La Rédac’ a fourré son nez dans le secteur de la parfumerie pour ce numéro, qui sera malheureusement le dernier d’Elisa en tant que volontaire en service civique, sniff ! Nous aurons peut-être tout de même la chance de la lire de temps en temps dans les prochains mois ! Ce fut l’occasion pour Elisa et Garance de visiter le Musée du Parfum et de se rendre à la Maison du Soft Perfume, dont les informations viendront enrichir l’article.

Mise au parfum

Le 27 janvier 2020
La Rédac’ a fourré son nez dans le secteur de la parfumerie pour ce numéro, qui sera malheureusement le dernier d’Elisa en tant que volontaire en service civique, sniff ! Nous aurons peut-être tout de même la chance de la lire de temps en temps dans les prochains mois !
Ce fut l’occasion pour Elisa et Garance de visiter le Musée du Parfum et de se rendre à la Maison du Soft Perfume, dont les informations viendront enrichir l’article.
Vignette de l'article Mise au parfum

La fumée sacrée

L’usage des parfums remonte à plus de 3 000 ans avant JC. Les premières traces du commerce de substances odorantes datent des Sumériens. Le parfum désigne l’odeur qui provient d’une substance, originellement végétale, mais pouvant également être obtenue par synthèse.
Présent lors des cérémonies religieuses sous forme de fumigations - on faisait brûler des végétaux pour parfumer - le mot parfum prendrait son origine dans l’expression latine per fumare qui signifie “à travers la fumée”. Historiquement, il a beaucoup marqué la cour de France lors de la Renaissance, quand les médecins suspectent l’eau de véhiculer les maladies et que les bains se font plus rares. L’aristocratie sous Louis XV s’en aspergeait en telles quantités que cela lui a valu le surnom de “Cour Parfumée”.
Son succès perdure en France : seulement 15 % des Français affirment ne jamais porter de parfums, là où plus de 60 % en portent régulièrement. C’est d’ailleurs une affaire nationale, nous en sommes le premier producteur européen. Nous en exportons bien davantage que nous n’en importons - jusqu’à 11 milliards d’euros de plus en 2015 - et nos importations proviennent majoritairement d’Europe ou des Etats-Unis.
« Plus de 60 % des Français portent régulièrement du parfum. Pas si étonnant quand on sait que nous en sommes le premier producteur européen ! »
Pour s’approvisionner en jus - autre dénomination du parfum -, 70 % des Français privilégient les grandes chaînes de parfumeries.
Et tout ça, c’est sans compter les parfums d’ambiance et les nombreuses fragrances que l’on retrouve dans beaucoup de produits du quotidien.

Un “jus” multifruits ?

Lors de notre visite au Musée du Parfum, notre guide nous a expliqué comment les substances odorantes étaient extraites des plantes.
  • La distillation : on fait bouillir de l’eau, les plantes sont exposées à la vapeur, qui transporte les molécules odorantes. La vapeur se condense dans un tube et le tout est récupéré dans un deuxième récipient. On laisse le mélange reposer et après un certain temps, deux phases se créent, dont l’une de substance parfumée.
  • L’enfleurage ou extraction à la graisse : les plantes sont placées dans de la graisse répandue sur un cadre, graisse généralement animale, qui extrait les molécules de fragrance. L’opération est répétée jusqu’à saturation de la graisse, ce qui prend environ un mois et qui explique l’abandon de cette technique trop lente. Son avantage était de s’adapter aux plantes très fragiles.
  • L’extraction par solvants volatils : les plantes sont mises dans une cuve, un solvant passe à travers la plante et en extrait la substance d’intérêt. Après évaporation du solvant et retrait des plantes, il ne reste que du parfum. Cette technique dure seulement 6 heures et vient donc remplacer la précédente.
Une fois les fragrances extraites, il est temps de composer le “jus”. Le parfumeur, aussi appelé “nez”, a à sa disposition un orgue à parfum, qu’il soit physique ou numérique, sur lequel ces fragrances sont disposées. Il compose ses senteurs, que ses assistants sont chargés de tester. Si le parfum est satisfaisant, il est lancé en production.
Illustration
Un orgue au musée du parfum.

Composition des parfums

Nous allons maintenant nous pencher sur les ingrédients qui composent nos fragrances, et notamment sur les fameuses molécules de synthèse.
Un parfum liquide est généralement composé d’une base alcoolique qui permet de solubiliser les composés odorants afin qu’ils puissent se dissoudre dans le liquide.
L’alcool est parfois décrié, car il aurait des effets néfastes sur la santé et l’environnement. L’éthanol utilisé en cosmétique peut être dénaturé pour le rendre impropre à la consommation et les agents permettant cette dénaturation peuvent être toxiques pour l’environnement. Les alcools en général sont accusés d’agresser la peau en l’asséchant, mais pour l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire), l’exposition à l’éthanol via les cosmétiques ne présente pas de risque à court terme. Dans le doute, il est toujours possible de réduire l’utilisation de cosmétiques contenant de l’alcool.
Originellement, les composés odorants sont extraits de plantes, comme expliqué ci-dessus, et sont donc appelés “naturels”. Cela signifie qu’ils ne doivent comporter aucun ingrédient d’origine synthétique. Cela nous amène à l’éléphant dans la pièce : les molécules de synthèse. Très utilisées en parfumerie pour leur maniabilité et leur faible coût de production, elles n’inspirent pas confiance à tous.
Certaines sont issues de la pétrochimie et méritent donc cette méfiance. Non seulement cette industrie est dépendante des énergies fossiles et très émettrice de gaz à effet de serre, mais elle produit également des substances toxiques pour les êtres humains et les écosystèmes.
Rendons à César ce qui est à César, les molécules de synthèse permettent dans certains cas de recréer des fixateurs de fragrances tels que le musc ou encore l’ambre gris, d’origine animale. Si le second n’exige pas la mort de l’animal pour obtenir la substance, c’est malheureusement le cas du premier. C’est pour cette raison que son commerce a été interdit en 1973 dans presque tous les pays du monde. Les autres substances d’origine animale ont été soit interdites à leur tour, soit délaissées par l’industrie.
Illustration
Un cerf porte-musc, une espèce classée “vulnérable”. Source : Wikipédia.
Les molécules de synthèse permettent donc d’obtenir des parfums à l’odeur persistante, sans cruauté animale. Si certains types de muscs synthétiques étaient dénoncés comme dangereux pour la santé des humains et des écosystèmes dans les années 2000, ils sont aujourd’hui remplacés par les muscs macrocycliques qui constituent un autre groupe de muscs de synthèse. Nous n’avons pas trouvé d’informations concernant une éventuelle toxicité de ces derniers.
« Les molécules de synthèse permettent de remplacer les fixateurs d’origine animale qui sont désormais interdits ou délaissés. »
Enfin, dans certains cas, les plantes sont très fragiles et il est impossible d’en extraire la fragrance. Elle est donc recréée à partir de molécules de synthèse ou de molécules naturelles, mais même dans ce cas, elle est considérée comme “de synthèse”, car ce n’est pas directement la molécule de la plante visée.
La concentration en substances parfumantes détermine le type de produit final : si l’on est aux alentours de 18 %, il s’agit d’un parfum, à 12 % et plus, d’une eau de parfum, entre 7 et 12 %, d’une eau de toilette et à 5 %, d’une eau de Cologne.

Comment se parfumer au vert ?

Côté contenants, ne pas oublier que la plupart des flacons de parfum sont en verre et donc recyclables, à condition d’en retirer l’atomiseur au préalable. Autrement, vous pouvez les retourner en boutique comme chez Sephora, Nocibé ou Marionnaud, où l’on vous accorde généralement une réduction pour cela. Réel impact écologique ou récupération commerciale, nous n’avons pas trouvé d’information sur le sujet, nous vous laissons donc vous faire votre avis !
Pour mieux s’y retrouver dans les solutions plus respectueuses de l’environnement, voici une liste d’alternatives possibles à des parfums classiques :
  • Les parfums sans alcool : pour répondre aux craintes concernant l’alcool, il existe des parfums sans éthanol. La Rédac’ est allée à la Maison du “Soft Perfume” à Paris pour en apprendre un peu plus. Il s’agit de parfums soit solides ayant une base d’huile ou de beurre végétal, soit liquides, avec une base aqueuse. Bonus, ils sont faits en France.
  • Parfums naturels : Si l’on souhaite éviter les substances de synthèse, de nombreuses alternatives existent ! Par exemple, le site Slow Cosmétiques propose plusieurs marques de parfums aux fragrances naturelles, élaborées dans le respect de l’environnement. Ce dernier point est garanti par le label Slow Cosmétique, les certifications “parfum biologique” ou COSMOS et “parfum d’origine naturelle” d’Ecocert, tant pour les parfums cosmétiques que pour les parfums d’ambiance.
Illustration
Les labels qui garantissent un parfum élaboré dans le respect de l’environnement.
  • Les parfums biologiques : Ils garantissent l’absence de molécules de synthèse ainsi qu’un certain pourcentage d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. Exemples de marques concernées : Acorelle, Fleurance Nature, 100 bon (mention spéciale pour celle-ci, qui est aussi made in France).
  • Huiles essentielles : On peut alors se demander s’il ne serait pas plus simple de se tourner vers les huiles essentielles pour se parfumer, puisqu’elles sont en tout cas l’un des ingrédients des parfums. D’après notre numéro sur le sujet, les huiles essentielles sont cependant à manier avec grande précaution et ne sont pas forcément bonnes pour l’environnement, ni pour notre santé.
  • Moins, ou ne pas, se parfumer : Une solution plus radicale pour ne pas se prendre la tête. En effet, nous associons l’hygiène et la propreté au fait de sentir bon, mais originellement le “propre” n’a pas d’odeur. On vous le concède, pour les habitués des parfums, il peut être difficile de s’en passer !
La Rédac’ s’est rendue dans le Marionnaud du coin pour voir si certaines de ces alternatives étaient proposées à la vente. Nous n’avons malheureusement pas trouvé de parfums naturels ou biologiques, mais ils proposaient tout de même une gamme de parfums certifiés vegan, donc sans matières premières animales ou dérivées de l’exploitation animale.

Les AstuceCarotte pour se parfumer au vert

  • Pour qui souhaite éviter les molécules de synthèse, privilégier les parfums biologiques ou naturels.
  • Pour les peaux fragiles, vaporiser le parfum sur les vêtements ou préférer les parfums sans alcools si l’on y est sensible.
  • Adeptes de musées, la Rédac’ vous conseille le Musée du Parfum, dont l’entrée et les visites guidées sont gratuites.
Elisa a été ravie de terminer son service civique sur cet article riche en enquêtes de terrain. Si vous avez adopté l’une des solutions alternatives, n’hésitez pas à nous le dire par mail à hello@lundicarotte.fr.
Elisa Autric et Garance Régimbeau
Partager ce LundiCarotte
MAILTWFB