Cette semaine, pour ne pas céder à l’injonction du ‘bikini body’, LundiCarotte vous parle d’un péché mignon auquel l’été ne nous ferait pas renoncer (même si sa consommation devrait rester modérée) : la pâte à tartiner !

Le petit déjeuner préféré des enfants ?

Le 6 juillet 2020
Cette semaine, pour ne pas céder à l’injonction du ‘bikini body’, LundiCarotte vous parle d’un péché mignon auquel l’été ne nous ferait pas renoncer (même si sa consommation devrait rester modérée) : la pâte à tartiner !
Vignette de l'article Le petit déjeuner préféré des enfants ?

La recette du succès

L’histoire de la fameuse pâte à tartiner mélangeant noisette, chocolat, sucre et matière grasse ressemble à s’y méprendre à un conte pour enfant. Nommée à ses origines la gianduja, en hommage à une marionnette emblématique du Nord de l’Italie, elle fut inventée en 1949. Cet été-là, une forte canicule frappe l’Italie et la région du Piémont, célèbre pour ses noisettes. Ces dernières sont d’ailleurs mélangées depuis plusieurs années au cacao qui est bien plus rare et cher à l’époque en Italie. Cet été-là, donc, la légende raconte que les chocolatiers ne parviennent pas à garder leur produit sous forme solide et décident donc de le vendre fondu dans des pots… sans s’attendre à un tel engouement !
Le succès ne se faisant pas attendre, la société d'industrie agroalimentaire italienne Ferrero s’installe quelques années plus tard dans la même région pour y fonder la célébrissime marque Nutella le 20 avril 1964. Cette pâte dérivée du gianduja a une composition plus éclectique que son ancêtre, puisqu’on y trouve du lait en poudre et des émulsifiants en plus des ingrédients traditionnels. De plus, la composition du Nutella varie en fonction du pays d’exportation… Donc ne soyez pas surpris si votre Nutella n’a pas le même goût en vacances !
En 50 ans, le “bonheur à tartiner” a fait du chemin, si bien que Nutella domine aujourd’hui le marché mondial de la pâte à tartiner. La France est d’ailleurs le premier marché de la marque dans le monde.
Cependant, si “Nutella réveille notre enthousiasme”, il suscite aussi certaines critiques, notamment sur sa composition, considérée comme trop riche en sucres et en graisses. Ainsi, plusieurs acteurs politiques, comme l’ex-ministre de l’Environnement Ségolène Royal, ont tenté de faire passer "un amendement Nutella" pour taxer davantage l’huile de palme.
Si ces tentatives restèrent lettre morte, Nutella voit tout de même sa popularité décliner, même si elle demeure largement en tête, passant de 85 % du marché français de la pâte à tartiner en 2013 à 75 % en 2019.
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A la question “Avez-vous l’habitude de consommer de la pâte à tartiner ?” des personnes interrogées disaient consommer exclusivement du Nutella

Une cuillère pour la forêt vierge...

La face (plus si) cachée de ce succès commercial est l’impact désastreux sur l’environnement de l’huile de palme présente dans le Nutella. Ferrero achète en effet près de 0,3 % de la production mondiale de cette huile dont la culture participe activement à la déforestation en Asie du Sud-Est et en Afrique.
Un problème similaire est posé par le cacao présent dans la pâte à tartiner, celui-ci étant aussi à l’origine d’une déforestation massive en Afrique. Devant de tels enjeux, on vous propose d’aller faire un petit tour sur le glossaire de Lundi Carotte, ou vous trouverez une entrée spécialement dédiée à la déforestation.
Toutefois, force est de constater que Ferrero s’engage depuis plusieurs années pour un approvisionnement plus durable avec son programme « Ferrero Farming Values ». Il accepte ainsi la demande de Greenpeace pour plus de transparence sur sa chaîne d’approvisionnement et collabore avec ses fournisseurs pour une production d’huile de palme sans déforestation, extinction d’espèces, ni violation des droits humains. Par ailleurs, la société s’est associée avec l’association Save The Children contre le travail des enfants et a obtenu la note de 9 sur 9 pour ses engagements en termes de durabilité par l’association WWF.
De là à dire que le Nutella est aujourd’hui irréprochable, LundiCarotte ne franchira pas le pas, puisque le principe de durabilité nécessiterait la collaboration des pays producteurs, laquelle est encore difficile à obtenir.

...Et une cuillère pour mes artères

De nombreux consommateurs de Nutella en France ne peuvent se passer de leur fameuse pâte à tartiner, notamment au petit-déjeuner et au goûter, malgré les dangers de cette dernière pour leur santé.
Ferrero semble avoir réussi à faire entrer son produit fétiche dans la catégorie des “produits voyous” qui font la pluie et le beau temps dans la grande distribution. Sont désignés par ce surnom peu flatteur les produits capables de faire passer un client à la concurrence s’ils sont vendus moins cher - d’où le prix quasi-fixe du Nutella à 2,69 € le pot de 350 g, sur lequel l’enseigne a une très petite marge.
Cette position dominante permet de mieux comprendre les scènes d’émeutes de 2018, lorsqu’une grande enseigne appliqua une réduction de 70 % sur le pot de Nutella.
Si, comme beaucoup d’entre nous, vous avez été bercés par les publicités de Nutella vantant ses mérites nutritifs et énergétiques, sachez que Ferrero a été condamné pour publicité mensongère aux Etats-Unis. En effet, les deux tartines de Nutella sont loin de constituer “le petit-déjeuner équilibré” que revendique la marque.
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Les publicités Nutella : un trompe-l’œil dangereux pour la santé
En réalité, sur une tartine, il y a entre 15 et 30 grammes de Nutella. Donc pour deux tartines bien garnies, on arrive à 40 grammes, soit 212 kilocalories, ce qui équivaut à 10 % des apports journaliers moyens. De plus, ces 40 grammes correspondent aussi à 23 grammes de sucre, alors que l’apport journalier en sucre devrait se situer autour de 25 grammes maximum par jour selon l’OMS. Ce sont les calculs carotte du jour !
« Deux tartines de Nutella équivalent environ à 10 % des besoins énergétiques journaliers moyens »
D’ailleurs, si l’on se penche sur la composition précise du Nutella, il y a de quoi frémir. En effet, on a bien affaire à de la malbouffe - cette dernière ayant été la première cause de mortalité dans le monde en 2019.
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Des noisettes et du chocolat ? A première vue, plutôt du sucre et de l’huile de palme !
Le Nutella participe aussi à la fabrication de mauvais cholestérol en raison de son haut taux d’acides gras saturés et, selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments, il contiendrait beaucoup de contaminants cancérogènes.
Un dernier élément pour vous décourager de vous ruer sur le prochain pot de Nutella en promotion ? L’ANSES a déclaré que l’acide palmitique, présent à hauteur d’environ 40 % dans l’huile de palme, favorise les dépôts graisseux sur les parois des vaisseaux sanguins.

Donc, exit les pâtes à tartiner ?

Si le monde des pâtes à tartiner reste dominé par le redoutable Nutella, il existe des alternatives qui sont à la fois meilleures pour la planète et notre santé.
Pour les repérer, il faut tout de même savoir lire une étiquette. Qu’est-ce qui constitue une bonne pâte à tartiner ? La première chose à regarder est le nombre d’ingrédients : si la liste est longue, on passe. Il vaut aussi mieux privilégier les produits où les proportions respectives des ingrédients ne se font pas au bénéfice du sucre, mais plutôt à celui des noisettes ou du cacao. Et surtout, on peut éviter les pâtes à tartiner contenant de l’huile de palme au profit de l’huile de tournesol ou de colza.
Pour vous faciliter la tâche, LundiCarotte vous propose une liste non exhaustive de pâtes à tartiner qui mériteraient de détrôner le Nutella.
Commençons par l’étoile montante : Nocciolata. Produite par la marque italienne Rigoni di Asiago et certifiée agriculture biologique, elle possède déjà 4 % des parts du marché. Elle est garantie sans huile de palme, mais n’affiche que 16 % de noisettes au compteur. À environ 4,20 € le pot de 350 g, elle est toutefois plus chère que le Nutella, mais débourser quelques euros de plus permet aussi de redonner à la pâte à tartiner son statut de produit ‘plaisir’ qui ne se mange que dans des circonstances particulières.
La chocolade de Jean Hervé est aussi une excellente alternative avec 31 % de noisettes et par la moindre trace d’huile de palme, mais elle est un peu plus onéreuse, à 7 € le pot de 350 g, et ne se trouve qu’en magasin bio. Dans la même veine, la marque Bovetti propose des pâtes à tartiner au chocolat noir sans lactose et avec 40 % de noisettes.
Pour les petits porte-monnaie, les grandes marques de distributeurs comme Carrefour, Auchan ou encore Monoprix proposent aujourd’hui leurs propres pâtes à tartiner garanties sans huile de palme et à des prix très accessibles.
Finalement, pour les plus aventureux d’entre nous, il existe aujourd’hui des pâtes à tartiner à la composition surprenante. Parmi celles-ci, la Tartimouss a la particularité d’être composée à 42 % de purée de féveroles, une légumineuse qui remplace les matières grasses. De son côté, la pâte à tartiner Ouf utilise des haricots rouges à la place de l’huile. Elles coûtent toutes les deux à peu près aussi cher, puisque le pot de 220 g de Tartimouss vaut 4,38 € sur leur site internet contre 4 € les 200 g de Ouf chez Monoprix. Si ces pâtes à tartiner sont d’excellentes alternatives, on ne peut pas garantir que vous y retrouverez le goût du Nutella !
« Il existe aujourd’hui des pâtes à tartiner à bases de légumineuses qui sont d’excellentes alternatives d’un point de vue nutritionnel »

Pas de bras, pas de chocolat !

Comme on l’a précisé au début de l’article, on ne s’est intéressé ici qu’à la pâte à tartiner contenant du chocolat, mais pour ceux qui ne seraient pas amateurs, le monde des tartinables recèle d’autres merveilles.
La marque Jean Hervé évoquée ci-dessus propose aussi des purées d’oléagineux de toutes sortes. Noisettes, amandes, noix de cajou ou encore cacahuètes, la gamme est variée et à 100 % biologique.
Pour les plus chauvins d’entre nous, la crème de marrons est une bonne alternative, même s’il faut faire attention à ce que les châtaignes ne viennent pas de Chine si l’on souhaite limiter son empreinte carbone.

Les Astuces Carotte pour une gourmandise responsable !

  • Faire attention à la liste des ingrédients au moment de l’achat et éviter les produits contenant de l’huile de palme ou une proportion très importante de sucre.
  • Privilégier si possible les pâtes à tartiner bios et issues de l’agriculture française.
  • Pour varier les plaisirs, redécouvrir les plaisirs de la confiture et du miel, rien ne vaut une bonne tartine de confiture maison !
  • Et, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, pourquoi ne pas se lancer dans une recette de pâte à tartiner maison ? Les possibilités sont infinies !
On espère que cet article ne vous laissera pas un goût amer en bouche et on vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel article à dévorer sans modération !
Alice Leleu et Mohamed Youssouf
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