Sur les réseaux sociaux et dans les catalogues de meubles, on voit fleurir des images d’intérieurs verdoyants. Les plantes d’intérieur ont-elles vraiment les vertus sanitaires et écologiques qu’on leur attribue ? Pour y répondre, nous avons reçu l’aide de Maëlle, du collectif Du Monde Au Balcon, dont le but est de sensibiliser aux interactions entre l’agriculture et la biodiversité. Elle nous a fait part de son expérience en tant qu’employée de jardinerie.

Quelle belle plante !

Le 20 janvier 2020
Sur les réseaux sociaux et dans les catalogues de meubles, on voit fleurir des images d’intérieurs verdoyants. Les plantes d’intérieur ont-elles vraiment les vertus sanitaires et écologiques qu’on leur attribue ?
Pour y répondre, nous avons reçu l’aide de Maëlle, du collectif Du Monde Au Balcon, dont le but est de sensibiliser aux interactions entre l’agriculture et la biodiversité. Elle nous a fait part de son expérience en tant qu’employée de jardinerie.
Vignette de l'article Quelle belle plante !

Une envie de plantes

Les plantes d’intérieur sont les végétaux en pot que nous cultivons particulièrement dans nos maisons et espaces de travail.
Elles représentent un quart (pdf) du marché des végétaux, derrière les fleurs coupées qui contribuent pour moitié au chiffre d’affaires du secteur. En 2017, un ménage français sur deux a acquis des plantes d’intérieur, pour un budget moyen de 60€. Au total, les Français ont verdi leur logement pour 1 milliard d’euros et presque 80 millions de végétaux. De quoi rendre la Forêt de Fontainebleau verte de jalousie !
« Plus d’un ménage sur deux a acheté une plante d’intérieur en 2017, pour une somme moyenne de 60 €. »
Les plantes vertes préférées des Français sont de loin les ficus. Du côté des fleuries, on retrouve sans surprise les orchidées, mais également les jacinthes.
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Les orchidées sont de loin les fleurs d’intérieur préférées des Français. Source : Rustica.
Si les Français vivent majoritairement en ville, on constate que l’urbanisation crée un manque de verdure, que ces plantes en pot semblent vouloir combler. Selon Le Point, en ce qui concerne les jeunes, ce serait la combinaison entre le coût de la vie, donc la petitesse des surfaces d’habitation, et l’envie de nature qui explique le succès populaire des plantes vertes ces dernières années. Les plantes d’intérieur sont également fréquemment achetées pour offrir, d’après Maëlle.
La culture de plantes d’intérieur ne date pas d’hier, en 3 000 avant JC, les Egyptiens avaient déjà l’habitude de faire pousser des plantes en pot dans leurs cours intérieures. Au cours des millénaires qui suivirent, des espèces exotiques furent ramenées de contrées lointaines pour orner les serres des souverains.
Rendues aujourd’hui accessibles à toutes les bourses, les plantes d’intérieur ont un système de production qui n’est pas sans conséquence sur l’environnement.

L’horticulture, quésaco ?

Trois quarts de nos belles en pot viendraient des Pays-Bas, pays dont l’engouement pour l’horticulture remonte aux XVIe et XVIIe siècles. Sur le quart restant, moins de la moitié sont originaires de France.
Le gouvernement constate une diminution des exploitations horticoles de 40 % entre 2000 et 2013 (pdf). Le secteur en prend un sacré coup ! D’autant plus que l’horticulture emploie en moyenne 4 fois plus (pdf) de salariés par exploitation que la culture céréalière.
L’avènement de la vente de plantes en ligne n’y arrange rien : si bulbes et autres plantes grasses sont au rabais, c’est généralement que l’on supprime des intermédiaires. Pour remédier à cela, rien de tel que de se rendre directement en jardinerie.
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Les plantes sont parfois cultivées sous serre, on vous en dit plus par la suite. Source : RDI.
Parmi les espèces cultivées par les horticulteurs, une grande majorité est originaire de régions tropicales. Pour autant, l’atmosphère de nos logements étant le plus souvent surchauffée, pas besoin de s’inquiéter pour le choc de température !
En réalité, les plantes ne peuvent être transférées directement de leur milieu exotique à nos habitats. Les lots “mères” sont cultivés par des professionnels et ce sont les plants “fils” qui viennent orner nos intérieurs. Cela explique pourquoi les plantes exotiques viennent en quasi-totalité d’Europe.

Des plantes traitées et sous serre ?

L’horticulture est responsable de moins de 5 % de l’utilisation de produits phytosanitaires en France. En revanche, la concentration de ces produits répartis sur une faible surface - la pression sanitaire - peut être source d’inquiétude dans certaines régions.
En jardinerie, seules les personnes habilitées peuvent appliquer les traitements phytosanitaires, nous apprend Maëlle. En revanche, selon les enseignes, il n’y a pas toujours de zone dédiée à ces traitements et pas d’obligation de port d’équipement de protection pour manipuler les plantes après cette étape. Pour éviter les pesticides de synthèse, le bio reste une alternative.
En 2013, 40 % (pdf) des plantes en pot sont produites sous serre dont plus d’un tiers sont chauffées, ce qui nécessite beaucoup d’énergie, surtout pour les anciennes.
« 40 % des plantes sont produites sous des serres souvent énergivores. »
En moyenne, une serre équipée de dispositifs de contrôle de la température ou de lumière consomme 297 kWh par mètre carré par an. À titre de comparaison, c’est plus que ce qu’on consommerait si l’on installait un réfrigérateur par mètre carré ! Plus d’informations sur la culture sous serre dans notre article sur les fruits et légumes de saison.
Côté bonnes nouvelles, la proportion des serres anciennes (antérieures à 2000) diminue, elles sont remplacées par des versions plus récentes dont les performances énergétiques sont bien meilleures. De plus, la culture de plein air semble gagner en popularité (pdf).

Les plantes dépolluantes

Au milieu des Pilea, cactus et autres succulentes, vous êtes peut-être déjà tombés sur la mention “plante dépolluante”. Cette vertu attribuée à certaines espèces provient d’une étude de la NASA des années 1980 dont le but était de déterminer si les plantes pouvaient assainir l’air pollué en circuit fermé dans les navettes spatiales.
Leurs résultats probants sont toutefois à prendre avec des pincettes. Comme l’ADEME l’expliquait en 2011, en conditions réelles (nos maisons ne sont pas hermétiques !), les plantes n’ont pas d’impact sur la pollution de l’air.
Sauf à transformer nos salons en jungles, pour purifier l’air intérieur, les seules solutions efficaces restent l’aération et la ventilation. Nous vous en parlions déjà dans notre article sur les bougies.
« En conditions réelles, les plantes ne dépolluent pas l’air intérieur. »
Pis encore, dans certains cas, les plantes d’intérieur causeraient des allergies. Elles développent parfois des moisissures néfastes pour la santé et les produits utilisés pour traiter celles-ci ou d’autres parasites peuvent également avoir un effet délétère.
Le plus simple est de demander conseil en jardinerie ou à son fleuriste et de privilégier les produits issus ou autorisés en agriculture biologique, bien qu’ils ne soient pas tous inoffensifs.
En tout cas, au travail, les plantes vertes auraient de nombreux bienfaits : amélioration de la satisfaction et de la productivité, diminution des migraines et de la fatigue. Nul besoin de transformer son espace de travail en jungle, seules quelques plantes suffisent ! En dehors du travail, le jardinage - pas forcément en extérieur - réduirait le stress. Et hop, une bonne raison d’adopter une plante !

Choisir des plantes plus vertes que vertes

Dans la recherche de la plante verte parfaite, on peut donc se heurter à plusieurs écueils. Pas de panique, il existe une ribambelle de labels et nous les avons décortiqués pour déterminer s’ils peuvent nous aider à répondre à ce désir de plantes durables :
  • Le Label Rouge garantit des plantes de qualité supérieure - spécialement sélectionnées, à l’apparence garantie -, mais n’apporte pas d’information sur les modes de culture ;
  • Plante Bleue certifie une culture respectueuse de l’environnement ;
  • MPS engage les horticulteurs à contrôler les intrants de leurs exploitations tels que l’eau, l’énergie et les fertilisants utilisés. C’est un label européen ;
  • L’Agriculture Biologique garantit l’absence de pesticides de synthèse ;
  • Fleurs de France assure à l’amateur de plantes une origine française et, combinée avec les autres labels ci-dessus, garantit une démarche éco-responsable ou une qualité supérieure des végétaux ;
  • Fleuriste éco-responsable garantit une meilleure gestion des consommations en eau et énergie, des déchets et des achats de la boutique, afin de s’inscrire dans une démarche globale.
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Les différents labels pour les plantes d’ornement.
On peut donc, comme Garance, être à l'affût de ces labels pour ses prochains achats horticoles. Pour soutenir l’horticulture française, on peut aussi se rendre directement en jardinerie plutôt que d’acheter en ligne et se renseigner sur les producteurs locaux.
Pour qui a la main verte, il existe enfin des alternatives aux plantes des jardineries. Les grainothèques sont des structures associatives qui permettent aux petits producteurs et aux particuliers d’échanger des semences.
On peut aussi échanger des boutures - technique de multiplication de plantes à partir d’une partie de celles-ci - avec ses proches. Retrouvez ici une fiche expliquant pas à pas comment se lancer dans le bouturage. Pour se former à l’entretien des plantes tout en soutenant les jardiniers français, il est également possible de se tourner vers les associations de jardiniers.

Les AstuceCarotte pour garder la main verte

  • Si, comme Garance, vous n’avez pas la main verte, nous vous recommandons cette fiche pour remédier à cela et bichonner vos belles à feuilles.
  • Pour dépolluer l’air de son logement, rien de mieux que 10 minutes d’aération quotidiennes.
  • Si vous souhaitez transformer votre intérieur en jungle durable, pourquoi ne pas privilégier des labels éco-responsables ?
  • Partagez et échangez boutures et semences pour verdir gratuitement votre intérieur.
Pour ce premier article en solo, Garance a été ravie de creuser un sujet qui lui tenait à coeur. On croise les doigts pour que ces recherches lui permettent enfin de réussir à garder une plante en vie !
Garance Régimbeau
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