Ceux qui ont passé le dernier été ailleurs que dans un frigidaire le savent, les températures élevées sont de plus en plus souvent de sortie. Et comme qui dit ‘trop chaud’ dit souvent ‘climatiseur’, la Rédac’ s’est penchée sur le sujet.

Bouffée d'air frais

Le 12 septembre 2022
Ceux qui ont passé le dernier été ailleurs que dans un frigidaire le savent, les températures élevées sont de plus en plus souvent de sortie. Et comme qui dit ‘trop chaud’ dit souvent ‘climatiseur’, la Rédac’ s’est penchée sur le sujet.
Vignette de l'article Bouffée d'air frais

Le vent en poupe du climatiseur


C’était à prévoir. Avec les vagues de chaleur qui se succèdent, la climatisation a plutôt la cote.

Selon l’ADEME, 25 % des ménages français sont déjà équipés d’un climatiseur, deux fois plus qu’il y a 10 ans et 5 fois plus qu’il y a 20 ans, et le taux d'équipement dépasse 40 % dans le sud de la France.

Côté “tertiaire”, 14 % des transports, 46 % des restaurants & hôtels, 55 % des commerces et 64 % des bureaux le seraient.

Côté monde, selon l’Agence internationale de l’énergie, 2 milliards de climatiseurs seraient installés et 5,6 milliards devraient l’être en 2050.

Voilà qui pose un peu le contexte dans lequel nous sommes amenés à parler aujourd’hui des climatiseurs.

Ajoutons que, sans grande surprise, c’est quand il fait chaud que les gens ont tendance à réfléchir au sujet.

Comment ça marche ?


Si le mot “climatiseur” existe, ce n’est que pour être précis. En effet, pour être plus large, nous pourrions parler de frigidaire, puisque l’un et l’autre fonctionnent de la même manière.
La logique est la suivante (/!\ bases de sciences physiques et thermodynamiques recommandées) : un gaz frigorifique (aussi appelé gaz réfrigérant) est mis en circulation dans un long tuyau plein de tournants. Le gaz passe d’abord dans un compresseur. Ses caractéristiques physiques sont telles qu’en étant compressé, il se réchauffe tout seul. Le tuyau l’emmène ensuite vers l’extérieur où, plus chaud que l’air ambiant, il envoie naturellement sa chaleur vers l’extérieur. Il est ensuite dépressurisé et devient plus froid que l’air ambiant et le tuyau passe dans la zone à refroidir. Là, le gaz est plus froid que l’air à refroidir et l’air ambiant réchauffe le gaz, en se refroidissant au passage.
(voici ici la source de cette vulgarisation “Made in LundiCarotte”)

Le serpent qui se mord la queue


À une époque où les urbains ont peu eu l’occasion de voir un serpent se mordre la queue, il semble que le climatiseur pourrait avoir été inventé pour concrétiser cette expression animalière d’origine inconnue. Et pour cause : de trois façons différentes, la climatisation contribue au problème d’aggravation de la chaleur.

Premièrement, les gaz frigorifiques (qui sont d’ailleurs parfois liquides) contribuent en général beaucoup à l’effet de serre qui, on commence à le savoir, occasionne le changement climatique et ses fortes chaleurs. Si ceux-là sont contenus en assez faibles quantités (l’ADEME estime tout de même que 21 000 tonnes sont en circulation en France, soit 300 grammes par personne), ils peuvent impacter l’effet de serre plusieurs milliers de fois plus que 1 kg de CO2. Ainsi, l’ADEME estime que chaque année, de par les fuites durant la durée de vie des appareils et lors de leur fin de vie, ces gaz sont responsables en France de l’émission de 3,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 (soit déjà près de 1 % des émissions françaises - c’est beaucoup pour quelque chose qui, confer le début de l’article, a vocation à croître). La réglementation va bon train pour interdire les gaz frigorifiques les plus polluants, mais il est toujours possible de prendre un peu d’avance et de veiller vous-même à disposer d’un climatiseur utilisant un gaz moins émetteur (en consultant par exemple cette liste).

Le deuxième sujet auquel on n’échappe pas lorsqu’on parle de climatiseurs est la consommation d’énergie. Toujours selon l’ADEME, la consommation actuelle du parc de climatiseurs français serait de 15 TWh, essentiellement électrique, soit 3 % des 510 TWh produits chaque année. C’est déjà pas mal pour un secteur qui croît (on l’a vu plus haut) plutôt très vite. Si, en France, l’électricité est relativement peu impactante en matière de carbone du fait de sa forte part d’énergie nucléaire, elle l’est tout de même et il reste (très) bon d’être économe de chaque kWh (ne serait-ce que pour allouer ces kWh à la décarbonation d’autres secteurs). Pour l’anecdote, à l’échelle mondiale, la climatisation représenterait 10 % de la consommation d’électricité.

Enfin, le climatiseur ne fait que déplacer la chaleur et ce, rarement très loin, en général à quelques mètres. L’expulsion d’air chaud est un facteur impactant pour l’environnement, elle contribue à l’augmentation de la température extérieure et donc au phénomène d'îlots de chaleur urbaine. Cette expression fait référence à l’élévation de la température en milieu urbain par rapport aux zones rurales voisines. Ces îlots thermiques sont en fait des microclimats artificiels provoqués par les activités humaines, dont l’utilisation des climatiseurs. Il fait en moyenne 2,5 °C de plus la nuit à Paris qu’en zone rurale proche. En 2020, une différence de 10 °C a été relevée entre Paris et sa proche banlieue.

L’alternative Low tech : Vivre avec la chaleur


Pour les raisons susmentionnées et pour des raisons économiques, d’émancipation technologique, etc., vous fomentez peut-être de vous passer de climatiseur pour survivre aux vagues de chaleur. Pléthore d’astuces et même (accrochez-vous) de listes d’astuces circulent sur Internet sur le sujet, alors LundiCarotte s’est fendu de la sienne en compilant les idées les plus intéressantes glanées par-ci, par-là, et dans leur majorité testées :
  • adapter son alimentation pour la rendre légère, notamment en accordant la part belle aux salades (ça tombe bien, c’est la saison !) ;
  • boire, boire et boire de l’eau ;
  • dans la catégorie ‘boire’ toujours, restreindre sa consommation d’alcool ;
  • s’habiller léger (ce qui n'empêche pas de se protéger du soleil) avec des vêtements amples pour que l’air circule et éviter la sensation ô combien désagréable d’un vêtement collant. Nouvelle météo, nouveau style ;
  • créer des courants d’air aux heures fraîches et fermer son habitat aux heures chaudes ;
  • étendre des linges humides (typiquement, sa lessive propre) dans ses pièces de vie et, si possible, dans les courants d’air ainsi créés ;
  • s’équiper d’un petit brumisateur pour le petit coup de frais bonus qui fait plaisir ;
  • dans la catégorie “Bon sens, mais qui mérite d’être rappelé”, ne pas produire de chaleur, notamment en limitant le fonctionnement de son four (et dans la mesure du possible de son informatique).
On rajoute deux nouveautés à l'occasion de cette réédition :
  • quand l'air extérieur se rafraîchit et devient plus agréable que celui de la maison, si l'on dispose d'un ventilateur, l'orienter vers une fenêtre ouverte (oui, c'est contre-intuitif) afin de faire rentrer la fraîcheur
  • plaquer des morceaux de couverture de survie (quelques euros en pharmacie), côté argenté vers le soleil, sur ses fenêtres (ou doubler ses rideaux avec) afin d'empêcher la chaleur de rentrer, après test (photo ci-dessous) la rédaction confirme que cela fait perdre quelques précieux degrés !
Illustration
Des morceaux de couverture de survie pour isoler les fenêtres et se protéger de la chaleur

Cette liste non exhaustive est simple (#LowTech), mais mérite d’être souvent passée en revue pour apprendre progressivement à vivre de mieux en mieux avec la chaleur, qui devrait de toute façon s’accroître, avec ou sans climatiseurs.

Si de surcroît…


Si, malgré tout, vous choisissez d’investir dans un climatiseur, nous avons trouvé cette bonne page de l’ADEME avec des recommandations. Nous en retenons principalement deux choses :
  • tout d’abord, ne vous équipez pas “à la va-vite”. De grandes disparités existent entre les choix qui s’offrent à vous, prenez donc le temps de bien regarder ce dont vous avez besoin. Cela vous permettra probablement d’éviter les climatiseurs mobiles, beaucoup plus consommateurs d’énergie (souvent achetés en hâte, ces modèles représentent tout de même 40 % de la climatisation résidentielle);
  • l’usager a une grosse marge de manœuvre. Ce n’est pas parce qu’on a un climatiseur qu’on est perdu pour la (noble) cause de la sobriété. La façon de régler son appareil (température cible et période d’usage) est déterminante dans sa consommation d’énergie, ses émissions de GES et son rejet de chaleur. D’ailleurs, sachez qu’il est interdit de régler son climatiseur à moins de 26 °.

Astuces Carottes


Notre article touche à sa fin, voilà ce qu’il nous semble important de retenir :
  • clim ou pas clim, le moment est venu d’apprendre à vivre avec la chaleur le mieux possible, en adaptant son quotidien ;
  • si on investit dans un climatiseur, prendre le temps de trouver le bon modèle (donc s’y prendre en avance) ;
  • si on a investi dans un climatiseur, garder le cap de la sobriété dans sa façon de l’utiliser.
Fiou ! Nous espérons qu’avec tout ça, vous avez oublié les chaleurs tropicales ! Si vous avez des astuces de qualité ou des retours d’expérience sur les nôtres, n’hésitez pas à les partager avec nous !
Théodore Fechner, Laura Dumaine, Andréa Vieira, Laura Larrive et Margaux de Vassal
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