Cette semaine, la Rédac' vous rhabille et s’est attaquée à un incontournable de la garde-robe : le jean ! Il nous a suffi de baisser les yeux pour trouver le sujet de la semaine. On vous laisse à votre lecture pour tout savoir sur ce bout de tissu devenu emblématique !

Tavernier, un jean tonic !

Le 29 mars 2021
Cette semaine, la Rédac' vous rhabille et s’est attaquée à un incontournable de la garde-robe : le jean ! Il nous a suffi de baisser les yeux pour trouver le sujet de la semaine. On vous laisse à votre lecture pour tout savoir sur ce bout de tissu devenu emblématique !
Vignette de l'article Tavernier, un jean tonic !

La merveilleuse histoire du jeans

Tout commence au XVIe siècle, à Gênes, où l’on utilise un tissu résistant de couleur bleue pour les toiles des tableaux, les voiles des navires et les habits des marins.
« La petite poche qui se trouve dans la poche avant du jean servait à l’époque à placer sa montre à gousset ! »
Face à l’émergence de ce nouveau tissu, la ville de Nîmes essaie de reproduire une étoffe similaire sous le doux nom de serge de Nîmes. L’appellation denim provient donc potentiellement de cette ville, mais tout cela n’est que supposition.
Puis, tout s’accélère. En 1847, Levi Strauss flaire une bonne affaire en s’installant dans l’ouest des États-Unis pour vendre de la toile denim importée d’Europe. À cette époque, c’est la ruée vers l’or. L’entrepreneur en profite alors pour vendre ses pantalons aux chercheurs, venus de loin.
Petite anecdote : la petite poche qui se trouve dans la poche avant du jean servait à l’époque à placer sa montre à gousset !

Fabriquer du jean, c’est pas coton !

« En 2015, 1 million de personnes effectuaient du travail forcé pour la culture du coton en Ouzbékistan. »
L’histoire du jean est anecdotique, mais sa fabrication est problématique. En effet, il est composé en majorité de coton, puisqu’il en faut 600 grammes pour en fabriquer un seul. Et le coton ne pousse pas dans les arbres, mais dans les champs.
Les champs, on en trouve partout, et surtout en Ouzbékistan, huitième producteur mondial de coton.
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Un champ de coton ouzbek - Crédit photo : L’Express
Et les conditions de travail n’y sont pas réjouissantes. De nombreux fonctionnaires sont réquisitionnés pour la récolte en octobre, alors même que leur métier initial n’est en aucun cas lié à la culture de coton. En 2015, 1 million de personnes faisaient du travail forcé dans les champs de coton ouzbeks.
Des médecins et des professeurs se retrouvent donc dans les champs à ramasser à la main entre 60 et 70 kg de coton par jour. S’ils en récoltent moins, ils peuvent subir des violences ou d’autres formes de punitions.
À cela s’ajoute le travail des mineurs, interdit dans le pays, mais qui, par manque de contrôles, existe encore.
Bonne nouvelle ! D’après un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), la situation s’améliore d’année en année, puisque le recours au travail forcé et au travail des mineurs a quasi disparu, mais il en existe encore des vestiges.
Une fois le coton récolté, il est acheminé dans des usines de filature pour que les boules soient transformées en fil. Très souvent, le coton destiné à fabriquer le denim est transféré au Bangladesh, dont un tiers des jeans du monde provient.
Et pour cause, la main-d'œuvre est très peu chère : le Bangladesh est le pays où les ouvriers sont les moins payés au monde. Les revenus horaires sont très bas, parfois même en dessous du minimum légal. Sans compter le travail des mineurs, encore très répandu, qui se fait souvent la nuit et dans des conditions dangereuses.

À défaut de tailler un costard…

On va chercher comment se taille un jean !
« L’industrie du textile consomme 44 billions de litres d’eau pour l’arrosage, dont 95 % sont destinés au coton. »
Comme on l’a déjà précisé, le jean est constitué en majorité de coton. Non contente de rendre précaire toute une branche, la culture du coton avale des litres d’eau. En effet, l’industrie du textile consomme 44 billions de litres d’eau pour l’arrosage, dont 95 % sont destinés au coton.
Une mesure a été créée pour permettre d’évaluer l’impact du coton sur la consommation d’eau. À l’instar de l’empreinte carbone, il existe “l’empreinte en eau”, évaluée par le National footprint water. L’empreinte en eau se définit comme “l’appropriation de l’eau potable par les humains en volume d’eau consommée et/ou polluée pour la création d’un produit donné.” Et c’est le coton qui ressort grand vainqueur de cette triste compétition : 10 000 litres d’eau sont nécessaires pour en produire 1 kg. Sa culture est également responsable de 25 % de la consommation mondiale de pesticides et de 10 % de celle d’engrais. En comparaison, le lin n’a besoin que de l’eau de pluie, il est assez vivace pour se passer de pesticides et autres engrais et en plus, il capte le CO2 !
Ensuite, vient le denim. Pour obtenir cette diversité de couleurs, différents traitements sont opérés : filage, teinture, blanchiment. L’eau rejetée par ces traitements est nocive et pollue localement l’eau potable. En effet, elle rejette de nombreux produits chimiques dont des perturbateurs endocriniens.
Un autre facteur qui alourdit l’addition déjà bien salée du jean est son transport. Les plus grands cultivateurs de coton sont la Chine et l’Inde. Le coton obtenu, il faut le filer ! Il passe donc par les tissages du Pakistan, puis revient en Chine pour être traité, coloré, de façon à obtenir cette couleur particulière et si caractéristique du blue jean. Enfin, notre denim deviendra grand jean dans les ateliers de couture du Moyen-Orient et du Maghreb, au Maroc et en Turquie notamment. Bonne nouvelle ! Votre jean est prêt à arriver dans votre boutique préférée. Vient l’heure du bilan de son petit tour du monde. Il a consommé 11 000 litres d’eau et parcouru 65 000 kilomètres. Soit environ 40 allers-retours Paris-Marseille. Chanceux, ce jean au passeport bien rempli !

On ne va pas faire dans la dentelle…

Mais diantre ! Que faire, alors ?
Premièrement, privilégiez les jeans en 100 % coton. En effet, les matières synthétiques comme l’élasthanne ou le polyester sont des dérivés du pétrole.
Maintenant que vous en savez un peu plus sur l’impact écologique et humain du coton, renseignez-vous également sur la provenance de celui-ci. Où a-t-il été produit ? Est-il issu d’une production biologique ?
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Le label Oeko-Tex Made in Green - Crédit photo : Setex
Pour cela, il existe des labels. Le plus connu d’entre eux est Oeko-Tex. Parmi les Oeko-Tex, il y a le “standard 100” qui vérifie la nocivité du produit pour le consommateur. Il faut s’en méfier ! En effet, il ne certifie pas que la production de votre vêtement n'a pas été polluante. Pour cela, il faut lui préférer l’“Oeko-Tex Made in Green” qui permet non seulement de garantir une production responsable d’un point de vue environnemental, mais également social. En effet, le produit est alors tracé et ces données sont accessibles à tous !
Un autre label de plus en plus connu est le Global organic textile standard. Il garantit une composition à plus de 70 % de fibres naturelles issues de l’agriculture biologique. De plus, le label a un cahier des charges précis quant aux conditions de travail des employés tout au long de la production.
Voici un guide des labels textiles très pratique pour avoir une vue d’ensemble. Attention cependant, tous les critères des labels ne sont pas mis à jour !
Vous pouvez bien sûr revenir aux origines du jean et choisir un Levi’s. Réputé pour être durable tout en proposant des modèles pour toutes les tailles, vous trouverez à coup sûr votre bonheur. Attention cependant au greenwashing et au marketing. Le seul label reconnaissant la production des jeans Levi’s est le Better cotton initiative, très controversé. Préférez donc un jean en chanvre. En effet, il fait son grand retour dans nos armoires ! Peu gourmand en eau, local et vegan, en plus d’être résistant, il constitue une excellente alternative.
D’autres options existent également. Vous pouvez vous tourner vers des matières comme le lin, dont la culture est locale et demande beaucoup moins de pesticides et d'herbicides que son cousin éloigné le coton. Par ailleurs, il est biodégradable. En été, c’est une matière très respirante, meilleur allié anti-canicule.
Petit rappel : la mode est cyclique. N’hésitez pas à chiner dans des fripes ou autres recycleries pour trouver LA pièce qui fera de vous le gourou de la mode que vous méritez d’être. L’avantage de la seconde main est de bénéficier de pièces “uniques” et très peu chères, en plus de donner une seconde vie à des vêtements en bon état.

Les Astuces de LundiCarotte

  • Privilégiez l’achat de jeans au label Oeko-Tex Made in Green ;
  • Shoppez éthique, en plus c’est à la mode ! ;
  • Préférez aux marques américaines des enseignes françaises comme l’atelier Tuffery ;
  • Fouillez fripes, sites Internet de seconde main, armoire des grands-parents, pleines de pièces de mode qui ne demandent qu’à être portées à nouveau !
Nous espérons qu’avec ça, on vous a rhabillés pour l’hiver ! Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager aux férus de mode de votre entourage !
Laura Dumaine, Andréa Vieira et Margaux de Vassal
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