Le soleil vous manque ? Vous trouvez qu’à l’approche de l’été, la météo est tristounette, ou vous nagez au contraire dans votre sueur sous 35 °C ? Pour se changer les idées, on fait un petit saut à la piscine, qu’elle soit publique ou privée.

La tête la première !

Le 24 juin 2019
Le soleil vous manque ? Vous trouvez qu’à l’approche de l’été, la météo est tristounette, ou vous nagez au contraire dans votre sueur sous 35 °C ? Pour se changer les idées, on fait un petit saut à la piscine, qu’elle soit publique ou privée.
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Petit ou grand bain

La France ne se débrouille pas mal, puisqu’elle compte quelque 6 300 bassins de natation sur son territoire, soit un pour 10 000 personnes environ. Par rapport à nos voisins européens, c’est trois fois plus qu’au Royaume-Uni, mais presque six fois moins qu’en Espagne.
Côté privé, leur nombre a explosé entre 2000 et 2015 pour atteindre aujourd’hui 1,7 million de piscines, 65 % d’entre elles étant creusées et le reste étant hors-sol. D’après un rapport datant de 2007 de l’Ademe, la France était à cette époque le premier marché européen des piscines. En revanche, la tendance est à la baisse de surface (et donc du volume d’eau). C'en est fini des petites longues, aujourd’hui, la piscine est avant tout un lieu de détente.
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Profusion de piscines privées à l’Île de Ré, à côté de la mer, le comble !
La baignade urbaine est ainsi devenue la deuxième activité de loisir préférée des Français, après la marche. On comptait 23 millions de d’entrées dans les piscines publiques françaises en 2014 (pdf). En revanche ce n’est que le en nombre de licenciés.
Cet engouement pour la baignade pose des questions légitimes en matière de gestion de l’eau et de l’énergie. Se la jouer Alain Delon ou Romy Schneider, ça a un coût !

Non mais à l’eau quoi !

L’eau, parlons-en. Nos souvenirs du collège nous permettent de calculer le volume d’une piscine municipale de 25 x 15 x 2 m à fond plat… Pas moins de 750 mètres cubes !
La piscine familiale contient quant à elle en moyenne 45 mètres cubes d’eau. Ce volume moyen a été divisé par trois durant les 30 dernières années. Dans les années 1980, on avait manifestement la folie des grandeurs ! Pour comparaison, un ménage français (sans piscine) consomme en général 40 mètres cubes par an.
Pour alléger sensiblement la facture, il convient de rappeler qu’il n’est pas du tout nécessaire de vider sa piscine l’hiver. Seul un renouvellement de 30 % de l’eau est impératif, d’après Ouest-France.
Par ailleurs, l’eau des bassins extérieurs disparaît principalement par évaporation. L’installation d’une bâche dès que l’on ne s’en sert pas permet donc d’économiser 30 à 50 % d’eau pour un usage régulier. La bâche permet aussi de maintenir la température de l’eau et d’éviter l’accumulation de débris.

Une eau édulchlorée

Le deuxième point de vigilance est le traitement de l’eau et sa filtration. La solution la plus répandue est le chlore, très efficace pour éliminer les bactéries et autres germes tel la légionellose. Cependant, il est dangereux pour les sols et les plantes, si jamais l’eau venait à s’y déverser.
Pis, le chlore peut réagir avec les substances produites par les nageurs (transpiration, urine) pour former des chloramines, qui peuvent à la longue être irritantes pour la peau et les muqueuses. D’où la nécessité de prendre une bonne douche avant de se baigner dans une eau chlorée.
Pourtant, d’autres systèmes de filtration permettent de diminuer les apports en chlore. Parmi ceux-ci, l’électrolyse (courant électrique qui vient stimuler des ions désinfectants), l’ajout de produits différents (comme le PHMB) ou encore, la désintégration lumineuse (lampe UV).
Notons que ces solutions sont parfois relativement chères à mettre en place pour les particuliers (installation d’un électrolyseur ou d’une lampe UV), mais restent une goutte d’eau par rapport au prix de construction d’une piscine creusée.
Quant aux piscines publiques, même si elles sont légalement obligées d'utiliser du chlore, elles sont de plus en plus nombreuses à diminuer les doses. L'agent chimique serait en effet responsable de nombreuses pathologies respiratoires chez les maîtres-nageurs. Malheureusement, nous n’avons trouvé ni carte ni liste des piscines concernées.
« De plus en plus de piscines publiques souhaitent se passer du chlore, qui serait responsable de pathologies respiratoires chez les maîtres nageurs. »
Une dernière solution qui peut séduire certains est la biopiscine, ou piscine naturelle. Attention, on ne parle pas ici d’aller barboter dans une mare aux canards. Il s’agit de piscines creusées avec double bassin : une zone de baignade et une zone avec des plantes dites épuratrices.
Les piscines naturelles permettent d’éliminer totalement les traitements chimiques, à condition de bien vouloir accueillir quelques invités (escargots, insectes) lors de la baignade ! Cet article détaille leur fonctionnement.
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Exemple de piscine naturelle, avec le bassin de baignade et les plantes dépolluantes

Ambiance électrique à la piscine

Au-delà de la gestion de l’eau et de son traitement, les piscines sont de véritables gouffres énergétiques. D’après l’Ademe, elles représentent 40 % de la consommation d’énergie des installations sportives d’une ville, ces dernières étant le deuxième poste de dépense en énergie après les établissements scolaires.
Toute cette énergie a aussi un coût financier, comme nous le rappelait la Cour des comptes en 2018. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la plus grosse dépense (60%) reste le chauffage de la halle pour les piscines intérieures.
EDF dit qu’il est possible d’économiser jusqu’à la moitié de la facture en s’équipant d’un système performant, notamment en matière de chauffage. La Ville de Sète a, par exemple, mis en œuvre ce type de démarche, expliquée en vidéo ici.
Dans la construction des nouveaux équipements, l’architecture a une place importante, notamment dans la captation des rayons lumineux avec des formes de toit innovantes. De manière plus originale, nous vous parlions l’année dernière de la piscine de la Butte aux Cailles à Paris qui est chauffée grâce à la chaleur résiduelle de data centers.
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Différentes architectures pour différents usages.
Pour la piscine individuelle, la facture peut aussi vite grimper ! D’après Capital, cela représenterait quelque 450 € de budget annuel pour une piscine de 8 x 4 m. Alors, comment nager dans le bonheur sans mouiller trop la chemise ?
Les nouvelles énergies comme la géothermie et le solaire peuvent également être source d’économies substantielles. Le remplacement de la pompe de filtrage par un modèle à vitesse variable peut aussi faire économiser quelques deniers.
À moindre coût, la bâche déjà évoquée plus haut semble être un bon atout pour maintenir la température de l’eau. Enfin, le remplacement des ampoules et autres projecteurs par des LED permet d’espacer leur renouvellement (et donc le vidage du bassin) tout en diminuant l’énergie consommée.

Piscine pour tous, tous à la piscine

Certes, toutes ces dépenses ont un coût, notamment pour les collectivités. Rendre les piscines accessibles relève donc d’un véritable engagement social des communes, mais il saura profiter à tous. Ce n’est d’ailleurs pas impossible, puisque les 35 piscines de Paris, déjà parmi les moins chères, accordent des tarifs réduits ou la gratuité à plus d’une douzaine de catégories de public différentes.
Si les piscines pêchent de par leur consommation énergétique et bien souvent celle de produits chimiques, elles n’en restent pas moins un véritable atout pour la santé publique. Elles permettent notamment de lutter contre les conséquences néfastes de la sédentarité, de plus en plus montrée du doigt via des initiatives comme un pass sportif pour les jeunes.
Mal au dos ? Enchaîner les étirements le long des bassins est depuis longtemps reconnu comme un excellent remède à nos (trop) longues journées passées assis. Sans danger pour les articulations, la natation est un sport doux par excellence. C’est aussi l’une des rares activités physiques au cours desquelles femmes enceintes, personnes âgées et handicapées retrouvent une certaine aisance.
« Enchaîner les étirements le long des bassins est un excellent remède à nos journées passées assis. »
Outre cette formidable convivialité intergénérationnelle, les piscines ont également pour rôle de permettre à chacun d’apprendre à nager. Avec les températures de plus en plus élevées, les zones de baignade gratuites et surveillées sont de plus en plus fréquentées et la tentation est grande de s’en éloigner, augmentant ainsi les risques de noyade (on en comptait 600 en France l’été dernier).

Les AstucesCarotte pour nager durable

  • Si l’on dispose d’une piscine, s’équiper a minima d’une bâche, voire changer son système de filtration pour une solution plus durable ;
  • Ne pas vider sa piscine l’hiver ;
  • À la piscine publique, toujours prendre une douche avant et après la baignade ;
  • Bien s’hydrater, l’eau, ça assoiffe.
Pour compléter cet article et être fin prêts pour la baignade, nous vous proposons de relire nos deux précédents opus sur le maillot de bain et la crème solaire.
Plouf !
Servane Courtaux et Laura Sereni
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