Cette semaine, la Rédac’ s’attaque à une invention qui a eu le mérite de rendre le métro parisien supportable aux heures les plus chaudes de l’été : le déodorant.

Déo et débat

Le 28 septembre 2020
Cette semaine, la Rédac’ s’attaque à une invention qui a eu le mérite de rendre le métro parisien supportable aux heures les plus chaudes de l’été : le déodorant.
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Un doux parfum d’aisselle

Pour nombre d’entre nous, finir sa toilette du matin par un coup de déodorant - qu’il soit en spray ou à bille - semble la chose la plus naturelle du monde. Preuve en est, en 2000, 81 % des Françaises et 67 % des Français en utilisaient quotidiennement.
Pourtant, le déodorant n’est pas plébiscité partout autour du globe : seulement 3 % des Chinois en utilisent régulièrement.
Cette préoccupation apparaît en réalité plutôt occidentale, puisque déjà dans l’Antiquité, les Romains mettaient sous leurs aisselles des petits sachets remplis d'aromates pour supprimer les odeurs corporelles.
Cette habitude s’était toutefois perdue durant le Moyen-Âge, cultivant ainsi la réputation des Français d’avoir une hygiène corporelle douteuse.
Ce n’est d’ailleurs pas en France, mais aux Etats-Unis que le déodorant ‘moderne’ a fait son grand retour, il y a environ 150 ans de cela, en 1888. Il lui faut toutefois un certain temps avant d’être popularisé, car les premières versions du produit irritent la peau et abîment les vêtements.
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Les débuts sexistes du déodorant
Finalement, le déodorant ne se popularise qu’à la veille de la Première guerre mondiale grâce au génie marketing de certains publicitaires qui firent de son usage une injonction pour les femmes, notamment la célèbre marque O’Dorono (“Odor ? Oh no!” pour que les anglicistes puissent apprécier le jeu de mots). Une publicité de ce type se trouve dans la vignette de la semaine!

Le match de la transpiration

Il existe deux types de déodorants :
  • Les classiques qui utilisent des actifs antibactériens et des agents parfumants. Ils diminuent ou suppriment l'odeur de la sueur uniquement, mais ne l'empêchent pas. Le déodorant tue les bactéries de la peau à la base des mauvaises odeurs sous les aisselles.
  • Les antitranspirants, à base de sels d’aluminium, qui obstruent les pores et empêchent la transpiration. Comme les bactéries de la peau ne sont plus en contact avec de la transpiration, il n'y a presque plus d'odeurs.
Nous avons donc là deux produits bien distincts : l'un évite la formation des odeurs uniquement alors que l'autre agit en amont en s'opposant à la transpiration. Les deux se retrouvent toutefois sur une composition très chimique dont certains composants font polémique, avec en première ligne le sel d'aluminium.
Les ingrédients principaux des déodorants conventionnels sont :
  • Les agents antibactériens pour lutter contre les bactéries ;
  • Les antioxydants qui attaquent les corps gras de la sueur. Certains, comme le BHA et le BHT, ont un pouvoir allergisant et sont classés parmi les excipients à effet notoire ;
  • L'alcool : les ingrédients actifs des déodorants et antitranspirents sont dissous dans de l'alcool, car il sèche rapidement lorsqu'il est appliqué sur la peau. Il peut avoir un pouvoir desséchant sur certaines peaux ;
  • Les gaz propulseurs (pour les déodorants/antitranspirants à gaz) : ce sont les agents qui permettent de propulser plus facilement le produit au niveau des aisselles ;
  • Les absorbants : on retrouve le talc, l'amidon pour absorber l'humidité et les mauvaises odeurs. Ils n'ont pas d'effets néfastes.
Concernant le sel d'aluminium, c’est une molécule tirée du métal très présent dans les déodorants et surtout dans les antitranspirants. Il a un effet antisudoral, ce qui signifie qu’il va acidifier les parties du corps comportant des glandes sudoripares (comme sous les aisselles).
Selon L'Agence Française de sécurité sanitaire des produits de santé, le passage de ces sels à travers la peau serait dangereux, car ils ont un fort pouvoir de pénétration. Une fois la barrière de la peau traversée, ils se dissolvent dans le sang et libèrent des molécules d'aluminium qui ont un impact direct sur l'ADN.
Plus explicitement, une administration répétée de sels d’aluminium peut avoir des effets néfastes sur la santé (neurotoxicité ou atteinte osseuse, par exemple). Enfin, ces produits sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens (voir définition https://lundicarotte.fr/articles/glossaire])selon plusieurs scientifiques.
Pas trop d’inquiétudes à avoir toutefois, car depuis avril 2020, des experts du Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs ont abouti à la conclusion que la faible concentration de sels d'aluminium des déodorants n'entraînait pas de soucis pour la santé des individus. Évitons juste les déodorants à grande concentration en sels d'aluminium (20 % étant, par exemple, très élevé).
Au-delà des sels d’aluminium, d'autres substances présentes dans les déodorants sont à éviter, comme a pu l'expliquer UFC Que Choisir ?.
Certains conservateurs - aussi connus sous le nom de paraben à l’origine de dérèglements hormonaux - sont par exemple présents dans de nombreux déodorants. Pour une liste plus exhaustive des composants à éviter, suivre le lien suivant.
« Certains conservateurs présents dans les déodorants sont à l’origine de dérèglements hormonaux »
Pour éviter les risques liés à l'utilisation de ces produits, il est préférable d'utiliser plutôt un déodorant qu’un antitranspirant. En effet, son seul rôle est de masquer les odeurs et il n'a pas d'incidence sur la peau. Certains critères peuvent faciliter vos choix : sans alcool, sans aluminium, sans paraben et biologique si possible.
Bon à savoir : tout le monde peut oublier les déodorants pour enfants, car les odeurs n’apparaissent qu’à l'adolescence avec les hormones !

Quand la pollution sent bon

Les déodorants n’ont pas un impact que sur la santé humaine, mais ils en ont aussi sur l’environnement.
Les déodorants volatils en spray sont généralement ceux qui posent le plus problème. En effet, de par leurs contenus majoritairement chimiques et leur libération dans l'air, ils sont un facteur de pollution atmosphérique. Les produits chimiques volatils dont les déodorants, le parfum, les produits ménagers sont à l'origine de la moitié des émissions polluantes en ville (les déodorants en aérosol libèrent de l'azote et du monoxyde de carbone). Toute cette pollution de l'air, aussi bien intérieur qu’extérieur, influe sur le développement des maladies respiratoires. Les produits de soin personnels sont responsables de 10 % de la pollution atmosphérique.
Par ailleurs, les particules chimiques et d'aluminium des déodorants sont évacuées dans l'eau quand nous nous lavons, polluant ainsi les réserves d'eau.
Au-delà du contenu des déodorants, le contenant n’est lui-même pas innocent en matière d’impact écologique. En effet, les emballages des déodorants en stick ne sont pas recyclables.
Pour répondre à ce problème, des ingénieurs ont mis au point des déodorants deux fois plus petits que les déodorants classiques, mais ayant la même durée d'utilisation. Résultat : 25 % d’emballages, 100 tonnes d'aluminium et 1 500 tonnes de CO2 en moins en 2014, selon le patron d’Unilever, l’entreprise leader dans ce secteur.

Des alternatives écolos

Les problèmes sanitaires et écologiques posés par les déodorants conventionnels ont poussé certaines entreprises à proposer une offre de produits bios contenant moins de composants chimiques. Les fabricants de ces produits (et ayant un label certifié) évitent la plupart des ingrédients et procédés douteux pour la santé et l'environnement.
La mayonnaise a vite pris, puisque les ventes de ces produits bios ont augmenté de 83,6 % en 2019, pour la plus grande joie des multinationales comme Unilever ou L'Oréal qui disposaient de moyens financiers suffisants pour faire labelliser leurs gammes.
Ces labels et mentions ont un cahier des charges précis, assurant une meilleure garantie sur le produit, notamment en termes de qualité environnementale. Les fabricants des déodorants bios se doivent d’éviter la majorité des ingrédients et des procédés polémiques pour la santé et l’environnement. Pour la plupart, un organisme de certification indépendant atteste du respect des critères.
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Des labels et mentions qui garantissent des aisselles fraîches en toute bonne conscience. Source: EcoConso
À noter cependant, certains petits producteurs n'ont pas forcément la possibilité de faire labelliser leurs produits, contrairement à ces groupes, en raison des coûts exigés par les organismes de certification. En effet, les labels officiels sont parfois trop chers à obtenir, les prix pouvant aller de 300 à 900 euros par an. Il faut y ajouter les coûts d’adaptation pour répondre au cahier des charges.
Cela n’empêche pas ces déodorants d’être d’excellente qualité. Par exemple, le déodorant Endro à base d’huile de coco, de cire de carnauba, de fécule de maïs, de bicarbonate de sodium et de quelques gouttes d’huiles essentielles a beau ne pas être labellisé, sa démarche est respectueuse de l’environnement et de notre santé.
De plus, l’une des solutions pour réduire sa consommation de plastique est de se tourner vers des déodorants solides ou en crème comme ceux de la marque Lamazuna ou de la marque Clémence et Vivien, tous les deux à la fois 100 % français et 100 % naturels.
Pour les puristes, la pierre d’alun est un sel d’aluminium qui peut être utilisé comme antitranspirant. Si elle a l’avantage d’être plus naturelle que les sels d’aluminium chimiques souvent présents dans les produits industriels, elle peut elle aussi présenter des risques similaires aux antitranspirants de grande surface, elle est donc à utiliser avec parcimonie.
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La pierre d’Alun, la nature dans toute sa complexité
Pour éviter ce genre de problème, le mieux est parfois de se tourner vers les recettes de grand-mère. Vous voulez une bonne surprise ? Celle du déodorant maison déjà adoptée par Garance, Elisa et Clément, qui ne demande ni de grands talents de cuisiniers, ni de chimiste. Et tout le monde la recommande !
Encore plus simple ? La famille zéro déchet conseille d’utiliser de l'huile essentielle de palmarosa à déposer directement sous les aisselles.
« L’huile essentielle de palmarosa est une alternative écologique aux déodorants industriels »

Désobéissance (non au déo ! )

Depuis quelques années, de plus en plus de personnes décident de ne plus utiliser de déodorant sous leurs aisselles, car elles ont une flore bactérienne qui s'autorégule et ne demandent pas forcément d'intervention extérieure. Il faut cependant faire attention à bien les hydrater. Ainsi, selon le rapport que l’on a avec la transpiration et ses conséquences, l'usage d'un déodorant n'est pas obligatoire et peut relever des injonctions de notre société.

Les Astuces-Carottes qui transpirent la bonne humeur :

  • Privilégier les déodorants aux antitranspirants.
  • Éviter les déodorants avec du paraben ou du sel d'aluminium
  • Se lancer dans la réalisation d’un déodorant maison.
  • En hiver, pourquoi ne pas essayer l'huile essentielle de palmarosa ou même arrêter le déodorant - dans le cas où l’on ne passe pas trop de temps dans la ligne 13 du métro parisien !
Et vous alors, déo ou pas déo ? N’hésitez à nous faire part de votre opinion et à en parler autour de vous, nous sommes curieux de savoir ce que chacun en pense ! Nous remercions David au passage pour tous les magnifiques jeux de mots qu'il nous a trouvé! À lundi prochain !
Alice Leleu et Clément Vadaine
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