LundiCarotte continue d'explorer des territoires inattendus Aujourd'hui, on s'attaque aux moyens contraceptifs. Puisqu’a priori, la fréquence des rapports sexuels chez les jeunes est plus élevée que celle du renouvellement des éponges à vaisselle, le sujet nous semblait complètement à propos.

On fait tout capoter

Le 11 mars 2019
LundiCarotte continue d'explorer des territoires inattendus Aujourd'hui, on s'attaque aux moyens contraceptifs.
Puisqu’a priori, la fréquence des rapports sexuels chez les jeunes est plus élevée que celle du renouvellement des éponges à vaisselle, le sujet nous semblait complètement à propos.
Vignette de l'article On fait tout capoter
Commençons par un petit rappel technique : pourquoi utilise-t-on des moyens contraceptifs ? L'étymologie du mot nous fournit la réponse : du latin contraconceptio, il s'agit d' "éviter la grossesse".
De plus, les préservatifs (masculins et féminins) protègent des maladies et infections sexuellement transmissibles, comme le VIH ou la syphilis. Avec la pilule et le stérilet (ou DIU, dispositif intra-utérin), ce sont les trois moyens de contraception préférés des Français.
« Les préservatifs sont le seul moyen de contraception qui protège des MST et des IST. »
Avant d’explorer les enjeux de ces dispositifs avec notre œil de Carottiens, voici un rappel sur l’efficacité théorique et pratique de chacun de ces moyens.
NomEfficacité pratique
(%)
Efficacité théorique
(%)
Préservatif F7995
Préservatif H8598
Pilule9199,7
DIU cuivre99,299,4
DIU hormonal99,899,8


Ces chiffres sont issus du très bon site que la Rédaction vous conseille QuestionSexualité.fr.

Sortons couverts !

Dix milliards, c’est le nombre de préservatifs qui seraient produits annuellement dans le monde. Très prisés en France, ils ne sont pourtant pas le moyen de contraception dominant sur le globe. Le Japon en est le champion, avec en moyenne onze préservatifs utilisés par an par personne en âge de procréer.
Il ne date pas d’hier et son principe est relativement simple : isoler l’organe pénétrant de l’organe pénétré pour éviter tout échange de fluides, notamment de spermatozoïdes, dans la paroi utérine, ainsi que les maladies potentielles.
Côté environnemental, les préservatifs représentent des déchets non biodégradables d’environ 1 g par unité. Rappelons que ceux-ci doivent impérativement être jetés dans une poubelle : ni dans la nature, ni dans les toilettes. Malheureusement, l’emballage étant indispensable pour raison d’hygiène, les préservatifs en vrac ne sont pas près d’arriver sur le marché !
Illustration
Le latex est récolté par “saignée” sur l’hévéa.
Ils sont fabriqués avec du latex, soit issu directement des arbres, soit synthétique, recréé en laboratoire. Or, la problématique porte sur la gestion des forêts d'hévéa (certifications, déforestation...) ainsi que sur les conditions de récolte (travail des enfants...). Toutefois, rappelons que 70 % de la récolte de caoutchouc d’hévéa est consacrée aux pneumatiques. Le reste est utilisé pour les bottes, les gants et les préservatifs.
D’autres préservatifs sont fabriqués en polyuréthane, notamment pour les allergiques au latex, ou encore, à l’image des premiers préservatifs, en boyau d’agneau. Pas très ragoûtant !
« Certaines marques proposent des préservatifs en latex issu du commerce équitable »
Certaines marques proposent des préservatifs en latex issu du commerce équitable, comme Fair Squared. En plus de certifier la provenance du bois, ces derniers sont aussi labellisés véganes, sans caséine (protéine du lait).
En plus de la caséine, d’autres produits chimiques à effets divers entrent dans la composition du latex des préservatifs, mais les fabricants n’ont pas l’obligation de les citer (cela nous rappelle l’histoire des tampons). De même, certains colorants, arômes et lubrifiants sont ajoutés et peu de fabricants sont clairs sur les produits utilisés.
Ces produits peuvent inclure : des anesthésiants (benzocaïne, lidocaïne), du lubrifiant (glycérine), des stimulants sanguins (L-arginine), des spermicides (nonoxynol-9), des parabens, du silicone.
Les marques qui s’engagent dans le domaine sont : Fair Squared, Glyde, Green Condom et quelques autres.

Difficile à faire passer

Soulignons que le préservatif existe aussi en version féminine ! Comme il a longtemps souffert d’une mauvaise réputation à cause de son aspect (sorte de sac), il reste toujours plus difficile à trouver que son homologue masculin. Tout comme lui, il génère une certaine quantité de déchets, mais il est le seul à protéger des maladies sexuellement transmissibles. Encore peu répandu, le grand public féminin lui préfère largement la pilule !
Celle-ci est utilisée par un peu plus d'un tiers des femmes en 2016.
La plupart des pilules contiennent deux hormones : un œstrogène, ainsi qu'un progestatif. Leur but est triple : bloquer l'ovulation, bloquer le passage aux spermatozoïdes en épaississant la glaire cervicale et empêcher l'implantation d'un embryon en agissant sur la muqueuse de l'utérus.
Voici quelques années, une nouvelle défrayait la chronique : les œstrogènes que l'on trouve dans la pilule, une fois évacués par les urines, se retrouveraient dans les cours d'eau, perturberaient la reproduction de certains poissons et féminiseraient les mâles.
Nos recherches n'ont pas permis d'infirmer ou de confirmer cette assertion. Il semble en tout cas que la pilule est loin d'être la seule source d'œstrogènes baladeurs : il existe aussi des sources d'œstrogène industrielles ou végétales, comme l'industrie des pâtes et papiers. En définitive, pour s’assurer que les œstrogènes ne passent pas dans l’eau, au lieu de boycotter certains produits, le mieux serait d’améliorer le système de filtration de l’eau.
« La pilule n’est pas la seule source d’œstrogènes baladeurs. »
Si ce moyen contraceptif a beaucoup fait parler de lui, c'est aussi en raison du risque accru d'accidents thromboemboliques (formation de caillots dans le sang) avec les pilules de 3e et 4e génération. Cette information-là a été confirmée par une étude récente. Cette dernière souligne toutefois que pour les utilisatrices de la pilule, le risque d’accidents thromboemboliques reste trois fois moins fréquent que ces mêmes risques pendant la grossesse.
À noter qu'il existe aussi des pilules sans œstrogènes, qui ne bloquent pas systématiquement l'ovulation.
Pour ce qui est de la pilule masculine, elle est à l’étude pour le moment, mais pas encore sur le marché. Elle rencontre deux obstacles : la faisabilité chimique (associer progestérone et testostérone) et l’aspect psychologique, car si les hommes étaient prêts à franchir le pas, les femmes leur feraient-elles confiance pour prendre une pilule avec régularité, alors qu'elles seraient les principales concernées en cas de grossesse non désirée ?
Illustration
Le dispositif intra-utérin, ou stérilet. Source de l'illustration : familyplanning.org
Passons maintenant à ce petit objet qui arrive en seconde position dans le cœur des Françaises : le stérilet.
Il en existe deux sortes : au cuivre ou hormonal. Ils fonctionnent de la même manière : un principe actif vient faire obstacle au déroulé normal de la fécondation. Il s'agit du cuivre, dans le premier cas, et d'une hormone progestative dans le deuxième.
Ils génèrent moins de déchets que les préservatifs, mais ont l'inconvénient de ne pas protéger des MST. À noter aussi que pour certaines, le stérilet au cuivre augmente la durée et l'intensité des règles.

Et quoi d’autre ?

Après avoir battu le rappel sur les méthodes dites classiques, rappelons l’existence d’autres dispositifs :
  • Pour les femmes : implants hormonaux, patchs, anneaux vaginaux, injections musculaires, diaphragmes, cape cervicale, spermicides.
  • Pour tous : les opérations chirurgicales de stérilisation comme la vasectomie, pas forcément irréversible.
Certains abandonnent parfois l’idée d’un contraceptif externe et se tournent vers des méthodes dites “naturelles” telles que le retrait ou l’abstinence en période fertile (méthode Ogino). Rappelons tout de même que bien qu’ayant une efficacité théorique haute, dans la pratique, ces méthodes ont le plus faible taux de réussite (de l’ordre de 70 %). La méthode n'est donc pas recommandée si l’on cherche absolument à éviter une grossesse.
« Les méthodes de contraception dites naturelles ont les taux de réussite les plus bas »

Allons encore plus loin

Quitte à réfléchir aux impacts de la contraception, peut-on se pencher aussi sur l'impact de l'absence de contraception ? Et peut-on mesurer le bilan carbone d'une naissance ? C'est ce qu'affirme une étude parue en 2009 dans la revue Global Environmental Change.
Le raisonnement des chercheurs est le suivant : imaginons un grand compteur, qui mesure le nombre total d'années de vie des humains sur Terre. Si deux parents ont un enfant, et que celui-ci vit 80 ans, c'est comme si ces parents avaient ajouté 40 ans chacun au total du compteur.
Et ainsi de suite avec les enfants de cet enfant. En additionnant ces années de vies et en les multipliant par les émissions moyennes sur une année par un habitant de la planète, on obtient un impact en GES (gaz à effet de serre) de la procréation.
D'autre part, puisqu'on connait les émissions de gaz à effet de serre émises en moyenne sur une année par un habitant de la planète Terre, on peut estimer le bilan en gaz à effet de serre de l'opération. D'après les chercheurs, ce total serait significativement supérieur à ce que l'on évite grâce aux éco-gestes que l'on peut faire au quotidien.
Cette étude sonne-t-elle le glas des petits bébés carotte ? Ces chiffres sont toutefois à replacer dans leur contexte : certains économistes avertissent des risques induits par le vieillissement de la population, vieillissement déjà bien commencé en France. Il se pourrait aussi que pour des citoyens soucieux de l'environnement, s'abstenir de faire un enfant soit une occasion ratée de créer de futurs consommateurs avertis, qui pourraient eux-mêmes éviter des émissions de carbone chez autrui.
La Rédaction n'envisageant pas d’avoir d’enfants pour le moment, elle met cette question en suspens et s’en remet aux moyens de contraception sus-cités !

Les AstucesCarotte pour une contraception durable

Quoique l'on en dise, la contraception la plus efficace est peut-être celle qui est la plus adaptée à chacun.
Renseignez-vous, parlez-en avec votre médecin, votre ou vos partenaires et on vous fait confiance pour gérer cela en douceur !

Bibliographie

« CONDOMS – PRÉSERVATIFS › Fair Squared ». Consulté le 10 mars 2019. lien
« contraception — Wiktionnaire ». Consulté le 9 mars 2019. lien
« Contraception : la pilule, oui, mais de moins en moins ». Libération.fr, 25 septembre 2017. lien
« Déchets chiffres-clés ». ADEME. 2023. lien
« FR ». Green Condom Club. Consulté le 10 mars 2019. lien
Futura. « La pilule contraceptive, comment ça marche ? » Futura. Consulté le 10 mars 2019. lien
« GLYDE Préservatifs vegans ». Consulté le 10 mars 2019. lien
« Intra Uterine Device (IUD) - Family Planning ». Consulté le 10 mars 2019. lien
Murtaugh, Paul A., et Michael G. Schlax. « Reproduction and the carbon legacies of individuals ». Global Environmental Change 19, nᵒ 1 (1 février 2009): 14‑20. lien
« Pilule contraceptive, quel impact sur les poissons ? » GaïaPresse (blog), 12 avril 2017. lien
Servane Courtaux et Paul Louyot
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