Avez-vous entendu parler des écorecharges ? Peut-être en utilisez-vous déjà. Pour celles et ceux à qui ça ne parlerait pas, les écorecharges sont des poches en plastique remplies d’un produit d’hygiène ou d’entretien, qui permettent de réapprovisionner vos bouteilles d’origine. Le concept permet de proposer au consommateur une alternative écologique et réutilisable plutôt que d’opter pour l’achat d’une nouvelle bouteille à usage unique. Alors à la Rédac’, on s’est demandé si cette alternative était vraiment écologique ? Est-ce un argument de vente pour les marques désireuses de conquérir un nouveau public ou une réelle solution ? On enquête pour vous.

On s'emballe pour les écorecharges !

Le 14 juin 2021
Avez-vous entendu parler des écorecharges ? Peut-être en utilisez-vous déjà. Pour celles et ceux à qui ça ne parlerait pas, les écorecharges sont des poches en plastique remplies d’un produit d’hygiène ou d’entretien, qui permettent de réapprovisionner vos bouteilles d’origine. Le concept permet de proposer au consommateur une alternative écologique et réutilisable plutôt que d’opter pour l’achat d’une nouvelle bouteille à usage unique.
Alors à la Rédac’, on s’est demandé si cette alternative était vraiment écologique ? Est-ce un argument de vente pour les marques désireuses de conquérir un nouveau public ou une réelle solution ? On enquête pour vous.
Vignette de l'article On s'emballe pour les écorecharges !

Le plastique, c’est pas automatique

Selon l’ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), 26 % du volume de nos poubelles sont des emballages en plastique.
Aujourd'hui, difficile d'imaginer un monde sans plastique. Pourtant, son aventure ne commence pas avant les avancées chimiques du XXe siècle. Le plastique est un polymère dont le nom vient du grec "poly" : “plusieurs”. Ses molécules sont des chaînes constituées de molécules élémentaires. Par exemple, le polyéthylène, constituant de nos bouteilles de shampoing, est l'assemblage d'un grand nombre de molécules d'éthylène.
La production de plastique a été multipliée par plus de 200 depuis les années 1950. Aujourd’hui, 4 % du pétrole est utilisé pour la fabrication du plastique, dont 39,9 % servent à la fabrication d’emballages.
Quant à la pollution, ce sont chaque année 12 millions de tonnes de plastique qui se retrouvent dans les océans. Elles finissent ingérées par des animaux marins qui les confondent avec des proies ou échouent sur les plages. D’après Greenpeace : « Les bouteilles sont le type de déchet plastique le plus fréquemment retrouvé sur nos rivages. Le modèle économique de nombreuses entreprises repose sur l’utilisation des bouteilles plastiques à usage unique. Il faut donc agir en amont de cette production. Comment ? En abandonnant progressivement ces bouteilles pour les remplacer par des contenants réutilisables. »
En France, la production moyenne de plastique par an et par habitant est de 37 kg dont 10,7 kg qui seront recyclés. On ne peut donc pas compter sur le recyclage pour se déculpabiliser de consommer du plastique. D’autant plus que les recharges dont nous parlons aujourd’hui ne sont pas recyclables, car elles sont composées de plusieurs fines couches de plastiques différents. Une fois jetées à la poubelle, il est trop difficile de les séparer convenablement, ce qui rend le recyclage difficile, voire impossible.
« 1 écorecharge de 500 ml, c’est 80 % de plastique en moins que deux flacons classiques de 250 ml »
Mais leur faible quantité en plastique permet néanmoins de dire qu’elles sont bien plus écologiques que les emballages plastiques standards : “1 écorecharge de 500 ml, c’est 80 % de plastique en moins que deux flacons classiques de 250 ml.”
Le verdict est donc plutôt positif pour les recharges !
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Bouteille VS écorecharge

Ça mousse

Faisons un point sur le cycle de vie d’une bouteille de shampoing en plastique et comparons-le à celui d’une recharge.
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L’impact des différents emballages - Crédit photo : LundiCarotte, à partir des données d’Eco-Emballages
L’emballage est responsable de 20 à 38 % des émissions totales de gaz à effet de serre d’une bouteille de shampoing classique. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre qu’utiliser constamment des recharges permet de réduire de 13 % la quantité d’eau, si l’on ne tient pas compte de celle de la douche, et de 40 % les déchets.
Le bilan ? Acheter des recharges est bien mieux que se tourner vers des bouteilles à usage unique !

Qu’importe le flacon

Nul n’ignore les problématiques environnementales liées au plastique, à commencer par les industriels. En effet, l’écologie est devenue une cause majeure pour les Français depuis quelques années, nos férus lecteurs en tête.
Plusieurs conséquences à cela : premièrement, sur le plan de la loi, l’Affaire du siècle a incité la promulgation de plusieurs textes de lois restreignant les industriels. Aussi, le vert est devenu un argument marketing. Permettez-nous de douter deux secondes - pour le bien-fondé de l’enquête - des convictions écologiques des marques. L’étiquette “écolo” fait-elle plus vendre ? Sans grande surprise, il semblerait bien que oui. Pour garder les mêmes parts de marché, voire les faire accroître, passer au vert est une solution toute trouvée. Avec un double bénéfice : les marques peuvent toucher un public qui a tendance à les délaisser, tout en gonflant les prix.
Tout cela pourrait nous sembler être du greenwashing ou de l’écoblanchiment. France Culture tire à boulets rouges sur cette pratique en définissant l’écoblanchiment comme “ tendance à masquer l’inaction et les bilans carbone catastrophiques derrière un engagement écologique jugé de façade.” Le Larousse propose cependant une définition moins virulente, qui sera retenue ici “Utilisation fallacieuse d’arguments faisant état de bonnes pratiques écologiques dans des opérations de marketing ou de communication. (...)”.
Il est difficile de ne pas reconnaître des pratiques fallacieuses dans la commercialisation “d’écorecharges”. En effet, même si elles sont plus respectueuses de l’environnement, c’est le seul argument de vente affiché face aux conditionnements classiques. Il n’y est même pas fait référence à un changement de composition, ce qui serait plus sain pour la planète. De plus, les écorecharges ne sont même pas recyclables ! Il est fort probable que ces déchets seront, à terme, enfouis. Campagne de communication réussie cependant.
Compliqué de ne pas être sceptique face à de telles pratiques. Même si elles peuvent aider des causes environnementales, elles servent en premier lieu les marques, qui ne veulent pas changer les habitudes de consommation de leurs clients. Ce qui ne contribue qu’à faire glisser la poussière sous le tapis.
Toute la question maintenant est de savoir s’il est préférable de clouer au pilori ce genre d'initiative des marques ou, au contraire, de le saluer. Certes, les marques utilisent à des fins de marketing des discours vertueux sur l’environnement, mais répondent aux interrogations et préoccupations actuelles en proposant une solution. La Rédac’ ne peut apporter de réponse ferme à cette question et il revient à chacun, selon ses baromètres, de juger de leurs intentions.

Quelles alternatives ?

Les recharges permettent au consommateur de se tourner vers un emballage plus respectueux de l’environnement sans changer ses habitudes, mais le geste garde un minimum d’impact et devrait être remplacé par de réelles alternatives proposant moins d’emballages.
• Le savon solide : cheveux, corps, vaisselle, tout y passe ;
• Le vrac : apportez votre contenant en boutique et servez-vous ;
• DIY : une pincée de bicarbonate de soude, quelques gouttes de vinaigre blanc, révélez le chimiste qui est en vous et réalisez votre produit d’entretien. Pour vous aider, voici un carnet de recettes écologiques et économiques pour l’entretien de la maison.
Laura de la Rédac’ a opté pour l’achat d’un kit DIY de la marque L’atelier du Do It Yourself et un savon solide pour la vaisselle à retrouver sur le site GreenWeez :
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Astuces carottes

  • Acheter des recharges est bien mieux que de se tourner vers des bouteilles à usage unique, mais…
  • ...moins on utilise d’emballage plastique, mieux c’est ! Il est donc préférable de se tourner vers des alternatives plus respectueuses de l’environnement comme le vrac, le DIY ou les produits solides.
Il est maintenant temps de se quitter. On se retrouve lundi prochain, ce qui nous laisse à tous le temps de recharger nos batteries et de revenir vers vous avec un nouvel article ! Bonne semaine ;-)
Laura Dumaine, Andréa Vieira et Margaux de Vassal
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