Il y a quasi un an, LundiCarotte vous révélait les coulisses de la production des smartphones et de ses enjeux écologiques et sociaux : exploitation de terres rares, génération de déchets, conditions d’extraction et de production déplorables... Pour la piqûre de rappel, c’est ici. Cependant, malgré tous ces impacts, les téléphones intelligents nous sont de plus en plus indispensables : 73 % des Français en sont aujourd'hui équipés, contre 17 % en 2011 ! Nous vous proposons donc aujourd’hui quelques pistes, de l’achat à la fin de vie, pour exploiter le mieux possible votre terminal de poche en minimisant votre empreinte écologique. Dans cet article, le mot “téléphone” désigne principalement les smartphones.

Le téléphone à la poubelle ?

Le 8 octobre 2018
Il y a quasi un an, LundiCarotte vous révélait les coulisses de la production des smartphones et de ses enjeux écologiques et sociaux : exploitation de terres rares, génération de déchets, conditions d’extraction et de production déplorables... Pour la piqûre de rappel, c’est ici.
Cependant, malgré tous ces impacts, les téléphones intelligents nous sont de plus en plus indispensables : 73 % des Français en sont aujourd'hui équipés, contre 17 % en 2011 ! Nous vous proposons donc aujourd’hui quelques pistes, de l’achat à la fin de vie, pour exploiter le mieux possible votre terminal de poche en minimisant votre empreinte écologique.
Dans cet article, le mot “téléphone” désigne principalement les smartphones.
Vignette de l'article Le téléphone à la poubelle ?

Un smartphone neuf et ses impacts

Commençons par ce qui nous concerne en premier, nous, consommateurs : l'achat d'un téléphone. L’ADEME présente dans sa dernière étude sur le sujet un chiffre intéressant : 88 % des personnes achèteraient un téléphone alors que le leur fonctionne encore. D’un autre côté, d’après un sondage OpinionWay pour Volpy, 79 % des Français affirment en “changer uniquement lorsqu'il ne fonctionne plus”. Ces données, qui semblent bel et bien contradictoires, dénotent une ambiguïté de la “fonctionnalité” du téléphone. On parle « d'obsolescence perçue”, c’est-à-dire de perte de valeur relative d’un produit alors qu’il remplit encore sa fonction principale.
Quoi qu’il en soit, à l'achat, tous les téléphones ne se valent pas. L'ONG environnementale Greenpeace a comparé les impacts des principaux fabricants électroniques : sans surprise, le Fairphone (star de notre article de l'an dernier) en ressort gagnant. Greenpeace souligne également les efforts d'Apple pour utiliser de l'énergie renouvelable durant le processus de fabrication.

Un smartphone d'occase ?

Une autre piste pour faire ses emplettes consiste à acheter un smartphone reconditionné. Le principe est simple : son ancien propriétaire s'en étant séparé, le téléphone est alors réparé et testé, avant d'être remis en vente. Le résultat équivaut donc presque à un téléphone neuf, sans nécessiter autant de matières premières. C'est d'autant plus écolo que c’est la phase de fabrication d'un téléphone qui est la plus impactante : en moyenne, elle consomme autant d'énergie que la recharge dudit téléphone durant 30 ans !
« Sur l'ensemble du cycle de vie, c'est la phase de fabrication d'un smartphone qui est la plus impactante »
Autre avantage des téléphones reconditionnés : puisqu'il faut moins de matières premières, le coût est mécaniquement (bien) plus bas que pour un téléphone neuf. Chez LundiCarotte, on a testé : après 4 mois d'utilisation, le smartphone reconditionné de Paul se porte encore comme un charme.

L'usage

Une fois acheté, le meilleur moyen de limiter l'impact d'un téléphone est d'en prendre soin. Les pannes et accidents les plus fréquents concernant l'écran et la batterie, on vous conseille donc d'investir dans une coque de protection digne de ce nom et de suivre ces quelques conseils concernant la batterie :
ne pas attendre que le téléphone soit complètement déchargé pour sortir son chargeur.
le débrancher une fois le chargement terminé
baisser la luminosité de l’écran
diminuer le délai avant l’extinction automatique de l’écran
Cependant, le téléphone n'est pas le seul à mériter d'être chouchouté durant son utilisation. L'autre variable de l'équation, c'est nous !
Une question revient régulièrement depuis l’émergence des smartphones et, notamment, depuis 2007, année de commercialisation du premier iPhone : les smartphones sont-ils dangereux pour nous ? Il n’existe pas encore de lien de causalité avéré entre les rayonnements émis par nos téléphones et des incidences sur notre corps. Cependant, différentes études montrent des corrélations assez inquiétantes pour que l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) recommande aux utilisateurs intensifs de téléphones mobiles (en mode conversation) de « recourir au kit mains libres, de privilégier l’acquisition de téléphones affichant les DAS (Débit d'absorption spécifique) les plus faibles” et “de réduire l’exposition des enfants en incitant à un usage modéré du téléphone mobile”. Parallèlement, en 2015, l’article 5 de la loi Abeille sur l’exposition aux ondes stipule « qu’est interdite toute publicité, quel que soit son moyen ou son support, ayant pour but la promotion de l’usage d’un téléphone mobile sans accessoire permettant de limiter l’exposition de la tête aux champs électromagnétiques émis par l’équipement.” De quoi avoir envie de s’enrouler dans une couverture d’aluminium...
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Le smartphone et l'attention

L'autre sujet à la mode lorsque l'on parle de smartphone, c'est le temps que l'on passe dessus : plus de deux heures par jour, en moyenne, pour les 16-30 ans, voir bien plus chez les étudiants.
Comme l'expliquent Cal Newport dans son livre « Deep Work » et Nicholas Carr dans son essai “The Shallows”, nos smartphones sont de redoutables machines à divertir, ce qui, à terme, mine nos capacités de concentration et d'attention. Les entreprises commencent à s’en préoccuper, notamment depuis les travaux sur le "droit à la déconnexion" dans le cadre de la nouvelle loi Travail.
« Nos smartphones sont de redoutables machines à nous divertir, ce qui à terme, mine nos capacités de concentration et d'attention. »
Pour autant, les smartphones nous facilitent la vie à bien des égards : réveil, appareil photo, GPS, réseaux sociaux de tout poil...
Sans pour autant en arriver à s'en passer complètement, quelques mesures simples permettent de limiter le temps que l'on y consacre. On peut, par exemple, désactiver les notifications des applis non urgentes, utiliser le mode avion de temps à autre, voire laisser le téléphone au salon à l'heure de se coucher. On parle aujourd’hui de cures de “digital detox”, où l’on revient à des occupations plus “calmes” (lecture, arts, méditation) en s’affranchissant des outils numériques.

Ressusciter son téléphone

Si, malgré tout le soin que l'on peut lui porter, notre téléphone intelligent venait à nous lâcher, il existe bon nombre de pistes à explorer avant de s'en séparer, comme faire jouer la garantie ou le réparer. Pour cela, les options sont nombreuses et sont résumées ici par Le Monde : boutiques de réparation, Repair Café... voire le réparer soi-même, si l'on est un peu (beaucoup) bricoleur.

La fin de vie

On estime aujourd’hui qu’en France, entre 30 et 100 millions de GSM dormiraient dans nos tiroirs. Un Français sur deux garderait ainsi son ancien téléphone après en avoir changé. Les raisons sont multiples : on le garde pour dépanner (37 % des cas), pour le donner à un proche (29 %) ou encore parce que l’on craint pour ses données personnelles.
Comme pour la plupart des appareils électroménagers, il est possible d’offrir une seconde vie à son téléphone en le faisant rejoindre une filière de tri. L’organisation à but non lucratif Eco-Systèmes propose d’ailleurs une carte interactive afin de localiser les points de collecte proches de chez soi. Par ailleurs, tout opérateur téléphonique est tenu de récupérer les téléphones usagés dans ses boutiques. Ces téléphones, selon leur état, sont ensuite reconditionnés et revendus à un prix solidaire ou alors démantelés pour en récupérer les matières premières. Le reconditionnement comporte plusieurs étapes : réparation, désimlockage, effacement des données et remise en emballage avec chargeur et batterie fonctionnels.
En complément de cet article, vous trouverez ici la première interview signée LundiCarotte ! Servane a interviewé Karen Toris, chargée de communication des Ateliers du Bocage, une entreprise du réseau Emmaüs France spécialisée notamment dans le réemploi des téléphones.
« Quand on fait du réemploi, on évite de prélever à nouveau dans l’environnement pour fabriquer du neuf. C’est un acte citoyen, presque militant. – Karen Toris »

Les jeux olympiques du recyclage

Si, vraiment, votre téléphone est irrécupérable, le déposer dans une borne de collecte permet de le recycler. Des organismes comme les Ateliers du Bocage ou l’entreprise Morphosis au Havre vont alors le démanteler et séparer les différentes matières qui le composent. Les téléphones recèlent notamment des matériaux lourds (or, argent, cuivre) qui peuvent être réutilisés à d’autres fins. Par exemple, le Japon, pionnier dans le domaine du recyclage, posséderait via sa “mine urbaine” (c’est-à-dire l’ensemble de ses DEEE abandonnés susceptibles d’être recyclés) 16 % des ressources mondiales en or et 22 % de celles d’argent. C’est plus que les ressources naturelles de n’importe quel pays minier. Le comité olympique a d’ailleurs eu l’idée d’utiliser ces matériaux issus des téléphones pour fabriquer les médailles olympiques.

Les AstucesCarotte pour téléphoner durable

Pour acheter reconditionné : le guide d'UFC Que Choisir.
On vous recommande chaudement la boutique d’Emmaüs : label-emmaus.co
Si votre téléphone venait à casser, Le Monde a très bien résumé les différentes façons de le ressusciter : lemonde.fr
La liste des points de collectes pour téléphones usagés : eco-systemes.fr
Voilà qui conclut cet article riche en informations ! Les smartphones sont omniprésents autour de nous et au vu les problématiques environnementales et sociales en jeu, il ne faut pas négliger les occasions de diminuer notre impact au travers de leur choix et de leur utilisation. Comme le rappelle Karen, “un téléphone ou un ordinateur, ce n’est pas un équipement anodin”. Une bonne raison de plus pour ne pas condamner ses vieux téléphones à la solitude au fond de nos tiroirs.
On vous souhaite une bonne semaine sous votre couverture en alu loin de votre GSM.
Servane Courtaux et Paul Louyot
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