Cette année, pas de festival de musique en vue. On ne sait pas vous, mais nous, ça nous en a mis un coup. Prévus dans tous les coins de l’hexagone, ils rythment d’habitude l’été. Alors pour tout de même avoir un parfum de vacances, la Rédac’ vous propose de partir avec elle à l’aventure dans la peau d’un festivalier.

Quand la musique est bonne !

Le 1 juin 2020
Cette année, pas de festival de musique en vue. On ne sait pas vous, mais nous, ça nous en a mis un coup. Prévus dans tous les coins de l’hexagone, ils rythment d’habitude l’été. Alors pour tout de même avoir un parfum de vacances, la Rédac’ vous propose de partir avec elle à l’aventure dans la peau d’un festivalier.
Vignette de l'article Quand la musique est bonne !

Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse

S'ils sont aujourd’hui des rendez-vous plébiscités par de nombreux fans de musique, les festivals ne se sont popularisés en France qu'au début des années 1980. Ils ont été conçus comme un moyen de valoriser les collectivités territoriales et de démocratiser la culture musicale. Plus critique, un journaliste du Monde diplomatique les décrit comme une forme de marketing territorial nappé de culture pour tous. Il n’en reste pas moins que les festivals contribuent activement aux processus de création et de diffusion de la culture en permettant la circulation des artistes et en donnant de la visibilité aux nouvelles productions musicales.
La mayonnaise a si bien pris qu'en 2019, la France recensait 1 800 festivals de musiques actuelles, dont ⅓ étaient consacrés au trio pop rock électro, suivi du jazz blues, tout ça pour plus de 7,5 millions de festivaliers.
Malgré cet engouement massif, il n'existe pas encore de législation claire pour encadrer l'organisation de ces festivals, notamment en matière de respect de l'environnement. Pour pallier ce manque, certains se sont regroupés en 2007 pour rédiger « La Charte des festivals engagés pour le développement durable et solidaire ». Grâce à elle, ils peuvent obtenir des aides financières supplémentaires de certaines collectivités territoriales. Une certification internationale, la norme ISO 20121 a aussi été créée pour garantir le management responsable de certains événements.
« Il n’existe pas de législation claire encadrant l’organisation des festivals en matière de respect de l’environnement. »

Voyage voyage

En route vers le festival ! De notre côté, nous avons opté pour les transports en commun plutôt que la voiture. C’est déjà un petit pas, surtout quand on sait que le déplacement des festivaliers représente à peu près 80 % des émissions de GES totales des festivals, du fait que les transports consomment majoritairement de l’énergie issue de la combustion de ressources fossiles. Face à ce constat, de nombreuses alternatives sont mises en place, comme des services de bus ou de covoiturage. Chaque personne qui abandonne sa voiture personnelle pour effectuer un trajet en bus génère entre 2 et 6 fois moins d’émissions de GES.
Mais ce n’est pas tout ! Il faut aussi compter le transport des artistes, de la direction, des entrepreneurs, de l'ingénierie, des vendeurs et des équipements. Bien qu’ils soient beaucoup moins nombreux que les festivaliers, les artistes viennent souvent de loin et se déplacent en avion.

La poupée qui fait non

Si le maquillage et les paillettes font souvent partie des indispensables de la tenue festivalière, qu’en est-il de leur durabilité ? Les paillettes, par exemple, sont souvent en microplastique et se retrouvent facilement dans les océans, puis dans nos estomacs lorsque l’on consomme du poisson, par phénomène de bioaccumulation. Heureusement, celles que nous choisissons sont biodégradables et sans plastique.
Illustration
Il existe à présent tout une gamme de paillettes biodégradables pour partir en festival tout en respectant l’environnement.

Alors on danse

Une fois arrivés, on se joint à la foule agglutinée devant la scène, oubliant presque où l’on met les pieds. Le piétinement de la végétation a des effets sur le long terme.
Le compactage et le tassement du sol, en diminuant sa perméabilité, favorisent le ruissellement et augmentent la sensibilité des sols à l'érosion. En découle une perte de la végétation, car le tassement diminue considérablement les facultés de pénétration des racines et restreint la prospection racinaire.
Ici, pas vraiment de solution, si ce n’est définir correctement les chemins à emprunter pour éviter d’élargir la zone piétinée.

Il suffirait d’une étincelle !

La lumière et la musique qui sont au cœur des festivals sont-elles aussi immatérielles qu’on pourrait le croire ?
La logistique correspond à 7 % des émissions de gaz à effet de serre d'un festival. Elle comprend les consommations énergétiques de l’éclairage et de la sonorisation des scènes, les éléments scéniques et les éléments de décoration.
Pour réduire leur impact, plusieurs pistes ont été envisagées par les festivals. Le Paléo Festival ou encore We Love Green ont par exemple décidé d'utiliser des énergies renouvelables. Ceci est rendu possible par le travail de certaines entreprises comme la britannique Firefly qui se propose d'installer de grands panneaux solaires à proximité des festivals. We Love Green se fournit aussi en groupes électrogènes qui ne fonctionnent pas au fioul, mais à l'huile alimentaire recyclée.
Une autre solution a été adoptée par les Trans Musicales et Marsatac qui recourent à des solutions Greenlight et à des Led, caractérisées par une consommation énergétique 6,6 fois plus basse que celle des ampoules à incandescence.
Une dernière possibilité - non antinomique des précédentes - est de passer par des prestataires locaux comme aux Nuits sonores par exemple, ce qui permet de réduire l'empreinte carbone du transport des équipements.

À la pêche aux moules

C’est le moment de se rassasier ! Ça tombe bien, les stands d’alimentation ne manquent pas. Traditionnellement les festivals regorgent de food-trucks proposant de la restauration type fast-food, cependant de plus en plus de festivals optent pour une restauration saine, locale et durable. C’est le cas, par exemple, du Cabaret Vert qui a banni les produits à base d’OGM et d’huile de palme et qui s’approvisionne à 90 % chez des fournisseurs locaux. Même refrain pour le festival parisien We Love Green qui impose une charte à tous ses prestataires afin d’offrir aux festivaliers des produits bios, de saison et issus de la région.
Au-delà de ce qu’il y a dans l’assiette, ce qui nous interpelle ici est l’assiette elle-même. Pour notre grand malheur, les récipients sont en plastique. L'impact le plus visible des festivals de musique sur l'environnement est la quantité incroyable de déchets non biodégradables qu'ils produisent, mais ils sont de plus en plus nombreux à leur faire la guerre.
Le festival les Vieilles Charrues, avec environ 250 000 participants, collecte en moyenne 170 tonnes de déchets durant les 4 jours de fête et près de 40 % sont recyclés. Des consignes de tri sélectif sont adoptées, comme à We Love Green où 100 % des déchets sont triés, revalorisés ou compostés.
En plus du recyclage, certains veulent réduire, voire supprimer l’utilisation du plastique à usage unique et pour cela, ils peuvent compter sur le soutien de nombreuses organisations.
La vaisselle biodégradable et compostable fait sa grande apparition, tout comme la vaisselle réutilisable. L’exemple le plus connu est sans doute celui des gobelets consignés. Mais leur fabrication est 8 fois plus émissives que celle des gobelets classiques, ils doivent donc être utilisés au moins 7 fois - en lieu et place d’un gobelet jetable - pour présenter un intérêt « écologique » à la production. Précisons que lorsque l’on parle de réutilisation, on la considère à l’intérieur du circuit événementiel, ce qui suppose le retour des gobelets au stand.
« Les gobelets consignés doivent être réutilisés au moins 7 fois pour être plus “écologiques” que les gobelets jetables. »
Illustration
N’oubliez pas de rendre votre gobelet afin qu’ils puissent être recyclés en bout de chaîne ! Source : Greencup

À la claire fontaine

Après tous ces litres d’eau ingurgités (pour les plus sages), il faut bien aller au petit coin. La queue semble n’en plus finir et il est impossible d’omettre la présence de cette odeur nauséabonde. Lors d’un événement en extérieur, il se peut que le système d'égout ne puisse pas évacuer les eaux usées et cette mauvaise gestion des déchets n’est pas sans conséquences, sans parler de ceux qui préfèrent se soulager dans les buissons.
Il en résulte un excès de nutriments dans les eaux souterraines, ce qui peut entraîner une eutrophisation, autrement dit le développement d’une végétation aquatique qui favorise la prolifération de nombreuses bactéries. Or, certains types de bactéries peuvent produire des toxines comme le botulinum qui provoque une maladie mortelle pour les animaux qui ingèrent l'eau polluée.
Autre point important : la consommation d’eau. Chaque chasse d’eau évacue six litres d’eau potable, on vous laisse imaginer ce que cela représente à l’échelle d’un festival. une des solutions que l’on retrouve aujourd’hui dans beaucoup de festivals est la mise en place de toilettes sèches qui ne demandent ni eau ni fosse septique, mais une dose de sciure de bois.

Résiste, prouve que tu existes

La soirée se termine et on peut enfin se reposer. On en profite alors pour s’interroger sur l’organisation monstre que doit requérir la tenue de tels événements. On découvre à notre grande surprise que derrière leur faste apparent, la situation économique des festivals est assez précaire, ce qui les contraint parfois à changer de modèle pour devenir plus rentables.
En effet, en quelques années, les subventions publiques ont énormément baissé, ce qui explique le recours de plus en plus fréquent au mécénat d’entreprises privées. Si ces sponsors sont souvent nécessaires pour financer les festivals, les contrats d’exclusivité qu’ils exigent parfois empêchent alors un approvisionnement plus local ou écoresponsable. C’est par exemple ce qui s’est passé avec le festival We Love Green, sponsorisé depuis quelques années par Heineken. Ces partenariats sont indispensables pour couvrir les coûts des cachets élevés des artistes ‘vedettes’ auxquels les festivals font appel pour assurer leur popularité.
« Si ces sponsors sont souvent nécessaires pour financer les festivals, les contrats d’exclusivité qu’ils exigent parfois empêchent alors un approvisionnement plus local ou écoresponsable. »
De plus, si les festivals à but non lucratif représentent les ¾ des événements, ils sont aujourd’hui concurrencés par des festivals ayant adopté le statut d’entreprise commerciale. Parmi ces derniers, certains appartiennent à des multinationales comme l’Américaine Live Nation qui est devenue en quelques années un leader du secteur en rachetant une trentaine de festivals en Europe.
Grâce à des moyens financiers considérables, elle peut attirer un public massif dans ses festivals grâce à une affiche alléchante, comme au Download festival dédié au hard rock, qui a réussi à concurrencer en quelques années le festival Hellfest, pionnier dans le genre.

Pomme de reinette et pomme d'api - voici les AstucesCarotte !

• Si vous souhaitez soutenir des festivals indépendants et engagés dans une démarche écologique, il est temps d’aller découvrir le Climax Festival, Terres du Son, Cabaret Vert, We Love Green ou encore Woodstower.
• Si certaines causes vous tiennent à cœur, il existe aussi des festivals engagés socialement, comme les Solidays, ou Vyv Les Solidarités
• Privilégiez les festivals proches de chez vous, puis, si possible, allez-y en covoiturage ou en transports en commun.
• N’oubliez pas de rendre votre gobelet consigné à la fin du festival, ou mieux encore, d’apporter votre propre gourde !
• Et comme cet été, il ne va hélas pas être possible d’aller festoyer en musique, on vous propose d’aller voir (ou revoir) les lives du festival Together at Home.
Sur ce, on espère qu’on vous a mis plein de musiques dans la tête et on vous souhaite une très bonne semaine, à lundi prochain !
Julie Dubois et Alice Leleu
Partager ce LundiCarotte
MAILTWFB