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Le diable s’habille en teinture végétale

Le 20 septembre 2021
En tant qu’association, nous bénéficions d’une mise en avant gratuite sur Google. Cependant... ce n'est pas si simple qu'on le pensait. Alors si l’un d'entre vous a des connaissances dans le domaine, on aimerait beaucoup en discuter avec lui.
LundiCarotte recherche un nouveau service civique ! Vous êtes intéressé par l’écologie ? L’écriture d’une newsletter ne vous fait pas peur ? Ce job est fait pour vous ! Retrouvez toutes les informations ici.
Cette semaine, LundiCarotte s’est mis sur son 31 pour vous parler d’une industrie haute en couleur : l’industrie du textile. Précisons d’abord que cette dernière est l’une des plus polluantes au monde. Aujourd’hui, c’est plus de 100 milliards de vêtements qui sont vendus dans le monde chaque année. Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’industrie du textile dans son ensemble, LundiCarotte a écrit un article général sur le sujet. Dans celui-ci, nous nous concentrerons sur l’étape de la teinture.
Vignette de l'article Le diable s’habille en teinture végétale

On vous en fait voir de toutes les couleurs


Jusqu’au XIXe siècle, la chimie n’est pas encore tellement développée. La gamme de colorants alors utilisée par l’homme se limite à une quinzaine, tous extraits de produits naturels. L’année 1856 est celle qui voit naître en Grande-Bretagne le premier colorant de synthèse : la mauvéine. C’est William Perkin (1838-1907) qui met au point cette teinture pourpre en distillant des résidus de goudrons.
À partir de ce moment, l’utilisation des colorants de synthèse sera de plus en plus privilégiée, car leur maniement est plus simple, plus rapide et plus régulier.
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Perkin tient un écheveau teint à la mauvéine - Source
La teinture a pour but de donner à un tissu un coloris précis, différent de sa couleur naturelle. Toutes les fibres ou les tissus sont d’abord blanchis avant de recevoir leur coloris définitif. Pour ce faire, les fabricants utilisent souvent des substances toxiques comme :
  • le chlore, pour le blanchiment ;
  • les éthoxylates de nonylphénol, pour fixer les couleurs ;
  • des colorants insolubles, azoïques, pour teindre les fibres ;
  • des phtalates pour les éléments en plastique ;
  • du formaldéhyde, cancérigène, pour les vêtements sans repassage.
Ces substances sont pratiques, mais aussi toxiques à plusieurs niveaux, d’abord pour la personne qui les manipule. Les métaux lourds contenus dans les colorants synthétiques sont susceptibles de perturber le système hormonal et d’augmenter les risques de cancer pour les travailleurs du textile. En Europe, les effets restent à nuancer. La réglementation REACH adoptée en 2006 vise à réguler l’usage de produits chimiques toxiques afin d’améliorer la santé humaine, en agissant notamment sur les importations.
La teinture textile est aussi un problème pour l’environnement, car c’est une étape qui exige beaucoup d’eau : en moyenne, un kilo de tissu, pour être teint, nécessite entre 80 et 100 L d’eau. Dans certains pays, notamment le Bangladesh, la Chine ou l’Inde, les rejets dans l’eau sont autorisés,d’autant plus que le traitement des eaux usées y est quasi inexistant. 20 % de la pollution des eaux dans le monde serait ainsi imputable à la teinture et au traitement des textiles. Dans l’eau,, le chlore est assimilé par les plantes et les animaux et se retrouve chez les humains par le biais de la chaîne alimentaire.

Quand les rivières deviennent multicolores

On peut prédire la prochaine couleur à la mode en regardant celle des rivières en Chine. L’usage de la rivière Li à Xiantang, aussi bien pour la pêche et l’agriculture que pour la consommation de son eau, a été rendu impossible à cause de la pollution. En effet, 80 % des produits servent réellement à teindre le vêtement tandis que les 20 % restants sont rejetés lors du rinçage. Pas moins de 40 000 à 50 000 tonnes de colorants sont ainsi rejetés dans les cours d’eau chaque année. Si vous souhaitez en apprendre plus sur le sujet, on vous conseille le documentaire « Riverblue » qui met en évidence les désastres écologiques générés par cette industrie et ses conséquences sur l’environnement et la santé des populations.
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L'affiche du film Riverblue - Crédit photo : Paddle Production Inc.

Naturellement chimique et coloré. C’est possible.

Non d’un petit bonhomme, ces constats nous laissent pantois ! Nous avons déniché des informations qui vous redonneront le sourire. Alors dites “cheese” et laissez-nous vous parler des alternatives aux teintures synthétiques.
Nous avons découvert des résultats de recherches scientifiques sur des méthodes de teinture basées sur la biochimie des enzymes, une protéine aux nombreuses propriétés (élimine les substances toxiques, accélère les réactions chimiques, etc.). Ainsi, une méthode de dégradation des colorants et de purification des eaux usées a été mise au point à l’Université de Borås. Les enzymes, ici, permettent une dégradation rapide des colorants et autres produits chimiques. Le défi était de trouver comment fixer les enzymes au textile en utilisant le moins d’eau et de produits chimiques possible, voire pas du tout (soit avec une substance issue de la fleur Gardenia, soit un revêtement écologique, soit un traitement au plasma froid).
La seconde méthode provient du laboratoire de recherche Pili qui, lui aussi, utilise les enzymes. Leur biotechnologie permet d’obtenir des colorants à partir de sources de carbone renouvelables comme le sucre ou des déchets agricoles. Pour pouvoir créer des colorants en grandes quantités, on intègre les enzymes dans ce que l’on appelle les “bio-fabriques” : les bactéries. Ces bactéries combinées aux enzymes produisent les pigments désirés à partir desquels on filtre le colorant.
Ces deux techniques sont encore en cours d’étude, mais sont prometteuses, car applicables à l’industrie. Mais, nous direz-vous, elles produisent tout de même des déchets de par les technologies et les matériels utilisés. Il est certes difficile d’être des carottes responsables parfaites...
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Schéma simplifié de la réaction biochimique des enzymes via les bactéries afin d’obtenir un pigment - Crédit photo : Pili.Bio
Il existe cependant une méthode à 100 % naturelle : la teinture végétale, issue des peaux de fruits, de légumes ou de plantes. C’est ici encore de la chimie, car il faut une fusion des molécules pour que la fibre textile se teigne. Teindre naturellement, c’est un peu comme votre mamie qui fait sa confiture : on fait bouillir l’eau avec les végétaux, on fait macérer les tanins pour que les molécules de colorants soient libérées, tout en assaisonnant de pigments avec précision, en jouant avec la température, pour obtenir la teinte souhaitée.
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Première étape de la teinture végétale jaune à base de camomille - Crédit photo : Herborium d’Émilie Fayet,
Bingo ! Pourquoi ne voit-on donc pas cette méthode partout ? Pardi ! Parce qu’on reproche souvent à ces teintes de ne pas tenir durablement. Et pourtant, les couleurs des tapisseries du Moyen Âge ont tenu en parfait état jusqu’à nos jours. Cela relève de la maîtrise de la technique. Cette méthode très lente et méticuleuse aurait du mal à s'adapter à grande échelle aux machines. Pour devenir une alternative crédible aux yeux de la grande distribution, seule une production de masse en monoculture de végétaux répondrait à la demande. La teinture serait, certes, végétale, mais n’aurait plus rien d’écologique à nouveau...

Une alternative de couleur mélanine ? Vous.

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Teinture végétale de l’Indigo- Crédit photo : Herborium d’Émilie Fayet,
Face à ces recherches écologiques prometteuses, mais qui mettront du temps avant d'arriver à l'échelle industrielle, la solution, c’est bel et bien vous. Oui, on radote, on le sait ! Magnanimes, nous vous donnons des indices, car nous adorons partager avec vous nos trouvailles.

Astuces Carottes :

  • Le label Oeko-Tex contrôle la présence ou non de substances nocives dans tous les éléments qui constituent un vêtement. L'association allemande dispose de 18 instituts de recherche en Europe et au Japon, qui vont analyser chaque élément, du produit de la fabrication jusqu’à la distribution dans le monde ;
  • La certification GOTS est la principale norme mondiale en matière de traitement des textiles pour les fibres biologiques. Elle se base sur des critères écologiques et sociaux. Cette norme prescrit les exigences tout au long de la chaîne textile pour les conditions écologiques et de travail dans la fabrication de textiles et de vêtements utilisant des matières premières issues de l'agriculture biologique. Elle comprend aussi des normes de bien-être pour l'élevage des animaux et interdit les OGM. ;
  • Faire des stages auprès des producteurs de teintures végétales tel que Michel Garcia, spécialiste mondial avec lequel de nombreux créateurs se sont formés, comme Émilie Fayet, qui a créé un Herbarium afin de nous montrer les étapes de création des teintures (si vous désirez vous lancer dans la teinture handmade), ou Aurélia Wolff, à l’origine du studio de création et de production textile Whole, spécialisé dans les teintures végétales et les fibres locales ;
  • Acheter de manière “no-dye”, c'est-à-dire des vêtements dont la fibre garde son coloris naturel, comme le blanc pour le coton, le beige/gris pour le chanvre ou encore le beige pour la laine ;
  • Voici quelques marques qui utilisent des fibres de couleur naturelle ou bien des teintes végétales : les laines de chez Le Modeste, la lingerie de chez Simplement et de chez Le Slip français, les vêtements de chez Noyoco ou encore ceux de chez Industry of All Nations.
Merci à tous de nous avoir lus, passez une belle semaine, on se retrouve lundi prochain !
Avant de vous dire à la semaine prochaine, nous avons une seule petite question : suite à l'article de la semaine dernière sur la chicorée, envisagez-vous d’en consommer comme substitut au café ? Si oui, cliquez ici, si non, cliquez . Cela nous aidera à mesurer l’impact de nos articles sur votre quotidien.
Laura Dumaine et Laura Larrive
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