Si vous habitez à Paris, vous avez peut-être pu voir les pubs pour le label Bleu-Blanc-Coeur dans le métro. Ils vous incitent à agir pour votre santé, pour les agriculteurs et pour l’environnement en achetant leurs produits. Mais que se cache-t-il derrière ce label ? LundiCarotte a fait son enquête.

Bleu-Blanc-Coeur

Le 29 novembre 2017
Si vous habitez à Paris, vous avez peut-être pu voir les pubs pour le label Bleu-Blanc-Coeur dans le métro. Ils vous incitent à agir pour votre santé, pour les agriculteurs et pour l’environnement en achetant leurs produits. Mais que se cache-t-il derrière ce label ? LundiCarotte a fait son enquête.
Le label Bleu-Blanc-Coeur concerne la viande, le lait et les oeufs, ainsi que certains pains, huiles, fromages et biscuits. Ces produits ont tous la particularité d’être riches en oméga-3, car nourris ou fabriqués avec des graines comme le lin, le lupin, la féverole, le colza, la luzerne, etc...
C’est l’association du même nom qui gère le label, regroupant plus de 490 adhérents : des marques nationales, des producteurs fermiers, des distributeurs, des entreprises de nutrition animale, des éleveurs, des sociétés de restauration collective, etc... Coïncidence notable, l’association a été créée par l’entreprise Valorex, spécialiste des graines oléo-protéagineuses et des végétaux. Une grande part du chiffre d'affaire de l’entreprise est la vente d’alimentation de bétail à base de graines, principalement de lin. Pierre Weill, le fondateur de Valorex, est co-président de Bleu-Blanc-Coeur.
Mais quel rapport entre le lin, votre santé et l’environnement ? Ce sont les fameux oméga-3 et oméga-6, deux types d’acides gras “polyinsaturés” essentiels à notre alimentation. De nombreuses études concluent qu’un apport équilibré entre oméga-3 et oméga-6 diminue les risques de maladies cardiovasculaires. Un apport suffisant en oméga-3 aurait en plus potentiellement des effets bénéfiques contre les maladies inflammatoires, les allergies et même les douleurs menstruelles. On estime en général qu’une alimentation équilibrée apporte entre 1 et 4 oméga-6 pour chaque oméga-3. Mauvaise nouvelle, notre taux oméga-6/oméga-3 est aujourd’hui plutôt entre 10 et 30 pour 1. Ceci est dû entre autre au fait que nous consommons beaucoup d’aliments transformés qui contiennent de l’huile de soja, de palme ou de maïs, riches en oméga-6.
Les oméga-3, eux, sont un peu délaissés ces derniers temps. On les trouve notamment dans l’huile de colza, l’huile de noix, le poisson gras et les graines comme le lin. Une manière de rééquilibrer un peu les choses est de remplacer la viande par du poisson deux fois par semaine et l’huile d’olive partiellement par de l’huile de colza.
Cependant, le problème est accentué par le fait que notre bétail et nos volailles sont de nos jours principalement nourris eux aussi au soja et au maïs. Bleu-Blanc-Coeur se propose donc de résoudre le souci en réintégrant les graines riches en oméga-3 dans leur alimentation. Valorex, en partenariat avec l’Institut National de la Recherche Agricole (INRA), a en effet prouvé que les aliments résultants, comme le lait et la viande de porc, présentent un meilleur équilibre entre les 6 et les 3.
La méthode a aussi d’autres avantages. Les vaches qui sont nourries ainsi seraient en meilleures santé et produisent plus de lait. Des études en collaboration avec l’INRA ont démontré qu’elles émettent aussi 15% en moins de méthane, réduisant leur impact sur l'environnement. De plus, selon Bleu-Blanc-Coeur, le lin, le colza, etc... sont des plantations qui nécessitent moins de pesticides que le maïs et le soja (même si le label ne pose aucune restriction sur l’utilisation de pesticides et d’engrais). Dernier point, la diminution de l’importation de soja, pour lequel on détruit la forêt amazonienne, est saluable.
Concrètement, le cahier des charges exige que les animaux soient nourris en utilisant des fourrages (herbe, foin, etc...) et des graines sélectionnées pour leur richesse en oméga-3. L’huile de palme est interdite. Les rations des animaux ne peuvent pas contenir plus de 10% de produits susceptibles de contenir des OGMs. L’éleveur et les distributeurs doivent aussi organiser une traçabilité depuis le champ jusqu’à l’assiette. En ce qui concerne les questions générales environnementales et du bien-être animal, "les élevages Bleu-Blanc-Coeur devront respecter à minima le socle des bonnes pratiques d’élevage, ou s’y soumettre dans le cadre d’un plan de progrès".
Pour le contrôle et la traçabilité, les adhérents de l’association organisent chacun une documentation écrite de la qualité de leur produits. Bleu-Blanc-Coeur organise aussi de nombreux audits sur place. Enfin, les produits sont analysés le long de la chaîne alimentaire pour vérifier leur bonne qualité nutritionnelle. L’association est elle-même contrôlée par un organisme tiers indépendant. En ce qui concerne le slogan “S’inquiéter de l’avenir de nos producteurs de lait, c’est bien. Agir, c’est mieux.”, Bleu-Blanc-Coeur rémunère au moins 0.013 euro par litre en plus du prix du marché (entre 0.30 et 0.40 euro par litre), pour couvrir les frais supplémentaires d’alimentation des animaux et encourager les producteurs à passer du maïs et soja à des fourrages riches en oméga-3. L’association a aussi monté un fond, auquel les entreprises et les particuliers peuvent participer, pour aider les éleveurs à passer le cap du changement.
Le label Bleu-Blanc-Coeur assure donc une teneur des aliments en oméga-3 élevée, ce qui est surtout bon pour le coeur et contre les allergies, et présente aussi des avantages environnementaux. C’est peut-être beaucoup dire qu’on va sauver la planète avec des graines de lin, mais le combo label bio + Bleu-Blanc-Coeur est une bonne piste si on se soucie de sa santé. Et n’oublions pas que pour éviter les troubles cardiaques, le meilleur moyen reste de ne pas manger trop gras, sucré, salé, et de faire un peu d’exercice.
Préciser que le meilleur moyen de rééquilibrer l'apport oméga-3/oméga-6 reste de manger des aliments naturellement riche en oméga-3, comme le poisson gras, l'huile de colza et les graines comme le lin et la noix. Le label Bleu-Blanc-Coeur permet un apport en oméga-3 pour ceux qui n'envisage pas de se séparer ponctuellement du steak haché et de l'huile d'olive.
À noter aussi que la viande et le lait issu de l'agriculture biologique contiennent eux-aussi beaucoup plus d'oméga-3 que leur homologue classique, car les animaux ont une nutrition naturellement plus équilibrée.
Pour trouver un produit Bleu-Blanc-Coeur, c’est par ici.
Illustration
Nous vous souhaitons une bonne fin de semaine sous un beau ciel bleu. Soyez blancs comme neige, et vivez le coeur léger.
PS : Cet article a été corrigé et quelque peu amélioré après sa parution dans la boîte mails de nos abonnés, en accord avec l'erratum du 2 décembre 2017.
Alix Dodu et Théodore Fechner
Partager ce LundiCarotte
MAILTWFB