En attendant notre prochain article de la série sur la viande, on s’intéresse aujourd’hui à la douche, dans tous ses états. Avec les récentes chutes de température et si, comme la rédaction de LundiCarotte, vous rechignez à déjà allumer votre chauffage, la tentation est forte de rester un peu plus longtemps sous l’eau chaude le matin ou le soir. Pourtant, la douche est le poste de dépense d'eau le plus important d’un foyer, devant la vaisselle et la lessive. Et qui n’a pas une dizaine de flacons tous “presque vides” qui s’accumulent dans sa salle de bains ? LundiCarotte revient dans ce numéro sur les impacts en eau d’une douche ainsi que toutes les substances (savon, shampooing) que nous utilisons pour nous laver.

Ca m'en douche un coin !

Le 3 octobre 2022
En attendant notre prochain article de la série sur la viande, on s’intéresse aujourd’hui à la douche, dans tous ses états. Avec les récentes chutes de température et si, comme la rédaction de LundiCarotte, vous rechignez à déjà allumer votre chauffage, la tentation est forte de rester un peu plus longtemps sous l’eau chaude le matin ou le soir.
Pourtant, la douche est le poste de dépense d'eau le plus important d’un foyer, devant la vaisselle et la lessive. Et qui n’a pas une dizaine de flacons tous “presque vides” qui s’accumulent dans sa salle de bains ?
LundiCarotte revient dans ce numéro sur les impacts en eau d’une douche ainsi que toutes les substances (savon, shampooing) que nous utilisons pour nous laver.
Vignette de l'article Ca m'en douche un coin !

Chantons sous la douche

La France est plutôt une bonne élève en termes de consommation d’eau domestique (l'eau de la vie quotidienne), par rapport à d’autres pays industrialisés. Elle se situe dans une fourchette entre 130 et 160 L d’eau par personne et par jour, comme le Danemark ou le Royaume-Uni, par exemple. Les plus grands consommateurs sont les États-Unis et le Canada, avec plus de 250 L, tandis qu’à l’inverse, l’Allemagne et l’Europe de l’Est sont en dessous des 130 L.
Durant les cinquante dernières années, la consommation d’eau des Français a augmenté, passant de 106 L/jour/habitant en 1975 à 148 L aujourd’hui, avec un pic à 165 L en 2004. Cette baisse récente s’explique notamment par une prise de conscience des consommateurs et une amélioration des équipements électroménagers, désormais moins gourmands en eau. Il faut cependant noter que ces données n’incluent ni les utilisations collectives (écoles, hôpitaux, lavage des rues…) ni la consommation d’eau indirecte liée à la production des objets que nous utilisons, ce que l'on nomme empreinte eau.
Sur le plan individuel, l’eau consacrée à la douche et au bain représente environ 40 % de notre consommation journalière : entre 60 et 80 litres. Au prix moyen du service de l'eau en France, cela représente environ 100 € d'eau par an. Pour le détail des chiffres : une douche de 9 minutes consomme en moyenne 70 litres d’eau, contre 125 L pour un bain (autant qu'une douche de 16 minutes). Si jamais, en plus, votre installation de plomberie est défectueuse, c’est de l’argent jeté dans le siphon.

Risque-t-on de manquer d'eau ?

La majorité de l'eau de la vie quotidienne (l’eau domestique) provient de son cycle naturel : il s'agit de l’eau qui s'évapore depuis les océans, forme les nuages et retombe sur terre sous forme de pluie. La quantité totale nécessaire pour subvenir aux besoins de l'humanité représente moins de 1 % des précipitations totales : l’eau domestique n’est donc pas tant sujette à un problème de quantité qu’à des problèmes de transport et de qualité.
En revanche, il existe bien un domaine où le risque de pénurie est réel : l'agriculture. La consommation annuelle d'eau "agricole" est dix fois plus importante que celle de l'eau domestique. D'autre part, 43 % de l’irrigation provient d'aquifères, c’est-à-dire de vastes réservoirs naturels souterrains. Ces réserves se renouvellent en plusieurs milliers d'années, bien plus lentement que les rythmes des prélèvements actuels. En somme, on les vide plus vite qu'ils ne se remplissent. À terme, donc, ces ressources ne seront plus disponibles, ce qui imposera de trouver d'autres sources d'approvisionnement en eau pour l'agriculture, ou bien d’effectuer une transition vers un système agricole plus durable. Ce dernier point n’est pas sans lien avec la consommation de viande: voilà qui apportera de l'eau au moulin des prochains LundiCarotte !
« L'eau domestique n'est pas tant sujette à un problème de quantité qu’à des problèmes de transport et de qualité »

Quand la douche s'attaque au porte-monnaie

Les raisons de se doucher sobrement sont surtout économiques : cela économise l'eau et l'énergie pour la chauffer. Penchons-nous un instant sur les chiffres avec non pas un, mais deux CalculCarotte !
À 4 € TTC le mètre cube d'eau, un lecteur de LundiCarotte habitué à des douches de 10 minutes économisera 57 € par an sur sa facture d'eau s'il décide de passer à des douches de 5 minutes. Il économisera aussi l'énergie consommée par le chauffe-eau : à raison de 0,5 kWh par minute de douche chaude et de 0,17 centime par kWh (un prix très volatil en ce moment), ce changement lui fera économiser pas moins de 153 euros en énergie par an ! Soit 210 euros d'économie au total.
À supposer que ce même lecteur soit suffisamment timbré pour passer aux douches complètement froides, il pourra économiser 153 euros supplémentaires chaque année. Vous êtes libres d’en discuter avec Paul pour voir si le jeu en vaut la chandelle !

Limiter sa consommation d'eau

Vous pouvez estimer combien d’eau vous consommez par jour via ce site.
Afin de réaliser des économies d’eau, on peut adopter deux stratégies différentes, voire les combiner.
  • Devenir un as de la “sobriété hygiénique” : il suffit de se doucher moins. Cela peut correspondre à des douches moins longues, notamment à l’aide d’un sablier, moins fréquentes (saviez-vous que seulement 53 % des Français déclarent prendre une douche tous les jours ?) ou moins chaudes. Les douches de cinq minutes ou moins permettent même de financer des filtres à eau par le biais du WashIn5 Challenge de l’association Kynarou.
  • Installer des systèmes économisant l’eau ou la récupérant. La solution la plus artisanale consiste à déposer une bassine sur le sol de sa douche lorsque l’on se lave afin de récupérer de l’eau que l’on peut utiliser ensuite pour la chasse d’eau ou pour la vaisselle. Des solutions un peu plus coûteuses, mais plus efficaces, existent, comme des mousseurs pour les robinets ou des pommeaux de douche innovants tels que Hydrao.
« La meilleure des douches ne vous lave pas de toutes vos humeurs - Daniel Pennac »

Se faire passer un savon

Nous avions déjà beaucoup discuté du savon dans un précédent numéro. Quoi qu’il en soit, pour les plus paresseux, en voici une version résumée : la plupart des savons commerciaux sont avant tout pensés du point du vue du marketing, et non pour laver. Ce qui fait vendre, ce sont les emballages, la mousse et le parfum. Pour arriver à ces fins, de nombreux composants chimiques pas très sympathiques pour notre corps sont utilisés, notamment des perturbateurs endocriniens qui dérangent nos hormones. Le consommateur averti lira attentivement l’étiquette des produits qu’il achète. Pour le guider, certains labels existent : Ecocert, Ecolabel, Cosmebio, Slow Cosmetic, Nature et Progrès.
Le savon en pain (savon solide) présente un bilan carbone plus faible que le liquide : 25 % d’émissions de CO2 eq en moins durant sa vie, notamment parce qu’il nécessite moins d’emballages et qu’on l’utilise en plus faible quantité. Dans cette catégorie, il faut cependant faire attention, car certains savons bon marché utilisent de l’huile de palme, cause directe de déforestation. Pour qui recherche la qualité, on se tourne alors vers les savons d’Alep, de Marseille ou, le must, les savons issus de la saponification à froid.
Enfin, certains gels liquides sont enrichis en microbilles de plastique afin de leur donner une texture onctueuse. Celles-ci sont une catastrophe écologique et nuisent notamment aux dauphins.
« Les savons solides génèrent 25 % d’émissions de dioxyde de carbone en moins durant leur vie que les liquides. »
Les savons en pains saponifiés à froid reviennent à la mode ces dernières années et vous pouvez facilement en trouver dans les savonneries artisanales. Il existe différents parfums et différentes bases végétales (huile d’olive, d’avocat…) ou animales (lait de chèvre, lait d'ânesse).
Pour les plus courageux d’entre vous, il est possible de fabriquer son propre savon à partir d’ingrédients plus ou moins faciles à trouver dans le commerce.

Ne pique pas les yeux, évite les nœuds

La démarche marketing est pire encore pour les produits capillaires, notamment les shampooings. Toujours plus de spécificités associées à des ingrédients aux noms les plus farfelus les uns que les autres nous sont proposés dans les rayons des grandes surfaces. Pourtant, il est possible de diminuer petit à petit sa consommation de shampooing commercial. Se laver les cheveux tous les jours est souvent exagéré.
On peut commencer par se laver les cheveux avec un produit un peu moins agressif que les shampooings chimiques commerciaux, qui décapent le cuir chevelu ! On peut leur préférer les shampooings solides ou les shampooings à base d’ingrédients naturels. Puis, on commence à espacer les lavages. Finalement, on peut même passer à la méthode no-poo (pour "no-shampoo", "sans shampoing" en bon français). L'idée étant de se laver les cheveux avec des produits simples et économiques : du bicarbonate de soude et du vinaigre blanc. La rédaction est familière de cette technique, puisque voici maintenant près d'un an que Paul s'y est converti, avec des résultats au-delà de toutes ses espérances.

Les Astuces Carotte pour se doucher durable

  • Opter pour des douches courtes, moins chaudes et moins fréquentes
  • Installer un système de récupération d’eau (plus ou moins artisanal)
  • Inspecter les étiquettes de ses produits d’hygiène et privilégier un faible nombre d'ingrédients
  • Ne pas céder aux sirènes du marketing
  • S'essayer au no-poo avec l'aide d'Antigone 21 !
Que vous ayez pris une douche aujourd’hui ou non, on vous souhaite un très bon lundi !
Servane Courtaux et Paul Louyot
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