Ce dimanche, et exceptionnellement, dernier jour de l'année oblige, nous vous envoyons un LundiCarotte version "Best-of" pour remettre en lumière quelques LundiCarottes marquants de 2017. La crème de la crème de LundiCarotte. Sachez que vous pouvez aussi tous les retrouver sur https://lundicarotte.fr . Nous vous remercions encore pour votre soutien et vos lectures attentives, et nous vous disons à l'année prochaine pour de nouvelles aventures !

Best-of 2017 - non publié

Le 31 décembre 2017
Ce dimanche, et exceptionnellement, dernier jour de l'année oblige, nous vous envoyons un LundiCarotte version "Best-of" pour remettre en lumière quelques LundiCarottes marquants de 2017. La crème de la crème de LundiCarotte. Sachez que vous pouvez aussi tous les retrouver sur https://lundicarotte.fr .
Nous vous remercions encore pour votre soutien et vos lectures attentives, et nous vous disons à l'année prochaine pour de nouvelles aventures !

LE TOUT PREMIER LUNDICAROTTE ! - Faire des ceintures en vélo

C'est l'idée qu'a eu un jeune homme dans la région de Lille. En pneu de vélo pour être précis. Eh oui ! Parce que ces pneus, jusqu'ici n'étaient pas recyclés. Quel dommage. Mais maintenant, c'est du passé. La start-up La Vie Est Belt fabrique donc des - jolies - ceintures avec ces pneus. Et en plus l'entreprise favorise la réinsertion par l'emploi, grâce à l'atelier de fabrication AlterEos !

LE PLUS ACTIONABLE - Le lait

(le LundiCarotte le plus facile à appliquer)
En France, le prix de 1000L de lait est acheté au producteur en moyenne 330€. Ce prix imposé par un rapport de force à l'avantage des acheteurs, met les éleveurs en grande difficulté, la production coutant environ 350€/1000L.
En cause, des géants du secteurs , profitent de ce rapport de force pour forcer la baisse des prix. Lactalis, premier collecteur de lait en France, achètait le lait 265€/1000L en 2016.
La marque C'est qui le patron garantit d'acheter le lait 390€/1000L à ses partenaires, pour un prix de vente final de 0.99€/L en magasin.

LE PLUS COMPLET - Le téléphone pleure

Préambule : Attention, l’article ci dessous peut paraître un peu “choc”… malgré tous nos efforts pour ne pas rendre ce sujet trop anxiogène, il est possible qu’une certaine violence se dégage de cet article, auquel cas, ne perdez pas espoir.
Rappel : Il y a deux semaines, nous vous disions que 88% des francais changent de téléphone avant que l’ancien ne marche plus. Comme promis, nous revenons vous présenter les tenants et aboutissants de l’industrie du smartphone.
“Qu’y a-t-il dans mon téléphone ?”
Par où commencer… Pour ne pas perdre de temps (disent-ils après deux introductions), rentrons tout de suite dans le vif du sujet avec les minerais de conflit. Vous devez vous en douter, il y a pas mal de matériaux différents dans la carcasse d’un téléphone. Vraiment beaucoup. Mais certains posent comme qui dirait un problème, notamment le tantale, l’or, l’étain et le tungstène : ils sont rares. Qui dit rare dit cher, et qui dit cher dit que ça attire du monde. En 2015, 27 conflits en Afrique étaient liés aux ressources minières. En République Démocratique du Congo par exemple, beaucoup de mines de coltan (d’où vient le tantane) sont sous contrôle de milices qui s’opposent, et qui s’approprient les gains pour financer leurs armements, permettant de perpétuer le conflit. Certaines marques, comme Nokia, Motorola et Apple, tentent d’éviter les minerais de conflit dans leur chaîne d’approvisionnement, mais ce n’est pas toujours facile.
“Dans quelles conditions cela a-t-il lieu ?”
Heureusement, toutes les mines ne sont pas exploitées par des “seigneurs de la guerre”. Mais les conditions restent difficiles et dangereuses. En RDC, ce sont 40 000 enfants dont les plus jeunes ont sept ans qui travaillent dans les mines de métaux rares selon l’UNICEF. Ils sont notamment présents dans les mines de cobalt, dont la poussière peut entraîner des affections pulmonaires mortelles. Ce métal sert à fabriquer les batteries de smartphones, pour entre autres Apple, Microsoft, Samsung…
“Et la planète dans tout ça ?”
Dans le rayon vert, la biodiversité est souvent mise à mal. Par exemple à Baobang, Chine, où est produit 97% du néodyme mondial (un matériau nécessaire pour la fabrication des aimants de téléphones), les étangs sont en train de changer de couleur. C’est que la production d’une tonne de néodyme produit aussi une tonne de déchets avec une haute radioactivité. Résultat, le bétail présente des malformations et l’essentiel de la population environnante meurt de cancer avant quarante ans. D’un point de vue pragmatique, si ces métaux sont rares, c’est qu’il n’y en pas beaucoup... Les minerais ne sont pas une ressource renouvelable à l’échelle humaine. Ils se raréfient donc de plus en plus, ce qui pose des questions pour l’avenir de toute l’industrie électronique.
- Courage, on parle bientôt des bonnes nouvelles ! -
“Comment ça se passe en Chine ?”
Dernières victimes du smartphone, ses fabricants. La plupart des smartphones sont assemblés en Chine. De nombreux reportages et articles recensent les mauvaises conditions de travail dans les usines en Asie. On parle de journées - ou nuits - de 16 heures, de salaires autour de 160 euros par mois, d’enfants de moins de 16 ans, d’interdiction de parler pendant les heures de travail, et même de papiers d’identité “confisqués” pour forcer les gens à rester jusqu’à leur restitution.
Voici une petite sélection de documentation sur le sujet :
  • Foxconn, ville-usine de 300 000 ouvriers qui fabriquent des produits Apple
  • LCE, usine d’écran qui fournit entre autre Huawei, Wiko et Alcatel
  • Petagron, fournisseur de Apple
  • Diverses usines fournissant Samsung
“N’y a t-il que des problèmes dans cette histoire ?”
Bon, vous l’aurez compris, la filière du smartphone n’est aujourd’hui franchement pas un modèle de développement durable, que ce soit par les ressources qu’elle consomme que par les inégalités sociales qu’elle engendre.
Mais rendons à César ce qui appartient César. Le smartphone est aujourd’hui une pièce angulaire de notre société. Il a nombre de vertus, en permettant par exemple d’améliorer le lien social, de suivre sa santé, et surtout de lire LundiCarotte. Si tout n’est pas rose, le smartphone est un outil formidable de progrès et il semble qu’il faille envisager de composer avec pour les années qui viennent. Dans cette optique, les trois grands leviers pour atténuer les impacts négatifs de cette industrie sont :
▪ À l’achat
Préférez des téléphones qui soient réparables, et plus généralement fabriqués avec un souci de conception durable. La marque qui sort vraiment du lot sur ce sujet, c’est Fairphone. L’entreprise hollandaise fabrique des téléphones modulaires, sans minerais de conflit et en essayant d’améliorer les conditions d’assemblage. Tout n’est pas encore parfait car la filière est complexe, mais acheter un smartphone Fairphone, c’est donner du poids à cette initiative. Derrière Fairphone, les autres fabricants se démarquent ponctuellement par des initiatives intéressantes, mais leur démarche est bien moins marquée. Vous pouvez trouver ici un comparatif des smartphones sur des critères environnementaux et sociétaux et un autre sur la conception durable, proposé par Greenpeace celui-ci.
▪ À l’usage
Il y a un réel enjeu à faire vivre son téléphone le plus longtemps possible. Comme les deux grandes causes de “mortalité” sont l’écran et la batterie, voici nos conseils :
- pour l’écran : ne pas faire tomber son téléphone par terre (#merciduconseil).
- pour la batterie : là c’est plus subtil. Les deux meilleurs moyens de faire vivre un peu plus longtemps que prévu une batterie lithium sont de maintenir son niveau de charge le plus souvent entre 20 et 80%, et de lui éviter les fortes chaleurs. On peut par exemple poser un moment son téléphone lorsque l'on sent une surchauffe après une vidéo, un jeu ou l’utilisation longue durée du GPS.
Et surtout, comme le destin veut que votre téléphone finisse par courber l’échine, il est important d’avoir à l’esprit qu’un téléphone, ça se répare ! Par exemple, l’entreprise SAVE, présente dans les centres commerciaux, ou la myriade de réparateurs indépendants que vous pouvez trouver sur internet, réalisent rapidemment et efficacement la plupart des réparations classiques. Comptez en général 50 euros pour un écran cassé. Il y a même des associations qui le font gratuitement !
▪ À la fin
Hyper important : il faut recycler son vieux téléphone, pour permettre sa réparation où la réutilisation des métaux rares et autres matériaux qu’ils contient. Vous pouvez lire notre article précédent pour quelques liens pratiques. Pour les chercheurs d’or qui voudraient récupérer eux même quelques pépites dans leur téléphone ou leur ordinateur, c’est par ici.

LE PLUS INTELLECTUEL - L'énergie fait grise mine

(à découvrir aussi en vidéo ici)
Depuis quand l'énergie a une couleur ?
Et bien depuis qu’on s’est mis en tête de mesurer la quantité d’énergie nécessaire pour fabriquer quelque chose. Cette démarche est imputée à Coca-cola en 1969, qui voulait savoir quelle méthode de fabrication était la plus économique. Pour cela, l’entreprise a fait une analyse du cycle de vie, ou “ACV”, de sa bouteille. Oui, car pour fabriquer quelque chose, il faut extraire les matières premières nécessaires, les transporter, les mettre en forme … et plein d’autres opérations qui font que quand notre frigidaire ou notre ordinateur arrive en rayon, un paquet d'énergie a déjà été consommée pour lui. L’énergie grise comporte aussi la fin de vie du produit : transport et incinération, ou énergie nécessaire au recyclage s’il y a lieu.
Revenons à notre voiture
Pour vérifier que l’achat d’une nouvelle voiture plus économe engendre bien une économie d'énergie, il faut donc tenir compte de son énergie grise. Dans un monde idéal, ce serait simple. On aurait pour chaque produit un joli tableau, avec :
  • l’énergie grise du nouveau produit
  • le gain d’énergie fait par an en utilisant le nouveau produit à la place de l’ancien
  • la durée de vie envisageable du nouveau produit
Si l’économie d’énergie totale à l’utilisation du nouveau produit est plus importante que son énergie grise, ça vaut la peine de changer. Attention tout de même à ne changer que si l’ancien appareil a déjà bien vécu, sinon son énergie grise n’aura pas été rentabilisée. En pratique, trouver l'énergie grise du produit en question, ce n’est pas si simple. En effet les constructeurs communiquent assez peu dessus, souvent parce qu’ils ne la connaissent pas eux-même. C’est que l'énergie grise est compliquée à calculer. Heureusement, comme c’est compliqué, ce calcul intéresse les scientifiques et nous avons pu trouver quelques études qui donnent des ordres de grandeurs.
Quelques exemples
Pour un téléphone portable moyen, la fabrication nécessite plus de deux fois plus d’énergie que pour toutes les recharges de sa vie. Pour des objets comme ceux-ci, qui consomment beaucoup plus à la fabrication qu’à l’utilisation, mieux vaut s’attacher à l’ancien si on tient à minimiser son empreinte énergétique. Ceci en opposition à l’électroménager, dont l’énergie grise représente environ 20% du total. Ces appareils sont plus simples à fabriquer, car ils contiennent moins d’électronique et de métaux rares. Ils consomment aussi beaucoup plus d’énergie lors de leur vie, surtout si leur mission consiste à refroidir ou réchauffer des choses (sèche-linge, machine à laver, frigo, bouilloire...). Pour ce genre d’objet, si le nouveau présente une économie d’énergie conséquente à l’utilisation par rapport à l’ancien, ça peut valoir le coup de changer. Par exemple, il est intéressant de changer un vieux frigo pour un modèle de la meilleure classe énergétique (A+++), car on compense ainsi son énergie grise en trois ou quatre ans.
Il n'y a pas que l'énergie dans la vie
Si la dépense d’énergie est importante, d’autres critères doivent aussi être surveillés. Par exemple, comment cette énergie est-elle produite ? Ainsi, d’autres scientifiques s’intéressent au bilan carbone de la fabrication. Par exemple, on sait qu’une voiture à essence produit en moyenne 9% des gaz à effet de serre pendant sa fabrication, contre 91% pour son utilisation. Pour une voiture électrique le pourcentage à la fabrication est beaucoup plus grand : environ 70%. Ce chiffre dépend de l’électricité utilisée pour recharger la voiture (nucléaire, charbon, hydraulique, solaire…).
De la même manière, on peut aussi se préoccuper de la pollution toxique de l’air. Pourquoi par exemple les collectivités locales nous incitent-elles souvent à changer de voiture pour des modèles plus propres ? C’est plus une question de pollution aux particules fines que de consommation énergétique.
A l’échelle mondiale, il n’est pas toujours intéressant énergétiquement de remplacer une voiture à essence par une voiture électrique (à cause de son énergie grise, selon la consommation de votre voiture actuelle). Mais la voiture électrique rejette beaucoup moins de particules fines que celle à essence, et pour la plupart des communes françaises la lutte contre la pollution aux particules fines est plus urgente que celle contre le changement climatique.
Dans le même ordre d’idée, il existe plein d’impacts environnementaux dont les conséquences ne sont pas visibles directement, par exemple le plastique dans l’océan ou la pollution chimique liée à l’extraction de certains matériaux miniers.
Nous vous remercions encore pour votre soutien et vos lectures attentives, et nous vous disons à l'année prochaine pour de nouvelles aventures !
Alix Dodu, Gaëtan Morand, Benoît Mortgat et Théodore Fechner
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