Surfons sur la vague |
Le 29 avril 2024 |
Aujourd’hui, nous portons notre attention sur le formidable réseau de postiers anonymes grâce auquel vous recevez cette info-lettre : Internet ! Cela dit, nous préférons prévenir : vous ne trouverez ci-dessous point de “Grand procès”, mais plutôt quelques chiffres explorant l’utilisation présente du numérique, son contenu et son impact, et quelques pistes pour réduire votre empreinte à cet endroit. |
|
Quel intérêt à Internet ? |
On estime aujourd’hui qu’environ deux tiers de la population mondiale est connectée à Internet. En France, cette proportion atteint 92,5%. |
Mais quel usage diable faisons-nous d’Internet ? L’entreprise de télécommunication Sandvine s’est prise au jeu de synthétiser les chiffres d’utilisation d’internet à l’échelle mondiale. L’unité de mesure est le Gigaoctet (Go), c’est-à-dire la quantité d’information échangée via Internet. Pour simplifier, on peut considérer ici que chaque Gigaoctet échangé sur Internet a à peu près le même impact environnemental et énergétique. Nous retenons de notre lecture de ce rapport trois choses : |
- en moyenne, une connexion fixe (par câble ou en WIFI) échange 15 Go de données par jour, et une connexion mobile (par carte SIM et réseau 4G) échange 1,7 Go par jour;
- en moyenne en Europe, une connexion échange 5,4 Go de données chaque jour sur Internet et c’est à 90% du téléchargement “depuis Internet vers son appareil”;
- les quatre plus grandes catégories d’informations échangées sont la vidéo (54%), les réseaux sociaux (14%), le partage de fichier (9%) et les jeux vidéo (7%).
|
A vous de jouer ! Pour évaluer votre échange mensuel de Gigaoctet, ce n’est pas sorcier : c’est normalement écrit sur votre facture (de carte SIM pour votre connexion téléphone, ou de ADSL ou fibre optique pour votre connexion fixe). Pour notre part, à la Rédac, nous sommes soucieux de vivre plutôt “déconnecté”, et à l’heure où nous écrivons ces lignes, notre total est de 4 Go pour le mois de mars … pas mal ! |
Premier(s) ordre(s) de grandeur de l’impact, par The Shift Project |
Dans son récent rapport, le think tank (groupe de réflexion) The Shift Project livre une étude détaillée des impacts du numérique en termes de consommation énergétique. |
|
|
Source : Shift Project |
Ce graphique permet ensuite de visualiser en un coup d'œil que l’énergie nécessaire pour fabriquer les équipements (en bleu, nommé “production”), est à peu près équivalente à celle nécessaire pour faire fonctionner les équipements (en orange, nommé “utilisation”). Pas de chance, on ne peut pas dire que l’un ou l’autre n’est pas important ! Il va falloir s’intéresser aux deux donc. |
Côté utilisation |
Le premier poste d’utilisation (20% du total) est l’usage des terminaux dans le quotidien (téléphones, télévisions, ordinateurs, objets connectés…). A priori, la plupart fonctionnent avec l’électricité du réseau, sauf si vous chargez votre téléphone dans votre voiture ou sur un de ces vélos-chargeurs qu’on trouve dans les gares. On vous renvoie donc vers notre article sur le choix de votre fournisseur d’électricité, et on vous donne tout de suite la conclusion : quelque soit votre fournisseur d’électricité, il s’agit premièrement d’épouser une dynamique de sobrieté énergétique. Pour diminuer la consommation de votre terminal, le premier principe est celui-ci : couper les fonctionnalités que vous n’utilisez pas. Ainsi, vous pouvez par exemple mettre votre téléphone en mode Avion quand vous n’allez pas le consulter quelque temps, par exemple parce que vous êtes au sport ou dans les bras de Morphée. Pour ce qui est de l’ordinateur, ou de la télévision, le plus évident est d’effectivement les éteindre entre deux utilisations. |
La seconde partie de l’impact de l’utilisation quotidienne d’internet est la consommation énergétique des data centers , qui représente aussi un cinquième du total. Mais, au juste, qu'est-ce qu'un data center, et pourquoi consomme-t-il de l'énergie ? |
Un data center, ou centre de données, ou “serveur”, ce n'est ni plus ni moins qu'un tas d'ordinateurs spécialisés dans le stockage d'informations, auxquelles nous pouvons accéder (via internet justement) à tout moment. Tandis qu'auparavant, chaque entreprise possédait son propre centre, la tendance va à la réduction du nombre, mais à l'augmentation de la taille de ces data centers : pour reprendre la métaphore d'un article de howstuffworks.com, on passe progressivement d'un grand nombre de hamsters à un petit nombre d'éléphants. |
Tout comme les ordinateurs chez vous, ces centres de données consomment de l'énergie pour fonctionner. Ils en consomment même plus, d’une part car ils ne sont jamais éteints, ensuite car comme il y en a des centaines et des milliers dans la même pièce et que ce genre de machine a tendance à chauffer, donc il faut penser à un système de refroiidissement (qui représente en fait la moitié de la consommation énergétique d'un data center), et enfin parce que les entreprises mettant en place les data centers ont pour norme de stocker une même donnée plusieurs fois – au cas où l'un de ces centres viendrait à rendre l'âme. |
On estime que la quantité de données stockées sur des serveurs augmente d’environ 20 % par an. |
Côté production |
Côté production, on trouve à la queue leu leu la fabrication de nos ordinateurs, de nos télévisions, et de nos smartphones, dont on vous avait déjà parlé. Même si on ne le redit pas tous les jours, il est difficile d’ignorer le fort impact énergétique, plus largement écologique, et celui social, liés à la production de ces objets : extraction de minerais en zones de conflit, matériaux rares qui produisent des déchets importants, pollution, conditions ouvrière de production… |
Avec tout ça, et malgré les atouts évidents qu’Internet présente en face, la conclusion du Shift Project est franche : « La transition numérique participe au dérèglement climatique plus qu'elle n'aide à le prévenir ». |
« La transition numérique participe au dérèglement climatique plus qu'elle n'aide à le prévenir – The Shift Project » |
Quelle toile pour un futur durable ? |
On souhaite tout de même ici réfléchir à un juste Internet, à un juste milieu entre celui d’aujourd’hui qui s’emballe et celui d’il y a un siècle (qui n’existait pas). |
Sur le sujet du partage de connaissance, rendons-nous compte : Wikipédia, recensent une quantité d'informations équivalente à 850 volumes encyclopédiques pour seulement 5 Gigaoctets stockés en ligne (pour la version texte en anglais). |
Sur le sujet de la communication interpersonnelle : un email de la taille de cet article, c’est 0,1 Mo. En en envoyant 10 par jour et en en recevant le même nombre, ça représente 2 Mo échangés par jour, soit moins d’un Gigaoctet par an. |
Dans une résolution de 2016, l'ONU estime qu'il est important d'accroître l'accès à l'Internet, car il « facilite de vastes possibilités d'éducation abordable et inclusive à l'échelle mondiale » (traduction de la rédaction). |
« Il est important d'accroître l'accès à l'Internet, car il facilite de vastes possibilités d'éducation abordable et inclusive à l'échelle mondiale – l'ONU » |
Il s'agit donc de faire le tri entre les parties essentielles et utiles d'Internet et celles qui le sont moins. Qui fera ce grand tri ? C’est difficile à dire, et ce n’est même pas sûr que ce soit souhaitable. Cela interroge la notion de liberté de pensée, d’expression, de circulation numérique… Peut-être est-ce à chacun de faire un grand tri chez soi, dans son quotidien numérique. |
Faire le grand tri dans son quotidien numérique |
- Faire le tri dans ses appareils électroniques, et donner ou vendre ce qui ne nous sert pas et peut servir à d’autres;
- Avant d’acheter un appareil électronique neuf, réfléchir à l’acheter en seconde main;
- Estimer sa consommation de Gigaoctet par mois et identifier les plus grands postes pour pouvoir faire des efforts dessus;
- Porter une attention particulière à sa consommation de vidéo et de réseau sociaux, les deux plus gros échanges de données d’Internet;
- Pour diminuer la consommation de Go en regardant des vidéos, vous pouvez réduire la qualité de la vidéo;
- Pour éviter l'envoi de grosses pièces jointes dans vos mails, vous pouvez utiliser des solutions telles WeTransfer, qui stocke pour vous des gros fichiers et les supprime après quelque temps;
- Continuer de s’informer avec le jeu imprimable de Info Énergie
- Nous envoyer un mail avec des idées de résolution “sobrieté numérique” pour que nous les valorisions dans cet article !
|
|
La Rédaction espère franchement que les quelques grammes de CO2 générés par cet email vous permettront d'en économiser plus tard ! A lundi prochain ! |
Servane Courtaux, Paul Louyot, et Théodore Fechner |
