Cette semaine, alors que le thermostat nous rappelle que l’été est bien là, la Rédac’ vous emmène boire un verre et quoi de plus rafraîchissant qu’un soda en terrasse ?

Ouvre un soda, ouvre du bonheur ?

Le 27 juillet 2020
Cette semaine, alors que le thermostat nous rappelle que l’été est bien là, la Rédac’ vous emmène boire un verre et quoi de plus rafraîchissant qu’un soda en terrasse ?
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C’est frais, ça pétille et ça rapporte

Au risque d’en surprendre plus d’un, le soda n’est pas né de la dernière pluie. Son apparition remonterait à 1770, lorsqu’un scientifique britannique eut l’idée ingénieuse de mélanger de l’eau à une solution de bicarbonate de soude - soda en anglais - pour en faire de l’eau gazeuse.
Une fois l’eau gazéifiée, il suffisait d’y ajouter du sucre, des extraits de plantes ou encore de la caféine et le tour était joué. L’industrie agroalimentaire flaira d’ailleurs rapidement le bon filon, puisque le premier Coca-Cola fut commercialisé en 1886 et son grand concurrent, le Pepsi-Cola, en 1898.
Un siècle plus tard, le filon s’est transformé en mine d’or. En 2012, ce ne sont pas moins de 219 milliards de litres de sodas qui ont été ingurgités, soit 36 % du marché mondial des boissons sans alcool, ce qui en fait la deuxième boisson la plus populaire après l’eau.
Ce succès est facilité par l’existence de nombreuses catégories de sodas, de sorte que chacun peut en trouver un à son goût. Par exemple, les colas, dont la saveur caractéristique est due à l’utilisation de sirop de caramel et de caféine, représentaient en 2018 près de 50 % du chiffre d’affaires du marché des boissons gazeuses. Se limiter à eux serait cependant oublier les limonades comme le 7up, le Sprite ou les boissons gazeuses aux fruits tel que le Fanta ou le Schweppes, ou encore le ginger ale, même si celui-ci est moins populaire en France.
Devant une telle variété, on n’est presque pas surpris d’apprendre que les Français consomment en moyenne 50 litres de soda par personne et par an, un chiffre à mettre en perspective avec la baisse de consommation d’alcool depuis 50 ans. Cela nous place tout de même loin derrière les Etats-Unis qui représentent 54 % du marché des boissons gazeuses avec 125,9 litres par personne en 2015.

Pepsi vs Coca-Cola : une guerre des géants

Pour comprendre un tel succès, impossible de faire l’impasse sur les stratégies commerciales et publicitaires des deux mastodontes du marché que sont Coca-Cola Company et PepsiCo. À eux deux, ils possèdent environ 85 % du marché des boissons gazeuses.
Si Coca-Cola remporte le duel avec 60 % du marché, PepsiCo affiche un chiffre d’affaires de 63 $ milliards contre 42 pour Coca-Cola, grâce à sa stratégie de diversification.
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PepsiCo vs The Coca-Cola Company : deux empires de l’agroalimentaire
De fait, la différence entre les deux sociétés ne se joue pas vraiment au niveau nutritif ni gustatif, puisqu’elles proposent des gammes de sodas similaires. Elles subissent d’ailleurs toutes deux depuis quelques années de vives critiques en raison de leur rôle dans le problème de santé publique qu’est devenue l’obésité.

Du sucre à l’état brut

En effet, le sucre contenu dans les sodas endommage les parois internes de nos artères, ce qui favorise l’accumulation de cholestérol et donc le risque d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral (AVC). Il peut aussi ralentir le métabolisme, entraînant non seulement une prise de poids, mais aussi de l’hypertension ou encore un diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires.
Le danger du sucre est d’autant plus grand dans les boissons que celles-ci ne contiennent pas de fibres alimentaires permettant de ralentir sa vitesse d’absorption dans le sang. Résultat, la glycémie fait un bond à chaque canette ingurgitée.
Pour illustrer tout ça, partons de la recommandation de l’OMS de ne pas dépasser 50 g de sucre par jour et moins pour un enfant. Les sodas en contiennent en moyenne 100 g par litre, soit 20 g pour un verre de 200 ml, l’équivalent de 5 morceaux de sucre. Pour ceux qui consomment cela en bouteille, le quota est vite explosé.
Au-delà du sucre, les colas contiennent aussi de la caféine, un produit déconseillé aux enfants, car il diminue l’absorption du calcium.
Qu’en est-il du mythe du coca comme remède à la gastro-entérite ? Selon plusieurs études, le coca aurait des effets anti-vomitifs en raison de sa forte teneur en sucre et en acide phosphorique. En revanche, il ne permet pas de lutter contre la déshydratation, car il manque des sels minéraux nécessaires pour cela. Le gaz et le froid pourraient même aggraver les diarrhées, alors quitte à en boire, attendez qu’il soit à température ambiante et qu’il n’ait plus de bulles.

“Light”, “Zero”, “sans sucre”… Les dons du marketing

Que l’on soit consommateur de soda ou non, il est difficile de passer à côté des bouteilles ou canettes aux dénominations variées telles que le “light”, “zero” ou “sans sucre”. Pour chaque soda composé de sucre, il existe une version allégée avec moins, voire pas de sucre.
Ceci est rendu possible par l’utilisation d’édulcorants qui ont un effet 500 fois supérieur au sucre classique. Les édulcorants de synthèse se divisent en deux catégories : ceux de première génération datant de plus de 40 ans (saccharine, cyclamate, aspartame) et ceux de deuxième génération (sucralose, acésulfame-potassium, néotame, alitame, stévia) qui furent introduits sur le marché plus récemment.
Les sodas allégés ont l’avantage d’éviter une prise de poids directe, puisqu’ils contiennent peu ou pas de calories. En revanche, ils entretiennent la dépendance aux sucres en leurrant notre cerveau. L'organisme perçoit la saveur sucrée sans les aliments qui normalement l'accompagnent et réclame ensuite de vrais sucres rapides, puisqu’ils ne contiennent pas de calories et que leur valeur énergétique est nulle. Dès lors, ils nous donnent envie d’encore plus consommer, car l’estomac ne parvient pas à satiété.
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Quand choisir son Coca-Cola devient un défi!

La fin des bouteilles en plastique ?

Mais au-delà de notre nombril, les sodas représentent aussi un enjeu environnemental. En effet, les bouteilles en plastique sont les déchets qui polluent le plus. Elles représentent 14 % des déchets que l’on retrouve dans les mers et les rivières, suivies des emballages alimentaires et mégots de cigarettes. Coca-cola est ici pointée du doigt comme la première responsable de ce fléau, puisqu’elle est le premier producteur de bouteilles plastiques au monde, avec 100 milliards d’unités par an.
En 2019, PepsiCo et Coca-Cola Company ont fait le choix de quitter le lobby américain du plastique, la Plastics Industry Association, jugeant que le lobby ‘tenait des positions qui ne correspondaient pas pleinement à leurs engagements et à leurs objectifs’. La firme Coca-Cola affirme vouloir collecter et recycler tous ses contenants d'ici 2030 et produire ses nouveaux emballages avec 50 % de contenu recyclé. En octobre dernier, elle a dévoilé un prototype de bouteille intégrant 25 % de déchets plastiques marins recyclés.
Pour PepsiCo, l’objectif est d’incorporer 50 % de plastique recyclé dans les bouteilles produites en 2025, contre 32 % aujourd’hui.
La fin des bouteilles en plastique n’est pas pour tout de suite, mais il s’agit de ne pas perdre espoir, puisque la consigne des bouteilles en plastique. Cela pourra être imposée aux collectivités dès 2023, entraînant une baisse des déchets dus aux bouteilles en plastique.

Les porcelaines dans un magasin d’éléphants

Dans ce secteur très concurrentiel, avec ces deux géants mondiaux, il est difficile de se faire une place de choix. En 2014, le bio ne représente que 0,15 % du marché total des soft drinks. Soit 3,6 millions d’euros de ventes et 3 millions de litres sur le marché français.
ll existe cependant plusieurs marques bios proposant des boissons gazeuses plus bénéfiques pour la santé et plus en accord avec l’environnement. Moins de gaz, pas de conservateurs, des colorants naturels et une plus grande traçabilité sont les arguments de ces sodas bios.
Les colas certifiés bios sont généralement tous dépourvus de caféine, d’acide phosphorique, d’aspartame ou de colorants de synthèse. Leur sucre est souvent du sucre de canne bio ou du sirop d’agave ; les arômes sont naturels (citron et cola pour la plupart).
Voici une liste non exhaustive de sodas bios et équitables :

Du Soda maison : une véritable avancée ?

Depuis quelques années, les machines à soda ont le vent en poupe. Il faut dire qu’elles ont un intérêt à la fois économique, écologique et qu’elles sont simples à utiliser.
En effet, il suffit d’acheter des cartouches de gaz à clipser à l’arrière de sa machine pour faire pétiller son eau du robinet et divers sirops et concentrés de saveurs sont disponibles afin de reproduire chez soi les sodas de la grande distribution. Si l’on ne retrouve pas le goût exact d’une canette, un avantage non négligeable est que l’on peut doser la quantité de sucre que l’on souhaite mettre dans son soda.
Concernant leur impact écologique, elles ont l’immense avantage d’éviter l’utilisation de bouteilles en plastique et il existe des systèmes de retour des recharges vides qui peuvent être remplies à nouveau, réglant en partie le problème du recyclage. Sodastream a même lancé une machine fabriquée à 80 % à partir de matériaux recyclés : la “Genesis Eco”.
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Sodastream n'y va pas de main morte quand il s'agit d'attaquer ses concurrents
Finalement, pour les gros consommateurs de boissons gazeuses, la machine est vite rentabilisée. Si l’investissement de départ peut varier entre 30 et près de 200 €, il est en général amorti entre 6 mois et 3 ans, puisque le litre d’eau pétillante ne coûte plus que 20 cts et celui de soda environ 70 cts.
Une ombre au tableau toutefois, le géant du marché, Sodastream, a récemment été racheté par PepsiCo après avoir connu un boycott dû à son usine implantée en Cisjordanie.

Les Astuces Carotte pour faire pétiller son été :

  • Si l’on ne peut pas se passer de soda, limiter sa consommation a une ou deux canettes par jour maximum
  • Préférer un soda bio ou équitable à un soda de grande distribution, mais se rappeler que ce n’est pas la solution pour réduire sa consommation de sucre.
  • Privilégier les bouteilles en verre aux bouteilles en plastique.
  • Investir dans une machine à soda si l’on ne peut se passer d’eau gazeuse au quotidien.
  • Ne pas oublier que rien ne vaut mieux qu’un bon verre d’eau (pétillante ou non) ou de jus de fruits pressés lorsqu’il s’agit de se rafraîchir !
On espère que votre semaine sera ensoleillée, que ce soit en vacances pour les plus chanceux ou au travail, et on vous dit à lundi prochain !
Alice Leleu et Mohamed Youssouf
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