Ça va saigner |
Le 2 mai 2022 |
On pourrait croire, à tort, que le sujet des règles n'intéresse que la partie de la population qui les a. Pourtant, tout un chacun connaît dans son entourage au moins une personne concernée. |
Préparez-vous, aujourd'hui on parle sang, tampons, serviettes hygiéniques, culottes menstruelles et autres surprises ! Que les “menstrues” coulent de source (ou pas) pour vous, dans tous les cas, il y en aura pour tous les goûts ! |
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Les règles, c’est quoi déjà ? |
Rentrons directement dans le rouge avec des détails des plus croustillants ! La durée moyenne d’un cycle menstruel est de 28 jours et les règles durent entre 2 et 7 jours. Que se passe-t-il pendant cette période ? Une muqueuse se crée dans l’utérus pour accueillir l’ovule en cas de fécondation. En l’absence de cette dernière, elle est expulsée par des contractions de l’utérus, ce qui provoque l’écoulement de sang : les règles. Dans ce sang, on trouve aussi bien des sécrétions vaginales, des sécrétions cervicales du col de l’utérus, des anticorps, l’ovule qui n’a pas été fécondé et des cellules souches. Pour la quantité, pas de panique, on est plutôt sur une tasse à expresso que sur la mer rouge ! Niveau robe, la couleur peut aller du rose, rouge foncé jusqu’au noir / gris (ce qui n’est pas bon signe). Mais en aucun cas bleu ou mauve comme on peut le voir dans de bien trop nombreuses publicités ! |
En France, on estime que les menstrues touchent environ 15,5 millions d’individus âgés de 13 à 50 ans, soit environ 40% de la population. Cela fait au final entre 2 200 et 3 000 jours de règles dans la vie, soit 6 à 8 ans d'affilée ! Des chiffres significatifs. |
Selon un savant CalculCarotte, cela ferait – si on prend en compte que tous les individus qui utilisent des tampons ou serviettes hygiéniques pendant 6 jours de règles se changent 5 fois par jour et durant 1 an – un total de 6 061 707 150 de déchets dans une année soit le nombre d’habitants sur la planète… |
Et les protections dans tout ça ? |
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En matière de consommation durable, les principaux enjeux sont les déchets et les composants. Voici quelques chiffres qui pourraient donner le tournis. Il s’avère qu’en France, en 2018 les déchets ménagers représentaient 29,7 millions de tonnes (l’équivalent de 2 941 tours Eiffel) soit environ 440 kg par habitant et par an. Selon l’Ademe, les textiles sanitaires dont font partie les produits hygiéniques représentent 14% des ordures ménagères résiduelles (résiduelles = celles qui ne vont pas au recyclage). Les protections à usage unique ainsi que leurs emballages (films protecteurs, applicateurs, cartons, papiers explicatifs…) finissent incinérés ou enfouis. |
Les règles, on ne s’en tamponne pas et on n’en fait pas toute une serviette |
L’invention des tampons ne date pas d’hier. Dans l’Antiquité, les Égyptiennes nobles utilisaient des bandes de papyrus, de coton, de lin, de laine enroulées autour d’un morceau de bois comme tampon ou des éponges de mer. |
Cette pratique disparaîtra au Moyen-Âge avec le monothéisme où l’introduction d’objets dans le vagin était considérée comme un péché. Toutefois, on trouve des références au fait que l’on pouvait offrir une petite coupette de son sang menstruel à son aimé ou son amant afin de garantir la fidélité. Le temps avance avec ses mœurs. |
La sérendipité permet d’inventer réellement le tampon pendant la Première Guerre mondiale et prend vraiment forme en 1929. En 1934, l’entreprise Tampax achète le brevet et lance le produit pour le grand public. Après la Seconde Guerre mondiale, une société allemande lance le tampon OB (Ohne Binde / Sans Serviette). Aujourd’hui, il existe des tampons de plusieurs tailles, avec ou sans parfum, avec ou sans applicateur. Il faut les changer toutes les 4 à 6 heures. |
En ce qui concerne les serviettes hygiéniques, la société Kimberly Clark, s’inspirant des bandages des infirmières pendant la Première Guerre Mondiale, se positionne rapidement sur le marché. Il faudra néanmoins attendre 1963 pour la trouver dans les centres commerciaux. L’innovation va permettre de laisser dans la boîte à couture les épingles pour des bandes adhésives puis des rabats souples adhésifs. Elle est plus ou moins épaisse, avec ou sans ailettes et il faut la changer toutes les 4 à 6 heures. |
Couvrez ce voile que je ne saurais voir |
La composition des produits d’hygiène intime reste en grande partie confidentielle pour l’instant, mais on sait qu’ils contiennent très souvent des ingrédients synthétiques avec parfois du parfum et même des crèmes adoucissantes. Les expériences réalisées en France ne sont pas très rassurantes… |
En 2016, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) a réalisé à ce sujet une enquête afin, d’une part, de contrôler la sécurité et, d’autre part, de vérifier la conformité des étiquetages. Elle a trouvé des traces de dioxines, de furanes, de pesticides comme le lindane, interdit en France, d’hydrocarbures aromatiques polycycliques…. L’ANSES, quant à elle, recommande aux fabricants d’indiquer les composants et d’employer des produits de meilleure qualité afin d’éliminer ou réduire au maximum les substances chimiques nocives. |
Le magazine « 60 millions de consommateurs » est également monté au créneau. Deux études consécutives en 2016 et 2019 constatent des « résidus de substances potentiellement toxiques dans cinq de ces onze références analysées ». En trois ans, d’après eux, aucune amélioration n’a été relevée sur ces composants dont on ne peut évaluer l’innocuité. |
Une lueur d’espoir ? En 2022 un projet de décret est élaboré au ministère de la santé afin d’imposer l’étiquetage de la composition complète. Il pourrait être publié au plus tard au 1er janvier 2023. |
Et l’emballage dans tout ça ? |
La réflexion sur les emballages débute seulement du côté des industriels. Comme chez les marchands de paquets de gâteaux, vous trouverez les emballages individuels aussi bien en plastique qu’en papier recyclé transparent, translucide ou de toutes les couleurs. Les efforts sur certains matériaux ou sur la taille de l’emballage global, qui permet de réduire les coûts de production, de stockage et d’envoi, sont timides. |
Néanmoins, on peut souligner quelques produits qui veulent se différencier sur le marché. Tampax lance, pour des gammes spécifiques, des applicateurs de tampons en carton et donne de façon simplifiée la composition de son emballage. D’autres marques, plus confidentielles, proposent la même chose comme Jho ou Fava qui mettent aussi en avant l’utilisation de coton bio certifié GOTS. Il existe depuis peu des applicateurs réutilisables tels ceux de la marque britannique Dame ou Thinx. Et enfin, il y a le tampon réutilisable, lavable en machine que l’on peut trouver à la Boutique Zéro Déchet par exemple. |
En démarche écologique, la start-up Fava propose la première offre en vrac de protections hygiéniques biologiques et biodégradables, certifiée Gots, en partenariat avec le groupe Casino. A partir du 14 juin 2021, les présentoirs trouveront un public dans 50 enseignes des magasins Monoprix et Franprix. Une offre d’achat dite de “dépannage” à 1,90 € pour 4 produits au choix qui correspond à une journée menstruée et 4,50 € les 10 produits au choix. Une façon intelligente d’aider quand les anglais débarquent de façon impromptue. |
La coupe est pleine |
La coupe menstruelle ou cup pour les intimes, est une petite coupelle en silicone qui se place dans le vagin pour recueillir le sang. Elle s’accroche aux parois vaginales par effet ventouse pour ne laisser passer aucune goutte. |
La plupart des coupes menstruelles sont en silicone et parfois en latex, des matériaux qui ne transfèrent pas à priori de composés chimiques et sans parfum. On peut se les fournir dans certains magasins bio, des pharmacies, des supermarchés et bien entendu sur internet. Des entreprises françaises les produisent comme Dans ma culotte, Claripharm ou Lunéale. Elle est également bonne pour le portefeuille car elle coûte entre 15 et 50€ pour une durée de vie d’environ 5 ans, comme celle d’un hamster. |
Et pour plus d'informations sur le sujet, retrouvez notre article dédié sur notre site Internet. |
Un ennemi si discret |
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Qui est le responsable de ce syndrome ? Le staphylocoque doré (S. aureus) qui est une bactérie très courante. Il vit bien souvent au niveau du nez, parfois au niveau de la gorge, de la peau ou du vagin et n’est pas dangereux. 30 à 50% de la population en est porteuse sans aucun risque. Mais certaines souches du staphylocoque sont capables de créer une toxine spécifique qui concerne 1% des propriétaires de vagins. Et l’accumulation de sang bloqué par un tampon ou une coupe peut être un terrain de production de cette toxine qui passe alors du vagin au sang. Les symptômes sont une fièvre supérieure à 38,5 °C, des vomissements, des malaises, des maux de tête, des diarrhées…
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Être culottée et toute mouillée au sec |
La culotte menstruelle est une solution intéressante de ces dernières années. Il a fallu attendre le XXIe siècle pour son retour. |
Le principe reste relativement simple. C’est comme les serviettes hygiéniques lavables mais en forme de culotte. Au niveau de l’entrejambe, plusieurs couches très fines permettent d’absorber le sang et l’humidité. Vous pouvez en trouver de toutes les formes et de toutes les coupes, pour toutes les occasions ! Elles absorbent l’humidité et peuvent se garder 12 h (selon le flux). En termes de durabilité, selon les marques et votre utilisation, vous pouvez les garder entre 5 et 7 ans. |
Les entreprises françaises semblent vouloir montrer leur volonté de bien faire dans la fabrication et la sécurisation de leurs produits. Les marques comme Sisters Republic, Rejeanne ou Lemahieu certifient le tissu via le label Oeko-Tex standard 100. D’autres démarches sont dans la continuité comme utiliser des tissus recyclés pour l’extérieur de la culotte ou passer d’autres certifications. L’entreprise Smoon complète son engagement, en reversant 1% de son chiffre d'affaires à la Maison des femmes. |
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Pas d’autres alternatives ? |
Dans les solutions assez peu évoquées, on trouve l’ éponge menstruelle qui permet aussi les rapports sexuels sans laisser une trace de sang et qui est biodégradable. Tout comme le reste des produits hygiéniques, il faut la garder entre 4h et 6h. |
L’éponge est un animal marin. Elle peut avoir des formes et des tailles différentes au naturel. Pour l’utilisation, on l’humidifie légèrement et hop on la place dans le vagin. Elle est réutilisable après rinçage et lavage au savon neutre. Il faut un peu de dextérité pour bien la mettre et la retirer. La spéléologie interne peut parfois intimider : l'option avec ficelle est possible. Vous pouvez trouver les produits en magasin bio, en pharmacie et sur internet avec des marques comme Aponi, Mamicup ou Free Moon. |
Non, rien de rien |
La palme verte revient à la rétention naturelle ou le "flux instinctif" née en 1970 aux États-Unis, sans aucune protection ! Apparemment certaines femmes arrivent à retenir leur sang d’elles-mêmes, en utilisant les muscles du périnée. Décidément, le corps humain n’a pas fini de nous émerveiller ! |
Les AstucesCarotte pour des règles durables |
- Privilégier les produits qui affichent tous les composants ;
- Essayer de sortir de sa zone de confort pour tester des produits qui ne sont pas à usage unique : culotte menstruelle, cup, tampon lavable… et de préférence fabriqué en France ainsi que bio ;
- Si vous avez des produits hygiéniques que vous n’utilisez plus, faites en un don à des associations qui les redistribuent comme "Règles élémentaires", via leurs boîtes de dons. Cette dernière estime le nombre de femmes victimes de précarité menstruelle à 1,7 million.
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Quelques lectures complémentaires drôles, décalées et sérieuses à la fois pour approfondir le sujet : |
- Tout sur les règles - Anna Roy et Mademoiselle Caroline (pour les adolescentes)
- Chattologies - Louise Mey et Claire fait Grr
- "Les règles, en avoir ou pas ?" - Martin Winckler
- Les Règles de l’amitié - Lily Williams et Karen Schneemann
- Insta : @jujulagygy
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On espère que cet article ne vous fera plus rougir quand on parlera des règles avec vous. N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences et anecdotes sur le sujet, pas de tabou chez LundiCarotte ! |
Prisca Cez |