ERRATUM : Dans notre article de la semaine dernière, un schéma sur la pêche s’est glissé à la place d’une illustration sur la fabrication d’un steak 3D… Pour ceux que l’erreur a pu perturber, on s’en excuse et tout est corrigé sur le site ! Cette semaine, alors que les masques sont devenus un accessoire incontournable de notre quotidien, la Rédac’ a décidé de se pencher sur leur allié de toujours : la solution hydroalcoolique.

La solution à tous vos problèmes

Le 14 septembre 2020
ERRATUM : Dans notre article de la semaine dernière, un schéma sur la pêche s’est glissé à la place d’une illustration sur la fabrication d’un steak 3D… Pour ceux que l’erreur a pu perturber, on s’en excuse et tout est corrigé sur le site !
Cette semaine, alors que les masques sont devenus un accessoire incontournable de notre quotidien, la Rédac’ a décidé de se pencher sur leur allié de toujours : la solution hydroalcoolique.
Vignette de l'article La solution à tous vos problèmes

Il était une fois un tueur de virus...

En 1847, une première solution à base d’hypochlorite de calcium apparaît qui, certes, désinfecte, mais irrite aussi la peau, les yeux… et fait déteindre les vêtements (il valait mieux éviter de porter ses vêtements préférés). Ce composé chimique se retrouve aujourd’hui dans les piscines, d’où le conseil de ne jamais ouvrir les yeux sous l’eau sous risque d’infections oculaires.
Un siècle plus tard, dans les années 1960, les premières « recettes » de solutions hydroalcooliques voient le jour. La paternité réelle de l'invention fait toujours l'objet d'un débat.
La légende raconte que pour faciliter le lavage des mains sans accès à un point d'eau, une infirmière californienne, Guadalupe Hernandez, aurait eu l'idée de créer un produit hydroalcoolique en mélangeant de l'éthanol avec de l'eau oxygénée et du glycérol.
Au même moment en Europe, l’Allemand Peter Kalmar élabore une solution hydroalcoolique appelée « Sterillium », mais elle n’est encore que peu utilisée dans le milieu hospitalier.
Quelques années plus tard, en 1995, les Suisses William Griffiths et Didier Pittet reformulent le produit, avant qu’il ne soit utilisé massivement dans les hôpitaux. Sans brevet pour limiter sa diffusion, le gel hydroalcoolique se démocratise petit à petit dans le monde entier. Cette invention devient indispensable dans certaines zones où l'eau courante est une denrée rare.
Il existe certainement autant de recettes que d’origines à ce qu’on appelle aujourd’hui le gel hydroalcoolique : qu’est-ce qui permet de regrouper tous ces produits sous la même bannière ?

Le gel hydroalcoolique, Kesako ?

Tout d’abord, un produit hydroalcoolique est un biocide, c’est-à-dire un produit destiné à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles par une action chimique. Les biocides sont classés en quatre grands groupes, comprenant 22 types de produits différents. Les gels et solutions antibactériens appartiennent au premier groupe qui réunit tous les désinfectants.
Illustration
Les étiquettes des gels hydroalcooliques ou le côté obscur du langage
Pour en venir à la composition, une solution hydroalcoolique se doit de contenir - comme son nom l’indique - de l'alcool. Celui-ci est nécessaire pour éliminer les micro-organismes. L’alcool le plus couramment utilisé est l’éthanol à 96 %. Le prix de revient le plus économique est celui issu de l’industrie pétrolière, mais il peut aussi être produit naturellement grâce à la fermentation alcoolique - il finit alors dans nos boissons - ou la fermentation des plantes sucrières : on parle alors de bioéthanol.
Un autre composant essentiel est l’agent antibactérien, sous forme d’eau oxygénée, ou, pour les plus experts, de peroxyde d'hydrogène. S’il ne représente que 4 % d’une solution hydroalcoolique, il renforce l’action de l’éthanol en tant que biocide puissant.
En général, les solutions hydroalcooliques contiennent aussi un adoucissant ou émollient qui permet de préserver l'hydratation de la peau. Ce dernier est souvent de la glycérine, qui est à l’origine un résidu du savon, mais d’autres produits peuvent être utilisés pour la protection tant qu’ils sont miscibles dans l’eau et l’alcool et non toxiques ou allergéniques.
Enfin, lorsque la solution contient un gélifiant qui évite que le produit soit trop liquide, on peut parler de gel hydroalcoolique. En réalité, la différence réside surtout dans le mode de production : alors que les gels sont faits de manière industrielle, les solutions sont souvent produites directement par les pharmaciens.
Dans tous les cas, peu importe la texture, seul l’alcool présent dans le produit est efficace !

Quand, comment et combien de temps ?

C’est bien beau tout ça, mais quand est-ce qu’on les utilise ? Les gels hydroalcooliques sont efficaces pour éliminer les virus et les bactéries, prévenant les risques de contamination en cas d’épidémie. Ils préviennent aussi la transmission d’herpès et de champignons.
En pratique, l'éthanol présent dans les solutions tue les organismes en dénaturant leurs protéines et en dissolvant leurs lipides.
« l'éthanol présent dans les solutions antibactériennes tue les organismes en dénaturant leurs protéines et en dissolvant leurs lipides »
Pour que l’action du gel soit efficace, il faut l’utiliser sur des mains sèches pendant au moins 30 secondes, en insistant sur les ongles. La durée de vie de ce produit ne dépasse pas les 3 mois, donc pas la peine de ressortir celui entamé durant l’épidémie de la grippe H1N1, il ne protège plus de rien.
Illustration
L’art d’utiliser du gel hydroalcoolique
Un autre détail important à retenir : les solutions contenant plus de 80 % d’alcool sont souvent moins efficaces que celles dont le taux est compris entre 60 et 80 %, puisque l'alcool a besoin d'eau pour attaquer les bactéries.

Attention danger !

Avis aux amateurs de boissons alcoolisées : bien qu’elle contienne autant d’alcool que le whisky ou le rhum, la solution hydroalcoolique ne se boit pas ! (n’en déplaise aux Russes).
Autre chose à savoir : il vaut mieux se laver les mains à l’eau et au savon solide qu’utiliser un gel hydroalcoolique. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ne recommande leur utilisation qu’en l’absence de point d’eau, car l’usage d’une solution hydroalcoolique permet de désinfecter les mains, mais pas de les nettoyer.
En effet, des études scientifiques ont montré que certains gels contiennent du triclosan et du bisphénol A, deux substances chimiques reconnues comme des perturbateurs endocriniens aux États-Unis, mais pas en Europe.

Un autre problème a été épinglé par la Direction générale de la répression des fraudes qui a dû retirer du marché plusieurs gammes de gels dont la teneur en éthanol était insuffisante pour que le produit soit efficace. Selon l’ANSM, un gel doit respecter la norme NF EN 14476 qui garantit entre 60 et 70 % d’alcool.
Une dernière raison de privilégier le savon : les gels hydroalcooliques peuvent entraîner un dessèchement et une irritation de la peau.

Des frictions bien encadrées

Bien que ciblant les organismes nuisibles, les biocides sont par définition des produits actifs susceptibles d’avoir des effets sur l’homme, l’animal ou l’environnement. C’est pourquoi ils font l’objet d’un encadrement réglementaire strict aux plans européen et national depuis une vingtaine d’années.
La mise sur le marché et l’utilisation des produits biocides sont encadrées au niveau communautaire par le règlement européen (UE). L’objectif principal de cette réglementation est d’assurer un niveau de protection élevé de l’homme, des animaux et de l’environnement vis-à-vis de ces produits.
Ainsi, parmi les nombreuses conditions pour qu’un produit biocide soit autorisé, on remarque que son impact environnemental est rigoureusement contrôlé. Dans le règlement (UE) du 22 mai 2012, il est indiqué que le produit biocide ne doit pas avoir “d’effets inacceptables sur l’environnement”, avec tout le flou qu’une telle phrase implique.
L’encadrement a toutefois été assoupli avec l’épidémie de Covid-19. En effet, afin d’encourager la production de gels et de solutions hydroalcooliques en France, le ministère de la Transition écologique et solidaire s’est mobilisé pour obtenir des dérogations à la réglementation européenne.
« L’encadrement des biocides a été assoupli avec l’épidémie de Covid-19 »
L’arrêté du 13 mars 2020 autorise ainsi la mise à disposition sur le marché et l'utilisation temporaires de certains produits hydroalcooliques utilisés en tant que biocides désinfectants pour l'hygiène humaine.
En parallèle, le gouvernement a encadré le prix des gels par décret avec un prix maximum de 2 € les 50 ml, 3 € les 100 ml, 5 € les 300 ml et 15 € le litre afin que les enseignes privées ne puissent pas augmenter leurs prix en cas de pénurie.

Une épidémie de plastique

Ce nouveau marché durant la pandémie du Coronavirus a marqué le retour en force du plastique, qui se fait une place dans toutes les poches de manteaux sous des formats de plus en plus petits.
Tout comme les gants en plastique, l’Agence parisienne pour le climat rappelle que ces gels génèrent beaucoup de déchets.
Illustration
Trier ses déchets Covid pour ne pas perdre la main en temps d’épidémie
Si l’on veut limiter les dégâts, souvenons-nous que les flacons que nous achetons sont souvent issus du recyclage de plastique et eux-mêmes recyclables. Si le recyclage n’est pas la panacée, cela reste un petit geste qui ne coûte pas grand-chose.

Le kit du petit alchimiste

Pour ceux qui veulent aller plus loin, des solutions évitant l’accumulation de déchets plastiques existent.
On peut par exemple investir dans un flacon réutilisable et acheter son gel hydroalcoolique en vrac, par exemple en pharmacie ou dans certains magasins bios comme les épiceries en vrac Day by day.
Finalement, pour les puristes, il est tout à fait possible de produire du gel hydroalcoolique chez soi. Pour cela, il faut avoir de l'alcool et de l'eau oxygénée (disponibles en pharmacie). On peut ensuite y ajouter un adoucissant tel que du glycérol ou de l’aloe vera.
L’Organisation mondiale de la santé a elle aussi partagé un guide permettant aux pharmacies de produire localement leur solution hydroalcoolique. Si ce dernier n’est pas directement prévu pour les particuliers, il permet toutefois de mieux comprendre les matières premières que l’on utilise pour fabriquer son gel.

Des astuces-carotte anti-corona

  • Se laver les mains à l’eau et au savon dès que c’est possible.
  • Acheter son gel hydroalcoolique en recharge afin d’éviter au maximum les déchets plastique.
  • Se lancer dans la préparation de solution antibactérienne maison.
On espère que cet article aura été instructif et on vous souhaite une belle nouvelle semaine masquée !
Alice Leleu et Julie Dubois
Partager ce LundiCarotte
MAILTWFB