C’est la rentrée ! On est très heureux d’accueillir Garance à la Rédaction, nouvelle volontaire en service civique. Nous serons trois pendant quelques semaines avant que Servane nous fasse ses au revoir, snif. Hier, vous avez peut-être regardé une série sur Netflix, des tutoriels sur YouTube ou fait défiler votre fil d’informations sur Facebook en vous arrêtant sur des vidéos d’animaux mignons ? Vous êtes donc concerné par notre sujet de la semaine : le streaming vidéo.

(Super)flux

Le 26 août 2019
C’est la rentrée ! On est très heureux d’accueillir Garance à la Rédaction, nouvelle volontaire en service civique. Nous serons trois pendant quelques semaines avant que Servane nous fasse ses au revoir, snif.
Hier, vous avez peut-être regardé une série sur Netflix, des tutoriels sur YouTube ou fait défiler votre fil d’informations sur Facebook en vous arrêtant sur des vidéos d’animaux mignons ? Vous êtes donc concerné par notre sujet de la semaine : le streaming vidéo.
Vignette de l'article (Super)flux
Même si la notion de “streaming” regroupe également d’autres médias (comme la musique, ou encore le texte), on s’attachera ici à ne parler que des vidéos de divertissement.

La télé au placard ?

Qu’est-ce que le streaming, au juste ? Il s’agit d’un mode de lecture de vidéo qui ne nécessite pas detélécharger l’intégralité d’un fichier sur son ordinateur. Le téléchargement se fait au fur et à mesure du visionnage et à la fin, les données sont effacées de l’appareil. Pratique et rapide.
Il existe différentes formes de streaming vidéo, dont les proportions respectives sont tirées du rapport du Shift Project :
  • Des services à abonnement payant proposent un catalogue sélectif de films, documentaires et autres séries comme Netflix ou encore OCS en France. C’est le plus gros canal de diffusion avec 35 % du flux de données lié à la vidéo en ligne.
  • Des plateformes comme YouTube ou DailyMotion proposent gratuitement des milliers vidéos en tout genre, majoritairement générées par ses utilisateurs. Elles représentent 21 % de la vidéo en ligne.
  • Enfin, 18 % des vidéos sont hébergées sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram. Elles ont d’ailleurs la mauvaise manie de se lancer automatiquement quand l’on atterrit dessus.
  • Quant aux 27 % restants, ils sont l’apanage des sites pornographiques.
Une partie de l’offre disponible provient également des sites illégaux de streaming, qui proposent des fichiers vidéo sans s’acquitter des droits d’auteur. Contrairement à ce que l’on peut penser, la multiplication des sites légaux à prix abordable n’a pas tué ce secteur, c’est même le contraire, d’après cet article du Monde !
Quand on sait que YouTube est le deuxième site le plus consulté après Google, avec 1,5 milliard de visiteurs chaque mois, on se rend vite compte de l’envergure des géants du streaming. Bien qu’ayant un zéro en moins à son compteur, Netflix, la plus grosse plateforme payante de vidéo à la demande du monde, n’est pas en reste avec ses 130 millions d’utilisateurs.

Nouvelles infrastructures pour nouvelles habitudes

Le dernier rapport de la MPAA (pdf), l’association des producteurs américains de cinéma, plante le décor : en 2018, aux États-Unis, le nombre d’abonnés à un service de vidéos en ligne a dépassé celui des abonnés au réseau de télévision.
Dans le même temps, un utilisateur de YouTube passe en moyenne une heure par jour à regarder des vidéos sur la plateforme et ce, uniquement sur téléphone et tablette. Les utilisateurs de Netflix sont les plus accros, avec deux heures par jour. Rapportés au nombre d’utilisateurs, les deux services comptabilisent respectivement 1,5 milliard et 260 millions d’heures regardées chaque jour. Ça donne le tournis !
« Chaque jour, au moins 1,5 milliard d’heures de vidéo sont regardées sur YouTube seulement. »
Permettre à quasi n’importe qui, n’importe où de regarder n’importe quoi ne s’est pas fait en un jour ! De nombreuses infrastructures sont nécessaires pour assurer le réseau Internet et faire que les vidéos chargent toujours plus vite. Des systèmes de stockage centralisés, les datacenters, gardent en mémoire bien au chaud tout le contenu envoyé sur la Toile, tandis qu’[un gigantesque réseau achemine ces données jusqu’à nous.
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Comme le montre ce graphique, issu de notre dossiersur Internet, la part correspondant à l’utilisation de nos appareils est presque trois fois inférieure à celle des datacenters et des réseaux.
Comment ce système titanesque est-il alimenté en énergie ? Pour le savoir, nous nous sommes replongés dans le rapport ClickClean de Greenpeace. On y découvre que si, en 2016, les services de Google (donc YouTube) se fournissent majoritairement en énergies renouvelables, décrochant un beau A, Netflix et Amazon sont de mauvais élèves. En cause, leur manque de transparence en matière de consommation d’énergie et d’empreinte carbone. L’ONG déplorait également leur absence d’engagement sur ces sujets.
Le streaming consomme donc beaucoup d’énergie, mais a-t-il plus d’impact sur l’environnement que les bons vieux DVD ?

Des vidéos bien carbonées

D’après une étude d’IOP Science, qui compare le visionnage de DVD au visionnage de films en ligne aux états-Unis en 2011, il s’avère que le streaming gagne la partie en termes d’émissions de CO2eq par heure de visionnage, notamment dans le cas où l’achat d’un DVD oblige le consommateur à emprunter un moyen de transport quelconque.
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Figure traduite extraite de l’étude IOP Science
Pourtant, ce résultat, qui semble encourager le streaming, est à prendre avec des pincettes. Il suffit de constater l’explosion du nombre d’heures visionnées par jour et par personne. Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer le nombre de DVD que l’on devrait acheter pour remplacer les heures cumulées de vidéos regardées sur Internet chaque semaine.
En réalité, en reprenant l’approximation de 0,4 kg de CO2eq par heure de visionnage et le chiffre de deux heures de visionnage en moyenne par utilisateur de Netflix, on en arrive à 292 kgCO2eq / an / utilisateur de Netflix, soit l’équivalent d’un aller-retour Paris Marseille en avion. C’était le CalculCarotte de la semaine !
« Regarder deux heures de vidéo en streaming par jour pendant un an émet autant de carbone qu’un vol aller-retour Paris Marseille »
Tout ça, c’est bien, mais c’est juste une petite partie des utilisations d’Internet, non ? Eh bien non, le Shift Project a établi que 60 % du flux de données mondial étaient dus au streaming vidéo (et 80 % à la vidéo en général). Finalement, toujours d’après le Shift Project, le visionnage de vidéos en ligne a produit en 2018 plus de 300 MtCO2eq, ce qui équivaut aux émissions de l’Espagne durant la même période. Ça donne les chocottes !

À la corbeille ?

Face à tout ça, faut-il se désabonner de Netflix ou supprimer son compte YouTube ?
Dans son rapport sur la sobriété numérique, le Shift Project propose de mettre en débat les objectifs que pourrait avoir une politique du numérique durable. Faudrait-il en priorité renoncer à des divertissements comme les séries pour sauver la planète ? Nous nous étions déjà posé la question dans notre article sur les jeux vidéo.
Alors qu’on entend dire de toutes parts qu’Internet et les moyens audiovisuels en général isolent,, certains usages permettent au contraire de créer du lien social. C’est le cas du visionnage de séries, qui fédère des groupes autour de ce que Jean-Pierre Esquenazi appelle des “communautés télévisuelles”. Or, aujourd’hui, les séries, entre autres, sont plutôt consommées sur des plateformes en ligne que via la télévision, d’après le rapport de la MPAA que nous citions plus haut. Le streaming est donc vecteur de contenus de divertissement qui permettent de créer des liens entre individus.
« Certains usages de la vidéo permettent de créer du lien social autour de communautés. »
En outre, il est difficile de quantifier l’impact de certaines vidéos sur nos modes de vie. Certaines campagnes de communication engagées sur le climat ont par exemple permis d’économiser plus de CO2 qu’elles n’en ont dépensé.
Prudence, donc ! Tout n’est pas à jeter dans le streaming. On peut d’ailleurs continuer à consommer des contenus disponibles en streaming de façon plus durable.

Ralentir le rythme

Afin de limiter l’utilisation d’infrastructures que l’on sait maintenant si gourmandes en énergie, des alternatives prônant la décentralisation émergent, à l’image de PeerTube. Ce dernier fonctionne sur le modèle du pair à pair : chacun peut héberger un serveur et le fichier vidéo transite ainsi directement de l’hébergeur local au spectateur, sans passer par les datacenters.
Pour les moins férus d’informatique, certains trucs permettent de réduire l’empreinte due au streaming et ce, sur la plupart des applications et plateformes. On vous en détaille quelques-uns plus bas dans les AstuceCarotte.
Autrement, on peut parfois consommer les mêmes contenus qu’en streaming sans utiliser le streaming. D’après l’Ademe (attention, ce lien est une vidéo YouTube !), télécharger un contenu serait plus économique que le "streamer". Quand on télécharge, on ne fait fonctionner la chaîne d’équipements (serveur, câbles, routeur, télévision ou ordinateur) que pendant peu de temps, là où le streaming la requiert pendant tout le visionnage. Au lieu de regarder en streaming, pourquoi ne pas utiliser la fonctionnalité de téléchargement proposée par certaines plateformes (dont Netflix) quand c’est possible ?
Enfin, l’option la plus économe en énergie et la moins propice aux émissions reste tout de même la sobriété numérique, en ne consommant pas de contenu en streaming ou en le choisissant minutieusement (autrement dit, en préférant la qualité à la quantité).
Cela permet de libérer du temps pour d’autres activités tout aussi ludiques et divertissantes, comme venir aux évènements LundiCarotte. Quoi qu’il en soit, à la Rédac’, on essaye mais on n’a pas encore complètement raccroché !

Les AstucesCarotte pour visionner durable

  • Cocher l’option “Me rappeler de faire une pause” sur Youtube et sur Facebook
  • Diminuer la résolution quand c’est possible, car plus la résolution est grande, plus l’on consomme de données, d’autant plus quand on ne dispose pas du nec plus ultra en termes d’écran.
  • Désactiver l’option “Lecture automatique de la vidéo suivante” sur Youtube, Netflix, Twitter et Facebook
  • Si possible, enregistrer les programmes que l’on souhaite visionner plus tard
  • Pour la musique en ligne, on préférera des options de streaming musical plutôt que de streaming vidéo, qui suppose un transfert de données plus important
En parlant de données, on ne pouvait pas ne pas rappeler que les mails stockés en consomment beaucoup, alors une petite recherche rapide dans votre boîte mail vous permettra d’effacer tous nos LundiCarotte précédents, que vous pouvez de toute manière retrouver sur notre site.
Toute l’équipe de LundiCarotte remercie beaucoup ceux qui ont fait le déplacement à La Base cette semaine pour nos deux événements : le Quiz Carotte et le Disco Smooth’. Des photos sont disponibles sur nos réseaux.
À la semaine prochaine !
Elisa Autric, Servane Courtaux et Garance Régimbeau
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