Dur à cuir(e) |
Le 22 février 2021 |
Bonjour les Carottes ! Nous vous souhaitons un bon début de semaine et pour aujourd’hui, nous abordons le sujet du cuir. Et oui, si l’on regarde bien, on trouve du cuir un peu partout autour de nous, mais savons-nous vraiment d’où il vient et comment il est conçu ? Ça vous intéresse ? C’est parti ! |
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Le cuir, allié de nos ancêtres |
L’utilisation du cuir par l’humain remonte à la Préhistoire où les peaux de bêtes servaient pour l’habillement et la construction des habitats. Les premiers humains durent trouver une technique pour conserver les peaux et leur éviter de pourrir : c’est ainsi qu’est apparu le tannage - processus de modification des peaux en cuir - dont nous vous parlerons plus tard dans cet article. Par la suite, le cuir fut utilisé chez les Grecs et les Romains dans l'Antiquité, notamment pour l’équipement de combat, mais aussi pour les chaussures (on se souvient des fameuses sandales : les spartiates). |
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À la fin du XIXe siècle, le cuir est devenu une matière première très prisée, l'augmentation du niveau de vie ayant entraîné la conception de nouveaux cuirs plus doux, souples et colorés. C’est le début de son industrialisation. |
La grande industrie du cuir |
Le cuir que l’on retrouve partout dans notre environnement (canapés, voitures, vêtements, accessoires) est issu de l’industrie de la viande. La peau qui n’est pas utilisée par les éleveurs est considérée comme un déchet. Ainsi, le travail du cuir permet la valorisation de la peau. Il faut savoir que seulement 20 % du poids de la peau deviendra du cuir. Puisque pour produire du cuir, il faut qu’il y ait de l’élevage en amont, l’impact environnemental est loin d’être négligeable. L’eau, entre autres, est un sujet important parce qu’il en faut une quantité importante pour sa fabrication ; pour obtenir un kilogramme de cuir bovin, on a besoin de 17 000 litres d’eau et ce, pour la totalité de son cycle de production, qui va de la naissance du veau à la transformation de sa peau. Ce chiffre est néanmoins remis en cause, puisqu’il prend en compte l’eau de pluie qui sert aux cultures pour l'alimentation de l’animal, mais qui serait tombée de toute façon, avec ou sans animaux. Si l’on se place de ce point de vue, alors il faudrait entre 383 et 547 litres d’eau pour produire un kilogramme de viande de bœuf. À ce chiffre s’ajoute la quantité d’eau utilisée pour la fabrication du cuir : le tannage, par exemple, consomme à lui seul 350 litres par mètre carré. Si vous souhaitez en savoir plus sur l’impact de l’élevage, n’hésitez pas à lire nos articles sur la viande et plus spécifiquement la viande de vache. |
Parlons ensuite du tannage, l’opération qui, grâce aux tanins, substances de nature végétale ou chimique, permet de transformer la peau en matière imputrescible : le cuir. |
Le tannage végétal fut la première technique découverte par l’humain. Il provient des végétaux (écorce, feuilles, sèves) et procure un cuir rigide et résistant. Attention à ne pas confondre le cuir produit par un tannage végétal avec le « cuir végétal » dont la matière première est faite de fibres végétales comme l’ananas ou encore le champignon. C’est peut-être étonnant, mais ça existe bel et bien ! Nous vous en parlerons juste après dans le point sur les alternatives au cuir animal. |
La deuxième technique est le tannage chimique avec l’utilisation de tanins minéraux comme le chrome, les sels d’aluminium ou le zirconium. C’est à ce jour la plus répandue, car la moins coûteuse. |
Cependant, elle n’est pas sans poser problème, notamment pour l’environnement. En effet, la pollution de l’eau due au cuir n’est pas à négliger. Les réglementations des pays développés encadrent les pratiques pour éviter les dégâts environnementaux, comme la limitation à 2 kg de produits chimiques par mètre carré de cuir fini, mais ce n’est pas le cas des pays en développement. Or, 80 % des cuirs en proviennent. à Kanpur, en Inde, par exemple, 700 tanneries rejettent leurs produits chimiques dans le Gange. |
Le tannage chimique est aussi nocif pour l’humain. Lors de ce processus, les ouvriers utilisent des sels de chrome, en particulier du chrome VI, reconnu comme dangereux.Celui-ci peut se retrouver dans les fumées ou poussières issues des procédés industriels. À terme, l'exposition à ce produit peut entraîner des problèmes respiratoires et des allergies ; il est aussi classé cancérogène depuis 1990. |
Du côté du consommateur, c’est seulement depuis 2015 qu’une réglementation a instauré pour le cuir un dosage de 3 mg/kg (0,0003 % en poids). L’association UFC Que Choisir a retrouvé deux dérivés de toluène (un solvant), connus pour leurs propriétés irritantes, dans les languettes d’une paire de chaussures, responsables d’une forte irritation chez ceux qui les portaient. |
Ces données listées plus haut posent la question de la traçabilité. Il est tout à fait normal que le consommateur souhaite s’informer sur la provenance du cuir qu’il s’apprête à acheter pour en connaître les conditions de production. En ce qui concerne l’importation des peaux brutes en France, elles proviennent majoritairement des États-Unis et du Zimbabwe. Le cuir tanné lui, provient principalement de la Chine et de l’Italie. |
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Quelles alternatives s’offrent à moi ? |
On l’a compris : le cuir n’est pas le matériau le plus respectueux de l’environnement… Il n’empêche qu’il existe des alternatives qui gagneraient à être plus connues ! |
Le terme de cuir est très souvent utilisé à mauvais escient : d’après un décret datant de 2010, “l'utilisation du mot 'cuir' est interdite dans la désignation de toute autre matière que celle obtenue de la peau animale”. C’est donc un abus de langage que d’utiliser ce mot pour parler des alternatives, mais pour faciliter la bonne lecture, on va faire comme tout le monde et l’utiliser pour vous présenter les autres options existantes. |
Il existe le cuir composé : c’est un cuir fabriqué à base de chutes de cuir et de peaux. Les chutes sont broyées et mélangées avec du latex pour former une nouvelle matière qui ressemble fortement au cuir, même si, au toucher, la différence se sent. Puis, il existe le cuir synthétique à base de polyuréthane, plus connu sous le petit nom de “simili cuir”. Il peut être vegan ou non, selon que l’on a effectué ou non des tests sur les animaux. |
Enfin, de nouvelles alternatives originales et respectueuses de l’environnement ont vu le jour ces dernières décennies. Ce sont les cuirs végétaux créés à partir de fibres (coton mélangé à du maïs ou du soja, par exemple). |
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Cuir d’ananas : Le Piñatex - Crédit photo : La Pigiste |
Chez LundiCarotte, on a adoré l’idée de fabriquer du cuir à partir d’…ananas ! On appelle ça le Piñatex. C’est une créatrice espagnole, Carmen Hijosa, qui s’est inspirée d’une tenue traditionnelle des Philippins lors des mariages, à base de fibres de feuilles d’ananas. Selon le journal The Guardian, le prix du Piñatex s’élève à 23 euros par mètre carré, contre 25 à 38 euros par mètre carré pour le cuir. Autre point positif : les déchets produits par la fabrication de Piñatex représentent 5 % de la matière première, contre 25 % pour le cuir. |
Les Astuces de LundiCarotte |
- Privilégier l’achat de cuir tanné de manière végétale ;
- Quand la traçabilité est claire, privilégier les cuirs provenant de l’Union Européenne ;
- Se diriger plutôt vers de la seconde main quand il s’agit de produits comportant du cuir.
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C’est ainsi que s’achève notre article de la semaine ! N’hésitez pas à nous suivre sur nos réseaux sociaux où vous trouverez d’autres contenus pendant la semaine. Merci pour votre lecture et on vous dit à lundi ;-) |
Laura Dumaine et Margaux de Vassal |