Aujourd’hui, nous avons décidé de parler tignasses : des lisses, des bouclées, des frisées et même de celles qui ont une coupe aléatoire, car elles ont (presque) toutes un point commun, elles sont lavées ! Le shampoing est ancré dans le quotidien et on l’utilise sans se poser de question. Pourtant, sommes-nous vraiment au courant de ce qu’il y a dans ces bouteilles ?

Pour une crinière soyeuse

Le 18 mai 2020
Aujourd’hui, nous avons décidé de parler tignasses : des lisses, des bouclées, des frisées et même de celles qui ont une coupe aléatoire, car elles ont (presque) toutes un point commun, elles sont lavées ! Le shampoing est ancré dans le quotidien et on l’utilise sans se poser de question. Pourtant, sommes-nous vraiment au courant de ce qu’il y a dans ces bouteilles ?
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Les cheveux

En moyenne les cheveux poussent entre un peu moins de 1 cm et 1,5 cm par mois et restent en moyenne entre 3 et 4 ans sur le crâne. Par conséquent, ils sont lavés un grand nombre de fois, spécialement pour les tignasses les plus longues. Si au contraire vous êtes team cuir chevelu apparent, voici une bonne occasion de découvrir les ennuis que vous évitez !
Malgré leurs différents aspects, les cheveux sont construits de manière très similaire, mais ce sont justement les petites différences qui vont définir les types de cheveux.
Les différents types de cheveux sont classifiés sur une échelle allant de 1A à 4C. Les cheveux de type 1 sont lisses, les types 2 sont ondulés, les types 3 bouclés et les types 4 crépus. Chaque catégorie est divisée en sous-parties A, B, ou C. N’importe quel type de cheveux peut être sec, cassant, abîmé ou fourchu, car ils s'abîment avec le temps et les différents frottements (oreiller, vêtements, brosse…).
D’ailleurs, l’une des habitudes qui abîme les cheveux est justement le lavage à cause des frottements réguliers, mais la composition des shampoings peut aussi jouer un rôle.
Alors pourquoi se lave-t-on les cheveux ? Vous nous direz “Parce qu’ils sont sales”, et vous aurez raison ! En effet, la poussière, la pollution et différentes odeurs (cigarette, friture) s’accumulent entre deux lavages, sans oublier l’effet cheveux gras dû au sébum - le film gras produit par le cuir chevelu. L’effet cheveux gras est même le signal d’alerte pour beaucoup de personnes, car il est mal accepté dans notre société.
Le lavage de cheveux semble n’avoir rien de nouveau : cette pratique existe depuis l’antiquité. Elle a été temporairement délaissée au XVIIIe siècle, quand les perruques servaient à cacher la misère.
Les shampoings actuels n’ayant rien à voir avec les produits naturels utilisés à l’époque (par exemple l’argile), nous avons fait un zoom sur les produits d’aujourd’hui pour comprendre comment ils nettoient et leurs impacts sur la santé et l’environnement.

Les rayons de shampoing en supermarché :

Malgré notre réputation d’hygiène douteuse à l’étranger, 5 bouteilles de shampoing sont vendues toutes les secondes en France, ce qui revient à environ 174 millions par an ! C’est l’un des marchés les plus compétitifs du monde, car beaucoup de marques s’y bousculent.
Les Français auraient une préférence pour Le petit Marseillais, devant Dop, Elsève et Ultra doux, les marques de L’Oréal.

La Liste INCI

Pour savoir ce qu’il y a dans les produits de ces grandes marques, il vaut mieux regarder la liste des ingrédients que se fier à la publicité, à l’emballage ou même aux distributeurs. En effet, les produits vendus chez le coiffeur ou en parapharmacie ne sont pas tenus d’avoir des compositions plus saines que les produits de supermarché. Attention donc aux marketings épurés qui donnent un côté « médical » au produit. De même pour les produits de luxe, les prix élevés ne garantissent pas la qualité !
Cette liste porte le doux nom d’INCI, pour International Nomenclature of Cosmetic Ingredients, et donne les ingrédients par ordre de quantité. Seul problème, à part le premier ingrédient qui est toujours “Aqua” (pour l’eau), cette liste supposée informer le consommateur tient souvent plus du charabia chimique.
Pour y voir plus clair, on peut regrouper les ingrédients en fonction de ce qu’ils apportent au produit. En plus d’eau, les shampoings vendus en grande surface sont en général composés :
  • d’agents nettoyants ;
  • d’additifs ;
  • de conservateurs ;
  • d'ingrédients spécifiques (souvent montrés sur l’emballage).

Les agents nettoyants

Pratiques, car composés de deux parties, une qui « attrape » la saleté et l’autre qui permet le rinçage sans laisser de résidus (contrairement au savon), les sulfates sont très largement utilisés comme agents nettoyants dans les shampoings.
Du fait des très faibles quantités utilisées dans les produits capillaires, les études scientifiques ont du mal à s’accorder sur les effets de ces sulfates, aussi appelés tensioactifs.
Néanmoins, si vous avez des problèmes d’irritation du cuir chevelu, d’électricité statique, de cheveux qui s’abîment (trop) vite ou même de pellicules, ne cherchez plus les coupables ! Ce sont sûrement les -préfixes- sulfates de la liste INCI. Leur efficacité contre la saleté a tendance à “décaper” notre cuir chevelu.
Vade retro Sulfitas ! Sodium (ou Ammonium) Laureth (ou Lauryl) Sulfate sont donc à fuir.
L’autre problème des sulfates se joue du côté environnemental. Des études montrent qu’on les retrouve dans les mers et dans les terres (via nos eaux usées). Même si peu d’études couvrent le sujet, l’organisme qui régule l’autorisation et l’utilisation des produits chimiques en Europe, l’ECHA (European Chemical Agency), classe certains sulfates comme dangereux à long terme pour la vie marine. Malheureusement pour les organismes marins, ces sulfates ne sont pas présents que dans les shampoings, car ils apportent un côté moussant très apprécié des consommateurs. On les retrouve dans les boules de bain, les liquides vaisselles, les lessives, les mousses à raser et même les mascaras.
Donc, même si chaque produit contient peu de sulfates, leur omniprésence en fait une vraie préoccupation environnementale. Pour aider à mesurer la quantité utilisée le site Plantetoscope propose un compteur des tensioactifs vendus depuis le 1er janvier. Le chiffre s’élève à plus de 4 milliards de tonnes aujourd’hui. Il existe des substituts, mais ils ne sont pas toujours mieux, comme le Cocamidopropyl Betaine qui est irritant pour la peau et les yeux, allergénique et toxique pour la vie marine, mais pourtant autorisé dans les produits bios.
Nous vous avons mis dans la conclusion le nom de deux alternatives plus recommandables.

Les autres ingrédients

Pour répondre à la demande du consommateur, il ne faut pas seulement que le produit lave, mais aussi (surtout ?) qu’il soit agréable à utiliser. Des additifs sont donc ajoutés pour donner une texture opaque qui s’applique bien, une couleur caractéristique de la marque, une bonne odeur...
Dans la liste de ceux qui sont soit irritants, soit dangereux pour la vie marine, il y a : Isopropyl alcohol, Benzyl Salicylate, hexyl Cinnamal, Linalool et Limonene. Les parfums sont souvent des phtalates toxiques, mais difficiles à identifier, car souvent cachés sous le nom de “fragrance” ou “parfum”. Le même problème existe pour les savons, comme on l’explique dans ce LundiCarotte. Bien que l’utilisation de ces ingrédients ne soit pas idéale, ils sont présents en très faible dose. C’est pourquoi la plupart des consommateurs ne ressentent pas de gêne.
Les conservateurs, eux, évitent la prolifération des microbes avant et après l’ouverture du shampoing, ils sont indispensables pour les produits qui contiennent de l’eau (ceux qui n’en contiennent pas, qu’on appelle les shampoings solides, ne sont pas systématiquement mieux en termes de composition, mais ont le mérite louable de ne pas nécessiter d’emballage). Les plus tristement connus sont les parabènes. Ce sont des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire qu’ils agissent comme des hormones dans l’organisme, ce qui perturbe le fonctionnement des hormones produites par notre corps. Dans la liste INCI, le mot paraben est explicitement noté avec parfois un préfixe devant. Pour en savoir sur un ingrédient, la base de données de référence est celle de l’ECHA (European Chemical Agency). Dans notre salle de bains, on a par exemple identifié le Phénoxyéthanol, qui est irritant et toxique (si ingéré), le Behentrimonium Chloride qui est toxique, corrosif et dangereux pour la vie marine.
Attention, les listes ne sont pas exhaustives, d’autres ingrédients ne sont pas idéaux pour votre chevelure et votre peau. L’absence des ingrédients cités dans cet article ne garantit pas la qualité du produit, car nous nous sommes concentrés sur les plus utilisés.
Pour finir, on peut trouver des “ingrédients spécifiques”, qui sont ceux repris par l’emballage pour différencier son produit (camomille, argan, noix de coco...) qui permettent aux marques de différencier leurs produits des autres.

Moins se laver les cheveux ?

On entend souvent dire qu’il faut espacer les shampoings, car un lavage trop fréquent abîme nos chevelures. Les frottements lors du lavage y sont pour quelque chose, mais ce sont surtout les sulfates qui sont très agressifs. Limiter la consommation de ces sulfates est un bon début. Pourquoi pas même les bannir tout simplement de notre douche ?
Certaines personnes vont encore plus loin et suggèrent de ne plus se laver les cheveux pendant 15 ou 30 jours pour faire une cure de sébum. Cette pratique, dite le “no-poo’, a fait l’objet d’une récente passe d’arme sur Youtube, avec en invité d’honneur Cristina Cordula.

Quels labels pour m’y retrouver ?

Après toutes ces informations, on vous sent… rincés ! Pas de panique, pour prendre soin de vos cheveux, de votre corps et de la planète, voici des labels que vous pouvez chercher au rayon shampoing.
Le label NaTure certifie l’absence de parfums et de colorants de synthèse, l’absence de produits issus de la pétrochimie, ainsi que l’absence de silicones et de leurs dérivés (ingrédients issus du pétrole).
L’autre label est Nature et Progrès, qui a des exigences encore plus strictes : 100 % des ingrédients doivent être d’origine biologique, les conservateurs sont d’origine naturelle, le produit ne contient pas d’ingrédients chimiques de synthèse ni d’OGM (organisme génétiquement modifié) et 70 % des produits de la marque doivent avoir la certification Nature et Progrès.
Petit plus : les tests des cosmétiques sur les animaux sont interdits à la vente dans l’Union Européenne.

Se faire la boule à zéro ?

Chauve n’est pas seulement une ville dans le 44, mais aussi une coupe à part entière ! Que vous soyez homme ou femme et si vos cheveux vous ennuient, pourquoi ne pas passer le cap ? Cela vous évitera de chercher le shampoing parfait, vous gagnerez du temps le matin et vous connaîtrez la sensation incroyable de l’eau sur le crâne. Cerise sur le gâteau, la communauté chauve fait preuve d’humour derrière la bannière La confrérie des Chauves.

Les AstucesCarotte pour shampouiner durable

Si vous souhaitez trouver d’autres solutions plus saines pour votre douche, nous avons quelques astuces pour combattre les toisons crasseuses :
  • Étudier les compositions en trouvant les numéros CAS/EC, sur le site de cosmeticobs, par exemple, et rentrer ces numéros sur le site de l’ECHA pour connaître les enjeux sanitaires et environnementaux.
  • Pour une info moins prise de tête (mais moins approfondie) : scanner ses bouteilles avec l’application Yuka
  • Privilégier des sulfates doux comme le Sodium Cocoyl Isethionate ou d’autres agents lavants comme les glucosides
  • Découvrir les joies du cheveu propre fait maison et zéro déchet en faisant son shampoing soi-même, à base de savon de Marseille ou de farine de pois chiche ou d’œufs (mais attention à l’omelette s’il est rincé à l’eau trop chaude).
  • Se diriger vers le no-poo avec les poudres ayurvédiques, comme le rhassoul ou l’argile, cependant il faut les manipuler avec des accessoires non métalliques.
Nous vous souhaitons une bonne suite de déconfinement avec des cheveux fraîchement lavés (avec des produits doux) ou en pleine cure de sébum, car il n’est pas trop tard pour commencer.
Marianne Bourdet
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