Cette semaine, avec cet article, LundiCarotte s'attaque à un sujet qu'on aimerait savoir propre : nos machines à laver. Nous allons essayer de voir comment réduire leur consommation d'énergie, et parler de l'enjeu des micro-plastiques liés au lavage des vêtements en fibres synthétiques !

Roulement de tambour

Le 4 novembre 2019
Cette semaine, avec cet article, LundiCarotte s'attaque à un sujet qu'on aimerait savoir propre : nos machines à laver. Nous allons essayer de voir comment réduire leur consommation d'énergie, et parler de l'enjeu des micro-plastiques liés au lavage des vêtements en fibres synthétiques !
Vignette de l'article Roulement de tambour

De gros consommateurs ?

En France, 60 % des personnes équipées de lave-linge de moins de 5 ans consomment entre 150 et 250 kWh par an, soit 5 % de leur consommation électrique totale, mais pour toutes celles équipées de machines moins économes en énergie, la note peut être plus salée.
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Les postes de consommation électrique des ménages, le lave-linge est compris dans le lavage. Source : ADEME
Les facteurs impactant cette consommation électrique sont la classe énergétique des appareils, le chauffage de l’eau et la vitesse du cycle.
Pour commencer, la classe énergétique donne l’ordre de grandeur de la consommation électrique de la machine. Les classes vont de A+++ à D, de la moins gourmande en énergie à celle qui l’est le plus. Bonne nouvelle, on ne trouve sur le marché plus que des classes A et plus. Pour savoir comment décoder les étiquettes, ce tutoriel du gouvernement est bien utile. Même lorsque l’on achète en seconde main, il est intéressant de se tourner vers des modèles peu gourmands.
Pour la température de l’eau, plus on lave chaud, plus on consomme d’électricité (80 % de l’énergie sert au chauffage de l’eau). Pour un linge normalement sale, 40 °C suffisent largement. Autre avantage : cela abîme moins les vêtements !
Enfin, en ce qui concerne la vitesse du cycle, plus la machine tourne rapidement, plus l’on consomme d’énergie.
Il n’existe pas de réglementation concernant les programmes ECO, les fabricants font donc ce qu’ils veulent et c’est au consommateur de vérifier dans la notice les économies que permet ce type de lavage. Il s’agit en général d’une simple baisse de température. L’UFC - Que Choisir a décrypté pour nous les options de lavage.
Pour les foyers bénéficiant d’un double tarif, il est intéressant de faire tourner la machine durant les heures creuses. Utiliser son lave-linge hors des heures de grande fréquentation (18h-22h) permet également de ne pas dépasser les capacités de nos centrales électriques, qui doivent alors faire appel à des centrales secondaires plus polluantes, voire s’approvisionner en électricité auprès d’autres pays.
« Utiliser son lave-linge en heures creuses permet de soulager le réseau de production électrique. »

Les lave-linge font grise mine

Par delà l'énergie consommé à chaque lavage, on a besoin de comprendre le principe de l'énergie grise. L’énergie grise est le total d'énergie utilisée durant le cycle de vie d’un objet moins son utilisation, à savoir sa production, son transport, et son traitement après qu’il ait été jeté. C’est donc la partie immergée de l’iceberg. Il faut la prendre en compte quand l’on veut connaître la rentabilité énergétique d’un achat. Il n’y a pas que la consommation énergétique en utilisation qui compte !
Il y a quelques années de cela, LundiCarotte avait sorti une petite vidéo sur le sujet. On y apprenait notamment qu’il fallait faire attention quand on souhaitait renouveler son équipement : il faut que le l'économie d’énergie dûe aux performances énergétiques du nouvel appareil soit plus grandes que l’énergie nécessaire à la production de celui-ci, sinon on n’en économise pas réellement.
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Comme Garance, au moment du choix d’un appareil électroménager, prenez-vous en compte l’énergie grise ?
En 2013 l’Europe fabriquait 30 % du gros électroménager mondial. Le poids de ces produits freine leur transport, ce qui réduit l’importation d’Asie. Combinant économies de transport et de main-d'œuvre, l'Europe de l'Est s'est spécialisée dans la manufacture de lave-linge. On trouve donc facilement des machines fabriquées en Europe. L’énergie grise des lave-linge s’en trouve donc quelque peu réduite !
Il existe peu d’informations sur l’énergie grise d’un lave-linge. Nous avons trouvé le chiffre d’environ 1 100 kWh (anglais) pour un lave-linge canadien, ce qui équivaut à la consommation de près de 5 ans. C’était le CalculCarotte de la semaine !

D’amont en aval de la machine

L’impact environnemental d’un lavage ne se limite pas à sa consommation d’énergie : il faut aussi prendre en compte l’eau consommée et les déchets qu’il génère.
Les machines à laver représentent en moyenne 12 % de l’eau consommée par les ménages français. Un cycle de lavage utilise en moyenne 50 litres d’eau !
Quant aux produits de lavage, ils sont responsables d’un relargage de substances potentiellement toxiques. Avec eux sont emportés des bouts de tissus synthétiques inférieurs à 5 mm, les microplastiques invisibles à l’oeil nu, de la taille du nanomètre, dont l’impact est loin d’être microscopique.
Un peu de mise en contexte : 20 à 35 % des microplastiques primaires présents dans les océans (anglais) seraient issus des lessives de vêtements en fibres synthétiques.
« 20 à 35 % des microplastiques primaires présents dans les océans seraient issus des lessives de vêtements en fibres synthétiques. »
Ces microplastiques nuisent à la faune qui les ingère. Des études récentes ont également prouvé qu’ils peuvent s’envoler, à tel point qu’il neige maintenant du plastique dans les Alpes comme au Pôle Nord.
Pour limiter l’émission de microplastiques dans nos lessives, plusieurs options s’offrent à nous. Tout d’abord, tenter de limiter l’achat de vêtements à base de fibres synthétiques et leur préférer des fibres naturelles comme le coton, le lin ou le chanvre, par exemple. À noter que toutes les fibres contenant des matières synthétiques ne polluent pas de la même manière.
Si l’on a des vêtements en fibres synthétiques, il est donc recommandé de baisser la température de lavage pour éviter le détachement de microplastiques, même si le phénomène est essentiellement dû à l’action mécanique du lavage (anglais). Voici ici quelques illustrations, réflexions, et conseils sur le sujet des micro-plastiques.

Laver autrement

Des solutions existent pour rentabiliser nos appareils de lavage, au moins du point de vue de l’énergie grise. Les Français réalisent en moyenne un cycle tous les deux jours (pdf). On pourrait donc facilement se mettre à plusieurs pour une machine, comme c’est le cas notamment dans nombre de résidences étudiantes. Si l’on connaît bien ses voisins, pourquoi ne pas s’organiser pour mutualiser les machines ? Dans cette même perspective, les lessives à la laverie permettent d’amortir le poids de l’énergie grise.
Quant aux cycles en eux-mêmes, afin de réduire au maximum leur impact, on peut en limiter le nombre ! On peut en priorité s’assurer que toutes ses lessives se font à charge pleine.
On peut aussi, à rebours de la popularité croissante des lessives antibactériennes, laisser aérer des vêtements portés une fois afin de les remettre. Cela diminuerait mécaniquement la fréquence des machines.
Les jeans, par exemple, n’auraient presque pas besoin d’être lavés, si l’on en croit le PDG de Levi’s. Un peu cracra, nous direz-vous. On vous le concède, c’est l’argument esthétique de préservation du tissu qui est mis en avant par les adeptes de l’aération systématique des jeans.
Entre considérations hygiéniques et écologiques, il est possible de trouver un juste milieu. Il semblerait par exemple qu’un jean régulièrement aéré ne soit pas plus sale qu’un jean porté plusieurs jours de suite et lavé. A vous d’arbitrer !

Les AstuceCarotte pour laver tambour battant

  • Diminuer la température des programmes préserve les textiles et la facture !
  • Afin de faire moins de lessives, laver à charge pleine et utiliser franchement ses vêtements avant de les laver.
  • Au moment de faire les magasins, choisir des vêtements en fibres naturelles plutôt que synthétiques. Adieu microplastiques !
N’hésitez pas à nous partager par mail ou en commentaire vos astuces pour laver durablement, nous en avons besoin pour améliorer notre article ! Nous espérons que cet article vous donne des billes pour laver plus propre, et vous disons à bientôt !
Elisa Autric et Garance Régimbeau
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