Noël et le Nouvel An sont passés par là ! On est tous fatigués par les fêtes et un regain d’énergie n’est jamais de refus. On connaît le thé et le café pour nous donner le peps, mais qu’en est-il des boissons énergisantes ? La Rédac s’est posé la question.

Donne-moi des ailes !

Le 4 janvier 2021
Noël et le Nouvel An sont passés par là ! On est tous fatigués par les fêtes et un regain d’énergie n’est jamais de refus. On connaît le thé et le café pour nous donner le peps, mais qu’en est-il des boissons énergisantes ? La Rédac s’est posé la question.
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Une histoire pétillante

L’ANSES (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) définit les boissons énergisantes comme « des boissons qui se présentent comme possédant des propriétés stimulantes tant au niveau physique qu’intellectuel ». La définition reste vague. Concrètement, il n’existe pas de réglementation pour qu’une boisson puisse être qualifiée d’énergisante.
Avant d’aller plus loin, il est important de clarifier un point précis. Il ne faut pas confondre les boissons énergisantes et les boissons énergétiques. Ces dernières sont destinées aux sportifs, puisqu’elles leur apportent les besoins nutritionnels (sucres à assimilation rapide ou lente, vitamines et sels minéraux) nécessaires lors de l’effort. Elles ne sont donc pas controversées comme leurs "cousines", les boissons énergisantes.
Maintenant que le terme de boisson énergisante a été défini, il est temps de s’intéresser à leur création !
Pour découvrir l’histoire de la boisson énergisante, il faut retourner une cinquantaine d’années en arrière et voyager jusqu’en Asie. C’est en 1960, au Japon, que le médicament Lipovitan est commercialisé dans le but de donner de l’énergie. Dans les années 1970, un homme d'affaires thaïlandais flaire la bonne affaire et crée la première boisson énergisante, le Krating Daeng, inspirée du médicament japonais. Suite à leur succès asiatique, elles furent introduites en Europe à la fin des années 1980. Elles furent interdites en France à cause de leur composition : la taurine était suspectée d’être responsable d’une toxicité rénale et neurologique. En 2008, la France est revenue sur sa décision, par manque de preuve de la toxicité, et en a autorisé la commercialisation.
Aujourd’hui, les boissons énergisantes se sont développées et sont présentes dans plus de 165 pays. Certaines marques sont devenues incontournables dans nos grandes surfaces, c’est le cas de Red Bull, Monster ou encore CrazyTiger.

Que dire de la composition de ces boissons ?

Avant d'aborder le point santé, concentrons-nous tout d'abord sur leur composition avec l'exemple du Red Bull.
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Une étrange composition
Comme nous pouvons le voir ci-dessus, les boissons énergisantes sont des produits majoritairement transformés : on y retrouve des colorants, des conservateurs et des additifs. La recette de base est : de l'eau gazéifiée, quelques vitamines - notamment des vitamines B, de la caféine, du sucre raffiné et des extraits de plantes - comme le guarana ou le ginseng. Ces derniers ont un rôle gustatif et sont des excitants.
En plus de cela, des acides aminés comme la taurine ou l'arginine vont prolonger l’effet des excitants.
Rappelons, par ailleurs, que ces "energy drinks" ne possèdent pas de cadre réglementaire pour leur composition et sont avant tout une dénomination commerciale. On peut les définir comme des boissons ayant une influence sur le système nerveux.
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Tout voir sur les boissons énergisantes rapidement !

Quel impact sur la santé : Red Bull, donne-t-il des ailes ?

Maintenant que nous avons fait un petit tour sur la composition, qu’en est-il pour notre santé ?
Comme on peut le voir, ces boissons contiennent de la caféine en excès. Pour une canette de Red Bull de 125 ml, l'équivalent en caféine est de 4 canettes de Coca-Cola ou de 4 expressos. La caféine agit sur la concentration par la libération de dopamine, mais peut aussi entraîner des risques pour la santé. Le risque majeur concerne les troubles cardiaques : 50 % des cas cliniques rapportés après consommation de ces boissons concernent des soucis cardiovasculaires, puis des problèmes neurologiques (anxiété, irritabilité, troubles du sommeil). C'est pour la première raison que ces boissons ne doivent surtout pas être consommées lors d'une activité physique. De manière générale, les boissons énergisantes auraient des effets néfastes sur le cœur.
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Que se passe-t-il dans mon corps quand je bois une boisson énergisante ?
Le second problème est la quantité de sucres qui correspond à 7 à 9 morceaux (environ 50 g) pour une canette. Pour rappel, l'OMS recommande de consommer au maximum 3 à 4 morceaux de sucre par jour (25 g).
Concernant la taurine, une canette de boisson énergisante en contient 5 fois plus que la quantité recommandée par jour. Toutefois, il n’existe pas d'études en démontrant les effets néfastes, mais on sait d’ores et déjà qu’elle n'aurait pas d'intérêt thérapeutique. Au passage, la taurine est un dérivé d'acide aminé, qui est synthétisé chimiquement pour être mis dans les boissons, mais qui est aussi fabriqué par les animaux et l'être humain naturellement. Elle n'est donc pas dangereuse à la base.
On retrouve également la présence de chrome, de plomb ou de fer en quantités bien supérieures aux recommandations de l'OMS.
La consommation de ces boissons est déconseillée aux femmes enceintes et aux enfants. Cependant, le nombre d'études encore peu élevé ne permet pas de savoir tout ce que les boissons énergisantes renferment et leurs conséquences sur la santé.
Il est donc nécessaire de surveiller sa consommation de boissons énergisantes, voire de la proscrire lors d’une activité physique et d’éviter les mélanges avec de l’alcool. En effet, des dangers existent à cause de ce mix caféine/alcool. Il empêche la fatigue de s'installer chez le consommateur, lui permettant de continuer à boire toute la soirée. C'est d'autant plus vrai que le sucre présent dans les boissons "cache" le goût de l'alcool et sa teneur. En plus d'avoir des conséquences sur la santé - liées à l'alcool, cela peut entraîner des comportements à risque comme la surestimation de ses capacités ou des prises de risque plus importantes - avec les jeux d'argent par exemple.

La canette et son impact sur l'environnement

Il est temps de pointer du doigt l’impact écologique de la production d’une boisson énergisante. Depuis le choix de l’emballage, en passant par les étapes de production, jusqu'à son arrivée dans nos rayons, notre boisson a un long chemin à parcourir.
Vendues en canettes et parfois en bouteilles (voir notre article sur le soda pour plus d’infos sur les bouteilles plastiques), leur emballage est recyclable à 100 % et peuvent être utilisées à l’infini, ce qui est une bonne nouvelle. Toutefois, il faut faire l'effort de les mettre au tri : seulement 7 canettes sur dix seraient recyclées en France.
C’est plutôt sa production qui a un impact négatif sur l’environnement. L'aluminium est issu de la bauxite, un minerai dont l’extraction est énergivore et nocive pour l’environnement. La production d'aluminium entraîne le dégagement de gaz à effet de serre dans l’atmosphère : on compte 11 tonnes de carbone émis pour une tonne d’aluminium produit, mais aussi l’apparition de boues rouges, qui portent ce nom en raison des oxydes de fer qu’elles contiennent et qui les rendent toxiques. C'est un déchet issu de l'extraction de l'aluminium par le procédé Bayer. On en retrouve à plusieurs endroits sur la planète (y compris en France). Le déversement de boues rouges dans la nature peut provoquer la contamination des eaux et des sols. Il est donc préférable pour les industries de valoriser le recyclage, qui permet une économie d’énergie de 95 % comparée à la production de canettes neuves, très polluante.
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Des boues rouges qui polluent l’environnement…

Après le contenant, le contenu !

Après nous être intéressés au contenant, tournons-nous vers le contenu ! Le paragraphe précédent portait sur les enjeux de santé, nous connaissons désormais la composition de nos boissons énergisantes.
Prenons la caféine et le sucre qui sont leurs deux ingrédients principaux. Selon un rapport du Fonds mondial pour la nature, la production de ces aliments ne se fait pas sans dégâts.
Face à l’importante demande de sucre et de caféine de la part des industriels, la consommation en sucre a augmenté de deux millions de tonnes par an. Les producteurs ont dû modifier leurs techniques agricoles pour augmenter leurs rendements. Les agriculteurs se tournent désormais vers la monoculture, c’est-à-dire qu’ils privilégient la culture d’un seul produit sur leurs parcelles afin de répondre à une demande qui ne fait que croître, et tout cela au détriment de notre environnement.
Le manque de diversité dans ces cultures entraîne plus facilement la propagation de maladies et l’apparition d’espèces ravageuses qui sont de plus en plus résistantes aux traitements. L’utilisation de pesticides et de produits toxiques est un bon moyen de s’en débarrasser, mais entraîne la pollution des cours d'eau avoisinants. En effet, les pesticides pulvérisés, sous l’action de la pluie et du vent, quittent les parcelles cultivées et s'accumulent dans les écosystèmes. Dans certaines rivières, il a été comptabilisé jusqu’à 20 pesticides différents.
Ajoutez à cela la surexploitation des sols qui entraîne l’érosion de ceux-ci, on obtient donc une fragilisation de la biodiversité locale, des plantes, des insectes et autres espèces animales. D'après l’organisme Eau Secours : “l’expansion de ces monocultures s’est malheureusement faite au détriment d’écosystèmes vierges riches en biodiversité tels que la forêt tropicale humide”. La meilleure alternative à la monoculture est la polyculture, c'est-à-dire la rotation et la culture simultanée de plusieurs espèces pour enrichir les sols.
La dernière étape dans le parcours de nos canettes est le transport avec le rejet dans l’atmosphère d’importantes quantités de gaz à effet de serre et ce, via l’utilisation de carburants fossiles non renouvelables.

Un juteux marché !

Malgré des controverses liées à l’impact sur la santé et sur l’environnement, les boissons énergisantes ont su faire leur place sur le marché : leur consommation en France s’élève aujourd’hui à 50,9 litres par habitant et par an.
Le site Boissons énergisantes France décrit en détail leur place sur le marché : elles représentent 2 % des boissons rafraîchissantes sans alcool et 200 millions d’euros de chiffre d'affaires.
En France, 35 % des 15-49 ans en sont consommateurs, mais cela reste ponctuel, puisque 70 % d’entre eux en boivent moins d’une fois par semaine.
Point positif : il existe plus de dix entreprises françaises dans ce secteur, elles emploient 500 salariés en France !

Des images de marque ?

Si les boissons énergisantes ont un tel succès sur le marché, c’est grâce à une communication bien travaillée et parfois controversée…
Prenons l’exemple de CrazyTiger. Si vous lisez l’étiquette de cette célèbre marque, vous trouverez la mention « boisson énergisante gazeuse à base de taurine avec sucre et édulcorants pour adultes pratiquant une activité physique intensive ». On retrouve la même information sur le site officiel. D’autres marques célèbres communiquent de façon similaire. C’est notamment le cas de Red Bull, qui sponsorise de nombreux évènements sportifs.
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Des sports et records toujours plus extrêmes parrainés par Red Bull.
Or, cette merveilleuse propriété énergétique censée aider l’effort physique n’a jamais été prouvée scientifiquement, elle est même décriée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). On peut lire dans son rapport sur les boissons énergisantes : « pendant une activité physique, évitez de consommer des " boissons dites énergisantes " ». En effet, elles déshydratent les personnes qui en boivent, tout l’inverse de l’effet recherché par un sportif.
Toujours selon le rapport de l’EFSA, environ 52 % des consommateurs adultes et 41 % des consommateurs adolescents ont déclaré en consommer durant la pratique d’une activité sportive.
En plus de vouloir séduire les sportifs, les marques ont une communication qui s’adresse spécifiquement aux jeunes : elles sponsorisent des sports extrêmes et se donnent une identité de rebelles. Cette communication contredit les recommandations de l’ANSES qui déconseille leur consommation aux adolescents. Voilà toute la contradiction du marketing utilisé par ces marques.

Sur quoi se tourner alors ?

Il existe des alternatives aux boissons énergisantes afin de se retrouver en forme. Dans un premier temps, il est possible de privilégier le café et/ou le thé. Sinon, il existe par exemple le thé matcha, une poudre très fine de thé vert ayant un fort pouvoir énergisant. Il est possible de consommer des smoothies à la banane et/ou à la noix de coco qui ont des pouvoirs antifatigue.
Il existe des boissons énergisantes dont les composants sont moins étranges, comme le maté, vendu par le club-maté, par exemple, une boisson à base de feuille de Yerba Maté et produite avec des énergies renouvelables. Il y a aussi Matahi qui propose des boissons énergisantes naturelles avec du jus de baobab. On voit surgir depuis quelques années des alternatives écoresponsables qui s'opposent aux boissons chimiques, mais il faut faire très attention aux arnaques et bien vérifier les compositions et le mode de production, car c'est un marché qui a le vent en poupe.

Les Astuces de LundiCarotte

  • Ce type de boisson semble avoir plus d'effets négatifs que positifs, alors est-il forcément nécessaire de boire une canette aujourd'hui ?  :)
  • Privilégier des boissons alternatives comme les traditionnels cafés et thés. Ou encore le thé matcha, le maté ou le Matahi ;
  • En tout cas, si vous en consommez, faites-le avec parcimonie et évitez les mélanges avec de l'alcool.
Voilà, nous espérons que ce premier article de l’année 2021 vous a donné l'énergie nécessaire pour la commencer sur les chapeaux de roues ! En tout cas, l'ensemble de la Rédac' vous souhaite tout le meilleur pour cette nouvelle année et on vous dit à la semaine prochaine !
Laura Dumaine, Margaux de Vassal et Clément Vadaine
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