Grande annonce : LundiCarotte à la joie de participer au Low Carbon City Forum, qui aura lieu à Paris du 21 au 23 septembre ! Plus d’infos sur ce bel événement dans l'article de lundi prochain. Au menu cette semaine : un atout de taille pour faire le plein de vitamine, et gérer sa rentrée comme un pro. Il s’agit de la banane.

A plein régime

Le 10 septembre 2018
Grande annonce : LundiCarotte à la joie de participer au Low Carbon City Forum, qui aura lieu à Paris du 21 au 23 septembre ! Plus d’infos sur ce bel événement dans l'article de lundi prochain.
Au menu cette semaine : un atout de taille pour faire le plein de vitamine, et gérer sa rentrée comme un pro. Il s’agit de la banane.
Vignette de l'article A plein régime
Aujourd'hui, LundiCarotte a l'honneur de se pencher sur l'un des fruits préférés des Français. Et pour cause : en 2017, il s'est écoulé 585 000 tonnes de bananes. À raison de 120 grammes par fruit, cela constitue pas moins de 4,87 milliards de bananes englouties l'an dernier dans l'Hexagone. Ceci était le CalculCarotte de la semaine !

Y a un pépin ?

Si la banane est autant appréciée, c'est peut-être parce qu'elle n'a pas de pépins : inutile d'essayer de la planter dans votre jardin, elle ne produira pas de bananier. Cette originalité vient tout droit de son passé : à l'origine, comme tous les fruits, les bananes en avaient, des pépins. Autant vous dire qu'elles n'avaient pas franchement l'air comestible (vidéo). À force de favoriser les espèces contenant moins de grains que la moyenne, l'humain en est arrivé à ce jour à des bananes sans aucun pépin.
La question qui se pose alors, dans l'esprit de tout botaniste en herbe, est la suivante : si le fruit ne contient pas le matériel biologique pour reproduire l'espèce, comment fait-on pour planter un nouveau bananier ? Il se trouve que le bananier n'est pas exactement un arbre : c'est une herbe géante. À sa base, elle comporte un bulbe (une sorte de gros oignon), et ce bulbe a la particularité de pouvoir se cloner à l'identique. Les cultivateurs de bananes n'ont alors plus qu'à transplanter ce nouveau bulbe à un autre endroit, pour y faire pousser un nouveau bananier. Ils peuvent également recourir à la multiplication in vitro.

Le plein d’énergie

Lorsque l'on prononce l’expression “avoir la banane”, on pense à la forme souriante du fruit jaune ; or c’est dans sa composition que la banane révèle ses atouts pour notre santé et notre bien-être. La banane est réputée réduire le risque d’accident cardiaque, réguler la pression sanguine, limiter la formation de calcul rénaux, favoriser le transit intestinal... Elle permet aussi de réduire le risque de cancer du rein et cancer colorectal.
Ses fers de lance se nomment vitamine B6, vitamine C, potassium, magnésium, vitamine B... La vitamine B6 (0,5 mg au 100 g soit le quart de l’apport quotidien recommandé) favorise la production de dopamine et de sérotonine, neurotransmetteurs connus pour leurs effets anti-déprime. La vitamine C (15 mg pour 100 g) est connue comme un antioxydant puissant. Le potassium, avec une teneur d’environ 360 mg pour 100 g, agit contre l’hypertension. Quant au magnésium et la vitamine B, ils permettent une bonne utilisation des glucides, utiles à tout effort sportif. La banane justifie donc sa place de fruit le plus populaire du monde.

D'où viennent nos bananes ?

Reste que la banane, comme chacun sait, est un fruit tropical. Non seulement elles n'ont pas de pépin, mais si elles en avaient, il resterait compliqué de faire pousser un bananier dans un jardin de l'Hexagone. Ce qui plaît aux bananiers, c'est un climat chaud et humide. Les bananes que nous mangeons proviennent donc de pays aux climats tropicaux ou équatoriaux. En Europe, les deux tiers de notre consommation sont assurés par seulement trois pays : l'Équateur en tête, suivi de la Colombie et du Costa Rica.
Intuitivement, on pourrait imaginer que la banane est un fruit qui voyage beaucoup. En fait, c'est avant tout un produit local : seule 15 à 20 % de sa production est vendue hors de son pays d'origine. Le Brésil et l'Inde, en particulier, sont de grands consommateurs de bananes.

L’empreinte carbone

En tant que consommateur français, il est légitime de se poser la question : les bananes viennent-elles de trop loin ? Devrait-on favoriser des produits plus locaux ?
Pour répondre à cette question, nous avons épluché des bananes, mais aussi le rapport d'analyse de la FAO (Organisation des Nations-unies pour l'alimentation et l'agriculture), dans le but d'estimer l'empreinte carbone de ce fruit.
L'empreinte carbone, c'est souvent ce que l'on utilise lorsque l'on veut mesurer l'impact d'un produit sur l'environnement. Il s'agit de calculer la quantité de gaz à effet de serre générée par la production d'une banane, par exemple. En pratique, des gaz à effet de serre très divers peuvent être émis lors du processus de production (tels que du méthane, ou d'autres gaz plus impactant). Pour simplifier les choses, on exprime donc les bilans d'empreinte carbone en termes de CO2 équivalent : c'est la quantité de CO2 émise qui aurait le même impact sur l'environnement qu’une certaine quantité de méthane, par exemple.
Passons donc en revue les différentes étapes nécessaires à notre goûter : d'abord, la production, qui est assez économe en énergie, puisqu'elle a lieu dans des pays où il fait chaud. À noter que les bananes demandent globalement autant d'énergie à la production que les autres fruits tropicaux. La banane a aussi l'avantage de demander peu d'emballages pour son conditionnement, puisqu'elle en possède déjà un par défaut !
L'étape la plus gourmande en énergie, c'est en fait le transport (routier et maritime). En y ajoutant le stockage en cours de route, ces deux points représentent deux tiers de l'empreinte carbone d'une banane. En ce qui concerne le transport outre-atlantique, le bateau a le mérite d'être bien moins polluant que l'avion. Quitte à manger des mangues et des bananes, autant favoriser des fruits transportés par bateau, ce qui est usuellement le cas dans les supermarchés tels que biocoop.
Au total, pour faire pousser, récolter, et transporter une banane jusqu'au magasin du coin, il faudra émettre entre 0,4 et 1,3 kg de CO2 équivalent par kg de bananes. Difficile de trouver un chiffre précis pour la France, mais ce qui compte, c'est que la majorité de ces émissions sont liées au transport. À choisir entre un fruit local et un fruit importé, l'empreinte carbone du fruit exotique sera donc plus importante. À noter par contre que quitte à manger des fruits en hiver, il vaut mieux éviter ceux qui ont poussé sous serre chauffée ; et justement, la banane est de saison toute l'année (de saison voulant ici dire qu'elle ne pousse pas sous serre).

Et les travailleurs dans tout ça ?

Un documentaire est sorti en 2017 sur les conditions des travailleurs dans les bananeraies : Hold-up sur la banane. Il se concentre sur les plantations de Dell Monte, l'un des trois plus gros producteur au monde, avec les firmes Chiquita et Dole. Le film révèle des conditions de travail difficiles, une importante exposition aux pesticides des travailleurs, ainsi que des salaires pas toujours suffisant pour subvenir aux premières nécessités. Ce sont des problématiques que l'on retrouve dans l'industrie du cacao et des oranges, pour ne citer qu'elles.

La banane bio et équitable

Se priver de bananes ne changerait hélas pas grand-chose à la situation des travailleurs des bananeraies. Selon le directeur du Basic, Christophe Alliot, « Il n’y a pas de solution parfaite, mais mieux vaut déjà privilégier les labels. Il faut élargir la prise de conscience et se donner les chances de sortir d’une consommation de masse standardisée, exiger des conditions socio-environnementales plus fortes et revaloriser le travail des producteurs et des travailleurs en début de chaîne. » Tout un programme.
Au final, même bio et équitable, la banane reste un fruit abordable : au Bio C’Bon du coin, elle est à moins de 2 € le kg.
« Il n’y a pas de solution parfaite, mais mieux vaut déjà privilégier les labels - Christophe Alliot »

Les AstucesBanane pour avoir la carotte (ou est-ce le contraire ?)

pour se régaler de glace maison à base de bananes : notre précédent article sur les glaces
pour s'amuser à tester l’une des 8 manières d’ouvrir une banane : WikiHow
pour limiter l’impact de la partie transport, acheter des bananes importées par bateau, par exemple dans les biocoop.
pour encourager le développement de pratiques commerciales justes, se reporter sur des bananes équitables.
enfin, la peau des bananes fait d’excellents composts !
On vous souhaite une bonne journée pleine d’énergie, et tâchez de ne pas remplir votre compost de bananes écrasées à force d’essayer de nouvelles manières de les éplucher. À lundi prochain !
Paul Louyot et Vivian Noret
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