Aujourd’hui, LundiCarotte s’interroge sur l’impact environnemental du tabac. À lire absolument si vous fumez ou avez des proches qui fument ! Nous avons pris le parti de ne pas revenir sur les dangers pour la santé que représente la consommation de cigarettes, car ils sont déjà largement médiatisés. Si vous souhaitez vous renseigner sur ce sujet, vous pouvez consulter cette synthèse sur le tabagisme actif et cette page sur le tabagisme passif.

On fait un tabac

Le 30 décembre 2019
Aujourd’hui, LundiCarotte s’interroge sur l’impact environnemental du tabac. À lire absolument si vous fumez ou avez des proches qui fument !
Nous avons pris le parti de ne pas revenir sur les dangers pour la santé que représente la consommation de cigarettes, car ils sont déjà largement médiatisés. Si vous souhaitez vous renseigner sur ce sujet, vous pouvez consulter cette synthèse sur le tabagisme actif et cette page sur le tabagisme passif.
Vignette de l'article On fait un tabac

Une histoire d’(en)fumage

Le tabac est une substance provenant d’une plante, originaire d’Amérique, que l’on sèche. Il a un fort pouvoir psychotrope. Les feuilles de la plante une fois manufacturées peuvent être fumées (en cigarettes, cigares et pipes), chiquées (mâchées), prisées (inspirées) ou sucées.
On le connaît surtout pour son usage dans les cigarettes, que consomment plus d’un quart des Français.
« Plus d’un quart des Français fument des cigarettes. »
Les fumeurs réguliers consomment en moyenne 13,6 cigarettes par jour, ce qui représentait en 2018 une dépense de 2 000 € par an d’après Le Monde. C’est sous cette forme qu’est en majorité vendu le tabac en France, atteignant près de 80 % du volume du marché, suivi par le tabac à rouler, qui en représente 15 %, les autres types de tabac se partageant les 5 % restants.
Cette consommation de tabac ne date pas d’hier. Utilisé depuis 3 000 ans, ce sont les Mayas qui auraient emmené la plante avec eux lors de leurs voyages et ainsi élargi son usage à l’Amérique du Nord et du Sud. Christophe Colomb l’introduit en Europe, où elle se répand comme une traînée de poudre.
Aujourd’hui au niveau mondial, le marché du tabac est largement dominé par quatre multinationales, Philip Morris en tête avec un chiffre d’affaires de plus de 70 milliards de dollars en 2016, du même ordre que celui d’Airbus Group, par exemple.

Pas de fumée sans feu

On ne va pas vous rouler, les impacts environnementaux de la culture du tabac ne sont pas brillants.
Le tabac est principalement cultivé en Asie et en Amérique (anglais). La Chine en est d’ailleurs de loin le plus gros producteur. La production française est en déclin et notre pays importe majoritairement ce qu’il consomme.
La culture du tabac fait les frais d’une utilisation massive de pesticides et d’engrais. D’après l’OMS, une bonne partie des pesticides utilisés dans les pays en développement sont interdits par les pays plus riches pour leur effet nocif sur l’environnement et la santé. Ces polluants toxiques se retrouvent dans le sol, dans les cours d’eau et les nappes phréatiques.
Face à ce problème, des cigarettes bios ont vu le jour. Levons l’écran de fumée : si elles permettent effectivement de limiter cette exposition des producteurs aux pesticides de synthèse, elles pourraient avoir l’effet pernicieux de faire croire au fumeur qu’il court moins de risques en les consommant, alors que la plupart contiennent autant de produits toxiques que les classiques.
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Un champ de tabac
La déforestation est l’une des conséquences de la culture du tabac. Premièrement pour libérer les terres nécessaires à la production, mais également parce que le bois est massivement utilisé pour faire sécher les feuilles de tabac. D’après l’OMS, 200 000 hectares de forêts sont défrichés chaque année, ce qui équivaut à 5 % de la déforestation mondiale.
La culture s’effectue souvent sans rotation, ce qui fragilise les sols et permet le développement de parasites et donc, l’utilisation de produits phytosanitaires. Cette culture est en outre gourmande en éléments nutritifs et appauvrit les sols, ce qui explique l’utilisation d’engrais, mais également une partie de la déforestation, due au besoin d’exploiter de nouvelles terres.
« Chaque année, 200 000 hectares de forêts sont défrichés à cause de la culture du tabac, ce qui représente 5 % de la déforestation mondiale. »
Peu de données existent sur l’impact de la manufacture de produits issus du tabac : comme elles proviennent directement des industries concernées, l’OMS (anglais) incite à la prudence quant à leur précision. Elles trahissent en tout cas un comportement suspect des industriels, qui déplacent leurs manufactures de pays en pays quand les régulations environnementales deviennent trop strictes.

Les déchets de la cigarette

Une fois transformé, le tabac ne cesse pour autant d’être nocif pour l’environnement.
Les emballages des produits tabagiques sont une source de déchets non négligeable, étant donné les quantités consommées par les Français. De ce point de vue, la Rédac, adepte des noix et du riz vendus en vrac, ne peut que déplorer que le même mode de vente n’existe pas aujourd’hui en France pour ce qui est du tabac. Gardons espoir !
Tabagisme actif, tabagisme passif et tabagisme tertiaire forment un trio de choc. L’OMS nous alerte sur cette forme de tabagisme différé : la fumée qui perdure dans les objets environnant les fumeurs. En conséquence, et avec le temps et la dégradation des composés chimiques de la fumée, les objets deviendraient de plus en plus toxiques (anglais). Fumer en extérieur et nettoyer de façon impeccable semblent donc être le minimum indispensable.
Argh, nous direz-vous, ça fait déjà beaucoup ! Mais quand il n’y en a plus, il y en a encore ! Les filtres à cigarette, aujourd’hui majoritairement composés d’acétate de cellulose, une matière plastique, sont responsables d’une immense pollution des eaux.
Les mégots de cigarette sont les premiers déchets plastiques en unités trouvés dans l’Océan, mais leur pollution va au-delà du plastique : comme tout objet imprégné de fumée de cigarette, ils sont riches en métaux lourds et composés chimiques néfastes. Ceci vaut aussi pour les mégots dits “biodégradables” qui libèrent eux aussi des résidus de fumée de cigarette dans la nature. C’est ainsi qu’un seul petit mégot négligemment jeté par terre peut in fine polluer jusqu’à 500 l d’eau.
Heureusement, un simple objet permet d’éviter tous ces désagréments. C’est le cendrier portatif ! Il paraît que c’est tendance, en plus. Ici, le lien vers une méthode de fabrication de cendriers portatifs sur-cyclés, faits à partir de vieilles briques de lait ou autres jus de fruit.
Cerise sur le gâteau, les filtres n’ont qu’une efficacité limitée dans la lutte contre les risques liés au tabagisme : ils ne sont que la résultante d’une vague de marketing entamée dans les années 1950 qui visait à séduire le plus de consommateurs possible.

Les autres victimes du tabac

On le sait, les fumeurs sont exposés à de nombreux risques, mais ils ne sont pas les seuls : les cultivateurs de tabac font eux aussi les frais de cette culture.
Les agriculteurs appliquent généralement les produits phytosanitaires avec une pompe portable et non avec des machines automatisées. De plus, rares sont ceux qui disposent d’équipements de protection adaptés et une majorité est donc en contact direct avec des pesticides nocifs.
Ces produits se diffusant dans l’environnement proche des cultures, les communautés des alentours sont aussi touchées par leurs effets néfastes et subissent des mutations génétiques ou des tumeurs.
Lors de la récolte, si les feuilles de tabac sont mouillées, la nicotine qu’elles contiennent peut être absorbée par la peau si celle-ci n’est pas protégée par une combinaison étanche. Les cueilleurs peuvent alors développer la “maladie du tabac vert”. Si elle n’est pas mortelle, elle handicape tout de même les cueilleurs et pourrait être évitée si l’on attendait que les plants soient secs ou s’ils portaient un équipement adéquat, ce qui est trop peu souvent le cas.
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La récolte de tabac
L’OMS montre que les cultivateurs de tabac sont nettement plus touchés par la pauvreté que ceux qui pratiquent d’autres cultures. Ils dépenseraient de surcroît une plus grosse part de leurs revenus dans des soins médicaux, conséquence de leur exposition aux produits toxiques.
Enfin, dans certains pays, les producteurs sont liés par contrat aux industries tabatières, qui fixent les prix en amont de la récolte et leur laissent ainsi peu, voire pas de marge pour la négociation. Les cultivateurs s’endettent alors souvent et sont forcés de continuer à travailler pour leurs employeurs afin d’éponger leurs dettes.

“Fumer ou vapoter ?”, telle n’est pas la question

Ces dernières années, les cigarettes électroniques sont venues bouleverser le marché du tabac. Le principe : on fume un aérosol contenant de la nicotine, laquelle est parfois extraite de feuilles de tabac. Les e-cigarettes ne permettent donc pas toujours d’éviter les conséquences de la culture du tabac.
L’e-cigarette compte de plus en plus d’adeptes et en sept ans, 700 000 personnes auraient totalement arrêté de fumer du tabac en se reportant sur elle. On ne dispose que de peu de recul et de sources (anglais) sur les effets éventuels d’une consommation d’e-cigarettes à long terme.
Ce qui est sûr, c’est que la cigarette électronique n’est pas une alternative sans risques. C’est notamment ce que souligne l’OMS dans son rapport de 2019 sur le tabagisme (anglais).
Côté fabrication et élimination des déchets, l’e-cigarette ne fait pas non plus un tabac. Comme tout déchet électronique, les restes d’e-cigarettes sont extrêmement polluants s’ils ne sont pas recyclés correctement. Par ailleurs, les cigarettes électroniques jetables engendrent du gâchis électronique.
À l’heure actuelle, la cigarette électronique et ses impacts tant sur la santé que sur l’environnement sont trop peu étudiés. On ne peut alors que vous recommander de suivre le principe de précaution. À bon entendeur !

Les AstuceCarotte pour ne pas mettre le feu aux poudres

  • Garder ses mégots pour les jeter à la poubelle, par exemple en utilisant un cendrier portatif
  • Si l’on n’est pas consommateur, partager cet article avec ses proches qui le sont et qui souhaiteraient en savoir plus sur l’impact environnemental de la consommation de tabac
  • Pour arrêter de fumer : le site Tabac Info Service et nos plus sincères encouragements !
Avant de vous quitter, pour vous retrouver en 2020, nous souhaitions vous dire que nous avons conscience de la dimension anxiogène qu’a pu avoir ce numéro, qui plus est en période de fêtes.
Il nous tenait cependant à cœur de traiter ce sujet avant le départ d’Elisa, qui était curieuse d’en savoir plus. Et il faut dire que si cela pouvait inspirer à l’un de nos lecteurs une résolution pour l’année 2020, nous en serions ravis !
Elisa Autric et Garance Régimbeau
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