Cette semaine, LundiCarotte reprend du poil de la bête avec un article sur les façons de faire face à sa pilosité.

Poil de carotte

Le 14 octobre 2019
Cette semaine, LundiCarotte reprend du poil de la bête avec un article sur les façons de faire face à sa pilosité.
Vignette de l'article Poil de carotte

Les poils sur le fil du rasoir

Plus d’un homme français sur deux arbore une barbe. Ce chiffre varie selon les générations : si, en 2018, 92 % des Français de 25 à 34 ans en portent une, ce chiffre tombe à 47 % chez les plus de 35 ans. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas la flemme qui incite les jeunes à la laisser pousser : c’est plutôt une question de génération ou de mode. Il ne s’agit pas de simplement laisser pousser ses poils, mais de les entretenir et de les tailler régulièrement.
Les poils, c’est toute une histoire. Les représentations de femmes imberbes remontent à la Grèce antique. Difficile de trouver une statue grecque de femme poilue ! Cet imaginaire de femmes glabres est encore présent chez les Françaises, dont 90 % s’épilent au moins une partie du corps. Pour la petite anecdote, du côté des hommes, on atteint les 40 % de pubis épilés.
Ça en fait du temps passé à se raser ! Les femmes passent en moyenne 72 jours de leur vie à le faire et les hommes le double !
La façon d’arborer ou non ses poils constitue un subtil mélange entre affirmation sociale de différences sexuées, nationales et normes esthétiques dominantes. Ces dernières reposent en France notamment sur un marketing de la honte : dans les publicités, les poils féminins sont associés à la saleté et à la négligence, faisant ainsi penser qu’il faut être épilée pour être acceptée. Pour le rasage masculin, les campagnes misent plutôt sur le message subliminal qu’un homme viril est un homme rasé de près ou entretenant régulièrement sa pilosité faciale.
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Dans les publicités, les femmes ont généralement peu, voire pas de poils.

Les produits dépilatoires mettent-ils la planète de mauvais poil ?

Quid du mythe de l’écolo poilu ? Est-ce que se retirer les poils est mauvais pour l’environnement ?
Pour ce qui est du rasage, il existe différents outils. Celui qui semble le plus économique de prime abord est le rasoir jetable. On l’utilise en moyenne une semaine avant de le jeter et d’en prendre un autre. Généralement en plastique, ces rasoirs usagés constituent des déchets peu biodégradables.
Les rasoirs jetables auraient un impact carbone 15 fois supérieur (anglais) à celui d’un rasoir électrique. Ce chiffre est notamment dû au nécessaire préalable chauffage de l’eau alors que la consommation d’un rasoir électrique est faible. L’impact carbone des rasoirs jetables est à relativiser, il faudrait par exemple se raser pendant 350 ans (anglais) avec des rasoirs jetables pour émettre autant de gaz à effet de serre qu’une vache en une année.
Il existe également des rasoirs rechargeables : on achète un manche unique et l’on a juste à changer la tête. Cela constitue déjà moins de déchets, mais généralement, ces recharges sont vendues dans des emballages plastiques.
Les élèves modèles pour ce qui est du rasage sont les rasoirs de sûreté ou les coupe-chous, sur lesquels nous revenons plus loin dans l’article.
Les autres produits de rasage tels les mousses à raser ou les crèmes dépilatoires contiennent souvent des ingrédients qui peuvent être toxiques, comme le montrent les tests de l’UFC - Que Choisir avec les mousses à raser et les produits d’épilation.
Pour limiter son impact sur l’environnement, on peut chercher à éviter certaines substances toxiques comme les parabens (anglais) et le BHT (Hydroxytoluène butylé), qui ont la mauvaise manie de s’accumuler dans les organismes végétaux ou animaux sans pouvoir être éliminés, d’autant plus qu’ils sont présents comme conservateurs dans beaucoup de produits (d)épilatoires. Le BHT est notamment toxique pour la faune aquatique.
De plus, les mousses à raser viennent souvent sous forme de bombes et contiennent donc des gaz aérosols faisant mousser, qui sont connus pour leurs effets néfastes sur le climat.
Pour ce qui est de l’épilation, les cires dépilatoires, qu’elles soient sous forme de bandes de cire froides, chaudes ou de pots de cire ne semblent pas faire meilleure figure dans le test de l’UFC - Que Choisir. De plus, les bandes de cire que l’on trouve dans les supermarchés représentent un déchet non biodégradable, car elles sont souvent en plastique, bien qu’on en trouve parfois en cellulose naturelle.

Rien à cirer

Se retirer les poils n’est pas un acte anodin quand on voit leur utilité.
Premièrement, tous les êtres humains ont des poils presque partout sur le corps. Les poils varient en épaisseur et en coloration, c’est pourquoi on a l’impression que les hommes sont plus poilus que les femmes. En réalité, les femmes ont généralement simplement les poils plus fins et plus clairs que les hommes.
Ensuite, le duvet et les poils des parties visibles – telles les bras - nous protègent des UV. Au niveau des aisselles, les poils jouent également un rôle pour retenir l’humidité et ainsi, régulent la température corporelle. Si on les retire, le corps a besoin de les humidifier plus souvent et on transpire donc plus. La pilosité axillaire (des aisselles) et pubienne protège le corps contre les irritations, mais retient également les hormones (dont celles jouant un rôle dans la sexualité).
Que la nature fait bien les choses !
Quand on s’épile ou quand on se rase, on retire souvent la couche superficielle de la peau, ce qui la rend plus sensible aux éléments extérieurs. Ne vous arrachez pas les poils, il ne reste que quelques points moins positifs à passer en revue avant de passer aux solutions joyeuses.
De plus, si on préfère la méthode du rasage, gare aux microcoupures, qui augmentent les risques d’infection. Pour les adeptes de l’épilation à la cire chaude, méfiance envers les brûlures, les petites infections du follicule du poil et la dilatation des vaisseaux qu’elle entraîne.
Les poils incarnés peuvent quant à eux être facilement évités en exfoliant la peau tous les 2 à 3 jours après épilation.
Au niveau intime, se retirer les poils peut diminuer les barrières du corps contre les IST et les mycoses. En outre, l’épilation définitive au laser détruit les follicules pileux et du même coup la glande sébacée chargée de lubrifier la peau. Le pubis devient alors plus irrité et plus sec.
Les produits (d)épilatoires contiennent des produits toxiques. S’ils le sont pour l’environnement, ils le sont aussi pour l’homme, à l’image des parabens ou du BHT dont on vous entretenait tantôt. Ces deux substances sont des perturbateurs endocriniens – elles perturbent le système hormonal - et la dernière est suspectée d’être reprotoxique et potentiellement cancérigène. De quoi nous hérisser les poils !
D’après les tests de l’UFC - Que Choisir, beaucoup de produits contiennent un ou plusieurs des 26 allergènes fréquents dont l’Union européenne oblige la mention sur les étiquettes pour une concentration supérieure à 0,01 %. Ce sont souvent les substances parfumantes et les conservateurs qui sont en cause.

Des alternatives au poil !

Heureusement, il existe des techniques pour un rasage ou une épilation durable !
Côté épilation, les méthodes les plus durables restent la pince à épiler ou la cire maison. Pour l’épilation maison : une cire à base de sucre, des bandes réutilisables et c’est parti ! De vieux vêtements ou bouts de tissu peuvent faire office de bandes réutilisables. La palme de la durabilité revient toutefois à l’épilation dite “orientale” et fabriquée maison : en effet, l’épilation orientale ne requiert pas de bandes. Recette ici.
Pour le rasage, il existe les rasoirs de sûreté ou les bons vieux coupe-chous pour un rasage traditionnel. Ceux-ci, en métal inoxydable, coûtent une trentaine d’euros pour les plus simples et durent plusieurs années. Il n’y a qu’à remplacer les lames lorsqu’elles sont usées.
En plein dans la tendance écolo, ils sont faciles à trouver en vrac ou dans des emballages minimalistes.
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Rasoir coupe-chou ou rasoir de sûreté, à vous de faire votre choix!
Après avoir essayé le rasoir de sûreté, Alix a constaté que ses lames rasent de près et que c’est “plutôt cool” de changer sa propre lame de rasoir. Elle conseille de ne pas prendre un modèle trop bon marché, qui peut se gripper après un nombre trop élevé de passages sous la douche. Voici quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer.
Concernant la mousse, Garance a toujours utilisé la mousse de son savon pour le corps pour raser ses gambettes, économique et plus écologique ! Si l’on ne souhaite pas user son savon pour le corps, il existe des mousses à raser sous forme de pains facilement accessibles en magasins bios ou zéro déchet. Sans compter que l’on peut se lancer dans la fabrication de son propre baume de rasage ! Pléthore de recettes sont disponibles en ligne. Voilà qui est encourageant !
Comme tous les déchets, les meilleurs déchets de l’épilation et du rasage sont ceux que l’on ne produit pas. Une occasion peut-être de faire du mythe de l’écolo poilu une réalité ?

Les AstucesCarotte pour se caresser dans le sens du poil

  • Pour les adeptes du rasage, privilégier les rasoirs de sûreté, rechargeables ou électriques
  • Utiliser la mousse de son savon ou un pain de rasage pour remplacer la mousse
  • Tenter l’épilation à la cire maison
  • Se raser ou s’épiler moins souvent, idéal pour ceux qui ont un poil dans la main
On espère qu'après cette lecture, votre journée se déroulera ... au poil !
Elisa Autric et Garance Régimbeau
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