Cette semaine, on s’est intéressé au bonheur. Si si, la bougie contribue au bonheur. C’est l’accessoire indispensable au hygge, ce concept danois qui prône la recherche de moments de bien-être simples et chaleureux. Aurélie, membre de LundiCarotte, est une adepte et ça se voit au nombre de bougies qu’elle consomme. Alors, ni une ni deux, la rédaction s’est penchée sur l’impact écologique et santé de la bougie !

Vendons la mèche

Le 27 mai 2019
Cette semaine, on s’est intéressé au bonheur. Si si, la bougie contribue au bonheur. C’est l’accessoire indispensable au hygge, ce concept danois qui prône la recherche de moments de bien-être simples et chaleureux. Aurélie, membre de LundiCarotte, est une adepte et ça se voit au nombre de bougies qu’elle consomme.
Alors, ni une ni deux, la rédaction s’est penchée sur l’impact écologique et santé de la bougie !
Vignette de l'article Vendons la mèche

Éclaircissements historiques

Aujourd’hui, on utilise surtout les bougies pour parfumer ou comme élément de décoration pour créer une atmosphère chaleureuse. On est loin de son utilisation d’origine, l’éclairage, qui date de 3 000 ans avant JC.
La bougie a fait du chemin depuis ! On parle à l’époque de chandelle, simple mèche de jonc entourée d’un bloc de suif (graisse animale). Au XIXe siècle, la cire d’abeille remplace le suif et le terme “bougie” apparaît, dérivé de Béjaïa, alors principale ville algérienne à fournir de la cire d’abeille.
À l’époque, c’est une révolution ! Ça sent bon, ça éclaire mieux, ça fume moins… mais c’est plus cher, seuls les nobles peuvent se le permettre, en se moquant gentiment des bourgeois qui recyclent les restes, d’où l’expression “économies de bouts de chandelle”.
Au XIXe siècle, tout s’accélère : on apprend à en fabriquer à partir de stéarine, extrait de graisse végétale ou animale, puis de paraffine, un dérivé du pétrole. Les mèches sont désormais en coton et tressées. Ça n’a l’air de rien, mais ça permet à la bougie de fonctionner seule très longtemps.

Une bougie bleu blanc rouge ?

Retour au XXIe siècle. En France, d’après le Syndicat général des fabricants de bougies et ciriers (SGFBC), un quart des bougies seraient produites pour une utilisation religieuse (cierges et veilleuses), tandis que le reste se répartirait entre bougies parfumées (40 %), bougies de couleur (40 %) et chauffe-plats (20 %).
Le SGFBC ne compte plus qu’une quinzaine de membres dont cinq entreprises qui se partagent 75 % de la production nationale, pour la plupart des PME. Parmi elles, l’entreprise Devineau (leader du secteur) en produit plusieurs millions par an, qui se retrouvent ensuite chez Carrefour ou Monoprix.
D’autres entreprises tirent leur épingle du jeu avec des produits de niche comme les bougies d’anniversaire pour Eurobougie. Enfin, des ciriers indépendants continuent la fabrication traditionnelle et fournissent notamment les églises locales.
« La France est le quatrième exportateur mondial de bougies. »
Sur le plan international, la bougie française se défend bien et notre pays est le 4e exportateur mondial (anglais) après la Chine, la Pologne et les États-Unis. Inversement, seules 20 % (anglais) des importations de bougies françaises viennent de Chine, le reste provenant majoritairement d’Europe.
La production française peut notamment se vanter d’utiliser des parfums de Grasse et non des arômes artificiels et d’être soumise à des normes beaucoup plus strictes que la concurrence asiatique. Encore un produit pour lequel LundiCarotte peut fièrement crier Cocorico !

Anatomie d’une bougie

Une bougie, c’est donc : une mèche, un support de mèche pour la fixer au fond, éventuellement des colorants et des parfums, mais surtout un corps gras qui va brûler lentement. Celui-ci peut être :
  • Minéral : cette appellation trompeuse que l’on retrouve quelques fois sur les emballages ne désigne ni plus ni moins que de la paraffine, huile obtenue à partir des résidus solides du pétrole. C’est la même que l’on retrouve parfois sur les pots de confiture maison.
  • Animal : principalement de la cire d’abeille, mais on trouve aussi en Chine de la cire d’insectes (anglais) ! Le suif animal, quant à lui, a l’air d’avoir été définitivement abandonné dans les bougies, mais se retrouve encore dans certains lubrifiants.
  • Végétal : extrait d’huile de palme, de riz ou de soja (décidément, on fait de tout avec)… le choix est vaste !
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Pas très ragoûtant ? Cet insecte produit une substance cireuse blanchâtre que l’on utilise comme cire en Chine.
Le plus souvent, on retrouve un mélange de ces composants, afin de jouer sur plusieurs tableaux : coût, durée de vie... Le plus courant étant une combinaison à base de paraffine (en anglais).
Par exemple, on peut enrober un cœur de stéarine (substance tirée de graisse animale ou végétale) de paraffine. La stéarine brûlant plus vite, il se forme une petite coupelle à la base de la mèche, ce qui permet à la cire de ne pas couler.
Lorsqu’on allume la bougie, l’air surchauffé fait fondre la cire autour de la flamme, qui remonte le long de la mèche par capillarité. La cire s’évapore et, en se mélangeant à l’air, forme un gaz combustible qui alimente à son tour la flamme.
Finalement, plus la mèche est longue, plus cela consomme de la cire, plus la flamme est grande et plus il y a de gaz combustible. Toute cette cire brûlée, qu’est-ce que ça implique ?

Jouons avec le feu

Bon, autant se le dire tout de suite : comme tout ce qui repose sur la combustion, la bougie émet des particules polluantes, quelle que ce soit sa composition.
Parmi elles, on retrouve par exemple le benzène, le formaldéhyde ou la suie, tous trois classés cancérogènes avérés ou cancérogènes certains par le CIRC, Centre international de recherche sur le cancer.
Ainsi, la pollution intérieure fait l’objet de plus en plus de préoccupations. L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, estime qu’elle est la cause d’environ 19 000 décès par an en France.
En 2017, une étude de l’Ademe a mis en avant la contribution de la bougie à cette pollution.
« L’air intérieur est 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur. »
Contre toute attente, l’air intérieur est 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur. On conseille souvent d’aérer 10 minutes par jour pour évacuer les polluants, comme dans ce très bon guide de l’INPES, Institut national de prévention et d'éducation pour la santé. Eh oui, même quand il ne fait pas beau dehors !
Tout ça nous refroidit un peu. Heureusement, il existe des moyens de limiter le nombre de polluants émis par les bougies.
On se rappelle que plus la mèche est longue, plus l’on consomme de cire et plus la flamme est grande. Si elle dépasse ce que l'on appelle le “point de fumée”, la quantité d’air devient insuffisante pour consommer toute la cire et le surplus s’échappe alors sous forme de suie. On peut le voir au dégagement de fumée noire et quand le bout de la flamme forme de petites pointes.
Au contraire, si la flamme est bien entretenue et de forme bien arrondie, il est possible qu’elle ne produise quasi-pas de suie. Voici donc quelques conseils que nous avons compilés pour devenir de vrais experts !
  • Quand la bougie produit de la suie, couper la mèche ! Elle doit attendre environ 6-8 mm.
  • Avant de l’allumer, prendre l’habitude de vérifier la longueur et de la couper si nécessaire.
  • Éviter de placer la bougie dans les courants d’air ou dans des contenants trop hauts (moins d’air, c’est plus de suie)
  • Éviter de trop rapprocher les bougies les unes des autres (compétition d’air)
  • Éviter les bougies multimèches
  • Retirer les bouts de mèche ou d’allumettes à la surface, cela augmente le débit de cire.
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N’importe quels ciseaux feront l’affaire, mais nous n’avons pas résisté à l’envie de vous montrer des authentiques ciseaux mouchettes, ou ciseaux de bougie - photo Objets d’hier
Pour relativiser, gardons à l’esprit que les bougies sont loin d’être la seule source polluante de nos logements et que le rapport de l’Ademe conclut que les usages les plus courants ne sont pas préoccupants.

À la recherche de la bougie durable

En dehors de la suie, un levier pour réduire la pollution intérieure liée aux bougies se situe dans le choix de sa composition. Coup de bol, ça représente aussi un enjeu environnemental de taille. C’est le moment de passer à la casserole pour tous ces types de cire.
Commençons par la plus utilisée : la paraffine. Étant un sous-produit de l’industrie pétrolière, sa production repose sur l’exploitation de ressources fossiles. C’est donc une ressource non durable et épuisable. Les chercheurs l’ont bien compris et tentent de produire de la paraffine végétale.
D’autre part, il semblerait que les bougies en paraffine soient plus susceptibles que les autres d’émettre des particules toxiques lors de la combustion.
Quant aux alternatives végétales, qui reposent principalement sur la cire de soja et la cire de palme, la rédaction émet ses réserves habituelles :
  • pour les bougies à base de soja, veiller à ce que le soja soit français ou a minima européen, sinon, il risque d’être un produit d’Amérique du Sud contribuant à la déforestation et à l’appauvrissement des sols. Nous vous en parlions dans notre article sur le soja ;
  • pour l’huile de palme, rechercher une certification comme la RSPO (Table ronde sur l'huile de palme durable), dont nous vous parlions dans notre premier opus sur le sujet. Nous vous préparons d’ailleurs un sujet grand format sur la chaîne de production de cette huile, tout aussi complexe que controversée. Un exemple récent est celui des bougies IKEA qui font débat. Il faudra trouver autre chose pour décorer vos étagères KIRKEBURK ou votre table de chevet BLEJKATA.
« La cire d’abeille semble mériter le meilleur score écologique. »
Bzzz ! La cire d’abeille semble mériter le meilleur score écologique… si tant est qu’elle résulte d’une apiculture respectueuse. L’appellation biologique existe pour la cire, mais elle reste assez floue, puisque le rayon de prospection des abeilles n’est pas vérifiable.
La marque de bougies artisanales Cœur d’Abeille recommande d’éviter la cire “usagée”, c’est-à-dire celle provenant de rayons de ruches utilisés pendant plusieurs années, où les substances chimiques comme l’acaricide contre le parasite Varroa se sont incrustées.
Prudence en lisant les étiquettes, car une bougie composée à 51 % de corps gras dits naturels (animaux ou végétaux) et à 49 % de paraffine pourra être classée “bougie naturelle”. Dans tous les cas, on privilégiera les bougies françaises, soumises à des normes plus exigeantes pour leurs composants et leurs émissions, que les bougies importées.

Les AstucesCarotte pour voir 36 chandelles

  • Bien entretenir ses bougies et couper régulièrement leurs mèches
  • Aérer 10 minutes par jour
  • Choisir plutôt des bougies en cire d’abeille ou des bougies artisanales françaises
  • Laisser place à sa créativité et fabriquer sa propre bougie.
Que vous soyez un fervent adepte des bougies ou pas, on espère que cet article vous aura éclairé.
Comme nous le disions en introduction, les bougies sont l’un des piliers du style de vie du Danemark, pays réputé comme l’un des plus heureux au monde !
Aurélie Valéry et Servane Courtaux
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