Matcha cha |
Le 24 mai 2021 |
Le matcha, on en entend parler de plus en plus, parfois sans trop savoir ce que c’est ni d’où ça vient. Alors voici quelques explications ! |
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Il éTHÉ une fois |
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Les plantes de thé sont recouvertes par un voile deux semaines avant la cueillette - Crédit photo : Kumiko Matcha |
Cette boisson verte porte le doux nom de matcha pour une raison très simple matcha signifie thé broyé. Le matcha est du thé vert en poudre obtenu grâce à une culture spécifique : les plants de thé vert utilisés sont recouverts d’un voile pendant deux ou trois semaines avant la fin de leur croissance. Grâce à cette astuce ingénieuse, les plantes privées de soleil sont obligées d’aller puiser les nutriments nécessaires dans le sol. Ce qui explique leur haute teneur en antioxydants. |
Le thé vert consommé sous forme de poudre, d’abord originaire de Chine, fut importé au Japon au IXe siècle. C’est là-bas que fut inventé le thé matcha, utilisé lors de cérémonies traditionnelles, le Cha No Yu, ce qui signifie « eau chaude pour le thé ». Au cours de ce cérémonial où les gestes sont précis, les moines bouddhistes dégustaient deux types de thé matcha : |
- D’abord un thé fort, le Matcha Koisha ;
- Puis, un thé issu de plantes plus jeunes et donc au goût moins fort, le Matcha Usucha.
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« 500 millions de tasses de thé sont bues par jour ! » |
Aujourd’hui, le matcha se consomme aux différents coins du monde. Voici un chiffre assez impressionnant qui nous fait réaliser à quel point le thé est une boisson consommée : 500 millions de tasses de thé sont bues par jour ! D’après l’organisation des Nations Unies pour l’agriculture, la consommation de thé grandira encore, notamment celle du thé vert (7,5% de croissance attendue chaque année !) reconnu pour ses bienfaits sur la santé. |
Le matcha, vraiment vert ? |
Comme nous l’avons évoqué plus tôt, le matcha est en fait du thé vert. Pour l’analyse de son impact écologique, nous nous sommes donc penchées sur cette variété de thé, principalement cultivée au Japon et au Kenya. |
En 2019, nous avions écrit un article entièrement dédié au sujet. Pour les plus curieux d’entre vous, le voici. |
Il faut savoir que l’empreinte carbone du thé résulte plus de la manière dont l’on chauffe l’eau que de sa production et de son transport : bon point pour le thé ! Même si l’empreinte en eau du matcha n’est pas encore calculée, elle peut, à l’instar de son impact écologique, être assimilée à celle du thé. Une tasse de thé coûte 40 litres d’eau. En comparaison, une tasse de café en coûte 10 litres. Les calculs sont bons, il est indéniable de reconnaître l’avance que prend le thé sur la bataille écologique. |
Par ailleurs, on peut imaginer que privilégier le matcha optimise au mieux les dépenses gourmandes en énergie, puisqu’au lieu de boire plusieurs tasses de café, une tasse de matcha suffit. |
Attention cependant. La monoculture du thé a un impact négatif sur la qualité des sols. L’utilisation massive d’engrais et la pulvérisation de pesticides n’y sont pas pour rien. Au Japon, on utilise sept fois plus d’engrais qu’au Kenya, des conduites qui entraînent le déclin de la biodiversité locale. De plus, les produits chimiques utilisés sont susceptibles d’être ingérés par les consommateurs. |
Plouf, plouf, c’est ce matcha que je vais boire ! |
« Le label équitable garantit un prix minimum pour les producteurs et une prime de développement pour améliorer les conditions de vie des ouvriers. » |
Une consommation durable est également une consommation qui prend en compte les conditions de travail des producteurs cultivant le produit choisi. Il est important de s’orienter vers du matcha issu du commerce équitable. Le label équitable garantit un prix minimum pour les producteurs et une prime de développement pour améliorer les conditions de vie des ouvriers. De plus, il existe du matcha dont le thé est issu de l’agriculture biologique et sans pesticides de synthèse. Si vous souhaitez comparer l’offre de matcha pour en tirer le meilleur produit en termes de rapport qualité prix, nous vous recommandons d’utiliser le site Openfoodfacts. |
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Un exemple de thé matcha sur le site Openfoodfact - Crédit photo : Open Food Fact |
Super-matcha ! |
Comme nous l’avons vu précédemment, le thé destiné à la préparation du matcha est renforcé en antioxydants qui sont particulièrement efficaces pour la peau, luttent contre le vieillissement des cellules, mais aussi le cholestérol et les maladies cardiovasculaires. Toutefois, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas un produit miracle qui résoudra tous vos soucis. La mise en avant de ce thé comme superaliment et avant tout une tactique des marques pour inciter à l’achat. |
Il ne faut pas oublier qu'à l'origine, le matcha est un concentré de thé vert bu dans le cadre de cérémonies traditionnelles au Japon, très peu dilué et préparé selon des étapes bien précises. Le comble est qu’aujourd’hui en France, on le consomme avec du lait, du sucre, etc. ce qui nous ramène encore une fois à l’effet de mode. |
Allongé ou matcha latte ? |
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Utilisation du matcha dans la cuisine ou en boisson lactée - Crédit photo : Gala |
Le matcha a réussi à conquérir la côte ouest des États-Unis, puis l’Europe, non seulement par son image “diet”, mais également par ses vertus énergisantes. En effet, un matcha donnerait de l’énergie jusqu’à six heures après son ingestion contre une heure pour le café. |
« Un matcha donnerait de l’énergie jusqu’à six heures après son ingestion contre une heure pour le café. » |
Alors ça, c’est sur le papier. Le matcha est effectivement présenté comme la panacée par de nombreuses personnes. Certains iront jusqu’à dire qu’il est la quintessence d’un mode de vie plus lent, plus tranquille. Ce que, chez LundiCarotte, nous ne pouvons qu’approuver. |
À la mode de chez nous |
Cependant, on ne peut s’empêcher de penser que tout cela semble assez contradictoire. Une boisson aux vertus énergisantes, importée d’un autre continent, est-ce vraiment un modèle à suivre ? |
Là est tout l’intérêt et c’est comme ça que nous est venue l’idée de rédiger un article sur le matcha. À la Rédac’, on s’amusait à lister les ingrédients à la mode et à comprendre l’engouement pour ces produits. Dans un autre article, nous avions voulu vous faire découvrir ces légumes oubliés, délaissés, pour leur redonner une place belle dans nos casseroles. On vous invitait alors à découvrir des produits cultivés près de chez vous. |
Même si le rutabaga ou le topinambour vendent moins du rêve sur Instagram que le matcha, c’est quand même un leurre de croire qu’il nous permet de ralentir parce qu’il répond à une tendance typiquement issue de la mondialisation et produite par elle : un pays occidental reprend des traditions culinaires ancestrales en leur donnant une image tendance. |
Bien sûr, remplacer votre tasse de café par une tasse de matcha, que ce soit pour votre santé ou celle de la planète, ne peut être qu’un bon pas ! Mais on peut dans la même démarche reconsidérer notre rapport aux produits, la raison pour laquelle on les consomme et la façon dont on le fait. |
Peut-être pouvons-nous réduire notre consommation de produits importés et, au lieu de leur chercher un substitut à tout prix, nous tourner vers des produits locaux, éprouvés depuis longtemps. On peut penser notamment à la chicorée produit démocratisé lors de la guerre, pour pallier le manque de café. |
Ou aux tisanes en tout genre cultivées en France, comme la camomille, la verveine, les feuilles de framboisier. Une membre de l’association a partagé avec nous son astuce : acheter en vrac différents types de tisane et composer ses propres infusions ! |
On comprend, quand on voit tant de gens se jeter sur le matcha comme la faim sur le monde : ça ne donne qu’une envie, y goûter ! La Rédac’ a elle-même fait son crash-test. Mais pourquoi ne pas se réserver ce plaisir lors d’une sortie, aller dans des coffee-shops spécialisés qui sauront mieux vous préparer cette boisson ? |
Les astuces carotte |
- Pour choisir son thé matcha, privilégiez celui issu du commerce équitable ;
- Le site Openfoodfacts permet de comparer les thés matcha selon leur rapport qualité prix ;
- Pourquoi ne pas réduire la consommation de matcha, un produit importé, et se tourner vers des boissons plus locales comme les tisanes cultivées en France ?
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Laura Dumaine, Andréa Vieira et Margaux de Vassal |