Le paquet qui trône sur la table du petit-déjeuner et dont on relit l'arrière tous les jours, les grandes cuillères que l'on enfourne en essayant de ne pas mettre du lait partout, les céréales ont marqué l'enfance d'un bon nombre de Français ! C'est pourquoi la Rédac' se penche sur leur sort et décortique ces produits aussi divers qu'appétissants.

Céréales killer

Le 10 août 2020
Le paquet qui trône sur la table du petit-déjeuner et dont on relit l'arrière tous les jours, les grandes cuillères que l'on enfourne en essayant de ne pas mettre du lait partout, les céréales ont marqué l'enfance d'un bon nombre de Français ! C'est pourquoi la Rédac' se penche sur leur sort et décortique ces produits aussi divers qu'appétissants.
Vignette de l'article Céréales killer

Et paf, ça fait des chocapic ?

Parlons d’aujourd’hui avant de revenir aux sources. En 2019 en France, 1 petit-déjeuner sur 10 était composé de céréales.
Mais combien de becs sucrés savent que ce type de petit-déjeuner est apparu aux Etats-Unis, d’abord sous la forme de flocons d’avoine chez Quaker en 1877, puis de pétales de maïs - ou corn-flakes - grâce au médecin Kellogg en 1898 ?
Les Américains n’ont toutefois pas l’exclusivité sur les céréales, puisque Joseph Favrichon introduisit lui aussi les céréales en France en 1898, tandis que le muesli est inventé par le docteur Suisse Bircher Benner en 1906. Le Royaume-Uni un peu à la traîne mais pas tant que ça, mit sur le marche le biscuit de blé entier Weetabix en 1930.
On peut noter avec humour le nombre de médecins impliqués dans la naissance des céréales, d'autant plus lorsque l’on sait que la consommation de ces dernières diminue en France depuis 2017 en raison de leur taux de graisses ou de sucre. A l'origine pourtant, elles étaient plébiscitées en tant que petit-déjeuner à la fois sain et facile à digérer.
Mais ne jetons pas le bébé avec le lait du bol, les céréales ne sont pas nécessairement mauvaises pour la santé, puisqu’elles désignent avant tout les plantes à graines à leur origine (blé, maïs, riz…) qui sont excellentes pour la santé notamment lorsqu’elles sont complètes !
Le problème des céréales vient plutôt de l’industrie qui en fait des produits ultra-transformés en leur ajoutant sels, sucres et graisses et en accélérant l’absorption du glucide qu’elles contiennent.
Parlons un peu de cette industrie, d’ailleurs. Celle-ci peut être définie comme un oligopole différencié, ce qui signifie que l’on y retrouve peu d’acteurs - Kellogg's, General Mills et Pepsico réalisant 63 % des ventes mondiales - mais de très nombreux produits différents.

flakes, bran, muesli… La novlangue des céréales

On ne vous surprendra pas en vous disant qu’il existe des céréales pour tous les goûts, il suffit de se rendre dans le rayon d’un supermarché pour s’en rendre compte. La raison de cette variété tient dans le concept d’espace produit qui désigne la volonté des industriels de présenter un type de céréales pour chaque goût de consommateur.
Dès lors, un peu comme pour les sodas, on a affaire à une guerre des géants entre Kellogg’s et Nestlé en chefs de guerre, suivis de loin par Jordans et Quaker.
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L’art de quadriller l’espace des céréales pour ne manquer aucun public potentiel
Très schématiquement, on peut opposer les céréales brutes, comme les flocons d’avoine ou le muesli qui est un mélange de flocons d'avoine, de graines et de fruits secs, et les céréales raffinées ou ‘prêtes à consommer’, bien moins bonnes pour la santé.
Ces dernières peuvent être divisées en plusieurs catégories en fonction de leur mode de fabrication.
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De gauche à droite, nous trouvons des céréales soufflées, des pétales, des céréales extrudées, puis à nouveau des soufflées, des fourrées et finalement des éclatées… De quoi satisfaire tous les goûts !
Si chaque catégorie présente une texture particulière, elles subissent toutes un grand nombre de transformations des produits d’origine, de sorte que ceux-ci perdent une bonne partie de leurs nutriments. C’est pour cela que nombre d’entre elles sont enrichies en minéraux et vitamines lors de leur fabrication.
« Les transformations industrielles subies par les céréales leur font perdre une grande partie de leurs nutriments »
Nota bene pour le muesli croustillant ou granola. On peut le ranger sans problème dans la catégorie des mueslis, car il ne nécessite pas de réelles transformations. Toutefois, on y ajoute du sucre et des matières grasses pour la caramélisation, ce qui le rend moins diététique que le muesli traditionnel.

Biberonné à la télé

Quand on pense aux céréales du petit-déjeuner, il est difficile de ne pas penser publicités omniprésentes qui ont marqué l’enfance des plus jeunes d’entre nous, avec leurs musiques et slogans qui restent en tête toute la journée.
Si ces dernières vantaient le goût de leurs produits, elles ne faisaient aucunement mention de la valeur nutritive des céréales en question, ce qui est normal lorsqu’on sait que celle-ci est très faible.
En effet, les céréales pour enfants sont à la fois trop sucrées et trop grasses. En moyenne, un bol de 40 grammes des céréales contient 11 grammes de sucre. Quand on sait que la quantité de sucre recommandée par l’OMS est de 25g par jour, on y réfléchit à deux fois avant de se resservir !
De plus, les sucres qu’elles contiennent sont rapides, ce qui fait que leur index glycémique est particulièrement élevé. En pratique, cela entraîne la création d’insuline dans le corps au moment du repas. Cette dernière jouant un rôle de régulateur de la glycémie qu’elle maintient à des valeurs normales, lorsqu’on la dérègle, cela débouche souvent sur le fameux coup de barre de 11 heures.
Résultat, en 2007 la firme américaine Kellogg’s s’est vue privée de publicité aux Etats-Unis durant les créneaux horaires où les enfants étaient le plus susceptibles d’être devant la télévision. Ceci, car leurs gammes Frosties et Smacks ne respectaient pas la charte nutritionnelle Global Nutrient Criteria (ENG).
Plus récemment, une étude publiée dans l’American Journal of Preventive Medicine (ENG) en décembre 2018 montre elle aussi la dangerosité de ces publicités. Il apparaît que ces dernières ont un impact sur les enfants, puisque ceux-ci ont tendance à être fidèles aux produits.
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La quantité de sucre des céréales selon les gammes.

Les céréales saines : détox ou intox ?

A l’opposé des Chocapic et autres douceurs, on trouve des céréales dites saines dont l’intérêt nutritionnel est mis en avant par les grandes sociétés.
Ici, il faut distinguer deux catégories. D’un côté, on trouve les céréales transformées, mais dont la communication est centrée autour de l’idée qu’elles sont bonnes pour la ligne, comme les Spécial K de Kellogg’s ou les Fitness de Nestlé. De l’autre côté, on trouve celles de type Muesli.
Si les premières sont supposées être nos alliées diététiques, force est de constater que l’argument est avant tout marketing. Le fait qu’elles présentent peu de calories au compteur n’en fait pas un produit bon pour la santé, puisque celles qu’elles contiennent sont des calories vides. Comme expliqué dans notre article sur les sodas, cela signifie qu’elles n’ont pas de réelle valeur énergétique.
La deuxième catégorie de céréales saines a quant à elle un réel intérêt en termes de santé, notamment les céréales complètes qu’ils contiennent.
En effet, l’avoine qui les constitue en grande partie est riche en vitamines et en acides aminés qui sont bénéfiques pour le foie et le corps.
De plus, malgré le fait que certains des mueslis classiques affichent une forte teneur en lipides, ceci n’est pas forcément un problème, puisque les bons lipides contenus dans les graines des mueslis jouent un rôle important au niveau des membranes des cellules du corps humain.

Et une cuillère pour la planète

Comme il s’agit de ne jamais oublier la planète, la Rédac’ s’intéresse aussi à l’impact environnemental des céréales.
Première chose à dire, les céréales à la base des produits industriels qui constituent notre petit-déjeuner ont un impact plutôt faible sur l’environnement. Comme on le notait dans notre article sur la viande de poulet, elles rejettent bien moins de gaz à effets de serre que la plupart des viandes.
En revanche, le chocolat et le sucre qui ont tendance à les recouvrir font partie des aliments les plus nocifs d’un point de vue environnemental.
Ensuite, une étude de Générations Futures a prouvé la présence de résidus de pesticides dans tous les échantillons de céréales issues de l'agriculture conventionnelle. Or, comme on vous en parlait dans notre article sur le bio, l’utilisation de pesticides est en danger pour les abeilles et pour la biodiversité plus généralement.
Finalement, lorsque l’on pense paquet de céréales, on imagine tous et toutes de grandes boîtes en carton rectangulaires avec un sachet plastique à l’intérieur… Sachet plastique qui finit dans la poubelle et rarement recyclé. Toutefois, cela n’est pas une fatalité, car de plus en plus d’enseignes bios proposent des alternatives en vrac à nos céréales préférées !
« Beaucoup d’enseignes bios proposent aujourd’hui des alternatives en vrac à nos céréales préférées »

Rendons hommage au docteur Kellogg’s

Ne perdons pas espoir, les céréales peuvent même se révéler être de très bons produits.
Tout d’abord, cela ne surprendra personne qu’il faille privilégier les céréales bios dès que c’est possible, car c’est une garantie qu’elles viennent de cultures sans pesticides et sans engrais chimiques, ce qui est une bonne chose à la fois pour notre santé et pour la planète.
Mais, attention, si l’on veut vraiment allier santé et écologie, il vaut mieux se tourner vers des céréales bios peu transformées.
En effet, les géants de l’agroalimentaire se sont aussi mis au bio. Par exemple, Nestlé a récemment sorti une version bio de ses célèbres Chocapic, Nesquik, Lion et Cherioos. Si ces nouvelles gammes bios ne sont enrichies ni en vitamines ni en minéraux et présentent 30 % de sucre et 43 % de sel en moins, elles restent tout de même bien moins intéressantes pour la santé que des céréales brutes.
En réalité, les céréales idéales devraient contenir, pour 100 g de produit fini, 30 g de sucre et 5 g de lipides au maximum et être les plus riches possible en fibres avec 5 g au minimum.
Si vous hésitez entre plusieurs produits et que vous n’avez pas le temps de lire toutes les listes d’ingrédients, voici une liste non exhaustive de céréales bios conseillées par la rédaction :

Un bon bol d’Astuces Carotte :

  • Privilégier les céréales bios et peu transformées.
  • Choisir, si elles existent, ses céréales en vrac : c’est une solution à la fois écologique et économique.
  • Ne pas laisser ses enfants devant les publicités à la TV au risque de se faire vite harceler pour acheter les derniers produits à la mode.
  • Se lancer dans la confection d’un muesli croustillant maison ou d’un bircher muesli que l’on peut customiser comme il nous plaît !
Et selon vous, le petit-déjeuner est-il le repas le plus important de la journée ? N'hésitez pas à nous envoyer votre opinion au sujet des céréales et on vous souhaite une très bonne semaine malgré la chaleur !
Alice Leleu et Mohamed Youssouf
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