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Point de fumée sans feu

Le 16 août 2021
Appel à nos membres : nous cherchons des personnes pour relire nos articles avant leur publication. Vous êtes curieux de découvrir les sujets avant tout le monde ? Alors envoyez-nous un petit mail et nous vous enverrons le prochain article pour une relecture.
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Vignette de l'article Point de fumée sans feu
Commençons par le commencement : dans cet article, nous parlerons des variétés légales de chanvre dont la culture est autorisée en France depuis 2018, à savoir des variétés contenant moins de 0,2 % de THC (tétrahydrocannabinol, substance chimique pouvant provoquer des effets psychotropes). Nous n’évoquerons que peu le chanvre consommé de manière illégale, à forte teneur en THC , communément appelé cannabis.

Autopsie d’une plante

Le chanvre contient des fibres, des graines et des fleurs. Et tout est bon dans le chanvre ! En effet, chaque partie de la plante peut être utilisée de nombreuses manières que nous allons vous détailler.
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Crédit photo : Interchanvre.org

Histoire d’une herbe providence

La pas si petite histoire du chanvre devenu un élément de pop culture à part entière remonte au Néolithique. Comme pour la bière, on n’a pas inventé grand-chose. Le chanvre a conquis la France par la facilité de sa culture et sa polyvalence. Charlemagne lui-même en aurait encouragé la culture.
Le chanvre a connu son premier succès planétaire avec l’industrie textile (vêtements et cordages) grâce à l’essor du marché maritime au XVIIe et au XVIIIe siècle. On a amélioré la qualité du chanvre français en important des espèces plus robustes.
C’est pendant l’entre-deux guerres et à cause de la bataille lancée par les États-Unis contre la marijuana que la culture du chanvre s’est réduite à peau de chagrin. Son interdiction aux états-Unis s’est étendue à l’Europe et a sonné le glas en 1937 de la culture de la feuille à cinq pointes.
Elle fera son grand retour dans les années 1980 dans la production industrielle et ne cessera de regagner du terrain. À titre d’exemple, sa production française a doublé (PDF) entre 2008 et 2020.

Le prix de la verte

Si le chanvre est brandi, au même titre que le lin, comme un tissu écologique, c’est pour son rendement rapide et n’exigeant que peu d’interventions agricoles. En effet, il porte bien son nom, puisqu’il pousse comme de la mauvaise herbe (weed en anglais). Par ailleurs, il souffre de peu de maladies et sa récolte en septembre purifie les sols des mauvaises herbes (ce n’est pas une blague !) et la prépare pour les prochaines cultures, comme celle du blé.
Non seulement c’est une plante résistante, mais il est peu exigeant en eau, contrairement à son grand concurrent dans le textile, le coton. Le rapport du Water footprint (PDF) de 2004 permet de corroborer scientifiquement les différentes sources qui insistent sur ses faibles besoins en eau par rapport à d’autres cultures destinées au textile.
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Coût en eau des différentes cultures textiles - Crédit photo : LundiCarotte d’après The Water Footprint Network (PDF en anglais)
Il est donc facile d’imaginer que, face à un monde toujours plus chaud et avec de moins en moins de ressources en eau, le chanvre sera une culture accessible. Sa versatilité lui confère une belle avance déjà aujourd’hui.

Le chanvre aux multiples usages

Ce n’est pas pour rien que Christophe Colomb est revenu d’Amérique avec des graines de chanvre plein les poches. C’est une plante prometteuse aux multiples usages : matière première pour le cordage, le textile ou encore le papier, on vous dévoile tout.
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Les multiples usages du chanvre - LundiCarotte©
En 1850, l’usage principal du chanvre était sa fibre qui permettait la fabrication de textile. Reconnu pour sa grande résistance à l’eau, il approvisionnait très largement la marine (voiles, cordages). Il était aussi utilisé pour le textile de maison et l’habillement.
Aujourd’hui, certaines marques de vêtements en ont d’ailleurs fait leur matière première, comme l’Atelier Tuffery, qui s’est spécialisé dans la fabrication des jeans en chanvre.
La paille de chanvre, aussi appelée la chènevotte, est utilisée dans le bâtiment. Une fois mélangée à de la chaux, elle s’apparente à du béton. C’est un isolant faiblement inflammable, délaissé des rongeurs et garanti sans émission de gaz toxiques. Le procédé n'est pas nouveau : au Moyen âge, on l'utilisait pour réaliser les murs des maisons de maîtres.
Sa graine, enfin, peut être dégustée telle quelle ou décortiquée, pressée pour donner de l’huile ou moulue pour en faire de la farine. Elle constitue un aliment très riche en protéines (23 % de protéines dans une graine) et équilibré en Oméga 3 et 6. C’est donc un bon allié pour la santé.
Vous l’aurez compris, le chanvre permet de nombreux usages et sa culture est peu gourmande en eau, locale et vegan, sous réserve qu’elle ne se fasse pas sous serre. Elle constitue donc une excellente matière première, utile pour beaucoup de choses au quotidien.

Aux pays du chanvre, une culture qui plane trop haut

La culture du chanvre présente donc de nombreux avantages vis-à-vis de l’impact écologique, mais cela ne vaut que pour une culture écologique. La guigne, car l’espèce humaine et la modération ne font jamais bon ménage. C’est peu dire, car sa consommation annuelle sous forme de cannabis THC à travers le monde s'élève à 180 tonnes/jour…. Prenons par exemple les USA, pays où la légalisation est la plus répandue et la consommation la plus élevée, selon l’Office des Nations unies contre la drogue. Depuis 2019, une quarantaine d’états américains ont autorisé la consommation de cannabis à des fins médicales ou récréatives. L'industrie représentait $6,7 milliards en 2016 et désormais, elle pèse $50 milliards. Et évidemment, cette hausse spectaculaire entraîne des conséquences tout aussi grandioses. Ainsi, la revue Nature Sustainability a publié le 8 mars dernier une étude (en anglais) sur les émissions de dioxyde de carbone associées à la production du cannabis aux États-Unis. D'après les calculs des scientifiques y ayant contribué, les émissions oscillent entre 2,3 et 5,2 tonnes d'équivalent CO2 par kilogramme de fleurs séchées produites. Ce qui équivaut à l'utilisation de 25 à 60 litres de carburant.
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Culture en intérieur du chanvre aux États-Unis en 2018 - Crédit photo : Spacesaver Intermountain
Comme précisé plus haut, cela est dû à un mode de culture non responsable du chanvre : culture en intérieur ou en serre. Pourquoi est-ce aussi peu écologique ?.
Aux états-Unis, 40 % de la production se fait en intérieur. Ces installations utilisent beaucoup d'équipements gourmands en énergie afin d'améliorer les rendements et de garantir des conditions parfaites pour la pousse de la plante. Une culture en intérieur dans un petit espace de 1,2 x 1,2 x 2,4 m consomme environ 13 000 kwh par an contre 150 kWh par an pour un frigo classique et les cultures professionnelles peuvent facilement occuper dix fois plus d'espace… Pour vous donner une idée : un joint roulé avec du cannabis cultivé en intérieur aux États-Unis est responsable de l'émission de 1 kg de dioxyde de carbone, l'équivalent d'une ampoule de 100 W allumée pendant 17 heures. Il faut noter que ces coûts énergétiques et ces émissions ne prennent pas en compte l'énergie nécessaire pour produire les engrais, l'eau, les équipements et autres matériaux utilisés dans un espace de culture.
Une autre étude (en anglais) publiée dans The conversation précise que la plus grande consommation d'énergie de cette culture en serre provient de la nécessité d'apporter constamment de l'air frais dans les installations. Cet air extérieur doit être traité pour obtenir une température et une humidité correctes. Il s'agit d'un processus très énergivore contribuant aux émissions de gaz à effet de serre qui varient aux USA de 5,2 t d'équivalent CO2 par kilogramme de cannabis séché à 2,3 t. Attention cependant, car le magazine Géo précise que ces études ont considéré l'impact des différents stades de production du chanvre, mais pas celui associé à son stockage et à sa transformation. De plus, les chercheurs se sont concentrés sur l'industrie des variétés légales de chanvre et non à son pendant illégal, dont l'empreinte carbone serait encore plus importante, à cause des moteurs diesel utilisés. Conclusion : la culture en extérieur a un impact plus faible sur l’environnement.

CBD et santé. Une médecine alternative, qui nous met bien ?

Si le chanvre présente de grandes vertus écologiques, il possède également des vertus médicinales favorisant l’essor d’une médecine alternative basée sur le CBD. Pour rappel, la culture du chanvre légal contient 0,3 % de CBD (cannabidiol) et peu de THC.
Le CBD, extrait de différentes parties du chanvre (graines, fleurs etc.) est principalement commercialisé en raison de ses vertus thérapeutiques apaisantes. Quelles sont les vertus des différentes formes sous lesquelles il est vendu ?
  • L’huile de CBD permet d’atténuer les maux tels que les douleurs physiques, l'anxiété, la dépression et les troubles du sommeil. La puissance du cannabidiol permet d’en extraire l’huile. Les extractions ne se réalisent pas en France. Elles se font en Allemagne, en Espagne, en République tchèque ou en Chine. Il existe plusieurs concentrations de CBD sur le marché, allant de 5 à 15 % environ. L’huile s’administre de manière sublinguale. Nous vous conseillons de vous rendre en boutique ou de bien vous renseigner afin de trouver la concentration qui vous convient. Surdosé, le CBD peut provoquer de fortes somnolences ;
  • Le CBD pur, à base de plantes, est un extrait pharmaceutique qui présente des propriétés anticonvulsives cliniquement significatives. Il a été testé sur des patients atteints des syndromes de Dravet et de Lennox-Gastaut, deux formes graves d’épilepsie ;
  • La phytothérapie (thérapie par les plantes) est une alternative intéressante, en raison de son efficacité respectueuse du corps. Ce qui n'est pas toujours le cas des anti-inflammatoires classiques, qui ont de nombreux effets secondaires. Ainsi, les produits à base de CBD sont prometteurs dans le domaine du traitement des inflammations ;
  • Le CBD existe sous forme de médicament grâce à la fleur du chanvre. En 2014, le Savitex®, une solution transmuqueuse sous forme de spray à vaporiser dans la bouche et contenant du CBD et du THC a reçu l’autorisation de mise sur le marché français. C’est un traitement symptomatique d’appoint de la douleur chez des patients insuffisamment soulagés par les traitements de référence. Cependant, on ne trouve pas le Savitex® partout, c’est pourquoi l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a fourni en janvier dernier une liste des entreprises retenues pour fournir ces médicaments.
Permettez-nous d’apposer ici un petit panneau vigilance. Malgré les nombreuses études et applications pour la santé, le CBD présente quelques risques qu’il faut préciser. Ces risques surviennent lors de consommations inconscientes et excessives de ce produit (ce qui est le cas de n’importe quel médicament, mais d’autant plus avec le CBD, substance présentant encore quelques parts d’ombre). Ainsi, en mars dernier, l’ANSM a publié un dossier “évaluation de la pertinence et de la faisabilité de la mise à disposition du cannabis médical en France” dans lequel il précise que, certes, le CBD présente des vertus pour le traitement de certaines formes sévères d’épilepsie, mais son utilisation a déjà induit des effets toxiques pour le foie et psychoactifs. En effet, une étude publiée par le journal Cannabis and Cannabinoid Research en 2016 démontre que lorsque le CBD est ingéré de manière orale (sûrement sous forme de comprimé, ce n’est précisé ni dans l’article, ni dans la revue scientifique originale), l’acidité des sucs gastriques de l’estomac peut se transformer en THC toxiques pour l’organisme (cette transformation ne survient pas avec le CBD utilisé sous forme d’huile). Il faut donc rester vigilant quant à l’utilisation du CBD et, surtout, respecter les quantités conseillées par les experts. En quantité raisonnable, ses vertus sont avérées.

Les AstucesCarotte, pour garder les pieds sur terre

  • Le chanvre est une très bonne alternative locale et écologique au coton. Pensez-y lors de vos achats de vêtements !;
  • De même, le chanvre est un excellent isolant pour l’habitation ;
  • L’huile de CBD peut aider face à certains symptômes ponctuels comme les douleurs menstruelles, le stress ou les troubles du sommeil. Attention cependant : si ces troubles persistent, il est essentiel de consulter des professionnels.
C’est tout pour nous cette semaine ! Le fait main et le local, c’est sympa, mais avant de vous lancer dans le Family Business, rappelons que la culture du chanvre est très encadrée et que la consommation de THC et autres psychotropes est non seulement interdite, mais peut entraîner une dépendance psychique sévère. Par ailleurs, il est toujours recommandé de demander l’avis d’un médecin avant de s'automédiquer.
Il ne nous reste maintenant qu’une seule petite question : suite à l'article d’il y a deux semaines sur les vacances locales, avez-vous changé vos plans pour les vacances ? Si oui, cliquez ici, sinon cliquez . Cela nous aidera à mesurer l’impact de nos articles sur votre quotidien.
Laura Dumaine, Laura Larrive et Andréa Vieira
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