On ne s'en tamponne pas |
Le 1 janvier 2018 |
Chers lecteurs, |
Joyeux 2018 ! J’espère que vous avez tous passé un super réveillon, animé ou calme selon vos préférences, ou au travail pour certains. C’est Alix qui vous parle, rédactrice de LundiCarotte. Aujourd’hui, c’est non seulement le début de la nouvelle année, l’heure des bonnes résolutions, mais aussi mon anniversaire. Je profite de l’occasion et du fait que notre rédacteur en chef soit en vacances dans le Vercors pour vous servir un sujet un peu sanglant. Il figure sur ma liste depuis longtemps : le tampon. Il précède un futur article sur la coupe menstruelle et autres solutions alternatives. |
Pour les 50 % des lecteurs qui se sentent d'emblée moins concernés, j’espère que vous ne raterez pas cette occasion d’en apprendre plus sur les femmes de votre vie (et leurs déchets). Pour les autres 50 %, ceci coule de source mais je préfère le préciser : surtout faites ce que vous préférez question méthode d’hygiène intime. “Mon corps, ma consommation !” |
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Genèse d'un tampon |
Le tampon comme on le connaît, commercialisé en premier par Tampax, date des années 30. Il est alors constitué principalement de coton. |
Pas facile de connaître la composition exacte des tampons d’aujourd’hui, comme le montre l' enquête de l'émission “On n’est plus des pigeons”. Effectivement, contrairement aux produits type crèmes, l’affichage de la composition sur la boîte n’est pas obligatoire, malgré un contact avec le corps assez évident. Une jeune femme a d'ailleurs lancé une pétition pour changer ça. |
Tampons et plastiques |
On connaît cependant les composants principaux grâce à cette liste. La majorité des tampons sont maintenant en viscose (de la pulpe de bois), entouré de polyéthylène ou de polypropylène, deux types de plastiques. |
Du fait de ce plastique, les tampons ne sont pas biodégradables. C’est-à-dire qu’il n’y a (presque) pas de bactéries capables de le transformer en composants utiles pour la nature. Sous l’effet de la lumière, le plastique peut tout de même se photodégrader en petites particules, qui pollueront les eaux, le sol et la chaîne alimentaire. Dans la nature, les tampons mettent ainsi 400 à 450 ans pour se dégrader. |
En France, les déchets qu’on jette à la poubelle du non-recyclable atterrissent dans un incinérateur ou en décharge publique. Ne les jetez pas dans les toilettes, a fortiori si vous n’aimez pas les inondations chez vous ou que vous ne voulez pas causer de problèmes à la station de traitement des eaux. |
Une femme réglée pendant 40 ans jettera en moyenne entre 100 et 150 kilos de serviettes, tampons et applicateurs. À relativiser avec la quantité totale d’ordures d’une française sur la même période : à raison de 354 kilos par an, il s'agit de près de 15 000 kilos d'ordures ménagères. Les protections hygiéniques représentent donc près d'1 % de ce total. C'était le CalculCarotte de la semaine ! |
Pour minimiser les dégâts, on peut opter pour des options sans emballage individuel, comme les protège-slips en pack lorsque l'on est chez soi. Si l'on utilise des applicateurs, on peut opter pour la version en carton de Tampax. |
Les tampons et notre santé |
Reste à se pencher sur l'aspect santé. Selon une étude de 60 millions de consommateurs, les tampons peuvent contenir des résidus toxiques. Retrouvé sur des tampons o.b. et Nett : des dioxines cancérigènes, probablement dues aux produits chimiques utilisés pour transformer le bois en pulpe viscose. Retrouvé sur des Tampax : des composants cousins du chlore, probablement dû aux techniques de blanchiment. Bien qu’ils ne soient pas forcément dangereux, ils ont des propriétés irritantes et s’accumulent dans les tissus humains. |
D'après une étude scientifique datant de 2002, cependant, la contribution des tampons aux risques de l'exposition aux dioxines serait largement inférieur à la contribution de notre nourriture. |
Lorsque l’on parle de santé, les tampons bio sont également une option : ils sont constitués à 100 % de coton biologique. Une étude de 2017 publiée par l'EFSA montrait que l'on peut détecter des résidus de pesticides dans un peu plus de 3 % des produits conventionnels, contre 0,7 % pour les produits biologique. Acheter bio permet donc de réduire son exposition aux pesticides. Pour les tampons, le prix passe tout de même du simple au double. |
Quelques marques : Natracare ou Dans Ma Culotte, achetables en pharmacie, sur internet ou en grande surface bio. Ces tampons bio se dégradent dans la nature en 5 ans : une performance bien meilleure que leurs cousins non-biodégradables. |
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Gardez un œil ouvert pour ne pas rater le LundiCarotte plus joyeux sur les alternatives aux tampons et serviettes classiques : coupe menstruelle, serviettes réutilisables... Teaser : il y a des femmes qui arrivent à retenir leur flux par elle-même ! |
Et surtout, au nom de toute l’équipe, je vous souhaite une excellente année, informative, festive et durable ! |
PS : Petit rappel parce que je tiens à vous, ne jamais garder un tampon ou une coupe menstruelle plus de huit heures d’affilée, pour éviter le très rare mais très dangereux syndrome du choc toxique. |
Alix Dodu |