Sea, sex and sun, le soleil au zénith, la Rédac’ se voit déjà profiter de tout ce que l’été a à proposer. Mais pas de boogie-woogie avant vos prières du soir et surtout sans le consentement libre et éclairé de votre partenaire. En 2019, on vous présentait les différentes méthodes contraceptives et leur impact écologique. Cette semaine, la Rédaction porte son attention sur une méthode de contraception naturelle : la symptothermie. Promis, pas besoin d’attendre Vénus en mars au troisième décan, on vous explique tout.

On va prendre la température

Le 19 juillet 2021
Sea, sex and sun, le soleil au zénith, la Rédac’ se voit déjà profiter de tout ce que l’été a à proposer. Mais pas de boogie-woogie avant vos prières du soir et surtout sans le consentement libre et éclairé de votre partenaire.
En 2019, on vous présentait les différentes méthodes contraceptives et leur impact écologique. Cette semaine, la Rédaction porte son attention sur une méthode de contraception naturelle : la symptothermie. Promis, pas besoin d’attendre Vénus en mars au troisième décan, on vous explique tout.
Vignette de l'article On va prendre la température

La pilule a du mal à passer

Les personnes en âge de procréer et qui ne désirent pas d’enfants continuent d’avoir recours à des contraceptifs. « En 2010, parmi les concernées par la contraception, seules 3 % n’en utilisent aucune. Cependant, elles se détournent des contraceptions hormonales et ce, depuis la « crise de la pilule » d’après l’Institut national d’études démographiques (PDF).
La pilule a du mal à passer : risques pour la santé thromboses veineuses), effets secondaires (gonflements des seins, migraines, saignements entre les règles, etc.) et observance thérapeutique obligatoire pour qu’elle soit efficace IFOP 2018. On le voit avec l’abaissement de sont utilisation et la hausse des poses de dispositifs intra-utérins (alias le stérilet), « seule » solution non hormonale autre que le préservatif.
Par ailleurs, les contraceptions masculines, bien qu’elles soient supposées révolutionner le rapport à la contraception, ne sont pas très nombreuses ni assez développées pour être efficaces. Selon l’AFU Association française d’urologie, il n’existe pour l’instant en cours de développement que deux méthodes inhibant la production de spermatozoïdes : la contraception hormonale masculine (CHM) et la contraception masculine thermique (CMT) et à ce jour, ces deux méthodes sont encore peu utilisées.
Il est nécessaire de rappeler cependant que, malgré de nouvelles habitudes en termes de contraception, seul le préservatif protège des infections sexuellement transmissibles (dont les conséquences vont d’une simple irritation jusqu’à l’infertilité) et du VIH.

La contraception naturelle

En 2013, un article de la revue Néosanté intitulé «Contraception : l’alternative naturelle que l’on vous cache » décrit les méthodes de contraception naturelles comme de réelles alternatives à la contraception conventionnelle. La revue défend une approche scientifique des méthodes naturelles en citant notamment l’OMS. Sur le plan historique, leur usage a notamment été théorisé par James Humphrey Noyes, qui en 1848 écrivait déjà : « Nous sommes en faveur d’une procréation intelligente bien ordonnée ».
La contraception naturelle se définit par toutes les méthodes visant à identifier la phase d’ovulation afin d’éviter dans cette période tout rapport sexuel fécondant. Dans cette catégorie, on retrouve plusieurs dispositifs choisirsacontraxeption.fr :
  • Le retrait consiste à sortir du vagin avant d'avoir éjaculé. Certains comparent l’efficacité de cette méthode à celle du préservatif en mettant en avant le retrait comme technique attrayante, mais qui demeure très dépendante de la maîtrise de la méthode par le et la partenaire ;
  • L’Ogino consiste à éviter d’avoir des rapports sexuels non protégés pendant les jours dits fertiles. Cette méthode repose sur le calcul des cycles. Il est important de retenir que l'ovulation est imprévisible et peut se produire à n'importe quel moment. C’est d’autant plus vrai en début et en fin de vie reproductive ;
  • La symptothermie est une méthode basée sur l'analyse des signes corporels (température du corps, hauteur du col de l'utérus et palpation de la glaire cervicale). L’objectif de cette méthode est de déterminer les phases de fertilité afin d’éviter les rapports (ou bien d'utiliser un préservatif) lors des jours à risque. Elle est considérée comme la plus fiable des contraceptions naturelles du fait qu’elle tient compte de plusieurs signes de fertilité.
« C’est super d’être à l’écoute de tout ce que mon corps peut me montrer naturellement. »
Cette méthode qui paraît mystique, digne d’un remède de sorcière, n’est pas si vieille qu’elle n’y paraît et s’est développée ces dernières années. La méthode sympto-thermique a été discutée pour la première fois en 1965 par le médecin Autrichien Josef Rötzer. Cette volonté de recherche d’un fondement scientifique pour cette méthode naturelle a conduit le Planning familial à se rapprocher du groupe de travail scientifique allemand dans les années 1980 afin de parvenir à recueillir des données sur les cycles des femmes, permettant ainsi l’édification d’une méthode stricte, claire et fiable et ce, à tous les âges de la fertilité.
Mais que vaut vraiment cette méthode ? La Rédac’ a posé quelques questions à Manon, naturopathe spécialisée en fertilité et utilisatrice de la symptothermie :
“Il y a quelque temps, je suis tombée sur la symptothermie un peu par hasard, avec une amie, nous cherchions une alternative aux contraceptifs à base d’hormones. Je suis passée par beaucoup de contraceptifs : implant, pilule, stérilet. J’ai fait le tour de la question et j’en avais marre. Alors quand mon stérilet est arrivé à terme, je l’ai retiré et j’ai décidé de commencer la symptothermie.”
“Au départ, cela m’a permis de comprendre mon cycle menstruel et comment mon corps le vit, c’est le premier point. Et puis, je n’ai pas encore tenté les relations sexuelles sans préservatif, je suis aujourd’hui célibataire, mais il faut aussi que le conjoint se sente en confiance, c’est un vrai sujet.”
“J’ai une amie qui s’est lancée dans la symptothermie avec son conjoint depuis un an, ils ont des relations sexuelles non protégées et elle n’est jamais tombée enceinte. Au début, il a fallu un laps de temps pour avoir des rapports non protégés et aujourd’hui, son mari est inclus dans la symptothermie, il lui rappelle de prendre sa température ou de toucher son col.”
Pour en savoir plus sur l'expérience de Manon avec la symptothermie, retrouvez son interview complète en cliquant ici

Symptothermie mode d’emploi

Concrètement, comment la symptothermie se met-elle en place ? Quels indicateurs biologiques doit-on observer et relever ?
  • 1. Observation de la glaire cervicale (aussi appelée pertes blanches). Cette glaire est un fluide produit au niveau du col de l’utérus. Elle change d’aspect à l’approche de l’ovulation (d’où l’importance de cet indice de fertilité), puis reprend sa texture initiale, voire disparaît complètement une fois l’ovulation terminée. Ce premier signe est noté le soir et permet de connaître l’entrée dans la période fertile ;
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Ceci n’est PAS un toucher de la glaire cervicale - Crédit photo : Arthrolink.com
  • 2. Prise de température corporelle dans le lit, notée au réveil et à heure fixe. Elle se prend avant de se lever, car les mouvements du corps peuvent interférer avec la variation de la température. Elle est basse avant l’ovulation, puis augmente une fois l’ovulation passée. Optez pour un thermomètre avec des décimales pour plus de précision ;
  • 3. Observation des changements du col de l’utérus, qui correspond à la partie inférieure de l’utérus et qui relie sa partie supérieure au vagin. Il varie tout au long du cycle naturel. En période fertile, il est ouvert, haut et mou, alors qu’en période infertile, il est fermé par un bouchon muqueux ;
  • 4. Accompagnement par une professionnelle (gynécologue, sage-femme, naturopathe) qui vous aidera à localiser et interpréter ces signes. Voici un annuaire en ligne. Pour le suivi de vos symptômes, il est possible de le faire à la mano avec un cyclogramme que l’on trouve sur Internet en cliquant ici ou par le biais d’une application mobile plus instinctive, comme Moonly.
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Crédit photo : LundiCarotte.fr
Mais est-ce réellement efficace, nous direz-vous ? L’efficacité d’une méthode contraceptive se mesure avec l’indice de Pearl, indice théorique égal au pourcentage de grossesses accidentelles en un an d'utilisation optimale de la méthode. Plus l’indice de Pearl est proche de zéro, plus la méthode est efficace. Ainsi, selon les chiffres de l’OMS, la symptothermie peut s'avérer aussi efficace que la pilule à condition de l’appliquer de manière très rigoureuse et avertie. Cependant, précisons que ces chiffres sont théoriques et que sous pilule, un oubli est beaucoup moins risqué qu’un oubli de prise de température et d’observation avec la symptothermie. Cette méthode implique donc une rigueur parfaite, ce qui peut être contraignant.
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Résumé de l’efficacité de différentes contraceptions - Crédit photo : LundiCarotte via l’OMS
Les avantages de cette méthode sont :
  • elle fonctionne avec des cycles irréguliers, en post-partum et en préménopause ;
  • elle amène à comprendre et à identifier les phases de son cycle menstruel, mais aussi à découvrir son cycle naturel, parfois biaisé par d’autres contraceptifs hormonaux ;
  • elle favorise l’écoute du corps grâce aux signes (stress, euphorie, acné, douleurs, etc.) qui sauront aiguiller la personne qui la pratique dans l’identification de ses phases menstruelles ;
  • elle fonctionne très bien, que l’on soit célibataire ou en couple, car le partenaire peut aider aux rappels, s’informer des symptômes via une application partagée et ainsi, agir en conséquence (selon que l’on est en période de contraception ou de conception).
Ses inconvénients sont :
  • la faible diffusion d’informations à ce jour la concernant ;
  • le stress d’une grossesse non désirée est envisageable. Pour garder l’esprit tranquille, il est recommandé d’utiliser un préservatif ou d’être abstinent lors des premiers mois ;
  • se familiariser à la symptothermie nécessite une période d’apprentissage (identification des différents symptômes, traçage des cycles). Il existe des formations pour être accompagnée dans la mise en place de cette méthode, avec des gynécologues spécialisés ou bien des conseillères formées ;
  • le prix peut aussi être un frein, car ces formations sont plus ou moins onéreuses (de 25 € le rendez-vous à 400 € pour le suivi complet et régulier). Méfiez-vous notamment des arnaques. Commencez par vous faire votre propre avis à l’aide de lectures, en sondant votre entourage ou en prenant un premier rendez-vous avec une gynécologue.
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Crédit photo : LundiCarotte

La permaculture du système de reproduction

Au-delà de l'outil, c'est aussi une démarche écologique qui permet de comprendre son état gynécologique, de se connaître (qui n’a pas envie de retrouver pleinement sa libido, pardi ?) et d’accueillir sa fertilité comme partie intégrante de son corps. C’est une forme de respect pour son environnement intérieur tout autant que pour son environnement extérieur. Tel un agriculteur amoureux de sa terre, (re)tombons amoureux de notre champ naturel. C’est une alternative pour une fertilité libérée et respectueuse de la nature (végétale et organique). De belles plantes comme nous, ça se cultive avec amour, il suffit d’utiliser la contraception qui nous sied le mieux pour ainsi plonger dans son potager.

Astuces carotte

  • Protégeons-nous avant tout ! Des grossesses, si elles ne sont pas désirées, mais également des maladies. Le mieux, concernant les MST et IST, reste le dépistage, si l’on désire avoir des rapports non protégés ;
  • Trouvez les bons praticiens pour votre suivi médical, qui sauront vous guider dans votre choix de contraception. Voici un annuaire des professionnels formés à la symptothermie ;
  • Il existe de chouettes applications (Android et iOS) pour faire le suivi de votre cycle, comme Moonly ;
  • Lien vers un guide gratuit pour bien démarrer la symptothermie ;
  • Faites vous confiance. Personne ne connaît mieux votre corps que vous-même.
Un grand merci à Manon pour le temps qu’elle a su nous accorder et pour sa gentillesse. Vous pouvez la retrouver sur instagram @holigamii et pour des consultations en naturopathie dans la région bordelaise.
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On retourne à nos claviers et on vous dit à dans deux semaines ;-)
Laura Dumaine, Laura Larrive et Andréa Vieira
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