Cette semaine, LundiCarotte innove en se lançant dans sa première série thématique. Nous entamons donc notre première enquête sur un vrai gros sujet : la viande. Nous avons choisi de traiter les différentes viandes, parmi les plus consommées, une par une, en commençant aujourd’hui par le poulet. Alors, oui, le sujet agite tous les débats actuels, que ce soit dans votre salle à manger ou sur les plateaux de télévision, et il suscite toutes les passions. Chez LundiCarotte, on ne juge pas et on ne force personne. On est conscient que l'alimentation est un sujet truffé de madeleines de Proust, néanmoins, il nous semble important de sensibiliser nos lecteurs à l’impact de la consommation de viande, tant il est important. On vous promet une évaluation objective avec des sources fiables, vérifiées et contre-vérifiées, des contenus diversifiés et des infos pertinentes sur les enjeux qui nous concernent : santé et environnement. Toujours avec un ton léger et toujours en proposant des astuces à adopter pour une consommation plus durable !

La chair de poule

Le 10 octobre 2022
Cette semaine, LundiCarotte innove en se lançant dans sa première série thématique. Nous entamons donc notre première enquête sur un vrai gros sujet : la viande. Nous avons choisi de traiter les différentes viandes, parmi les plus consommées, une par une, en commençant aujourd’hui par le poulet.
Alors, oui, le sujet agite tous les débats actuels, que ce soit dans votre salle à manger ou sur les plateaux de télévision, et il suscite toutes les passions. Chez LundiCarotte, on ne juge pas et on ne force personne. On est conscient que l'alimentation est un sujet truffé de madeleines de Proust, néanmoins, il nous semble important de sensibiliser nos lecteurs à l’impact de la consommation de viande, tant il est important.
On vous promet une évaluation objective avec des sources fiables, vérifiées et contre-vérifiées, des contenus diversifiés et des infos pertinentes sur les enjeux qui nous concernent : santé et environnement. Toujours avec un ton léger et toujours en proposant des astuces à adopter pour une consommation plus durable !
Vignette de l'article La chair de poule
Le fort attachement des Français à la volaille ne date pas d’hier ! C'est souvent à Henri IV que l'on attribue la promesse suivante : « Je veux qu'il n'y ait si pauvre paysan en mon royaume qu'il n'ait tous les dimanches sa poule au pot ». Aujourd’hui, le poulet, ce n’est plus une coutume, c’est une véritable industrie !

Le poulet et les Français

Un poulet, étymologiquement parlant, c'est une jeune volaille, mâle ou femelle, de la sous-espèce Gallus gallus domesticus (gallus, la Gaule, cocorico !).
En France, en 2020, on estime aujourd’hui sa consommation à 20,7 kg de poulet par habitant par an. Par ailleurs, elle est en constante augmentation depuis 1970.
L'image du poulet entier qui nous vient à l'esprit ne correspond plus vraiment à la réalité : en 2020, il représente moins de 20% des achats, tandis que 60% de la viande est vendue à la découpe, et que le reste est consommé sous forme de produits panés ou de nuggets.
La moitié de la viande de poulet consommée en France est importée.
Lorsque l’on mange hors de chez soi, ce chiffre est encore plus élevé : il se situerait autour de 60 %. Les principaux exportateurs sont le Brésil (à croire qu’il fait de la concurrence aux oranges), les Etats-Unis, mais également les pays de l’Est, qui ont un rendement supérieur en termes de poids par rapport aux poulets français.

Le poulet et la santé

20 kg de poulet par an pour le Français moyen, mais encore faut-il savoir ce qu'il y a dedans ! Pour en avoir le cœur net, LundiCarotte sort sa nouvelle botte secrète : Cronometer. C'est un site Internet semblable à l'application Yuka (dont nous vous parlions dans un précédent article), mais en plus dodu : il fournit dans le détail la teneur en protéines, vitamines et autres nutriments de nos assiettes.
Nous avons résumé les apports nutritionnels de la viande de poulet dans un tableau en annexe, et nous les avons comparés à d’autres viandes, ainsi qu'à l'une des stars de l'alimentation végétale : la lentille.
Lien vers notre super tableau comparatif : lundicarotte.fr/articles/viande
Bilan des courses : le poulet est plus calorique et plus riche en protéines, tandis que les lentilles contiennent davantage de fer et glucides et sont pauvres en graisses. À propos de graisses, justement, la viande de poulet est moins riche que les autres viandes en graisses saturées, un type de gras dont il vaut mieux se méfier.
Anticipons un peu les prochains articles de notre série sur la viande : voici ce que déclarait en 2009 l'Association de diététique américaine, qui regroupe plus de 100 000 praticiens.
« L'American dietetic association est d'avis que les régimes végétariens bien planifiés [...] sont sains, adéquats sur le plan nutritionnel et peuvent procurer des bienfaits pour la santé dans la prévention et le traitement de certaines maladies. »
En somme, la viande de poulet n'est pas en elle-même nécessaire à notre alimentation, ce sont les nutriments qu'elle contient qui le sont.
« En somme, la viande de poulet n'est pas en elle-même nécessaire à notre alimentation, ce sont les nutriments qu'elle contient qui le sont. »
Pour un rab d'infos nutritionnelles sur la viande de poulet, on vous conseille le site de passeport santé.

Le poulet et le carbone

Si nous avons comparé le poulet et les lentilles dans la section précédente, c'est que le bilan carbone de ces dernières est impressionnant : un petit 38 grammes de CO2 équivalents pour 100 grammes de lentilles. Pour la viande de poulet, ce chiffre est multiplié par 18.
Les impacts environnementaux de l’élevage de poulet et de volaille en général sont les mêmes que pour d’autres élevages intensifs de bétail : pollution des sols, accaparement des terres arables, émissions de gaz à effet de serre, propagation de pathogènes et autres. Ils sont cependant plus faibles pour l’industrie de la volaille que pour l’élevage porcin ou bovin (plus d'infos dans nos prochains volets sur la viande !)

Et le bien-être dans tout ça ?

Depuis peu, l'expression « bien-être animal » est employée à toutes les sauces, tant et si bien qu'on ne sait plus vraiment ce qu'elle signifie.
Heureusement, l'Organisation mondiale de la santé animale est là pour remettre les coucous à l'heure. Elle définit le bien-être animal comme le respect de cinq libertés fondamentales :
  • la liberté physiologique (l'absence de faim, de soif)
  • la liberté environnementale (logement adapté à l'animal)
  • la liberté sanitaire (l'absence de douleurs ou de maladies)
  • la liberté comportementale (la possibilité d'exprimer des comportements normaux, propres à chaque espèce)
  • la liberté psychologique (l'absence de peur ou d'anxiété)
En plus d'aspirer à toutes ces conditions, les poules (et donc les poulets) sont des animaux qui aiment explorer leur environnement. Ils apprécient de gratter la terre et de se percher dans les arbres.
Les mamans poules, quant à elles, jouent un rôle éducatif très important envers leurs poussins : elles leur enseignent les aliments à éviter, comment s'abriter, ce dont il faut avoir peur et, plus généralement, comment se comporter dans leur environnement social.
Pour plus d'infos fascinantes sur les poules, on vous recommande la chaîne du très bon Cervelle d'Oiseau !
Retraçons maintenant le parcours d'un poulet élevé dans le secteur conventionnel (ce qui représente quand même les deux tiers de la filière).
Des poules reproductrices pondent notre petit poulet : dans l'ensemble des 112 couvoirs français, il se pond près de 3 millions de poussins par jour, qui ne connaîtront hélas pas leur maman. Quelques jours après sa naissance, notre poussin rejoint un élevage : un bâtiment fermé, sans accès à l'extérieur. Notre poulet a toutes les chances d'y être à l'étroit : en fin d'élevage, la concentration de poulets est habituellement de 18 volailles par mètre carré (soit un peu moins d'une feuille A4 par animal).
« En élevage conventionnel, les poulets sont élevés sans accès à l'extérieur et la concentration y est habituellement de 18 animaux par mètre carré »
Un mot concernant les conditions de vie dans ce genre d'élevage conventionnel : à plusieurs reprises, les rapports de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) ont mis en lumière le manque de bien-être qui caractérise ce type d'élevage : animaux passant la majorité de leur temps couchés, lésions cutanées dues à la promiscuité, étouffements… Des déclarations corroborées par les récentes enquêtes de l'association L214, qui milite pour les droits des animaux.
Dans des conditions prospères, la longévité d'une poule est d'une dizaine d'années ; cependant, c'est au bout de 35 jours que notre poulet sera amené à l'abattoir.
Dans les rapports officiels, les poulets ne sont pas comptabilisés en nombre d'animaux, mais en tonnes : en 2020, pas moins de 1,18 million de tonnes de poulets sont ainsi sorties des abattoirs français. À 1,5 kg le poulet, cela fait beaucoup de poulets : presque 800 millions ! Ce chiffre tient compte de l'élevage conventionnel ainsi que des élevages labellisés.

Tutoriel sur les labels

Parlons des labels, justement. Les conditions de vie des animaux sont un peu différentes en agriculture biologique ou en Label Rouge.
Si l'élevage conventionnel est majoritaire, il est talonné par l'élevage de type Label Rouge, qui représente 15 % de la production de poulet. La durée de vie de ces poulets est d'un peu moins de trois mois (contre un peu plus d'un mois en conventionnel).
Illustration
Lorsque le Label Rouge est associé à la mention « fermier en liberté », le poulet dispose d'un accès au plein air (deux mètres carrés par animal).
Cependant, c'est le label biologique qui est le plus exigeant : la densité d'élevage est deux fois moins élevée qu'en conventionnel et les poulets ont accès à un espace plein air pendant au moins un tiers de leur vie.. L'âge minimal d'abattage des poulets est de 81 jours, comme en Label Rouge. À l'heure actuelle, l'élevage biologique ne représente que 1 % de la production de viande de poulet.
À noter également que ces deux labels (label rouge et label biologique) n'imposent aucune contraintes concernant l'abattage des animaux : il s'agit des mêmes conditions qu'en conventionnel.
Santé, impact écologique et bien-être animal : le compte est bon ! On espère que vous ressortez de tout ça avec quelques pistes pour consommer plus durable !

Les AstucesCarotte pour caqueter durable

  • Pour découvrir qui sont les poules, on vous conseille la chaîne Cervelle d'Oiseau sur YouTube.
  • À choisir entre deux élevages, une poule préférera sans aucun doute les conditions de vie du label Biologique.
  • On sait que certains de nos lecteurs aimeraient diminuer, voire arrêter de consommer de la viande de poulet, mais ne savent pas quoi manger à la place ! Dans ce cas, on vous recommande avec enthousiasme le Veggie Challenge.
Dites-nous tout sur vos habitudes de consommation de poulet ! Plutôt buckets KFC ou poulet rôti de chez votre artisan boucher ? On vous encourage à mener l’enquête pour savoir d’où provient le contenu de votre assiette !
Sortie du prochain volet sur la viande : le lundi 5 novembre. En attendant, on vous dit à lundi prochain !
Servane Courtaux et Paul Louyot
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