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Un savon tout propre

Le 15 janvier 2018
#OFFICIEL Nous avons le plaisir de vous annoncer le retour de la formule originale de LundiCarotte, avec un seul mail par semaine, le lundi en l'occurrence.
Un seul, mais alors, complet de chez complet. Asseyez-vous bien confortablement, servez-vous un grand verre d'eau, lavez-vous les mains, et c'est parti pour un LundiCarotte sur nos amis les savons.
Vignette de l'article Un savon tout propre
L’industrie du savon et du gel douche a été fortement envahie par des composants chimiques au cours des dernières années. C’est d’ailleurs assez rare pour le faire remarquer : Wikipédia critique les savons « commerciaux » avec virulence.
Vendre du savon, c’est avant tout une affaire de marketing. Les professionnels du savon le disent eux-mêmes, pour vendre un savon, il faut un joli flacon, une bonne odeur, et une image de marque. Beaucoup d’esbroufe pour pas forcément grand-chose : savez-vous que la mousse du savon n’est pas le gage d’un lavage efficace, et vice-versa ?
Alors, à quel saint se vouer ? Tout d’abord, il faut prendre avec des pincettes les mentions “Hypoallergènes”, “Testé dermatologiquement”, et “Sans allergènes”, qui sont réductrices et peu contraignantes. Dans la catégorie des appellations abusives, il faut également noter que le savon anti-bactérien ne réduit pas davantage les risques de maladies infectieuses que le savon normal.
Dans les faits, pour atteindre l’odeur idéale, la texture parfaite, ou l’aspect idoine, la plupart des fabricants de savons et de gels douche incorporent dans leurs marmites divers produits chimiques, et ce, souvent au détriment de notre santé et de l’environnement.
Pour notre santé d’abord, un certain nombre d’ingrédients des savons et gels douche sont à éviter. Certains produits sont même interdits, mais cette interdiction ne fait pas toujours l’objet d’un contrôle. Les perturbateurs endocriniens font partie des produits à éviter. Ce sont des produits chimiques qui peuvent bloquer, imiter ou interférer avec les hormones de notre corps. Dans les savons, on retrouve les phtalates, les parabens et le triclosan.
  • Les parabens sont des conservateurs. Ils sont liés au développement de certains troubles de la reproduction. Pour les éviter, repérez les terminaisons en –paraben. Attention, les produits « sans parabens » peuvent contenir d’autres conservateurs potentiellement toxiques comme le phénoxyéthanol.
  • Les phtalates sont des parfums. Ils peuvent avoir des effets sur le développement des organes sexuels ainsi que la production de testostérone chez l’homme. Le “diethyl phtalate” est le seul phtalate encore autorisé dans les cosmétiques. Malheureusement, ce coquin se cache souvent sous le nom générique de “fragrance”. Les savons bios ou naturels n’en contiennent généralement pas.
  • Le triclosan est un antibactérien très utilisé, qui peut influencer l’activité musculaire, entre autres celle du cœur. Pour le repérer sur l’étiquette, son petit nom c’est “5-chloro-2-(2,4-dichlorophénoxy)phénol”.
L’association UFC Que Choisir vous aide à repérer les produits contenants des perturbateurs endocriniens, ainsi que les produits cancérogènes ou autrement problématiques, en listant les mauvais élèves. Ecoconso a aussi créé une magnifique liste des ingrédients à privilégier et de ceux à éviter.
Pour la planète maintenant, les produits de synthèse présents dans de nombreux gels douche, en plus de ne pas toujours être bons pour la peau, donnent pas mal de travail à nos stations d’épuration. Bien qu’efficaces, elles n’éliminent pas complètement la pollution des eaux.
On peut privilégier des produits d’origine naturelle ou labellisés, par exemple Slow Cosmetic ou Nature et Progrès, ou bien, plus facile à trouver en grande surface : Ecocert, Ecolabel, ou Cosmebio.
Ceci étant dit, penchons-nous sur la question des savons durs, les fameux pains de savon. Aux dernières nouvelles, un savon dur est plus écologique qu’un savon de type gel douche : 25 % d’émission de CO2 en moins au cours de sa vie de savon, moins d’emballages, moins de produits de synthèse et moins de grammes nécessaires par utilisation. Mais attention, l’industrie du savon nous réserve des surprises : la recette bon marché des pains de savon consiste à mélanger des billes de savons fabriquées en Indonésie ou en Malaisie, à partir d’huile de palme. Cette fameuse huile de palme qui n’en finit pas de faire parler d’elle lorsqu’il est question de déforestation massive…
« Aux dernières nouvelles, un pain de savon est plus écologique qu’un savon de type gel douche »
Des techniques plus traditionnelles, parmi lesquelles le savon de Marseille et le savon d’Alep, consistent à faire bouillir pendant quelques heures une tambouille à base d’huile végétale. Pour un vrai savon de Marseille par exemple, il faut respecter scrupuleusement une proportion de 72 % d’huiles végétales (et surtout pas d'huiles animales). Enfin, le top du top des écolos, le savon fabriqué par saponification à froid. Issu d’un processus artisanal et particulièrement économe en eau et en énergie, il serait en plus meilleur pour la santé. On les repère avec la mention “Saponifié à froid”.
Pour finir, à éviter absolument si on aime les dauphins : les microbilles de plastique. Utilisées dans le but d’obtenir une texture onctueuse, elles se retrouvent dans de nombreux gels douche. Elles sont également pointées du doigt en raison du désastre écologique qu’elles engendrent. Les stations d’épurations n’étant pas en mesure de les filtrer, ces petites billes de plastique se retrouvent dans nos océans. Ce serait chaque jour entre 2 000 et 9 000 tonnes de plastique jetées à la mer sous forme de microbilles, que l’on retrouve in fine dans les poissons et dans les crabes. La France a été l’un des premiers pays à légiférer sur le sujet, mais curieusement, les microbilles ne sont pas encore éradiquées. Vous pouvez consulter une liste des produits en contenant ici et une liste des produits n’en contenant pas .
Pour conclure, vous avez peut-être un copain qui vous a avoué un jour qu’il n’utilisait plus de savon et qu’il ne s’en portait pas plus mal… si les dermatologues ne sont pas tous d’accord sur le sujet, il semble tout de même (article en anglais) qu’un bon nombre de personnes ne se savonnent pas de la tête au pied chaque jour, mais seulement quelques parties dites « stratégiques ». Il se pourrait même que trop se savonner les bras et les jambes soit mauvais pour la peau.
Nous vous souhaitons une bonne semaine à ne pas vous laver, ou alors pas trop, ou alors avec du savon saponifié à froid, ou alors avec du vrai savon de Marseille, ou alors avec ce que vous avez sous la main…
Alix Dodu et Théodore Fechner
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