Rond comme un ballon |
Le 9 juillet 2018 |
À partir de cette semaine, LundiCarotte lâche un peu la bride. Bien sûr, la consommation durable ne prend pas de vraies vacances : vous recevrez donc, jusqu’à fin août, un article toutes les deux semaines. |
Sans la victoire de l'équipe de France de football, vendredi dernier, cet article n'aurait pas eu la même saveur ! Nous adressons donc toutes nos félicitations aux Bleus, qui ont merveilleusement préparé le terrain pour cet article sur le ballon de foot. |
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Le football naît probablement dans les écoles privées britanniques à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ses ancêtres probables, la soule et le calcio florentin, étaient des jeux violents, pratiqués par des équipes en nombre indéterminé, dont les parties s'arrêtaient régulièrement faute de joueurs valides : selon la légende, quarante hommes se seraient noyés dans une mare lors d'une partie à Pont-l'Abbé (source : Histoire de Ballon, par le 2 Rochers FC). |
« La soule et le calcio florentin, probables ancêtres du football, étaient des jeux violents, dont les parties s’arrêtaient régulièrement faute de joueurs valides » |
À l’époque, les balles étaient encore rudimentaires : des vessies de cochons, de moutons ou de bœufs étaient gonflées, huilées et entourées de crin ou de foin, assurant à la balle un caractère rebondissant et une résistance relative. Au XIXe siècle, les vessies animales sont progressivement remplacées par du caoutchouc. La couche extérieure, faite de panneaux de cuir lacés, n'est pas encore bien étanche : les ballons ont tendance à s'alourdir considérablement quand il pleut. |
Heureusement, en 1951, un gardien de but danois révolutionne le système de fermeture de l'enveloppe extérieure. Il remplace les lacets par des coutures intérieures : les balles deviennent plus rondes et résistent mieux aux intempéries. Ce même gardien inventera aussi le fameux ballon à 32 panneaux, très répandu aujourd'hui. |
De nos jours, la majorité des ballons de foot ne sont plus faits à partir d'animaux, mais de cuir synthétique ou de composés plastiques. La vessie (poche gonflable interne du ballon) est soit en caoutchouc, soit en butyle, un plastique qui limite les pertes d'air. L'enveloppe extérieure, quant à elle, est constituée de l'un des trois composants suivants (du moins au plus résistant) : caoutchouc, PVC ou polyuréthane. Sans surprise, c'est cette dernière matière qui est utilisée pour le ballon de la coupe du Monde de cette année, dont Telstar 18 est le petit nom. Chose surprenante, les intemporels ballons en mousse jaune sont aussi constitués de polyuréthane ! Voilà un plastique qui fait le grand écart. |
Mais revenons à nos ballons. L’aventure du Telstar utilisé lors de la coupe du monde de 1970 continue aujourd’hui en Russie avec le Telstar 18. À l'époque, il a été conçu pour être repérable sur les téléviseurs en noir et blanc. Son design bien particulier l'a depuis rendu célèbre et a fait le bonheur d'Adidas, déjà équipementier sportif. |
Un ballon qui vient de loin |
Sialkot, vous connaissez ? Jusqu'à la semaine dernière, nous non plus ! Située au nord-est du Pakistan (vidéo), cette ville est la capitale mondiale de production de ballons de football. Le pays n'est pas qualifié pour la phase finale, mais sa présence se fait pourtant sentir à chaque match : il produirait jusqu'à 10 millions de modèles Telstar 18. |
Pourquoi diable va-t-on aussi loin pour produire des ballons de football ? La légende raconte qu'un colon anglais, soucieux de l'état de son ballon, demanda à un ouvrier du coin de refaire les coutures. Satisfait du résultat, il lui passa commande de ballons neufs. Une industrie venait de naître. Aujourd'hui, la ville de Sialkot produit à elle seule entre 40 et 60 millions de ballons par an. |
« La seule ville de Sialkot produit entre 40 et 60 millions de ballons par an » |
L'industrie du ballon de football est un commerce prospère : lors de l'Euro 2016, par exemple, Adidas prévoyait de vendre jusqu'à 7 millions d'exemplaires du ballon officiel. |
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Cette situation n’est pas exclusive aux ballons de football ; dans son rapport Anti-jeu publié le mois dernier, le collectif Éthique sur l’étiquette et le Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne) se penchent sur l’industrie des équipementiers sportifs. Que ce soient les balles ou les tee-shirts, la différence entre le coût de production et le prix de vente interpelle. Sur un maillot Adidas de la coupe du Monde vendu 90 €, les travailleurs et travailleuses touchent 0,8 €, tandis que la marque dégage 18 € de bénéfice net. |
Le football, facteur d'intégration |
Tout n'est cependant pas à jeter dans le modèle économique du football. Loin des écrans télé et des stars internationales, ce sport est maintes fois cité comme un facteur d'intégration important. Les exemples sont nombreux : en Allemagne, en Suisse, en Andalousie… et concernent les banlieues comme les populations immigrées. |
Et puis, comme le disait Éric Cantona : « Le football, c'est l'école de la vie ». |
« Le football, c'est l'école de la vie – Éric Cantona » |
Des ballons équitables |
Pour concilier intégration sociale et production éthique, des initiatives ont été lancées : la marque Ethletic en Allemagne, intéressante, mais difficile à trouver sur le Web. Mentionnons aussi les produits Fairball ainsi que les ballons d' Artisans du Monde. |
Les AstucesCarotte pour remplacer son vieux ballon |
Pour un matériau sans pétrole, choisir un ballon entièrement composé de caoutchouc. Pour un ballon qui dure longtemps, en choisir un en polyuréthane. Pour un ballon qui améliore la vie de ses producteurs, se tourner vers Fairball ou Artisans du Monde. |
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Paul Louyot et Vivian Noret |