Cette semaine, la Rédac’ s’invite dans un endroit incongru, pourtant incontournable dans nos maisons et lieux publics : les toilettes ! Bouchons-nous le nez et plongeons dans cet article pour découvrir ses impacts.

Montons sur le trône

Le 21 septembre 2020
Cette semaine, la Rédac’ s’invite dans un endroit incongru, pourtant incontournable dans nos maisons et lieux publics : les toilettes ! Bouchons-nous le nez et plongeons dans cet article pour découvrir ses impacts.
Vignette de l'article Montons sur le trône

Quelques faits sur nos cabinets

Les premières toilettes furent inventées par les Grecs il y a 2 500 ans. Ils utilisaient déjà l’eau comme moyen d’évacuation : elles consistaient en un banc percé placé au-dessus d’un petit ruisseau. Est ensuite venu le fameux pot de chambre avant que ne soit inventée la chasse d’eau, qui a été améliorée jusqu’à devenir le dispositif que nous connaissons aujourd’hui.
Son fidèle acolyte, le papier toilette, a quant à lui vu le jour en Chine au VIe siècle, mais ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’il commence à être industrialisé aux Etats-Unis et à prendre la forme que nous connaissons. En France, il débarque au milieu du XXe dans nos cabinets, supplantant le papier journal.
À moins d’être malade, on se rend au petit coin environ 7 fois par jour. 3 ans, c’est le temps que vous allez en moyenne passer sur le trône dans votre vie ; à condition de ne pas emporter votre téléphone avec vous !

De l’eau a coulé sous les WC

Quand on pense aux toilettes, la quantité d’eau consommée est l’une des premières choses qui nous vient à l’esprit. Selon l’âge de vos toilettes, ce sont entre 6 et 10 L d’eau (15 pour les plus anciens modèles) qui sont utilisés par chasse d’eau, ce qui représente 20 % de notre consommation quotidienne.
« Selon l’âge de vos toilettes, ce sont entre 6 et 10 L d’eau qui sont utilisés par chasse d’eau. »
Rappelons-le, cette eau que l’on utilise pour évacuer nos déjections est potable, ce qui nécessite des traitements : passage en station d’épuration à la sortie des égouts, puis en station de potabilisation avant de revenir dans nos plomberies. Si le premier est indispensable, le second semble superflu. Vous pouvez retrouver ici le compte rendu de la visite de la station d’épuration de Colombes que la Rédac’ avait effectuée en décembre 2019.
L’eau douce disponible ne représente qu’une petite partie de celle présente sur la planète, elle est inégalement répartie et pourrait être la raison de nombreuses tensions dans les régions qui ne sont pas favorisées dans les années à venir… Pour en savoir plus sur les enjeux de la gestion de l’eau, n’hésitez pas à faire un tour par ici.
Enfin, avec les médicaments et les contraceptifs, nos urines sont chargées en substances antibiotiques et hormonales que les stations d’épuration ne sont pas encore capables de traiter et qui peuvent avoir de sérieux impacts sur les écosystèmes.

L’eau est notre avenir, économisons-la

Pour celles et ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure, il existe de nombreuses techniques pour limiter notre consommation d’eau.
Niveau facile :
  • Une première astuce consiste à placer une bouteille en plastique pleine dans le réservoir des toilettes, ce qui permet d’utiliser moins d’eau à chaque tirage de chasse.
  • Installer un mécanisme double commande (les nouveaux modèles en sont tous équipés), qui permet d’utiliser moins d’eau pour les petites commissions.
  • Les fuites sont également une grosse source de gaspillage d’eau. Selon 60 Millions de Consommateurs, un litre d'eau potable sur cinq était perdu en 2014 en France à cause de fuites. Cela serait équivalent à 1300 milliards de litres d'eau. Il est donc important de vérifier souvent que l’on n’en a pas.
Niveau intermédiaire :
  • Pour les moins sensibles d’entre nous, il est également possible d’adopter l’habitude du pipi sous la douche ou encore de ne tirer la chasse que pour la grosse commission. On peut adopter l'adage anglais "If it's yellow, let it mellow, if it's brown, flush it down!" ; si c'est jaune, laissez-le se détendre, si c'est marron, tirez la chasse ... Forcément, ça sonne moins bien une fois traduit.
Niveau expert du bricolage :
  • Il existe également des systèmes de récupération d’eau de la douche ou du lavabo pour l’utiliser dans les toilettes, ou des systèmes qui utilisent l’eau de pluie.
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Un réservoir de toilettes qui utilise l’eau du lave-mains. Source : Stylesdebain.

Au bout du rouleau

On vous en parlait dans notre article sur le papier à usage unique, 27 000 arbres sont abattus chaque jour pour produire du papier toilette, ce qui participe à la déforestation, détruit parfois des habitats d’animaux sauvages et fait disparaître des puits de carbone qui stockent le carbone atmosphérique grâce à la photosynthèse, par exemple (les plantes utilisent le CO2 plutôt que de la matière organique pour vivre).
Pour fabriquer un seul rouleau, 140 L d’eau sont nécessaires, c’est presque notre consommation personnelle par jour ! Et des rouleaux, on en utilise une centaine par an, ce qui vient ajouter une grande consommation d’eau à celle des toilettes en elles-mêmes. Cela sans parler des traitements que subissent les feuilles de papier : blanchiment, coloration…
« 140 L d’eau sont nécessaires pour la fabrication d’un rouleau de papier toilette, soit presque notre consommation quotidienne d’eau. »
Une fois le rouleau déplumé, vous vous retrouverez peut-être avec un tube Aquatube en main. Ces rouleaux sont conçus pour se dégrader dans l’eau. Pourtant, d’après le SIAAP, il vaudrait mieux les recycler que les jeter dans les toilettes, car ils fournissent du travail supplémentaire aux stations d’épuration.
En parlant de recyclage, les consommateurs sont plutôt réticents à utiliser du papier toilette recyclé - moins doux et suspecté de contenir encore du bisphénol A, produit longtemps utilisé dans les encres d’imprimerie et découvert toxique pour la reproduction.
Pour limiter ces impacts, on peut simplement commencer par utiliser moins de papier, se tourner vers des labels et choisir du papier recyclé. Pour les plus audacieux, il est aussi possible de remplacer le papier jetable par des feuilles de tissu lavables et réutilisables.
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Des rouleaux de papier toilette lavable. Source : Etsy.
Le papier toilette n’est malheureusement pas le seul produit que l’on jette dans les toilettes : tampons, chewing-gum, préservatif… Tout cela participe à boucher les toilettes, mais aussi à donner du fil à retordre aux stations d’épuration. Il est utile de rappeler que le papier toilette est la seule chose que l’on est autorisé à jeter dans les toilettes.
Les produits ménagers utilisés pour les nettoyer peuvent également être toxiques pour l’environnement, on peut donc se tourner vers des méthodes plus douces pour nettoyer nos cabinets. Par exemple, avant d’utiliser un déboucheur chimique, on peut utiliser une ventouse et tester la recette de la Famille zéro déchet !

Quid des autres types de toilettes ?

Cette dernière partie achève notre tour d’horizon des sanitaires en analysant les autres types de toilettes existants.
Les toilettes japonaises sont la Rolls du petit coin : lunette chauffante, jet nettoyant et autres fonctions télécommandées sont de la partie. Si elles offrent l’avantage de se passer de papier toilette, on peut tout de même se questionner sur la nécessité de posséder autant de fonctions, qui ajoutent sans doute au coût environnemental des toilettes. Le jet d’eau nettoyant remplaçant le papier toilette poserait également un problème sur le plan sanitaire en diffusant les bactéries fécales.
Du côté de nos amis les Turcs, les toilettes éponymes seraient plus hygiéniques, car pas de contact avec la lunette et plus économes en eau. En revanche, les déjections restant plus longtemps au contact de l’air, elles perdent des points sur le plan des odeurs. De plus, pour ceux qui sont habitués à s’asseoir pour faire leurs affaires, elles peuvent paraître inconfortables.
En ce qui concerne les toilettes sèches, comme leur nom l’indique, elles n’utilisent pas d’eau. Les déjections tombent dans un seau ou un trou et sont recouvertes de matière sèche – sciure par exemple. Elles ne permettent cependant pas de se passer de papier toilette et ne sont pas toujours faciles à installer, à moins d’avoir un endroit où vider le seau.
Une association bordelaise s’est lancé le défi de démocratiser son usage, pour en savoir plus, c’est par ici. Garance a testé pendant les vacances des toilettes construites par des amis et elle en a été ravie ! En ce qui concerne les odeurs, elle trouve que les effluves de forêt qui se dégagent de la sciure recouvrent toute autre senteur et sont bien plus agréables que celles des toilettes classiques. Le compost fabriqué avec le mélange de déjections et sciure peut être récupéré pour fertiliser des jardins après un certain temps.
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Des toilettes sèches. Source : Melmelboo.
Les toilettes chimiques se basent sur la dissolution des déjections par des produits chimiques. Elles sont réservées à un usage extérieur. Ce sont souvent celles que l’on retrouve dans des évènements publics.
Les WC broyeurs sont en fait des toilettes classiques équipées d’un dispositif de broyage permettant d’installer des cabinets classiques même lorsque les conditions de tuyauterie ne sont pas optimales (petit diamètre, pente insuffisante).

Les AstuceCarotte pour une (commission durable :

  • Tester nos astuces pour économiser l’eau des toilettes.
  • Utiliser un minimum de papier toilette quand c’est possible et le préférer recyclé ou labellisé FSC, PEFC, EU Ecolabel ou Écocert.
  • Éviter de jeter autre chose que du papier toilette dans la cuvette et préférer des produits nettoyants non toxiques.
On espère que cet article haut en odeurs vous aura plu. De notre côté, Garance a été ravie de reprendre la plume cet été !
Garance Régimbeau
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