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Pierre, feuille, ciseaux !

Le 30 août 2021
LundiCarotte recherche un service civique. Si tu es intéressé par l’écologie et que la rédaction d’une newsletter ne te fait pas peur, tu peux nous envoyer ta candidature par mail à hello@lundicarotte.fr et pour en savoir plus sur le rôle du service civique, clique ici
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Vignette de l'article Pierre, feuille, ciseaux !

Dans nos petits papiers

On attaque cette rentrée avec une matière tant redoutée (et non, ce n’est pas le plastique !) : les maths !
Un employé de bureau utiliserait en moyenne 2 500 feuilles de papier chaque année. Parmi les 900 000 tonnes de déchets de papiers produits chaque année en France au bureau, plus de la moitié ne sont toujours pas collectés ni recyclés.
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Crédit photo : Palmashow
Le papier est l’un des premiers déchets qui se voit, surtout dans le milieu scolaire et professionnel. C’est par ailleurs l’un des premiers déchets que l’on nous apprend à réduire : « Attention à ne pas gâcher de feuilles, à bien écrire des deux côtés », etc. Même le moins écolo d’entre nous sait qu'il ne faut pas gâcher à tout va.
Le saviez-vous ? La consommation de papier à usage « graphique » décroît. D’après Statista, elle est passée de 49 % en France en 2005 à 34 % en 2018.

Une industrie qui ne montre pas toujours “pâte blanche”

Contrôle surprise ! Savez-vous comment est fabriqué le papier ? Sa production est loin d’être écologique.
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Processus de fabrication du papier - Crédit photo : Futura Sciences
L’industrie papetière consomme 40 % du bois abattu dans le monde. Ce dernier provient des forêts tropicales et boréales, d’Indonésie et du Brésil.
Ces pays connaissent une déforestation massive qui appauvrit les écosystèmes de leurs forêts naturelles. Les techniques de déforestation entraînent le remplacement des forêts anciennes par des monocultures. Elles consistent à mettre le feu (technique du brûlis) ou à utiliser des machines de chantier qui "coupent à blanc" (on coupe tout et on ne récupère que ce qui est vendable). En 2020, au Brésil, ce sont 1,7 million d’hectares de forêt vierge qui ont été détruits, soit l’équivalent de 2 380 000 terrains de football. Pour couronner le tout, la France est le premier pays importateur européen de bois tropical et de pâte à papier en provenance de forêts anciennes, augmentant ainsi l’empreinte carbone nationale.
Le processus de fabrication du papier blanc n’est pas très vert, c’est la troisième industrie la plus polluante dans le monde. Elle commence par la séparation des fibres de cellulose du bois à l’aide d’un traitement chimique au bisulfite neutre et au sulfate. Puis, pour obtenir un papier blanc, la pâte à papier est soumise à un traitement à base de composés organochlorés (agents de blanchiment utilisés comme solvants dans l’industrie papetière) toxiques pour les êtres vivants, car ils se retrouvent dans les eaux usées et les nappes phréatiques.

Recycler le papier, c’est pas sorcier et pourtant...

Face à cette industrie sans aucune limite écologique qui ne prête pas à sourire se développe depuis quelques années le papier recyclé. Le recyclage du papier consiste à extraire les fibres des vieux papiers et à en éliminer les contaminants (colle, encres…). Sans ce processus, le papier serait incinéré, émettant alors du gaz à effet de serre. Le taux d’utilisation des papiers et cartons recyclés a ainsi augmenté de 10 % depuis 2005 en France pour atteindre quasi 70 %. C’est une bonne nouvelle, n’est ce pas ?
La fabrication de pâte à papier à partir de papiers usagés requiert 20 fois moins d’eau que celle de la pâte à papier classique. De plus, la production de 1 t de papier nécessite jusqu’à 5 000 kWh d’énergie tandis que 1 t de papier recyclé en requiert la moitié. Cependant, retenez que le papier recyclé peut provenir d'un mélange de fibres recyclées et de fibres vierges.
« 1 t de papiers triés et recyclés économisent 300 kg de CO2 dans l’atmosphère. »
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Le papier recyclé en chiffre - Crédit photo : LundiCarotte
Le papier recyclé apparaît donc clairement comme une solution écologique. Malheureusement, elle possède une part d’ombre. Bien que le recyclage du papier en France soit en hausse de 1,5 % depuis 2014, notre pays ne recycle que 47 % du papier qu’il utilise alors que la plupart des autres pays européens recyclent plus de 50 % du leur. En l’absence d’une plus grande demande de papier recyclé, le prix des matières baisse et le chiffre d’affaires du secteur diminue. En conséquence, l’industrie du papier recyclé fait faillite depuis 2019 suite à la fermeture de l’entreprise Arjowiggins. Cette usine de production de papier était « la » référence européenne pour son papier à 100 % recyclé. Sur le site de WWF, on peut lire : « La faible part des achats de papier recyclé en France pénalise le développement de l’économie circulaire locale, avec tous ses atouts de réduction d’impacts environnementaux (eau, énergie, ressources) et de création d’emplois ». Résultat, les imprimeries locales doivent désormais se fournir en papier à l’étranger, aggravant le bilan carbone.
Mais rassurez-vous, en tant que Carottes responsables, des alternatives se trouvent à notre portée. Il existe plusieurs labels qui sont gages d’une méthode de production de papier respectueuse de l’environnement. Ces écolabels répondent à des critères décrits dans la norme internationale ISO 14024 : respect des exigences environnementales, prises en compte des impacts environnementaux durant l’ensemble du cycle de production, etc.
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Liste des écolabels et organisations engagés dans la protection des forêts et dans la certification de fournitures responsables, Source : LundiCarotte

Passer au numérique ?

Face à ces constats, pourquoi ne pas se tourner vers le numérique ? C’est le choix que font de plus en plus d’étudiants en troquant le papier et le stylo pour un ordinateur portable. Il est souvent bien plus simple d’effectuer une recherche sur Internet que dans des archives papier. Tout comme il est aussi plus rapide et moins cher d’envoyer un e-mail que d’écrire un courrier.
Malheureusement, les supports numériques ne sont pas plus écologiques que le papier. En effet, ce n’est pas parce que l’on ne voit pas de déchets que la pollution n’existe pas.
« Ce n’est pas parce que l’on ne voit pas la pollution qu’elle n’existe pas. »
On appelle à la barre la pollution (ou l’empreinte) numérique qui désigne toutes les formes de pollution engendrées par les technologies numériques : émissions de gaz à effet de serre, pollution chimique, érosion de la biodiversité, production de déchets électroniques. Les deux facteurs les plus aggravants sont pour 53 % les infrastructures réseaux et pour 47 % la fabrication et la fin de vie de nos équipements.
« Paradoxalement, plus on dématérialise, plus on utilise de matières. »
Le secteur du numérique est aujourd’hui responsable de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et le déploiement de son utilisation laisse présager le doublement de cette empreinte carbone d’ici à 2025. À titre de comparaison, le papier était responsable de 0,8 % des émissions mondiales de GES en 2017.
Ce qui pollue dans le numérique, c’est la lourde infrastructure informatique (fibres optiques, câbles, centres de données) qu’il faut refroidir continuellement à l’aide de climatiseurs. Pour éviter une surcharge des centres de données, conservez uniquement les fichiers utiles et privilégiez le stockage local car “chaque consultation de données sur le Cloud impose des allers-retours entre utilisateurs et serveurs”.
Les objets numériques ont des conséquences environnementales tout au long de leur cycle de vie. La production de composants complexes exige beaucoup d'énergie, des traitements chimiques et des métaux rares. Faire durer nos équipements numériques constitue le geste le plus efficace pour diminuer leur impact : passer de 2 à 4 ans d’utilisation pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50 % son bilan environnemental.
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Le cycle de vie d’un ordinateur - Crédit photo : ADEME
In fine, le numérique peut être une alternative au papier, mais il n’en est pas moins polluant pour autant.

Astuces carottes

  • Il est possible d'imprimer les documents importants plutôt que de les conserver en ligne;
  • De nombreux labels fiables existent pour bien choisir son papier, pensez-y lors de votre prochain achat ;
  • Soyons parcimonieux dans notre utilisation du papier : récupération pour des feuilles de brouillon, utilisation recto verso des feuilles, utilisation des carnets jusqu’au bout. Bonus ? C’est écologique ET économique.
Nous vous souhaitons une belle rentrée ou une bonne fin de vacances pour ceux qui reprennent tranquillement le chemin du travail. Merci de nous avoir lus et on vous dit à la semaine prochaine ;-)
Il ne nous reste maintenant qu’une seule petite question : à la suite de l'article d’il y a deux semaines sur le chanvre, êtes-vous tenté par l’achat d’un produit à base de chanvre (huiles, vêtements, construction etc.) ? Si oui, cliquez ici, sinon cliquez . Cela nous aidera à mesurer l’impact de nos articles sur votre quotidien.
Laura Dumaine, Laura Larrive et Andréa Vieira
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