L'eau à la bouche |
Le 2 décembre 2019 |
LundiCarotte recherche à nouveau un ou une volontaire en service civique. Si l’écologie et la consommation durable vous bottent et que vous avez l’envie de partager cette passion en écrivant des articles ou en organisant des évènements, n’hésitez plus ! Plus d’informations par ici ou en nous contactant à hello@lundicarotte.fr. |
Aujourd’hui, la Rédaction s’intéresse aux enjeux liés à l’eau. Afin de ne pas noyer le poisson, cet article porte spécifiquement sur les usages domestiques de l’eau et non sur ses usages industriels et agricoles. |
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La goutte d’eau qui fait déborder le vase |
La présence d’eau est l’une des conditions de la vie sur Terre, c’est donc un enjeu majeur dans le monde entier. La ressource en eau potable est inégalement répartie sur la planète et une partie est stockée sous forme de glaciers. Il en résulte que nous n’avons accès qu’à 1 % de l’eau présente sur Terre. |
Les villes se sont par ailleurs construites autour des points d’eau, que ce soit pour les besoins domestiques, agricoles ou commerciaux. |
Dans le monde, on utilise l’eau en majorité pour l’agriculture ( 70 %), puis pour l’industrie (22 %) et le reste pour la consommation domestique. |
« L’eau domestique ne représente que 8 % de celle utilisée dans le monde. » |
Un Français consomme en moyenne pour son usage domestique 148 l d’eau par jour. Ce chiffre englobe la boisson pour 1 %, là où l’hygiène corporelle et l’entretien de la maison représentent 93 %. La boisson, c’est donc une goutte d’eau dans l’océan, semble-t-il. |
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Répartition des usages domestiques de l’eau. Source : CIEAU. |
L’eau, c’est pourtant tout un business en France, et plus particulièrement l’eau en bouteille. On en boit 9,3 milliards de litres par an, ce qui fait de nous le 5e consommateur d’eau en bouteille au monde ! Ramené à l’échelle individuelle, cela représente 0,5 l d’eau en bouteille par jour et par personne. C’était le CalculCarotte de la semaine ! |
Le cycle de la bouteille d’eau |
Pourquoi ne pas simplement boire l’eau du robinet ? Il doit bien y avoir une raison derrière cette consommation importante d’eau en bouteille ! |
L’ UFC - Que Choisir et Yuka ont mené l’enquête pour nous. Pour ce qui est de la qualité de l’eau en bouteille, il faut distinguer eau minérale (Evian, Volvic, Vittel) et eau de source (Cristalline). Les eaux minérales ne sont pas soumises à la même réglementation que les eaux de source et du robinet, ces dernières sont donc plutôt équivalentes en termes de qualité. La teneur en éléments minéraux des eaux minérales n’est parfois pas adaptée à la consommation quotidienne, indiquent les deux articles. |
L’eau gazeuse, quant à elle, n’est pas la principale raison expliquant les chiffres de la consommation d’eau en bouteille : elle n’en représente que 18 %. D’après Yuka elle contient également trop de minéraux pour être consommée quotidiennement. |
Il faut ajouter que l’eau en bouteille, c’est le plus souvent de l’eau en bouteille de plastique. Les inconvénients du plastique sont connus. D’origine pétrochimique, peu dégradable et peu recyclé, il n’est pas trop l’ami de notre planète bleue quand il est à usage unique. Dans le cas de l’eau en bouteille, le rendement est absurde : pour fabriquer une bouteille en plastique, il faut du pétrole, du charbon et du gaz (pour l’énergie nécessaire à sa fabrication et à son transport), mais aussi… 2 l d’eau ! |
« Deux litres d’eau sont nécessaires à la production d’une bouteille en plastique d’un litre. » |
Tout ce plastique finit forcément quelque part, et c’est dans nos océans. Mais aussi dans nos estomacs ! L’eau en bouteille est particulièrement concernée par la présence de microplastiques : elle est en moyenne deux fois plus polluée. En fonction de leur taille, ces microplastiques ont plus ou moins de chances de pénétrer dans notre système sanguin, puis d’aller se loger dans certains de nos organes. Mais les risques liés à la présence de microplastiques dans l’eau ne sont d’après l’OMS pas avérés (anglais), faute d’études sur le sujet. |
Quand on voit que finalement, l’eau en bouteille est en moyenne cent fois plus chère que l’eau du robinet, on n’en a que plus en envie d’arrêter de consommer de l’eau emballée. |
Vivre d’amour et d’eau du robinet |
Ayant la chance d’habiter dans un pays où l’eau du robinet est, dans l’immense majorité des cas, potable, on peut la privilégier comme boisson. |
Cette si merveilleuse eau du robinet doit dans un premier temps être prélevée dans une source, un puits ou un effluent. Elle subit ensuite divers traitements avant de nous être mise à disposition. Elle est notamment filtrée avec des tamis, du sable ou encore du charbon actif, débarrassée des matières en suspension et désinfectée. Enfin, elle est testée, c’est d’ailleurs l’aliment qui est le plus contrôlé. |
Comme l’eau en bouteille, elle contient des microplastiques, mais en moins grande quantité. Elle est souvent calcaire, ce qui, contrairement aux idées reçues, est plutôt bon pour la santé, puisque le calcaire est en fait du calcium. |
L’eau potable étant prélevée en majorité dans les nappes phréatiques, elle peut contenir des pesticides. Toutefois, la quantité de pesticides tolérée est prédéfinie. En dessous des seuils autorisés, les taux peuvent varier d’une commune à l’autre. Pour en savoir plus sur la qualité de l’eau dans votre commune, vous pouvez consulter cette carte interactive. |
La peur, largement injustifiée, d’après Le Figaro, concernant la composition de l’eau du robinet fait vendre des carafes filtrantes. L’UFC - Que Choisir les a passées au crible et les résultats ne sont pas fameux. La qualité de l’eau en carafe baisse parfois par rapport à celle qui sort du robinet. L’ ANSES, quant à elle, nous alerte sur le risque de prolifération bactérienne si les filtres ne sont pas changés assez souvent et/ ou que l’eau stagne plus de 24 heures dans la carafe. |
Pour ce qui est de la filtration grâce aux billes en céramique ou au charbon, nous n’avons pas trouvé d’article fiable concernant leur mode d’action. Si vous avez testé une des deux techniques, dites-nous ce que vous en avez pensé ! |
Et l’eau que l’on ne boit pas ? |
Si nous n’avons besoin de boire qu’environ 1,5 l d’eau par jour, nous en consommons 130 à 160 litres. Douches, lessives et vaisselle sont des actes quotidiens souvent effectués avec de l’eau tirée du réseau. |
On nous l’a souvent répété, mieux vaut économiser l’eau potable le plus possible. Pour ce faire, on peut installer des mousseurs sur les robinets, qui permettent d’en diminuer le débit, on peut faire sa vaisselle dans une bassine, placer une bouteille d’eau pleine dans le réservoir de ses toilettes et/ou tirer la chasse moins souvent, prendre des douches de 5 minutes, ou encore récolter à l’aide d’un seau l’eau de la douche lorsqu’on attend qu’elle chauffe. |
À l’autre bout du cycle de l’eau domestique, quand l’eau usée reprend le chemin des tuyaux, la pollution générée par nos foyers est parfois loin d’être anecdotique, comme on vous en parlait notamment dans des précédents articles cités ci-dessus. |
Que deviennent nos eaux usées une fois chargées en déchets et détergents en tous genres ? |
Pour répondre à cette question, la Rédaction s’est retroussé les manches et bouché le nez, direction la station d’épuration de Colombes dans les Hauts-de-Seine. Pour les intéressés, nous avons concocté un petit compte rendu de notre visite. |
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La Rédac’ à la Cité de l’eau à Colombes |
Une station d’épuration recueille les eaux usées issues de nos chasses d’eau, nos éviers ou nos douches et élimine une partie des déchets qui s’y trouvent avant de les rejeter dans un cours d’eau. L’eau du robinet n’est pas tirée directement de ces eaux usées. Notons d’ailleurs que l’eau rejetée par les stations d’épuration dans les cours d’eau n’est pas potable ! |
L’entrée en service de la première station d’épuration française, située à Achères, date de 1940. Auparavant, les eaux usées de l’agglomération parisienne et tous leurs déchets étaient directement rejetés dans la Seine. |
Afin de faciliter cette épuration, on peut également éviter de rejeter certaines substances dans nos canalisations et égouts, telles les huiles de fritures ou de vidange de voiture, qui sont à déposer en déchetterie, ou encore les médicaments que l’on peut ramener à son pharmacien. |
Il faut savoir qu’à l’issue de l’épuration, tous les déchets chimiques et biologiques n’en ont pas été retirés. L’eau est simplement mise en conformité avec les normes européennes. Et lorsque le débit des eaux usées arrivant vers la station augmente, comme lors d’un orage, les traitements doivent être effectués plus rapidement qu’à l’ordinaire et sont donc moins efficaces. Prolifération d’algues, changement de sexe de certains poissons, nuisances pour leur reproduction, telles sont les conséquences possibles du déversement de nos produits corporels et ménagers. D’où l’importance d’éviter de rejeter des substances potentiellement toxiques pour la faune et la flore des cours d’eau ! |
Les usages domestiques ont beau ne représenter qu’une part réduite de notre consommation totale d’eau, on peut tout de même éviter certains produits chimiques qui dégradent l’environnement. On vous en parle plus en détail dans nos numéros sur la lessive ou sur le savon. |
Enfin, à plus grande échelle, nous avons expliqué précédemment que 70 % de l’eau sert à l’agriculture. Pour limiter ces usages et la pollution de l’eau, on peut privilégier un régime moins carné, (puisque 70 % de la production agricole sert à nourrir les animaux d’élevage : si l’on diminue sa consommation de viande, on diminue la consommation d’eau qui y est afférente), et basé sur l’agriculture biologique, afin d’éviter la pollution de l’eau aux pesticides. Ces sujets pourraient bien alimenter un prochain article ! |
Les AstuceCarotte pour ne pas boire la tasse : |
- Privilégier l’eau du robinet à l’eau en bouteille et investir dans une gourde pour la transporter
- Diminuer sa consommation de viande et privilégier l’agriculture biologique
- Éviter de déverser dans l’eau des produits gras (huile de friture, vidange) ou toxiques
- Essayer de diminuer sa consommation d’eau hors boisson
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On en profite pour vous faire un retour sur la soirée débat du 18. Parmi les points abordés, on retrouve les définitions de consommation et de durabilité qui diffère selon les personnes, la question de la production matérielle et immatérielle qui pourrait être inhérente à la nature humaine, les impacts du “mieux consommer” ou de la “non-consommation”, le poids de l’individu et du collectif, la quête de sens dans sa vie personnelle ou professionnelle et plein d’autres questions fort intéressantes. On remercie tous ceux qui sont venus nourrir cette réflexion et partager ce beau moment avec nous et on espère remettre le couvert prochainement ! |
Elisa Autric et Garance Régimbeau |