Cette semaine, avec les vacances qui se profilent, la Rédac’ prend ses valises direction le camping pour voir de plus près les avantages et les inconvénients de ce type de vacances. Et pour cela, quoi de mieux que les informations de première main de l’une de nos bénévoles, Lana, qui a travaillé dans une grande chaîne de campings 4 et 5 étoiles Sandaya en France.

A la belle étoile

Le 3 août 2020
Cette semaine, avec les vacances qui se profilent, la Rédac’ prend ses valises direction le camping pour voir de plus près les avantages et les inconvénients de ce type de vacances. Et pour cela, quoi de mieux que les informations de première main de l’une de nos bénévoles, Lana, qui a travaillé dans une grande chaîne de campings 4 et 5 étoiles Sandaya en France.
Vignette de l'article A la belle étoile

Partons à l’aventure

Encore un anglicisme au cœur d’un article LundiCarotte ? Absolument pas ! En réalité, le terme camping vient à la fois du français ‘camper’ et de l’anglais ‘to camp’ qui signifie ‘établir son camp’. On le retrouve aussi dans l’expression ‘faire campos’ qui désignait au XIXe siècle les vacances des enfants. La Rédac’ tient finalement à signaler la tentative québécoise de transformer le mot camping en campisme même si ce dernier n’a pas pris.
Si l’on peut faire remonter la pratique du campement à l’Antiquité romaine, le camping comme loisir s’est popularisé au début du XXe siècle. Bien loin des 2,8 millions de vacanciers le pratiquant aujourd’hui, il était à l’époque majoritairement pratiqué par des hommes de milieu plutôt privilégié qui cherchaient dans ces excursions un moyen de se ressourcer. Ils se regroupaient dans des grandes associations de campeurs comme le Touring Club de France.
Ce n’est qu’avec les premiers congés payés en 1936 que le camping devient une activité familiale. Après la seconde guerre mondiale, il devient même ‘une pratique de masse’, ce qui conduit vite à des problèmes de sécurité et de dégradation des espaces naturels, d’où l’application d’un “Code du Camping”. Se crée en parallèle la Fédération Française du Camping et Caravaning qui défend encore aujourd’hui les droits des campeurs.
Depuis, le paysage des campings a encore bien évolué, avec l’émergence des chalets et bungalows qui peuvent remplacer les caravanes et la popularisation des camping-cars. La plupart des 9 000 campings français fonctionnent aujourd’hui sous l’autorité d’un gérant employé par une collectivité ou d’une chaîne hôtelière qui établit un règlement pour l’ensemble des campeurs.

Des vacances nature contre-nature ?

Si le camping reste généralement plus écologique que l’hôtel, il n’empêche qu’il vient tout de même avec son lot de dommages environnementaux. En effet, malgré l’utilisation moindre de services de blanchisseries ou d’électricité, le regroupement dans un espace restreint de nombreux vacanciers pose des problèmes en matière de consommation d’énergie et de gestion des déchets.
Par exemple, un touriste en camping consommpe une moyenne de 110 à 140 litres d'eau potable par nuitée. De plus, certains campings disposent aujourd’hui de boîtes de nuit, de piscines ou de restaurants, ce qui augmente encore leur consommation d’électricité et d’eau et donc, leur impact environnemental. Cet impact pourrait être diminué s’ils étaient alimentés en énergie renouvelable, mais ce n’était pas le cas dans le camping de Lana, malgré les dires de son patron qui réfléchissait à investir dans des dispositifs plus écoresponsables.
Une autre difficulté à laquelle les campings doivent faire face concerne la gestion des eaux usées. Dans certains campings, les installations septiques d’assainissement des eaux usées ne sont pas conformes aux normes, ce qui conduit à une pollution des rivières et lacs environnants.
Finalement, Lana nous confie que les bungalows de son camping étaient équipés de poubelles classiques alors même que la mairie s’était engagée à mettre en place le tri sélectif dans la commune.
Pour remédier à ces problèmes, plusieurs ministères ont rédigé en 2011 un “Guide pratique” à destination des collectivités locales et des professionnels de l’hôtellerie de plein air. Celui-ci présente les règles à respecter pour éviter les incendies et la dégradation de l’environnement.

Quand le camping se met au vert

Une fois le mode d’habitat décidé, le choix de la localisation peut se révéler un autre casse-tête. Beaucoup de campings surfent aujourd’hui sur la vague écologique. Pour s’y retrouver dans la multitude de possibilités, deux labels permettent de distinguer les campings vraiment écoresponsables.
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Deux labels pour reconnaître les campings écoresponsables
Tout d’abord, l’Ecolabel européen, créé en 2003, qui réunit les établissements touristiques engagés dans la protection de l’environnement. En pratique, les campings certifiés Ecolabel doivent réduire au maximum leur consommation d’eau et d’énergie fossile, ainsi que leur production de déchets.
Au niveau international, c’est le label Clef Verte qui permet depuis 1998 aux touristes de choisir des établissements à moindre impact environnemental. Les critères pour obtenir ce label sont déterminés par la Fondation pour l’éducation à l’environnement (FEE) à l'international et par Teragir en France. Les campings Clef Verte se doivent entre autres de privilégier les circuits courts, de former leurs employés, de sensibiliser leur clientèle au respect de l’environnement et de mettre en place des dispositifs éteignant immédiatement chauffage, lumière et appareils électriques lorsqu’ils ne sont pas utilisés, comme c’était le cas dans le camping où Lana travaillait.
Comme il ne s’agit pas de se limiter au strict minimum, certains campings se sont dotés de panneaux solaires ou de pompes à chaleur et proposent des activités en lien avec la nature comme le VTT, le canoë ou la découverte de la faune et de la flore régionale.
Si passer au vert peut coûter un peu aux gestionnaires des campings, cela leur permet de faire des économies en matière de consommation d’énergie et de redevance, puisque celle-ci est calculée en fonction des volumes d’ordures ménagères collectés.

Et si on jouait au colibri ?

Le camping ne fait bien évidemment pas tout. Pour passer des vacances écologiques et économiques, il s’agit de prendre quelques mesures.
Les bons gestes à adopter commencent avant l’arrivée au camping, lors du déplacement. Il est préférable de choisir comme moyen de transport le train, qui est l’un des modes de transport longue distance les moins polluants, au lieu de l’avion et de la voiture.
Il est aussi important de veiller à la propreté de l’environnement en collectant ses déchets, même s'ils sont biodégradables, en n'enterrant pas les mégots de cigarettes dans le sol et en privilégiant les poubelles de tri sélectif. Lana nous dit qu’un autre geste bien apprécié est de ramasser les déchets même quand ce ne sont pas les nôtres… Les touristes n’ont pas encore tous la patte bien écologique !
Un autre geste bon pour notre environnement est de prendre des douches courtes. Cela aide à réduire la consommation d'eau et permet aux autres campeurs d’avoir eux aussi de l'eau chaude.
Concernant les équipements, électroniques, il est recommandé d'utiliser des chargeurs solaires au lieu de batteries ou de piles et de privilégier les lampes dynamo. Pour la vaisselle, on peut opter pour des matériaux durables, lavables et recyclables comme les gobelets ou assiettes en carton et même, pourquoi pas, mangeables.
Un dernier geste pour la route ? L’utilisation de produits naturels, qu’ils soient ménagers ou bien cosmétiques, permet de protéger à la fois sa santé et l’environnement.

Un colibri en camping-car, c’est possible ?

Privilégier le train, c’est bien, mais qu’en est-il du camping-car ? Une étude italienne (ITA) vient bousculer les idées reçues : bien que motorisé, le camping-car serait un moyen plus écologique de voyager que bien d’autres.
En effet, partir en vacances en camping-car permet de réduire les émissions de gaz à effets de serre en comparaison d’un voyage en voiture ou en avion. Sur 15 jours de voyage, soit un total de 600 kilomètres, l’étude italienne montre qu’un camping-car émet 52 % (ITA)] de moins de CO2 qu’une voiture thermique. Similairement, le bilan énergétique d’un camping-car est plus pauvre en carbone qu’un voyage en avion.
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Un camping-car 100 % écolo, une utopie qui devient réalité comme le montre Songo, une initiative écolo et citoyenne
Si l’on prend en compte le duo « voiture + hôtel », l'alternative offerte par le camping-car permettrait de diminuer les émissions jusqu'à 65 %.
Plus spécifiquement, les émissions de CO2 générées en réservant un hôtel seraient 12 fois plus élevées que celles générées en réservant un camping-car, car ce dernier permet d’économiser à la fois de l'électricité, du gaz et de l'eau. Donc, point de culpabilité : le camping-car est une façon responsable et durable de voyager sans sacrifier ni confort, ni plaisir.

Pour ceux qui veulent se la jouer solo

Pour les plus aventureux, une alternative aux campings permanents est le camping sauvage ; une forme de camping pratiqué en pleine nature, dans un lieu qui n'est pas (ou peu) aménagé pour cette activité.
La plupart des campeurs sauvages ont pour habitude de se balader en véhicule motorisé et de s’installer pour plusieurs jours dans des endroits proches de la civilisation comme les parkings, les bords de route ou les champs.
Il s’agit de ne pas le confondre avec le bivouac qui est lui un campement sommaire et temporaire qui permet à une ou plusieurs personnes de passer la nuit dans un milieu sauvage (forêt, montagne, désert…).
Il est principalement utilisé par les randonneurs, les alpinistes, les vététistes souhaitant dormir et n'ayant d'autres choix que de s'installer dans la nature, car trop éloignés de toutes infrastructures. Il se pratique à la belle étoile ou simplement sous une tente légère et dans des endroits naturels. Le but étant de dormir une nuit avant de repartir à l'aventure !
Les règles pour ce type de camping varient d'un pays à l'autre. En France, le camping et le bivouac sont généralement autorisés partout, mais il existe certaines restrictions. Par exemple, le camping est interdit sur la route ou la voie publique. Il est aussi interdit sur les propriétés privées - sans l'autorisation préalable du propriétaire bien entendu. Pour ceux qui auraient l’heureuse idée d’aller camper au bord de la mer pour profiter du panorama, c’est illégal, tout comme dans les réserves naturelles, toutes ces zones étant définies par les comtés ou les municipalités.

Un entre-deux en plein boom : le camping à la ferme

Le “camping à la ferme”, tel qu’on l’appelle, n’existe pas juridiquement. Il s'agit en fait d’un terrain aménagé, généralement sur une exploitation agricole, qui offre à l’agriculteur des revenus complémentaires.
La seule règle appliquée à ce genre de lieu est la limite réglementaire de 6 emplacements (caravane, tentes ou camping-car) ou de 20 campeurs. Cette limite est due au fait que les aménagements exigés envers les propriétaires sont minimaux, puisque ce type de camping peut ouvrir après une simple déclaration à la mairie.
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Le camping à la ferme : la plage en moins, le calme en plus.
Deux points forts de ce type de tourisme sont la possibilité de découvrir la vie à la ferme et ses activités spécifiques et le calme régnant dans ces endroits, bien loin des campings des stations balnéaires souvent bondés.

Des astuces carottes pour l’été :

  • Chercher son camping dans la liste des campings écoresponsables.
  • Ne pas oublier d’éteindre la lumière et de prendre des douches courtes lorsque l’on est sur place.
  • Si on aime vraiment ça, songer à investir dans un camping-car écolo.
  • Privilégier les équipements durables, que ce soit au niveau des équipements électroniques ou de la vaisselle.
  • Aller découvrir les fermes proposant des zones de campings et (re)découvrir la campagne française.
Si vos vacances de cet été ne sont pas encore organisées, on espère que cet article vous donnera des idées et on vous souhaite une belle semaine !
Alice Leleu et Mohamed Youssouf
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