E.T téléphone maison

Le 9 janvier 2023

“- Drinnnnnng.
- Allo j’écoute ?
- Ici Alain Di Carotte, c’est pour vous parler du bigot que vous avez dans la main.
- Mon quoi ?
- Votre bigot ! Votre bigophone ! Vous connaissez pas l’expression ? Passer un coup de bigot. Ça vient du nom de l’instrument de musique de fanfare inventé par un certain monsieur Bigot au XIXème siècle. Bref, on vient vous parler de votre smartphone.
- Ah c’est très intéressant cela. Je vous remercie de m’appeler mon cher Alain et je suis tout ouïe.”

Petite originalité du jour, nous vous annonçons le sommaire de votre article en avance ! Le voici :
1. Smartphone ou darkphone (écologiquement et éthiquement ça donne quoi ?)
2. Mon précieux (les tendances d’usage du smartphone)
3. Téléphone arabe virtuel (impact sur nos liens sociaux et notre communication)
4. Réduire mon usage du smartphone
5. MacGyver du smartphone (réparer son téléphone)
6. Vivre sans smartphone en 2023 ?

Vignette de l'article E.T téléphone maison

Smartphone ou darkphone

Nous serons bref sur ce sujet : Comme la plupart des objets de grande consommation actuels, les smartphones s’inscrivent dans le cadre d’une économie mondialisée. Et qui dit économie mondialisée dit empreinte écologique elle aussi mondialisée. Nous pensons que nous ne vous apprenons rien à ce sujet car nous en avions déjà parlé en 2017 et la situation n’a franchement pas évolué… Entre sa conceptualisation, sa fabrication, sa distribution et son utilisation, tout ça aux quatre coins du monde, le smartphone est loin d’être vert. On recense près de 180 étapes rien que pour la production des composants électroniques, dans des conditions plus qu'interrogatives) ! Mamma Mia.

La non-durabilité de nos smartphones - Réalisé par l’équipe LundiCarotte via France Environnement Nature

Si vous désirez creuser l’impact (vraiment conséquent) de la fabrication d’un smartphone, nous vous conseillons ce rapport de France Nature Environnement, celui-ci du Sénat, cette vidéo (en anglais) , ou encore cette enquête réalisée par plusieurs journalistes à travers le monde nommée “The Green Blood Project”.

En plus d’être un appareil qu’on ne sait pas fabriquer de façon durable, le smartphone sert en grande majorité à nous connecter à Internet, gigantesque infrastructure elle même très consommatrice. Eh oui, les 4000 data centers internet qui font marcher la fameuse toile ne fonctionnent pas tout seuls : si Internet était un pays, il serait le 5ème consommateur mondial d’électricité (à ce stade).

Mon précieux

Le smartphone fait partie du quotidien de 2 français sur 3 selon l’ADEME. Soyons francs : nous ne savons plus nous passer du téléphone. Mais comment faisaient donc papy et mamie pour se donner rendez-vous, pardi ?? Il faut dire que ces appareils sont bien utiles.

Petit tour d’horizon sur la tendance de notre usage du téléphone en 2022 :

Près d'un quart des étudiants passe plus de 6 heures par jour sur leur smartphone selon une étude d'Opinionway. Parmi eux, 38% déclarent être incapables de se passer de leur smartphone pendant une journée.
Si le niveau d'utilisation du smartphone varie en fonction de l'âge, le temps moyen passé sur mobile a augmenté de 6,7 % en 1 an. En Europe, les 16-24 ans passent en moyenne 168 minutes par jour sur leur smartphone. Les 35-44 ans utilisent (appel, message, Internet, etc.) leur téléphone pendant 78 minutes par jour. Enfin, les 55-64 ans n'y consacrent "que" 30 minutes par jour.
170 milliards de dollars ont été dépensés sur les applications mobiles ainsi qu'en achats in-app en 2021.
60,1 % des achats en ligne de biens de consommation sont réalisés sur mobile. En plus d'être un bien de consommation en tant que tel, le smartphone est un canal de plus en plus utilisé pour consommer tous types de biens.

Une des explications de ces fortes augmentations provient, vous vous en doutez bien, des multiples confinements que nous avons connus et de cette période bien étrange qui freine les interactions sociales. Cette augmentation du temps passé sur le smartphone est bien sûre mondiale avec le Brésil en tête de liste (les Brésiliens ont augmenté leur utilisation de 30% entre 2019 et 2021). La France reste un des pays développés qui passent le moins de temps sur leur smartphone :

Moyenne quotidienne d’heures passées sur les applications mobiles en 2021 au niveau mondial - App Annie

Téléphone arabe virtuel

En tout cas, le smartphone ouvre la voie à l’omniprésence d’internet dans notre quotidien, et par là a bien des conséquences sur nos manières de réagir.

L’enquête “Baromètre numérique” conclut que 63% des personnes interrogées jugent l’effet d’Internet positif sur leur vie privée. Ce chiffre monte à 71% en ce qui concerne l’impact sur la vie professionnelle. L’accès à "Internet est une condition perçue comme de plus en plus souvent nécessaire pour se sentir intégré dans la société" car il favorise la sociabilité. Il y a bien quelques usages positifs du smartphone à savoir la sécurité (pouvoir être joignable ou appeler en urgence) ainsi que l’accès à la connaissance ou se mobiliser pour une cause…

Pourtant, il y a également des parts d’ombre :

Le smartphone n'empêche pas toujours le sentiment de solitude puisque seuls 25% des personnes isolées ont participé à de nouvelles formes de sociabilité en ligne pendant le confinement contre 48% du reste des citoyens. Seuls 5% des isolés ont utilisé ces outils « presque tous les jours » pendant cette période...
Le smartphone est un outil malheureusement parfois utilisé pour harceler ou encore diffamer, où l’intimité est parfois mise à mal (joignable à tout instant, géolocalisé en permanence, tandis que beaucoup de données personnelles sont soumises à des "fuites"…). Le cyberharcèlement par exemple toucherait 6 % des élèves, qui se disent agressés de façon répétée sur Internet.
Difficile de distinguer le vrai du faux, ou le réel du virtuel. Quid des amitiés par exemple ? Le nombre d’« amis » affichés sur les réseaux sociaux peut atteindre plusieurs milliers, voire millions. Les amis de mes amis sont-ils mes amis à l’infini ?
Enfin, l’addiction au téléphone n’est pas à sous-estimer. La nomophobie est « la peur ou l'inquiétude ressentie à l'idée de se trouver sans téléphone mobile » conduisant parfois à la dépression et à l’isolement. Des chercheurs de l'Université de l'Iowa ont élaboré un questionnaire en vingt points pour évaluer sa dépendance et ont prouvé le lien entre l’addiction aux smartphones, l’addiction à internet et la dépression, l’anxiété ou encore l’impulsivité. Un score supérieur ou égal à 100 indique ainsi « une sévère nomophobie ».

Pas jojo tout ça ! Pas de panique, la Rédac' vient à la rescousse pour vous partager quelques pistes en matière de réduction de l'usage du smartphone (avec lequel vous êtes peut-être en train de lire cet article, on vous voit !).

Réduire mon usage du smartphone

Nombreux sont ceux qui souhaitent réduire leur utilisation du smartphone. Dans un petit sondage que nous avons fait en 2022 sur notre page Instagram, 49 personnes sur 57 répondants sont dans ce cas. Voici un florilège d’astuces pour reprendre un peu la main :

Mettre son écran en noir et blanc pour réduire la tentation de l’utiliser.
Couper les notifications et ne se rendre sur le téléphone que lorsque nécessaire ou lorsqu’on a le temps.
Ne pas allumer son téléphone avant midi, ou bien l’éteindre à partir d’une certaine heure le soir.
S'accommoder d’avoir un vieux smartphone “lent” qui nous apprend à être patient et empêche de flâner trop longtemps dessus.
Utiliser un minuteur sur les applications les plus chronophages.
Choisir un jour sans smartphone par semaine.
Porter une montre et acheter un réveil (on en trouve des tonnes d'occasion !).
S’imposer d’autres activités, comme la lecture papier ou une activité manuelle.
Échanger son smartphone avec un proche pour une journée (pour se rappeler que ce n’est qu’un outil).
Essayer “Enveloppe” ou une autre des 6 applications expérimentales de Google pour déconnecter.

(Si vous pensez qu’une bonne astuce manque à cette liste, envoyez-là nous par mail à hello@lundicarotte.fr pour que nous l’ajoutions à l’article sur le site Internet.)

MacGyver du smartphone

Compte tenu de la non-durabilité avérée de la production d’un smartphone, un enjeu important est de prolonger sa durée de vie. De ce point de vue là, ça bouge. De plus en plus, il est possible prendre en compte la réparabilité d’un produit au moment de l’achat. L’initiative gouvernementale indicedereparabilite.fr référence 558 smartphones et iFixit.fr un sacré nombre également.

Une fois cela fait, quand ledit smartphone tombe en panne ou bien se casse, il faut faire le nécessaire pour le réparer. Si vous voulez passer par un pro, cet annuaire officiel vous aidera. Si vous vous sentez l’âme bricoleuse, nous vous recommandons le site iFixit.fr ainsi que ses tutoriels, ou bien celui de Spareka pour les pièces détachées.

« Qui ne peut réparer un appareil, ne le possède pas - Devise iFixit. »

Une dernière chose importante : si vous avez prévu de ne plus utiliser un téléphone, que vous le considérez hors-service, envoyez-le dans une filière de recyclage ! Il paraît que 100 millions de téléphones dorment dans nos tiroirs, et que c’est un gros frein au développement du réemploi et/ou recyclage (dixit le Sénat). Alors, c’est parti : cliquez là pour trouver un point de collecte près de chez vous. D'ailleurs, nous avions réalisé il y a quelques années une interview d'une représentante d'un atelier de revalorisation de téléphones usagés, pour la lire, c'est par ici.

Vivre sans smartphone en 2023 ? N’importenawak

Pour finir, donnons un petit peu de visibilité à ces dinosaures des temps modernes (sic) : ceux qui, en 2023, n’ont pas de smartphone (mais un téléphone tout de même - encore que). C’est par exemple le cas de Tiff de Jean-Noël ou, plus proche de nous, de Théodore (de LundiCarotte). Eh bien croyez-le ou non, mais ils vous diront tous qu’ils sont très contents comme ça.

Si vous avez un peu le temps de discuter avec eux, ils vous diront aussi que ne pas être propriétaire d’un smartphone, ça ne veut pas dire qu’on est coupé d'Internet. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de smartphone qu’on ne peut pas ponctuellement en emprunter un (de la même façon que ne pas avoir de voiture n'empêche pas de se déplacer en voiture de temps en temps). Surtout, l’ordinateur couvre tout de même une très large partie de ce que fait un smartphone : ce qui change est l’immédiateté. Enfin, pour pouvoir utiliser des applications spécifiques au smartphone, comme par exemple Whatsapp, il est possible d’installer sur son ordinateur un simulateur comme par exemple BlueStacks

Si vous hésitez à faire “le grand saut”, voici un petit aperçu de ce qui vous attend.

Les Astuces Carottes déconnectées

Ne pas se décider trop vite lors de l’achat de notre smartphone (qu’il soit d’occasion ou neuf) et choisir un modèle conçu pour durer.
C’est bête mais important : prendre soin de son smartphone (le protéger avec une bonne coque, ne pas attendre que la batterie soit à plat pour recharger son téléphone, ne pas le jeter sur son canapé lorsqu’on rentre du travail (bon d’accord geste peu probable mais mieux vaut prévenir que réparer pardi !)…
S’efforcer de réduire son usage et son temps passé sur le téléphone grâce aux astuces évoquées plus haut dans l’article. Chacun sa manière de faire du moment qu’elle nous permet de nous connecter un peu plus à la réalité et de laisser un peu le virtuel de côté ! Envoyez-nous vos astuces par mail à hello@lundicarotte.fr
Nous vous recommandons cette superbe infographie digitale de l’ADEME sur le smartphone et les actions que nous pouvons faire pour réduire notre impact et usage.
Se connecter seulement le lundi matin à 8h pour lire l’article LundiCarotte très intéressant sur la consommation responsable et ensuite éteindre son téléphone pour le reste de la journée. Non, on rigole (ou presque).

"- Bon bah du coup merci Alain pour cet excellent article. C'est vraiment du trés bon travail.
- Merci merci, ça nous touche beaucoup, moi et toute la rédaction.
- A lundi prochain mon cher !"

Laura Larrive & Théodore Fechner

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