Ce lundi, dévalez les pistes de la consommation durable avec un LundiCarotte de saison, sur les sports d’hivers. Mais avant, nous avons le plaisir de vous inviter à venir nous rendre visite pour les Retrouvailles de LundiCarotte, qui auront lieu mardi en huit à Paris.

Le planté de bâton

Le 12 février 2018
Ce lundi, dévalez les pistes de la consommation durable avec un LundiCarotte de saison, sur les sports d’hivers. Mais avant, nous avons le plaisir de vous inviter à venir nous rendre visite pour les Retrouvailles de LundiCarotte, qui auront lieu mardi en huit à Paris.
Vignette de l'article Le planté de bâton
Commençons avec une petite réflexion sociologique : le rituel de la semaine de vacances au ski s’est inscrit dans les habitudes des Français à une vitesse pour le moins stupéfiante... D’où diable vient l’idée qu’il faut aller une semaine par an au ski ? D’où diable vient l’idée que quand on passe une semaine à la montagne, il faut skier tous les jours ?
Bref. Les stations de ski, c’est un peu l’arroseur et l’arrosé du développement durable. Ce n’est un secret pour personne, la neige se fait de plus en plus souvent désirer et il n’est pas dit que les plus jeunes d’entre nous pourront apprendre à skier à leurs petits enfants. En 2007, l’Organisme de Coopération et de Développement Economique publiait une étude sur l’avenir des stations françaises comptes tenus du réchauffement climatique, dont il ressort que sur 139 stations, seulement 94 seraient encore skiables dans un scénario de +2°C, et plus que 55 dans un scénario +4°C. À noter que le réchauffement dans les Alpes est plus élevé que le réchauffement de la planète (+2°C depuis 1961,soit trois fois plus que la moyenne mondiale).
Les stations, concernées de près par ces enjeux, ne s’engagent pas toutes de la même manière. L’association Mountain Riders liste les différents leviers pour rendre les stations plus durables : les transports, l’énergie, la gestion de l’eau, l’aménagement équilibré entre ville, ski, agriculture et nature, les déchets et l’engagement social et territorial. Le transport attire l’attention car ça représente les plus grosses émissions de gaz à effet de serre des stations de ski (57%). Pour l'anecdote, la station Avoriaz a pris des mesures draconniennes en rendant son site entièrement piéton et équipé de calèche.
Le label Flocon Vert, valorisant un engagement marqué et remarqué, est attribué à six stations : la Vallée de Chamonix Mont-Blanc, Châtel, Chamrousse, la Pierre Saint Martin, les Rousses et Villars sur Ollon. Tignes et le Grand Massif sont eux décorés du Green Globe, un éco-label international de tourisme, qui vérifie 44 critères à l’aide de 380 indicateurs de conformité. Si votre station préférée n’a pas été nommée, elle figure peut-être malgré tout sur la liste (p.34) des mairies ayant volontairement signé la Charte nationale des stations de montagne en faveur du développement durable, et du coup qui s’inscrivent dans une démarche d’amélioration durable.
En plus de la station, il est possible de choisir le châlet labelisé, avec Clef Verte et Chouette Nature. Intéressant entre autre car le secteur du bâtiment compte pour 37% des émissions des stations, essentiellement pour le chauffage.
La neige maintenant. Les sports d’hivers au XXIème siècle, c’est “qu’importe le flocon pourvue qu’on ait l’ivresse”. La neige de culture, autrefois une solution d’appoint aux mauvaises surprises météorologiques, devient un outil pour allonger la durée de la saison. On estime que quatre cent litres d’eau sont nécessaires pour enneiger un mètre carré de piste toute la saison
Certaines stations enneigent jusqu’à 650 hectares. Vous pouvez voir ici combien d’hectares enneige votre station favorite.
Selon les stations, l’eau en question peut provenir de la nappe phréatique, des cours d’eau, des étangs, ou de lacs artificiels créés pour l’occasion. Si la situation ne s’est pas encore présentée en France, une étude estime que le risque de voir un jour un conflit d’usage entre les habitants et les stations pour pouvoir jouir de cette eau (pour boire pour les premiers, pour faire de la neige pour les secondes) n’est pas négligeable. Par ailleurs, rassurez-vous, ça n’a pas toujours été le cas mais depuis 2004, le processus de fabrication de neige artificiel ne pollue plus.
Les animaux peuvent aussi être perturbés par la venue de la saison. Côté station, on peut pallier au dérangement engendré par la multiplication des lignes électriques en les enterrant. Il convient aussi d’être vigilant aux habitats d’insectes, fortement perturbés par le processus de construction des pistes. Sans ça, certaines espèces menacées aux noms chantants comme le crave à bec rouge ou la bartavelle pourraient disparaître (-80% en quarante ans pour cette dernière).
Côté skieurs, on plonge dans l’éternel débat ski de piste vs. hors-piste. En effet, déranger un animal et le faire fuire en période de mi-hibernation lui demande beaucoup d’énergie qu’il aura du mal à regagner en saison froide. L’impact des pistes est important mais limité dans l’espace et géré par des professionnels, alors que le hors-piste dérange un peu moins mais partout.
Pour illustrer le sujet, le tetra lyre, un magnifique oiseau alpin en difficulté de reproduction : les pistes condamnent 10% de la surface d'habitat hivernal, tandis que le hors-piste en dérange 67%. Quoiqu’il en soit, il est primordial de respecter les zones “hors-piste interdit” instaurées dans certaines stations.
Pour vous équiper en matériel, le très bon guide de l’association Moutain Rider que vous trouverez ici (à partir de la page 26) détaille les efforts réalisés par chacunes des marques touchant de près ou de loin aux sports de montagne. S’y distinguent notamment les marques Lafuma, Vaude, Rapanui, Rossignol, Quicksilver, Petzl, et Patagonia.
Pour diminuer l’empreinte de son matériel, il est préférable de le louer. C’est valable pour les skis mais aussi pour la combinaison qui va avec, auprès de particuliers ou de Skichic. Pour les acheteurs, une paire de skis bien entretenue se garde longtemps : conseils ici.
Nous nous interrogeons d’ailleurs sur le temps de renouvellement des collections de skis, particulièrement cours, qui fait qu’un ski passe pour démodé et/ou obsolète au bout de quelques années. Sans être des experts, on a du mal à croire qu’une paire de ski ne glisse plus au bout de trois ans. De là à parler d'obsolescence programmée esthétique….
Si vous avez une vieille paire de ski, vous pouvez soit faire du bricolage, soit le recycler.
Pour finir, deux généralités sur le tourisme, applicables de facto au tourisme alpin : le transport et les déchets. On l’a vu, le transport des vacanciers est prépondérant dans l’empreinte carbone d’une station. Petite révision donc de l’impact des déplacements personnels, pour mille kilomètres :
  • en voiture tout seul : 170 kilos équivalent de CO2
  • en avion : 145
  • en bus : 58
  • en covoiturage à cinq : 34
  • en train : 23
Le train, le covoiturage ou même le bus sont donc gagnant loin devant l’avion et la voiture seule.
Pour les déchets, on vous rappelle l’existence de cendriers de poche, vendus dans la plupart des stations et même parfois offerts.
Nous vous souhaitons une bonne semaine à réviser votre planté de bâton en regardant les Français briller chez nos amis coréens réconciliés #espoir. Nous vous réitérons notre invitation à venir nous voir mardi 20 février !
Alix Dodu et Théodore Fechner
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