L'article de cette semaine s'adresse tout particulièrement aux 64,6 millions de Français qui ne pratiquent pas le naturisme : il s’agit du maillot de bain.

Tous à l'eau

Le 25 juin 2018
L'article de cette semaine s'adresse tout particulièrement aux 64,6 millions de Français qui ne pratiquent pas le naturisme : il s’agit du maillot de bain.
Vignette de l'article Tous à l'eau
On mesure sans doute mal la chance que l'on a de pouvoir bronzer à la plage ! À la fin du XIXe siècle, la morale proscrit de trop découvrir son corps. Il faut donc imaginer que les hommes se baignaient en short et t-shirt et les femmes en costume de bain plus couvrant. C'est au XXe siècle qu'a lieu une petite série de révolutions : en 1907, la nageuse australienne Anna Kellerman - illustrée dans la BD Les Culottées - ose découvrir ses jambes. Les hommes sont les premiers à dénuder leur torse, avec l'invention du slip Tarzan en 1932. Puis, en 1946, énorme scandale pour l'époque, la sortie du bikini.
« Il est presque inutile de perdre son temps à parler de ce fameux bikini, puisqu’il est tout bonnement inconcevable qu’une fille pourvue d’une simple once de tact et de décence s’avise de porter pareille chose. Modern Girl, 1957 »
Aujourd'hui, l'on peut se vêtir bien plus librement qu'avant sur la plage. La France compte même 2,6 millions de pratiquants du naturisme, c'est dire si les mœurs ont changé. À tout le moins, en Occident : dans de nombreux pays asiatiques et musulmans, il est encore très habituel de se baigner habillé, pour éviter de bronzer par exemple.

De quoi sont faits les maillots ?

De nos jours, la plupart des maillots de bain sont faits d’un mélange de nylon et d’élasthanne, deux types de matière plastique.
  • Le nylon. Le nylon, ou polyamide, est économique, léger et plutôt costaud. Les vêtements en nylon s’ajustent au corps et sèchent rapidement. Cependant, le matériau perd sa couleur et s’effiloche pendant l’exposition au soleil. La fabrication du nylon libère de l’oxyde nitreux, un gaz à effet de serre notoire. Les teintures employées pour le nylon contribuent, elles, à la pollution des eaux. Cependant, le nylon demande moins d’eau à la production que les fibres naturelles.
  • L’élasthanne (appelé aussi spandex ou Lycra). Comme son nom l’indique, ce matériau est élastique. En conséquence, les maillots de bain sont plus confortables et plus faciles à enfiler. Cependant, l’élasthanne résiste mal au chlore et au sel, ce type de maillot se déforme donc à l'usage. Pour allonger sa durée de vie, il est conseillé de le rincer après chaque utilisation. Depuis peu, il existe également des maillots de bain à base de PBT et de polyester, particulièrement utilisés par les sportifs. Ces maillots sont plus chers, mais ont une durée de vie plus longue.
  • Le polyester. Le polyester est utilisé pour la fabrication de maillots de bain sportifs, car il est résistant au chlore. Ces maillots de bain tiendraient bien plus longtemps que les maillots de bain en nylon, même sans entretien. Revers de la médaille : le polyester est beaucoup moins élastique et le maillot est donc moins confortable.
  • Le PBT (polytéréphtalate de butylène). Le PBT est un type particulier de polyester, beaucoup plus élastique que le polyester classique. Il est utilisé pour améliorer le confort du maillot de bain. Il supporte lui aussi le chlore et la chaleur.
« Les maillots à base de PBT et de polyester sont plus chers, mais ont une durée de vie plus longue. »

Petit dossier : les microplastiques

Tous ces matériaux sont des matériaux de synthèse, fabriqués à partir de pétrole. Selon un rapport (pdf) de l’UICN (l’Union internationale de la conservation de la nature et des ressources naturelles), les vêtements en fibres synthétiques comptent pour un tiers de la décharge directe de microplastiques dans l’Océan. Ces microplastiques sont des fragments de plastique, de taille inférieure à 1 mm.
Aujourd’hui, les eaux terrestres en sont remplies. Au cours d’une étude menée en Méditerranée, des microplastiques ont été repêchés dans chacun des 340 prélèvements. On en trouve aussi dans les eaux continentales, par exemple dans le lac Léman en Suisse et de nombreux cours d’eau en France, comme on peut le voir sur cette carte interactive.
La plupart de ces microplastiques proviennent d'emballages et d'objets en plastique de la vie de tous les jours qui se dégradent avec le temps. Cependant, selon les chiffres de l’UICN (pdf), environ 600 000 tonnes de microplastique dans l’Océan proviennent probablement de nos vêtements, soit plus de 7 % du plastique total dans l’Océan.
Comment le plastique de nos vêtements termine-t-il dans l'Océan ? En moyenne, 1 900 microparticules seraient relâchées dans l’eau à chaque passage en machine à laver d’un vêtement synthétique. Autrement dit, pour un maillot de bain lavé cinq fois par an et d’une durée de vie de cinq ans, 47 500 particules de microplastique passeraient dans les eaux usées. Ceci était le CalculCarotte de la semaine !
La grande majorité de ces plastiques est filtrée en station d’épuration. Cependant, la quantité de microplastique que les stations d'épuration ne parviennent pas à capter reste tout de même importante : elle peut atteindre plusieurs dizaines de millions de particules par jour et par centrale.
Les microplastiques sont problématiques pour la vie marine, car ils sont confondus par les animaux amateurs de plancton, qui cassent la croûte avec. Bien que les effets de ce régime soient mal étudiés, la crainte des défenseurs de l’Océan est que les substances toxiques de ces plastiques ne contaminent la chaîne alimentaire.
« Les microplastiques sont problématiques pour la vie marine, car ils sont confondus par les amateurs de plancton avec un dîner goûteux. »
Pour empêcher nos microfibres d’arriver en mer, on peut envisager d'installer un filtre. La solution la plus efficace reste cependant de privilégier les fibres naturelles.

De quoi sont faits les maillots ?
Suite et fin

- Le coton. Le coton a l’avantage de ne pas être un plastique. Cependant, comme nous l'expliquions dans le LundiCarotte sur les t-shirts, la culture du coton est actuellement le deuxième secteur agricole le plus concerné par le travail d'enfants et le travail forcé et elle consomme également beaucoup d'eau et de pesticides. La marque LUZ propose des maillots de bain en coton biologique.
- Autres fibres naturelles. Certaines marques commercialisent des maillots de bain dans des matériaux réputés écologiques, en chanvre ou en lin. À noter que les maillots en fibres naturelles, s’ils ne produisent pas de microplastiques, sont moins résistants aux éléments que leurs cousins synthétiques.

Tour des rayons

Pour diminuer la consommation humaine de plastique, certaines marques, comme Patagonia, Eco-swim et Vitamin A utilisent des matériaux synthétiques recyclés. Pour un maillot aux conditions de fabrication éthiques, il y a par exemple la marque Aqualexa ou le Le Slip français pour le ‘made in France’. On trouve des marques écologiques et éthiques de tous côtés sur Internet, entre autres ici.

À l'eau, le maillot !

Reste que ces alternatives valent souvent leur pesant d'euros. Une action à laquelle tout le monde peut parvenir est de faire durer son maillot de bain. Les consignes sont claires : il faut surtout éviter le passage en machine ou, pire, au sèche-linge, qui aura vite fait de le détériorer.
Il est plutôt recommandé de le rincer à l’eau, froide ou tiède, après chaque utilisation, pour rincer le chlore ou le sel. Le savon n’est pas nécessaire et l'assouplissant est déconseillé, car il attaque la fibre. Pour ne pas déformer le maillot, il est aussi judicieux de ne pas l’essorer brutalement et de ne pas l'étendre sur le fil à linge.
Le conseil que nous avons retrouvé le plus souvent est de le faire sécher à plat, sur une serviette absorbante et à l’abri de la lumière du soleil pour conserver les couleurs et l’élastique. Ces conseils d’entretien aident à conserver la fibre et donc à limiter la perte de microfibres.
« Une action à laquelle tout le monde peut parvenir est de faire durer son maillot de bain ! »

Le maillot en fin de course

Si, malgré toutes ces précautions, votre maillot de bain est en fin de vie, envisagez le tri. Le nylon, notamment, se recycle bien. Un rapide tour sur l’application Le guide du tri nous apprend que les maillots de bain se recyclent comme n’importe quel vêtement, c’est-à-dire en les déposants propres et secs dans un sac fermé, dans un de point de collecte.

Les Astuces de LundiCarotte

- Pour éviter le gâchis de matériaux : choisir un maillot de bain en nylon ou polyester recyclé
- Pour éviter de relâcher du plastique dans l'Océan : choisir un maillot en fibres naturelles (coton, lin, chanvre…)
- Pour des maillots de bain en coton bio : chercher le label GOTS ou OEKO-TEX® Standard 100 (ne pas hésiter à chercher un label équitable aussi)
- Pour éviter d'acheter un maillot tous les ans : rincer son maillot à l'eau claire après chaque utilisation et le traiter avec douceur
On ne sait pas vous, mais cet article nous a donné chaud. Profitez bien de vos bains et à bientôt !
Alix Dodu et Paul Louyot
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