Demain, c’est la fête du travail. Que vous fêtiez ce jour férié en bronzant au soleil ou en manifestant, vous serez peut-être aussi amenés à honorer la tradition en achetant un brin de muguet porte-bonheur. LundiCarotte fait donc un petit détour horticole, cette semaine.

Le temps du muguet

Le 30 avril 2018
Demain, c’est la fête du travail. Que vous fêtiez ce jour férié en bronzant au soleil ou en manifestant, vous serez peut-être aussi amenés à honorer la tradition en achetant un brin de muguet porte-bonheur. LundiCarotte fait donc un petit détour horticole, cette semaine.
Vignette de l'article Le temps du muguet
Selon la mythologie grecque, le dieu Apollon aurait inventé le muguet pour l'épandre sur le sol afin de protéger les pieds délicats de ses muses. De nombreuses autres légendes racontent l'origine de cette tradition. C'est probablement le roi Charles IX qui fut le premier chanceux à se voir offrir du muguet pour le 1er mai, en 1564.
Le muguet devient véritablement populaire au début du XXe siècle, lorsque Dior offre à cette date un brin de muguet à chacune de ses couturières parisiennes.
Depuis, le muguet cartonne. En 2017, pas moins de 75 millions de brins auraient été vendus lors du week-end du 1er mai, dont environ 60 millions chez les fleuristes tous les 1ers mai. Comme tous les ans, vous en trouverez également sur la place publique : les ventes de muguet sauvage représentent 10 millions d’euros ! À environ 1,5 € le brin de muguet, ça en fait 6 millions supplémentaires vendus ainsi à la sauvette.
Ceci était le CalculCarotte de la semaine !

La production du muguet

Près de 85 % des brins de muguet vendus en France proviennent de la région de Nantes, le reste venant essentiellement de la Bresse, à l'ouest du Jura. D'après un producteur bressan (vidéo) fier de son muguet, le muguet nantais est peut-être très beau, mais le sien fleurit plus longtemps !
La production entraîne un casse-tête logistique intéressant, car toutes les fleurs doivent être vendues pile le même jour et leur éclosion dépend de la météo.
Gros problème, donc, en 2016, car le muguet a fleuri tard. L’hiver était trop chaud et l’avril trop froid. En 2008 aussi, il s’est fait attendre, à cause de l’été pluvieux de l'année précédente. Dans ce cas, les horticulteurs tentent de sauver la donne en mettant les fleurs sous des tunnels de verre ou de plastique, en plus de la serre (non chauffée) dans laquelle poussent les fleurs. Cependant, on ne peut pas télécommander la nature et les quantités de muguet du 1er mai 2008 étaient d’environ 30 % inférieures à la normale. Cela dit, les pertes sont restées limitées pour les horticulteurs : qui dit moins de fleurs dit moins de cueillette, donc moins de main-d'œuvre à rémunérer.
Cette année, comme en 2011, le muguet est plutôt en avance. Pour les maraîchers, c'est bien moins embêtant qu'un coup de froid : les fleurs sont souvent cueillies quand elles commencent à éclore. Ensuite, leur tige est plongée dans un bac d'eau, puis tout ce beau monde termine sa floraison à l'intérieur d’énormes frigos, où les plantes continuent à se développer, jusqu'à arborer de superbes clochettes le jour J. À noter que les fluides frigorigènes contenus dans les frigos sont des gaz à effet de serre notoires.
Pour honorer la tradition, certains vont même jusqu'à utiliser des technologies de guidage laser : des maraîchers investissent dans des machines high-tech pour trier le muguet. Le brin officiel se compose de 18 à 20 clochettes et fait moins de 30 centimètres.

Une fleur sauvage

En opposition, on trouve les vendeurs de muguet à la sauvette, la fleur étant sujette à une dérogation spéciale qui légalise sa vente sans demande d’autorisation préalable le jour du 1er mai. Côté acheteur, le muguet à la sauvette a un petit avantage : il n’est pas forcément entouré d’un emballage en plastique de protection. Pour le marchand, la vente peut être juteuse. L’année passée, le Parti communiste aurait par exemple récolté 500 000 euros.
Si jamais il vous prend l'envie de vous faire un brin d’oseille en cueillant du muguet près de chez vous, faites attention à ne pas arracher les racines, pour que la fleur puisse repousser l’année suivante. Attention aussi aux règles de vente : seul le muguet sauvage, que l’on trouve généralement dans les sous-bois, est autorisé. À ce propos, tant que vous êtes dans les sous-bois et si vous avez un smartphone, nous vous proposons d’installer la super application PlantNet, qui permet d’identifier la flore que l’on croise en prenant une simple photo. Elle fonctionne aussi pour les plantes sauvages en ville. Chez LundiCarotte, on pense qu’un bon moyen de consommer les fleurs est d’apprendre à mieux les connaître.

La consommation du muguet

Ce qu’on trouve chouette aussi, c’est qu’avec le muguet, la tradition et la fleur sont toutes deux locales. Ceci contrairement aux roses de la fête des Mères, par exemple, qui peuvent venir d'aussi loin que le Kenya et qui sont souvent cultivées dans de mauvaises conditions. Bien sûr, le muguet reste un produit de luxe qui sera cette année passé par des frigos, mais nous qui donnons souvent des conseils de consommation, on est tentés de vous dire : pour le muguet, faites ce qu'il vous plaît !
On vous laisse avec Danielle Darrieux, chanteuse exquise du temps du muguet. Bonne semaine fleurie, et à lundi prochain !.
Alix Dodu et Paul Louyot
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