Ce lundi, on se met à table avec un LundiCarotte sur les fast-foods. Autant vous dire que pour les carottes, vous pouvez repasser !

Sur place ou à emporter ?

Le 19 mars 2018
Ce lundi, on se met à table avec un LundiCarotte sur les fast-foods. Autant vous dire que pour les carottes, vous pouvez repasser !
Vignette de l'article Sur place ou à emporter ?
Commençons par défaire un préjugé. Si travailler dans un fast-food n’est pas connu pour être une sinécure, il faut rendre à César ce qui est à César les fast-foods détruisent moins d’emplois qu’on ne le pense.
Avec 4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France pour 69 000 employés soit 39 500 en équivalent temps plein, on peut considérer qu’un euro donné à McDonald’s crée 0,0000083 emplois. Ce n’est que très peu au-dessous de la moyenne de la restauration rapide, qui se situe à 0.0000093 emploi/euro. C’était le CalculCarotte de la semaine.
Tout ça pour dire que les grandes chaînes de fast-food sont moins des triangles des Bermudes à emplois qu’on ne le dit. Toutefois si les grands groupes du secteur mettent souvent en avant les nombreux CDI qu’ils proposent, c’est aussi parce qu’ils savent que les gens partiront vite d’eux-mêmes. En France, McDonald's est le groupe avec le plus fort taux de démission.
La création d’emplois est soit dit en passant un des grands arguments des pro-McDonald’s dans le bras de fer qui a lieu pour l’implantation ou non d’un restaurant de la chaîne sur l’ile d’Oléron. Si le maire local et une majorité de la population s’opposent au projet, c’est pour des raisons culturelles et sanitaires.
Parce que oui, on le sait bien, une virée au fast-food n’est pas une cure de santé. Outre le terrible triptyque sucré-salé-gras, dont la nuisance est bien connue, on peut aussi déplorer la présence de nombreux additifs, et même de phtalates, des agents chimiques dangereux pour la santé qu’on doit aux nombreux contacts avec le plastique tout au long de la fabrication.
Une étude menée aux Etats-Unis en 2009 démontre que la présence d'un fast-food dans un rayon de 150 mètres autour d’une école augmente le taux d’obésité de 5%.
Mais au fait, l’obésité, késako ? La définition officielle la plus facile à appliquer, est un indice de masse corporelle (IMC) de plus de 30 - on parle de maigreur au-dessous de 18.25 et de surpoids au-dessus de 25.
Mais au fait, l’IMC, késako ? Il se calcule en prenant son poids en kilos, divisé par sa taille en mètres élevée au carré. Vous serez content de savoir que l’IMC moyen de l'équipe LundiCarotte est de 21.
Pour garder l’équilibre, il est recommandé d’ingérer entre 1800 et 2200 kilocalories (Kcal) par jour pour les femmes et de 2400 à 2700 pour les hommes. On peut comparer ça à la quantité de carburant qu’il nous faut chaque jour pour avancer. On imagine bien que si on met tous les jours trop d’essence dans sa voiture, on va avoir un problème un jour. Bon à savoir donc qu’un Double Whopper Cheese chez Burger King vaut déjà presque 990 Kcal. Si on ajoute les frites et le coca qui vont avec, ce dernier contenant l’équivalent de 7 morceaux de sucre, on atteint presque 1500 Kcal. En comparaison, 200 grammes de spaghetti à la bolognaise représentent 274 Kcal. Bien sûr, toute la restauration rapide ne se vaut pas. Le simple Whopper contient 660 Kcal et le grand sandwich Club de Subway 612 Kcal.
Aussi, les choses bougent un peu du côté des menus. Feu Quick avait supprimé le sel de ses frites en 2008, avant d’être racheté par Burger King. Côté législation aussi puisque par exemple, la fontaine à soda en illimité est interdite depuis janvier 2017.
Pour amoindrir l’effet sur la santé d’une petite visite occasionnelle au fast-food, le mieux est de maximiser les légumes et les sucres lents dans notre alimentation quotidienne.
En matière d’agriculture maintenant, si on remonte la filière, on apprend que McDonald’s est bien implanté dans le paysage français. La chaîne a plutôt la cote chez les agriculteurs, notamment pour la stabilité des contrats qu’elle passe avec ses fournisseurs.
La marque est particulièrement bien ancrée en France puisque 70% des produits agricoles proviennent de France. De plus, l’enseigne est connue pour inciter fortement ses fournisseurs à améliorer leurs pratiques. Certains déplorent du coup que cette incitation ne soit pas financière : la chaîne demande à ses fournisseurs de faire plus attention mais achète les produits au même prix.
En insérant quelques produits issus de l’agriculture biologique à sa palette gastronomique, la chaîne semble décidée à se soucier définitivement de ses approvisionnements.
Pour autant, les chiens ne font pas des chats et l’empreinte carbone d’un hamburger est très élevée. Le bœuf étant de très loin la viande la plus émettrice de CO2, une astuce pour sortir l’esprit tranquille d’un fast-food peut être de préférer les menus avec du poulet ou du poisson, voire même ceux végétariens.
Les fast-food, c’est aussi beaucoup de déchets. Par définition (PDF), la restauration rapide désigne “les entreprises d’alimentation et de restauration rapide ayant pour vocation de vendre exclusivement au comptoir des aliments et des boissons présentés dans des conditionnements jetables, que l’on peut consommer sur place ou emporter”. Un repas sur place au McDonald’s engendre environ 60 grammes de déchets et jusqu’à 100 pour une vente à emporter.
Bien sûr, l’idéal serait d’instaurer l’utilisation de vaisselle réutilisable pour les repas consommés sur place. En attendant, il y a quand même une bonne nouvelle : la plupart des emballages de restauration rapide sont aujourd’hui recyclables même pleins de sauce. Sauf qu'ils ne sont en fait pas recyclés. Sur 122 fast-food passés sous la loupe de l’association Zero Waste France, seuls cinq proposent un tri. Pourtant, à partir de 1100 litres de déchets par semaine, c’est-à-dire dans la plupart des cas, les restaurants sont obligés par la loi de les trier.
En bref, aujourd’hui, si vous voulez trier vos déchets au fast-food, vous devez les rapporter chez vous... Si vous aimez le contact humain, vous pouvez toujours vous renseigner poliment auprès du personnel sur l’emplacement des poubelles de recyclage dans le restaurant. Même s’il n’y en a probablement pas, manifester de l'intérêt encouragera peut-être quelques changements.
Ceci étant, la restauration rapide fait quand même quelques progrès. Par exemple, McDonald’s, considéré par certains comme le premier distributeur mondial de jouets, ne met plus de jouets à piles dans ses Happy Meal depuis 2015. Les sacs à emporter chez Quick sont en matière première recyclée. Chez Exki, bien que beaucoup d’emballages soient en plastique, le tri est instauré, les assiettes sont compostables et il est possible d’emmener ses restes dans un petit sachet (un emballage en plus cependant).
Si les grandes chaînes mettent beaucoup en avant le fait qu’elles recyclent les cartons de livraison et revalorisent les huiles de friture en biodiesel, il faut savoir que cette bonne initiative est imposée par la loi. Ce genre d’omission dans les campagnes d’information est considérée n'est pas très louable et certains appelleraient ça du greenwhashing.
McDonalds, qui détient plus de la moitié des établissements de restauration rapide en France, est particulièrement pointé du doigt pour son habitude de médiatiser fortement de petites initiatives pilotes qui n’aboutissent pas à de gros changements. On peut citer l’exemple du programme de lutte contre les emballages abandonnés, qui existe depuis 8 ans mais n’est instauré que dans 18 % des restaurants, ou le fait que McDonald's parle de trier ses déchets depuis 1992, quand on sait qu'il est aujourd'hui plus ou moins impossible de recycler son carton de frites.
Coté alternative, les deux chaînes qui semblent un peu en avance sont les restaurants Cojean et ceux Exki, malheureusement peu présents ailleurs qu’à Paris. Là-bas, pas de burger à l’horizon, mais quand même des menus qui n’ont pas l’air mauvais et qui peuvent se manger sur le pouce si vous êtes pressés.
Nous vous souhaitons un bon appétit pour toute la semaine. Enfin, avant de nous dire définitivement à la semaine prochaine, dans le cadre de la préparation d’une campagne de communication grandeur nature, nous vous mettons à contribution pour nous aider à identifier la crème de la crème des informations que vous avez trouvées un jour dans LundiCarotte. C’est par ici (une seule question).
Alix Dodu et Théodore Fechner
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