments sains. Une orange contient 70 milligrammes de vitamine C, ce qui correspond à peu près à l'apport nutritionnel recommandé par jour. L’ingestion de cette vitamine permet d’éviter le scorbut, même si cette maladie est très rare dans nos contrées aujourd’hui, et une carence modérée entraîne la fatigue.
Cependant, tout n’est pas rose au pays des oranges. Pour mieux consommer, il nous faut avant tout mieux comprendre : commençons donc par faire le tour des différents types de jus.

Les différents types de jus

Au rayon des jus de fruits, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les durées de conservation.
Jus de fruit frais
Derrière l'appellation “jus de fruit frais” se trouve ce qui se rapproche le plus d’un jus de fruit fait maison. L’appellation vous garantit que les oranges sont juste pressées mécaniquement, sans processus de conservation, sans ajout de sucres ou d'additifs. D'après le site Consoglobe, quelques fibres seraient toutefois perdues pendant l'opération. Ces jus d'oranges se conservent en général quelques jours, pas plus.
Plus l'on fait appel à des processus de conservation du jus de fruit frais, plus celui-ci perd de ses qualités nutritionnelles.
Jus de fruit frais réfrigéré
Le processus de conservation le plus doux est appelé "pasteurisation flash". Il est utilisé pour les jus de fruits frais réfrigérés et consiste à porter le jus d'orange à haute température pendant quelques secondes, ce qui lui fait perdre un peu de vitamines, mais prolonge sa durée de conservation de deux semaines.
Jus de fruit "100 % pur jus"
Ici, les oranges sont généralement pressées dans leur pays d’origine, souvent le Brésil. Elles sont parfois mixées entières et filtrées pour n’en conserver que le jus. Celui-ci est pasteurisé, plus longtemps que les jus de fruits frais réfrigérés, afin d’enlever l’oxygène du jus, ce qui permet de conserver en partie la vitamine C. La pasteurisation détruit aussi les micro-organismes et désactive les enzymes.
Selon l’UFC-Que choisir (l’Union fédérale des consommateurs), l’appellation “100 % pur jus” indique qu’il n’y a aucun additif ou sucre ajouté.
Jus de fruit à base de concentré
On commence à s'éloigner sensiblement du jus de fruit fait maison. Dans le jus à base de concentré, les oranges sont pressées, puis on en fait évaporer l'eau. Le concentré ainsi obtenu est moins cher à transporter. Une fois arrivé à bon port, le jus est reconstitué en ajoutant simplement de l'eau. À noter que ce type de bouteille affiche parfois la mention "100 % jus de fruit" ou "100 % teneur en fruit", des formulations proches du "100 % pur jus", mais qui ne signifient rien de bien concret.
« Dans le jus à base de concentré, les oranges sont pressées, puis on en fait évaporer l'eau. Le concentré ainsi obtenu est moins cher à transporter. Une fois arrivé à bon port, le jus est reconstitué en ajoutant simplement de l'eau. »
Nectars
Les nectars concernent, premièrement, les fruits trop pulpeux (banane, mangue) ou trop acides (cassis) pour produire des "pur jus". On trouve aussi des nectars d'orange constitués des pulpes résiduelles de la fabrication des purs jus. Ce type de boisson est constitué en partie de fruits auxquels on ajoute de l'eau et du sucre, jusqu'à 20 % de leur poids. Comme ils ne contiennent pas que des fruits, ils n'ont pas droit à l'appellation "jus de fruits". Le nectar d’orange contient légèrement moins de sucres que le jus d’orange pur jus, selon la base de données de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), mais ce sont généralement des sucres de moins bonne qualité que ceux présents naturellement dans les fruits.
Les boissons aux fruits
Nous entrons désormais dans le royaume des Capri-sun, Sunny Delight et autres Tang pêche/abricot. On est loin d'un jus d'orange frais et cela se ressent dans la composition : par exemple, les Capri-sun contiennent 12 % d'oranges et 19 grammes de sucre par poche. Pour cette raison, ce genre de boisson a tendance à être un peu addictive, en particulier pour les enfants.
Si votre bouteille de jus d'orange vous affiche des subtilités lexicales qui vous sont inconnues (“source de …”, “riche en …”), n'hésitez pas à consulter ce lexique de l'UFC-Que Choisir.

Les jus d’orange et la nutrition

On l'a vu, tous les jus d'oranges ne se valent pas. Selon l’Anses, la vitamine C est la plus fragile de toutes. Elle est sensible à la lumière, à la chaleur, à l’eau et à l’oxygène. Les différents procédés industriels, les longs voyages et le séjour dans les rayons font donc diminuer la teneur en vitamine C. Petite astuce : la vitamine se conserve mieux dans les bouteilles en verre (vidéo), car celles-ci sont moins perméables à l'oxygène que le carton ou le plastique.
« Si l’on veut profiter de toutes les qualités de l’orange, le top du top, c'est de consommer le jus d’orange le plus frais possible, par exemple en pressant l’orange soi-même. »
Si l’on veut profiter de toutes les qualités de l’orange, le top du top, c'est de consommer le jus d’orange le plus frais possible, par exemple en pressant l’orange soi-même. Il est conseillé de prendre des oranges bien fraîches - la détérioration de la vitamine C commence dès la cueillette - et de consommer le jus dans la demi-heure qui suit.
Deuxième point santé : il n’est pas recommandé de boire du jus d’orange à volonté. Celui-ci est très acide (vidéo), ce qui peut être mauvais pour les dents. Surtout, il contient une certaine quantité de sucre. Par exemple, il y a, selon la base de données de l'Anses, 9,58 grammes de sucre dans 100 grammes de “pur jus d’orange”, soit presque autant que dans 100 grammes de Coca (10,2 grammes).
Même si le sucre contenu dans les fruits, le fructose, est meilleur que les sucres contenus dans le Coca, une consommation importante de jus d’orange équivaut à beaucoup de calories. Selon l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé), un jus de fruit compte comme l’une des cinq portions (pdf) de fruits et légumes recommandées par jour. Une portion, pas plus, car le jus ne contient pas les fibres du fruit, essentielles à la digestion. Au-delà d’un verre par jour, le PNNS (Programme national nutrition-santé) considère les jus de fruits comme des produits sucrés.
« Au-delà d’un verre par jour, le PNNS (Programme national nutrition-santé) considère les jus de fruits comme des produits sucrés. »

Le Brésil dans nos verres

Après notre santé, parlons de celle des producteurs. Comment sont produites toutes ces oranges ? L'association Peuples Solidaires a publié en 2015 un rapport (pdf) sur les conditions de travail très dures des ouvriers brésiliens de la filière orange, résumé ici.
On y retrouve des problématiques communes à d'autres filières de production, telles que la filière cacao : au Brésil, les ouvriers sont exposés aux pesticides, qui représentent 23 % des coûts des producteurs.
70 % du marché mondial du jus d'orange est contrôlé par trois multinationales (Cutrale, Citrosuco et Louis Dreyfus Commodities) qui ont une grande influence sur le prix d'achat des matières premières. D'après Peuples Solidaires, les revenus des producteurs ne sont pas suffisants pour couvrir leurs coûts de production ; on estime que dans le prix d'achat d'une bouteille de jus d'orange, 3 % reviennent aux employés des champs et aux producteurs, tandis que 49 % reviennent au distributeur.
En réponse à ces enjeux, quelques coopératives équitables se développent, avec pour principe d'assurer aux producteurs un prix d'achat des oranges plus élevé que le cours du marché. Ces jus sont ensuite commercialisés en Europe sous le label Max Havelaar.

Quid de l’impact environnemental ?

Bien que le jus d’orange ne soit pas forcément le cheval de bataille du consommateur écologique, sa production est liée à des enjeux environnementaux.
Les pesticides ne sont pas seulement dommageables aux travailleurs, mais aussi à la nature. Quatre des principaux fabricants de pesticides vendent au Brésil des produits interdits dans leur propre pays - respectivement, les États-Unis, le Danemark, l’Allemagne et la Suisse. 29 % des aliments cultivés au Brésil (pdf) excéderaient la limite maximale de résidus de pesticides ou contiendraient des pesticides interdits.
« Quatre des principaux fabricants de pesticides vendent au Brésil des produits interdits dans leur propre pays. »
Comme pour tous les fruits et légumes, une orange locale et de saison a un impact plus faible sur l'environnement, car elle nécessite moins d'énergie pour être produite. On peut privilégier les jus d’orange faits à partir d’oranges “primeurs”, qui viennent souvent du Maroc ou d’Espagne. Il y a aussi des oranges françaises : 5 000 tonnes d’oranges sont produites chaque année en Corse et en Région Sud.

Les Astuces de LundiCarotte

Bilan des courses : rien ne vaut un bon jus d’orange pressé maison avec des fruits dont vous connaissez l'origine. De préférence, pas plus d'un verre par jour. Quant au jus d'orange pressé et embouteillé sur place, c'est celui qui se rapproche le plus du jus fait maison. On peut aussi manger directement des oranges !
Pour un achat bas carbone, on peut privilégier les oranges françaises, dont la saison court de novembre à mai.
Côté jus d'oranges équitables, ils sont commercialisés en France, par exemple sous la marque Éthiquable (en version bio ou non). Voici ce que dit Elza Grade, chargée de programmes sociaux concernant la production d'oranges équitables : "Quand vous achetez nos jus d'orange (équitables) en Europe, vous nous donnez les moyens de réparer les injustices sociales que le système économique brésilien n'est pas capable de corriger de lui-même".
Alors, êtes-vous resté concentré jusqu'au bout ? Ou bien étiez-vous trop pressé pour tout lire ? Dans tous les cas, nous espérons que le sujet était à votre goût. À lundi prochain !
PS : nous avons trouvé plusieurs sources qui, contrairement à d’autres, assurent que les jus d’orange “100 % pur jus” contiendraient des additifs : les “aromes packs”. Ces mélanges de molécules goûteuses, provenant d’oranges et d’autres fruits, extraites dans des laboratoires, auraient pour mission de redonner du goût au jus avant la vente. Le goût original serait détruit lors du processus de pasteurisation. Nous n’avons pas réussi à y voir clair dans cette affaire ; toute information supplémentaire est donc bienvenue.
Erratum : voici deux semaines, nous vous parlions du plastique. Le lien pour notre petit article annexe sur les sachets en plastique biodégradable était cassé. Voici le bon : www.lundicarotte.fr/articles/sachets-biodegradables.
Alix Dodu et Paul Louyot
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